Un peu plus d'un an après sa sortie au Japon, Ar Tonelico II: Melody of Metafalica débarque enfin en version US. Alors qu'il s'agit probablement de l'un des derniers RPG PS2 à franchir les frontières de l'archipel nippon, avons-nous affaire à une simple suite reprenant les mécanismes du volet précédent, ou bien à une toute nouvelle expérience ?
Cursed Lands
Metafalss, morceau de terre flottant dérivant dans l'immensité du ciel, est l'un des derniers refuges pour l'humanité après les nombreuses guerres ayant ravagé la surface d'Ar Ciel, devenue inhabitable. La vie y est très rude, et la seule chose qui permette à ses habitants de s'accrocher à la vie est l'espoir qu'un jour une terre utopique et luxuriante apparaisse grâce à un Hymne nommé Metafalica.
Il y a de cela 400 ans, deux prêtresses tentèrent en vain de chanter Metafalica, ce qui résultat en une effroyable guerre, entraînant un nouveau problème : l'apparition d'une maladie affectant les Reyvateils (êtres capables de recourir aux anciens chants afin de créer toutes sortes de magies) nommée Infel-Phira Dependency (I.P.D.), qui les rend totalement folles et hors de contrôle.
A l'heure actuelle, même si la guerre ne fait plus rage, l'I.P.D. reste un problème majeur et le gouvernement de la Grand Bell emploie ses chevaliers à l'arrestation et la détention des Reyvateils infectées. Parmi ces chevaliers, Croix Bartel, élément très prometteur, se voit attribuer pour mission de protéger Cloche Leythal Pastalia, grande prêtresse de Metafalss qui porte sur ses épaules l'avenir du monde.
Cette rencontre marque le début d'une grande aventure, qui amènera Croix et ses compagnons à la recherche de l'énigmatique Metafalica...
Melody of Metafaplica
La grande force d'Ar Tonelico premier du nom était son histoire, et le moins que l'on puisse dire c'est que ce deuxième opus continue dans cette voie en nous proposant une aventure des plus épiques. Le début pourra en décourager certains, notamment en raison de la grande concentration de sous-entendus qui ont fait la renommée de la série, ainsi qu'à la présentation de l'univers et des personnages s'étendant sur plusieurs heures. La suite n'est qu'une succession d'événements quasiment sans aucun temps mort jusqu'à la fin. Bien sûr, de nombreux éléments permettent néanmoins de s'échapper de la trame principale, avec avant tout le grand retour de la Cosmosphere.
Pour ceux n'ayant pas joué au premier épisode, la Cosmosphere permet de "plonger" dans l'esprit de ses compagnes Reyvateils afin de renforcer les liens avec celles-ci, puis dans un aspect plus technique, de forger des magies plus puissantes pour les combats et, enfin, gagner de nouveaux costumes affectant les statistiques. Si l'effet de surprise n'est plus vraiment de la partie pour quiconque a déjà parcouru l'esprit d'Aurica ou de Misha, les Cosmospheres n'en restent pas moins très intéressantes et de plus en plus déjantées au fur et à mesure que l'on progresse dans celles-ci.
Petite nouveauté cependant avec l'apparition de l'Infelsphere, assez semblable à la Cosmosphere mais qui se focalisera seulement sur les rapports entre les deux héroïnes, Cloche et Luca.
La grande force du jeu vient donc principalement de ses personnages tous très attachants, travaillés, et de son histoire.
Le déroulement global est très similaire à celui premier épisode, vous retrouverez la possibilité de se lier plus ou moins à une Reyvateil, ce qui décidera de la fin obtenue. Les fameux sous-entendus que j'évoquais précédemment seront insupportables pour certains, mais plutôt comiques dans l'ensemble, le tout sur fond d'aspect visual-novel impliquant des heures et des heures de lecture à l'horizon. L'autre aspect prédominant étant bien sûr le RPG, et qui dit RPG dit forcément... combats !
