Tu vois, il y a des RPG comme ça, ils cachent bien leur jeu. Étranglé par des graphismes misérables (une mauvaise copie de
Mother) et des cut-scenes reloues, Idea no Hi se révèle en vérité une putain d'usine à idée. Ce RPG fait montre d'une quantité invraisemblable de trouvailles plus réussies les unes que les autres, et nous expose un humour cocasse à souhait. Shouei, habituellement occupé à développer des jeux de Pachinko ou des Hokuto no Ken ennuyants, nous recrache toute sa frustration à la figure avec ce RPG bouffie d'erreurs d'exécution, mais pourtant inoubliable.
Kamekichi le Psycho Héros.
Idea no Hi démarre sans faire de chichi. Kamekichi a une capacité étrange : il peut utiliser des pouvoirs surnaturels ! C'est pour cela qu'il est enfermé dans l'institut de recherche près de la ville de Hachiouji, et qu'il sert de bétail aux divers scientifiques chargés de l'observer. Kamekichi est orphelin, ses parents auraient été tués lorsqu'il n'avait que 4 ans, et c'est à ce moment là qu'il fut transporter dans cet institut. Cela fait 10 ans qu'il y est détenu et qu'il n'a pas pu voir la lumière du jour. Sa seule source d'émotion est son chien Pez. Alors que le Dr. Poe débarque pour le torturer et le forcer à utiliser ses pouvoirs, un incident intervient et Kamekichi en profite pour s'échapper et découvrir le monde extérieur. Et vous voilà lancé dans cette grande aventure au commande d'un personnage qui ne connait rien à ce monde étrange. Tout comme vous, après tout.
Idea no Hi prend place en vérité dans un monde proche du notre, puisqu'il s'agit de notre Terre même si l'Afrique ou l'Australie y sont oubliés. Un virus dévastateur s'est propagé partout dans le monde, ce qui conduit les populations à régresser alors que des monstres ont envahis la Terre. Les thèmes abordés par le scénario sont assez pacifiques ; on combattra les effets néfastes de la radioactivité et on ramènera la paix parmi les villageois.
On pense alors très vite que Kamekichi est le véritable héros de cette aventure puisqu'il va falloir retrouver ses parents ainsi que comprendre la raison de ses pouvoirs psychiques. Mais Idea no Hi prend le joueur à revers grâce à des mécanismes de jeux extrêmement innovants.
Des trouvailles par dizaines !
Un peu à la manière d'un
Final Fantasy VI, il n'y a pas de véritable héros dans Idea no Hi. On est régulièrement baladé d'un personnage principal à l'autre pendant les 3/4 du jeu, avant que tous ne se réunissent pour le grand final. Cela donne un cachet certain à chaque personnage qu'on apprend alors à apprécier individuellement. Alors que la quête de Kamekichi est assez égoïste (bonjour, je recherche ma maman), les motifs de Momo le sumo sont plus atypique et pousseront le joueur à participer à des tournois de sumo. On retrouve aussi Judd le voleur ou même Dr. Poe qui terminera par se lier d'amitié avec Kemekichi. En somme, chacun des personnages possède son heure de gloire et devient à son tour le héros de Idea no Hi. Surtout qu'ils possèdent tous une caractéristique qui les rendra indispensables à tel ou tel endroit du jeu. Momo le sumo pourra déplacer les grosses pierres, Judd ouvrira les coffres fermés à clef et désamorcera les pièges, Kamekichi utilisera ses pouvoirs surnaturels pour éclairer les caves ou lire dans les pensées des gens, etc...
Au final on se retrouvera avec un maximum de 4 personnages humains dans son équipe (il faudra donc régulièrement faire des choix), et un 5ème invité atypique ! On pourra en effet obtenir divers animaux tout au cours du jeu : du chien, du panda, du hérisson, ou même un rhinocéros ! Il faudra pour cela les apprivoiser au préalable via des petites quêtes amusantes. Détail furtif : on utilisera une Pokéball pour enfermer les persos dont on ne veut pas dans notre groupe ! Idea no Hi gère l'alternance jour/nuit. De nombreuses situations seront à gérer à une heure spécifique pour faire avancer le scénario, et certains magasins ne seront pas ouvert la nuit. En clair, il ne faudra pas négliger cet artifice.
