Après une période dorée dans les années 90,
Tengai Makyou a perdu de sa superbe. Entre 1997 et 2003, le désert, avant l'arrivée d'un spin-off en 2003,
Oriental Blue: Ao no Tengai, puis de
Tengai makyou III: Namida en 2005, qui a déçu de nombreux fans. Entre temps, quelques remakes plus ou moins bons ont permis de faire vivre la licence durant les années 2000. Souvent considéré comme le meilleur épisode de la série au côté de
Tengai Makyou II: Manjimaru,
Tengai Makyou: Dai-shi no Mokushiroku - The Apocalypse IV s'offre un premier remake, qui permettra de revivre sur PSP la délocalisation de la série vers les États-Unis.
Une occasion en or de découvrir ce RPG culte qui oscille entre apocalypse et caricature désopilante des États-Unis.
Tengai Makyou débarque aux États-Unis !
Jusque là, Tengai Makyou rimait avec Jipang, un Japon féodal fictif qui accompagnait chaque épisode de la série. Mais cette quatrième apocalypse se permet une petite infidélité, et non moindre !
Le jeu se déroule ainsi dans des États-Unis fictifs - ou presque, les états réels étant respectés - et totalement décalés de la fin du 19ème siècle, dans lesquels il faudra affronter la horde de démons qui pourrissent la contrée.
On incarne Rizing, un jeune chasseur de démons qui apprend tout de son maître, Red Bear. Au cours d'un périple en Alaska pour aider son mentor, Rizing ne peut empêcher l'accident avec son embarcation et chute lourdement au fond d'un ravin. Il va alors se remémorer sa mésaventure quelques années plutôt, lorsqu'au fin fond de la Nouvelle Orléans, lui et ses amis ont assisté au réveil d'un puissant démon dans l'obscurité d'un manoir que l'on disait hanté...
Sauvé et recueilli par des Inuits, Rizing va découvrir son destin : éteindre tous les feux sacrés à travers les USA et vaincre les démons qui cherchent à faire s'abattre l'apocalypse sur le monde.
Ainsi démarre la quête enchanteresse et démoniaque de ce RPG mythique, à travers tout le pays de l'oncle Sam, dont la société est parfaitement caricaturée et constamment tournée en dérision, avec de très nombreuses références en tout genre.
Les fans de la saga connaissent le principe par cœur, et c'est toujours avec plaisir que l'on se replonge dedans.
Le scénario peut sembler classique, mais il est mené de main de maître et pousse le joueur à avancer pour en savoir plus, non seulement car le rythme ne retombe jamais, mais aussi car les scènes cultes se succèdent avec une grande constance. L'humour reste bien évidemment le point fort de cet épisode, avec de nouveau un casting puissant et très développé, il n'y a pas vraiment de seconds couteaux. Si Tengai Makyo II: Manjimaru avait Kabuki Danjuro, celui-ci possède Ace, le comique de service, provoquant d'innombrables situations grotesques, et l'élève égale presque le maître. Il faudra malheureusement une très bonne maitrise du japonais pour profiter de toutes les subtilités des dialogues, souvent à double sens.
Cependant, même si l'humour tient une place prépondérante au sein du jeu, le scénario laisse aussi la place à des moments graves, avec quelques passages bien noirs. L'alternance est vraiment réussie : parodie, humour, tristesse, situations absurdes et ambiance apocalyptique se mêlent élégamment sans jamais paraitre hors propos.
À noter que cette version PSP intègre une nouvelle quête à New York et un nouveau personnage (non jouable).
Belle 2D à l'ancienne
Après le dernier portage d'une légende de la Saturn sur PSP,
Princess Crown, ce serait un euphémisme de dire que l'on craignait un peu pour l'aspect technique.
Atlus ne s'était pas vraiment foulé, et pour compenser la différence dans les proportions de l'écran, le jeu se trouvait juste affublé d'un cadre pour combler... Pire, le jeu n'utilisait même pas toute la hauteur de l'écran ! On aurait pu également craindre un simple étirement de l'écran pour prendre toute la largeur.
Il n'en est rien, le jeu profite du format 16/9 pour agrandir le champ de vision, et même les superbes cinématiques couvrent tout l'écran, contrairement au remake de
Lunar. Bref, les développeurs ont fait du très bon boulot, et on peut profiter en toute quiétude des très beaux graphismes à l'ancienne du soft, alternant belles petites phases d'exploration respectant parfaitement les régions traversées et superbes séquences de combat.