Un système énorme mais mal exploité...
La plus grosse innovation d'Ar Tonelico II vient probablement du déroulement des affrontements. Si le premier épisode avait été critiqué pour ses combats pas franchement folichons et surtout trop faciles, on nous propose ici un tout nouveau système puisant son inspiration de Valkyrie Profile à Guitar Hero !
La configuration des batailles reste identique, à savoir une avant-garde composée de combattants physiques et en seconde ligne de Reyvateils récitant des magies surpuissantes. Les combats sont alors divisés en deux phases, une d'attaque, une de défense. Lors de la phase d'attaque, vous pourrez gérer votre avant-garde avec les boutons Carré et Croix à la façon de Valkyrie Profile, utiliser des objets, choisir un Hymne pour vos Reyvateils et libérer celui-ci, ou bien encore fuir, tandis que la phase de défense consiste à appuyer au bon moment sur une jauge pour minimiser les dégâts infligés par l'ennemi. Il s'agit là bien sûr d'explications extrêmement simplifiées, le système de combat comportant beaucoup plus de nuances qui auraient pu en faire un des meilleurs jamais inventés.
Malheureusement, plusieurs points négatifs sont à prendre en compte. Tout d'abord, la durée des combats qui à quelques exceptions près peuvent être finis en 2 ou 3 tours, rendant beaucoup de fonctionnalités inutiles. Le système de défense en théorie très fun peut devenir très frustrant lorsque certaines attaques de monstres feront 'ramer' le jeu, ce qui réduit le joueur à 'spam' sa manette au hasard comme un demeuré. L'aspect fragile des Reyvateils peut aussi être à déplorer. En effet, vous vous retrouverez assez rapidement avec des véritables tanks aux niveaux bien supérieurs à l'avant-garde et une défense quasi identique !
Bref, le jeu reste très facile et ne devrait pas poser de problème à qui que ce soit.
Dans une optique plus positive, on peut relever l'apprentissage des Reyvateils plutôt original puisqu'il se passe dans une baignoire à l'aide de cristaux dont les effets s'imprègnent dans un bon bain chaud ! Certaines magies à défaut d'être utiles sont vraiment fun (Lady Momoyo...). Le niveau de relation entre les Reyvateils - qui s'améliore au fur et à mesure des conversations qu'elles ont entre elles - influe sur les combats, débloquant ainsi certaines magies surpuissantes (si, une fois encore, le combat a duré assez longtemps pour en arriver là...).
Globalement, on peut sentir un certain délaissement des affrontements au profit de l'histoire, ce qui est bien dommage ! Heureusement, bien d'autres choses vous attendent...
De quoi bien s'occuper !
Comme tous jeux GUST digne de ce nom, un système de création d'objets est introduit très tôt dans l'aventure, mais contrairement aux autres il est totalement optionnel, vous pouvez aisément finir le jeu sans avoir créé un seul objet !
Et malheureusement, cela implique qu'il n'est pas vraiment passionnant voire même très lassant, notamment dans la façon d'acquérir les recettes. Il existe quatre marchands qui vous donneront de temps en temps des recettes quand vous allez les voir et à chaque fois une petite scène a lieu. Au début plutôt fun, elles se révèlent vite très répétitives !
A côté de cela, tout au long du jeu vous avez la possibilité de combattre des Reyvateils infectées par l'I.P.D. que vous trouverez grâce à un radar dans les différents donjons. Plus tard dans le jeu vous pourrez les soigner grâce aux thérapies de Luca. Une fois guéries, les Reyvateils pourront alors rejoindre le fan club de Cloche si certaines conditions sont remplies (par exemple vaincre trois ennemis d'un élément donné). Les membres du fan club ont alors deux utilités, elles peuvent être associées à n'importe quel personnage de l'avant-garde pour lui attribuer des pouvoirs supplémentaires, et contribuent à une technique très puissante de Cloche. Si l'idée est sympa, on pourra regretter la phase de thérapie durant laquelle vous devrez répondre aux phrases des malades parmi deux choix n'ayant pas toujours un sens très clair, ce qui rend le processus un peu hasardeux.