Du reste, il faudra aussi prendre en compte l'étonnante gestion de votre équipement, unique à Idea no Hi. On devra habiller nos personnages (à part le sumo qui préfèrera rester en slip pendant toute l'aventure) en achetant des vêtements dans les villages. Mais impossible ici d'acheter des armures de fou furieux pour partir à l'aventure comme il se doit, ici on s'habille de pantalon et de chemisettes coquettes comme dans la vraie vie. De plus, certains villages obligeront nos personnages à porter tel ou tel vêtement pour pouvoir entrer, et d'autres n'accepteront que les filles : à vous d'habiller Kamekichi avec une robe pour feinter les gardes, alors que dans certains endroits, il faudra porter un scaphandrier pour aller explorer l'univers sous-marin ; mais sans Momo le sumo qui ne trouvera jamais de scaphandre à sa taille ! Relou le gros !
Une autre grande idée (influencée par
Mother) met en scène les conditions climatiques. Dans chaque lieu il sera possible d'obtenir la température du moment, et de s'habiller en fonction de celle-ci. Alors certes, dans bien des lieux cela n'aura aucune incidence, mais certains endroits comme le pôle nord vous obligeront à vous couvrir de vêtements en fourrure pour ne pas perdre vos points de vie à vitesse grand V.
L'autre idée majeure d'Idea no Hi concerne les moyens de transports. Le monde est vaste et pour l'explorer on aura à notre disposition beaucoup de moyens de locomotions. Si l'on trouvera très tôt un cheval, il faudra plus tard compter sur un camion, une foreuse, un hélicoptère ou encore un sous-marin... Mais avant d'obtenir chaque véhicule il faudra résoudre des quêtes assez redondantes. Il manquera bien souvent des pièces au véhicule qu'il faudra dégotter chez un tel en échange de tel objet, puis aller chercher du carburant dans le village voisin en échange de tel service, ou encore trouver le super mécano pour réparer ou améliorer l'hélicoptère, etc ... Si l'idée est bonne (surtout que chaque véhicule se dirige de façon différente, et que des combats spéciaux auront lieu dans le ciel ou sous l'eau), l'exécution est approximative. Les dialogues et les quêtes inutiles s'enchaînent alors les unes après les autres, et le jeu finit par traîner incroyablement en longueur.
Une exécution ratée.
Voilà l'un des problèmes majeur d'Idea no Hi. Le jeu est asphyxié par une quantité astronomique de scènes useless, dont on ne saisi pas l'intérêt. Les quêtes s'enchaînent et se ressemblent. On a alors l'impression que le jeu n'avance pas, puisqu'il ne se passe que des choses mineures. D'ailleurs, le véritable scénario ne semble commencer qu'une fois proche de la fin, lorsque le virus est propagé et que le seul lieu de salut est l'arche de Noé.
Le système de combat se révèle assez simpliste avec son tour par tour classique. La seule particularité est le fait que l'on n'équipe pas d'armes sur nos personnages. On les disposes dans sa trousse à objets afin d'utiliser ce que l'on veut durant les combats, et ainsi choisir des armes différentes pour chaque tour si le besoin s'en fait sentir. Certains personnages possèdent en plus des possibilités magiques : Mikoto usera de sorts de soutiens, alors que Kamekichi lâchera ses pouvoirs surnaturels à sa guise. On notera que la difficulté des combats aléatoire est assez mal gérée, puisque l'on voyage régulièrement d'un bout du continent à l'autre. Heureusement, Kamekichi obtiendra très tôt la possibilité de se téléporter de village en village. Mais quand même, ces allers-retours sans véritable but sont exténuants... et contrastent avec la fraicheur qu'Idea no Hi recherche en vain. Car l'humour est bel et bien là tout au long du jeu, autant dans le monster design que dans certaines situations cocasses. Après tout, quel autre jeu, à part Chou Aniki, nous force à combattre des sumos enragés et dénudés ? Quel autre RPG possède une jaquette sur laquelle on voit un des héros uriner ? Dans quel autre RPG gagne-t-on des points de vie en allant se faire faire une french manucure ? Quel autre RPG parodie le genre en proposant un village appelé Hentai Town ? (ok,
Mother et
Moon, mais TG stp car ça casse mon effet). Des scènes cocasses et délurées, Idea no Hi en raffole. Malheureusement tout ces grands moments sont éparpillés dans une narration longuette et trop souvent ennuyeuse.