La vue adoptée lors des affrontements est une vue de dos à la manière des
Phantasy Star ou encore des
Dragon Quest, avec des héros non visibles. Heureusement, lors des attaques spéciales, on peut les admirer sous toutes les coutures pendant des séquences animées d'une incroyable qualité. Les ennemis sont parfaitement dans le ton, énormes et superbement animés, dans le style atypique de la série. La world map n'est pas en reste, très colorée et fine tout en restant toujours parfaitement lisible.
À noter la présence d'une nouvelle introduction en plus de l'ancienne, superbe, qui vient parfaitement compléter un grand nombre de scènes animées d'une qualité remarquable.
En somme, même sur PSP, cela reste solide.
Un système de jeu fidèle à la saga
Au niveau du système de jeu, on retrouve le principe de jeu classique de la série, avec la traditionnelle alternance villages/combats/scénario et surtout exploration, que la série a toujours érigé en fondation essentielle. Le jeu est avant tout un appel à l'aventure et la découverte, tant pour le héros que pour le joueur.
Dans les villages, on trouve évidemment l'auberge, les boutiques ou encore les villageois pour profiter du folklore local, avec des dialogues particulièrement savoureux. Mais le plus important est certainement la guilde où l'on peut aller forger divers objets, dont bien sûr de nouvelles armes. En effet, à la fin des combats, on récupère des matières premières telles que des cornes ou de la peau, et en allant ensuite les apporter à la personne adéquate, elle les utilisera pour forger des armes et armures.
Lors des combats - en tour par tour, évidemment - on dispose des options classiques pour le genre, à savoir attaquer, utiliser une magie, déclencher une attaque spéciale ou encore utiliser un objet. Les combats sont particulièrement rythmés et dynamiques, et si on les finit la plupart du temps assez facilement, il ne faudra jamais sous-estimer les boss, qui proposent toujours un minimum de challenge.
Les attaques spéciales se gagnent au fur et à mesure de la progression des personnages, et les magies se récupèrent en trouvant les chefs indiens répartis dans tout le pays, sur la carte. Oui, les développeurs ont remplacé les bon vieux ermites traditionnels afin de coller à la thématique du jeu, et le résultat est excellent.
À noter que l'on voit les ennemis se promener dans les lieux et sur la carte, et que l'on peut en conséquence essayer de les éviter, un peu à la manière d'un Lunar. Les lieux ne sont pas très complexes, comme dans les autres Tengai Makyou, il suffit juste de trouver le bon chemin et d'aller au bout. Le jeu ne regorge pas d’énigmes, et normalement, il est dur de se retrouver coincé, à part dans la progression générale à cause de la barrière de la langue. Comme on dispose rarement d'un moyen de transport, de nombreuses heures de randonnées pédestres seront au programme.
Bref, avec un gameplay classique bien éprouvé, agrémenté de quelques nouveautés intéressantes, le jeu fait mouche.
Une balade (musicale) à travers les USA
Il serait injuste de finir l'article sans souligner l'excellent travail de
Toshiyuki Sasagawa pour les compositions.
Musicalement, c'est magnifique, avec une alternance de superbes thèmes symphoniques (le thème de Rizing, magnifique), de thèmes aux sonorités midi très prononcées, et même de pseudo techno. Les musiques sont toujours fort à propos et jamais en retrait, c'est aussi par elles que l'ambiance si particulière du soft se crée. Le jeu ne fait presque aucune fausse note de ce côté, à l'exception d'une musique de combat qui manque de personnalité et est un peu molle.
À noter que quelques doublages de grande qualité accompagnent les scènes clés du jeu, et les personnages inoubliables de cet opus en finissent presque par prendre vie. Le jeu est d'ailleurs relativement accessible même pour qui ne parle pas japonais, la plupart des situations étant très explicites.
Il n'y a décidément rien à jeter dans ce grand RPG, dont la durée de vie n'a pas non plus à rougir. Il faudra compter plus de 40 heures pour en venir à bout, et nul doute que certains replongeront dedans avec bonheur afin de revivre quelques scènes mythiques.
RPG de légende sur Saturn, Tengai Makyou: Dai-shi no Mokushiroku - The Apocalypse IV est enfin accessible au plus grand nombre grâce à cette sortie sur PSP de grande qualité. Le jeu n'a presque pas pris de rides, et reste ce chef-d'œuvre de plaisir et d'humour qui nous permet de visiter des États-Unis constamment parodiés.
Hélas, si l'on a pu rêver un temps à une sortie américaine (qui aurait été de circonstance), il faudra une nouvelle fois se contenter de la version japonaise... Rageant !
01/06/2010
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- L'ambiance générale, l'humour
- Parfaitement porté sur PSP
- De nombreuses scènes animées
- Les musiques !
- La durée de vie
- Le système de forge d'armes
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 4.5/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 4/5
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