Une fois le jeu fini, à l'instar de son prédécesseur, vous obtiendrez des Extras comme un Jukebox, la possibilité de revoir les CG, les conversations, les Cosmospheres et j'en passe ! Le jeu bénéficie aussi d'une bonne replay value étant donné que les Cosmospheres bloquent à un certain niveau, et beaucoup de scènes sont différentes selon vos choix de partenaires, bref une durée de vie assez conséquente.
A noter qu'il est tout à fait possible de s'aventurer dans ce deuxième opus sans avoir fait le premier, les seules choses à coté desquelles vous passerez seront quelques références (cependant très plaisantes) !
Du grand art ?
Sur le plan graphique, le jeu n'a pas vraiment beaucoup évolué, les sprites en 2D sont de retour, certes détaillés mais dont l'animation laisse parfois un peu à désirer. Les donjons sont dans une 3D correcte mais très perfectible, le plus gros défaut étant le manque de variété du level-design, on peut grossièrement assimiler tous les lieux parcourus à des forêts et des ruines avec une petite variante sur la fin : la ruine-forêt. Heureusement les villes rattrapent un peu le coup, bien que de taille peu importante, elles bénéficient de magnifiques artworks. Bref, des graphismes d'environnement allant du très beau au très moyen, le character design quant à lui est toujours de très haute qualité, tous les personnages sont splendides dans l'ensemble (sauf peut-être Croix...), et c'est un véritable plaisir de les voir apparaître à l'écran !
Côté musical, les chants ayant une très grande importance dans le jeu, il était normal que le plus grand soin fut apporté à la composition de ces derniers, qui sont très réussis. Les musiques d'ambiances ou de combats m'ont globalement déçu après Ar Tonelico, dont certaines pistes m'avaient beaucoup marqué. J'attendais beaucoup plus de cette suite !
Autre petit mécontentement, le nombre de passages avec un doublage vocal, certes de bonne qualité (pour le japonais), est très limité. Ainsi, les trois quart du jeu ne sont pas doublés.
Un bilan artistique plutôt mitigé donc, là où on aurait pu en exiger un peu plus pour un deuxième opus, on se retrouve avec la même chose, voire avec une qualité inférieure.
Melody of Metapafini
Sortant plus d'un an après la sortie japonaise, on pouvait espérer un jeu de qualité sur le plan de la traduction et de la correction de bugs, hors quelques mauvaises surprises sont à déplorer. A quelques fautes d'orthographe, on peut rajouter certains passages, tout du moins une phrase revenant très souvent n'étant même pas traduite du japonais ! Mais le pire est un bug très gênant concernant l'un des boss de l'histoire principale (qui devient aussi optionnel par la suite), durant lequel le jeu freeze au troisième tour, forçant le joueur à redémarrer la console. Il est quand même plutôt scandaleux de trouver un tel problème dans un jeu commercialisé...
Pour finir sur une note plus positive, la traduction globale est de très bonne facture et les temps de chargement corrects.
Malgré pas mal de défauts, on se laissera facilement prendre par les personnages très attachants et la magnifique histoire que nous conte Ar Tonelico II : Melody of Metafalica. Un bon jeu pour quiconque ayant adoré le premier opus et un bon moyen de se rattraper pour ceux ne l'ayant pas fait !
31/01/2009
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- Une histoire sublime
- Des personnages attachants
- Un character design au top
- Les Hymnes magnifiques
- Les Cosmospheres
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- Combats toujours trop faciles et système loin d'être exploité totalement
- Item Synthesis qui manque d'utilité et trop répétitif
- Donjons pas assez variés
- Le manque de finition (bugs...)
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 4.5/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 4/5
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