Une technique en demi-teinte.
On pourrait croire qu'Idea no Hi fait un peu la gueule avec ses graphismes extrêmement rudimentaires. Il est techniquement très faible. Le soft arbore une 2D très simpliste typé
Final Fantasy IV, vide et linéaire à souhait, tout en proposant une charte graphique générique empruntée ça et là à divers RPG Nes 8 bits.
Si la simplicité pendant l'exploration rappelle
Mother, les combats en vue de face (à la
Dragon Quest) sont eux tout à fait digne des 16 bits de la console. Les sprites sont énormes et les écrans de fond séduisants. De plus, on dénote divers effets visuels plutôt sympathiques : les chapeaux et les casques affublés à nos héros s'affichent sur leur avatar en bas de l'écran, et leurs tronches sont véritablement adorables. c'est donc d'autant plus dommage que les phases de donjons soient tristes comme la mort alors que les combats déménagent.
On peux faire un peu le même constat pour ce qui est de la bande-son. Trop souvent reléguée au second plan, la musique dans Idea no Hi se fait désirer et déçoit plus qu'autre chose. Pourtant certains thèmes démontent, et ceux de la fin du jeu font montre d'un véritable dynamisme. A noter qu'Idea no Hi dispose de deux thèmes de combats classiques, joués aléatoirement à chaque début de bataille, pour plus de variété.
Esthétiquement surprenant !
Là où Idea no Hi fait indiscutablement mouche, c'est au niveau du design global. Ce n'est pas étonnant, puisqu'on retrouve derrière ce soft une partie du staff qui nous avait concocté le grotesque
Maka Maka ! On n'est donc pas surpris de voir que
Koji Aihara s'occupe une fois de plus du character design et du monster design sur Idea No Hi. L'homme est en effet un célèbre mangaka versé dans l'humoristique japonais, et son job sur Idea no Hi est excellent dans le genre. L'humour est acide et ne fait aucune concession. Si les personnages sont des clichés du genre manga shonen drôle ou pas, le monster design est par contre atypique comme on aime, presque de mauvais goût. On croisera des sumos rouge de colère, des jeunes femmes au décolleté ouvert, des vieux papys homosexuels, des cerveaux à roulettes, ou encore des bonshommes asiatiques traditionnels bourrés au saké... L'humour est donc aussi présent dans le déroulement du jeu que dans le cachet graphique, et le charme agit à coup sûr que l'on aime ou pas.
Idea no Hi se révèle donc assez particulier. Proposant une durée de vie exemplaire (il m'aura fallut près de 80 heures pour en voir le bout, et ce sans trainer !), il se permet malheureusement trop de lourdeurs narratives et dispose d'un scénario qui n'avance pas. D'ailleurs, Idea no Hi est symptomatique du jeu inspiré mais mal exécuté : il dispose d'idées excellentes par dizaines, mais le manque de finition et d'expérience de la part des développeurs gâche le résultat final.
Quand même, Idea no Hi tranche vraiment dans le genre et se fait sa place facilement : il n'y a pas deux RPG comme lui, et il en deviendrait presque inoubliable!
29/06/2008
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- L'humour de mauvais goût (ça c'est du point positif !)
- Les graphismes en combat
- La myriade de bonnes idées
- Le fait que chaque personnage joue à tour de rôle le rôle du héros
- La durée de vie
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- Techniquement à la ramasse
- D'une lourdeur narrative parfois insupportable
- Les bonnes idées sont régulièrement gachées par une exécution moisie
- Le scénario ne décolle jamais vraiment
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TECHNIQUE 2/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 2.5/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 3/5
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