Peu de Dungeon RPG peuvent se targuer de marier classicisme et challenge old school à une interface et à une jouabilité affûtée.
Etrian Odyssey premier du nom parvenait à concilier tout ça avec brio. En résultait un DRPG pur et dur, carré, ultra complet et surtout diablement addictif.
Etrian Odyssey 2 promettait de surfer sur les mêmes principes pour assurer à nouveau un RPG de qualité, au détriment peut-être de l'innovation.
(Test honteusement violé à Gameplay RPG 14)
Le prétexte à donjons
Béatrice Dalle à propos d'Etrian Odyssey :
« Tu sens qu'il n'a pas de scénario mais tu t'en fous. Et puis ça me saoule de lire les scénarios alors c'est mieux comme ça. Le déroulement du jeu est pourri mais tu t'en fous. Je trouve ça d'une poésie inouïe. » Soyons clair d’entrée de jeu, ce n'est avec son scénario anodin, à peine divertissant qu'Etrian Odyssey 2 (tout comme le 1 ou beaucoup d’autres jeux du genre) se démarque de l'essaim vidéo ludique. Vous êtes le héros de
Lagaard (la seule ville du jeu), et votre mission est d'aller explorer le château flottant, seul rescapé d'un désastreux Tsunami qui a eu lieu il y a bien longtemps. Inspiration d'un fait réel ou réminiscence d'un vieux
Shin Megami Tensei ? En tout cas, le héros que vous êtes est invité à former une troupe d'élite pour percer le mystère du château de
Lagaard. Ce scénario aussi passionnant qu'un épisode de
7 à la maison est vulgarisé par le déroulement extrêmement schématique du jeu. On se déplace dans
Lagaard uniquement à l'aide des menus, afin de visiter les lieux d'usages. C'est par exemple au bar que l'on pourra accepter différentes quêtes secondaires.
Vous êtes conviés dès le début du jeu à organiser votre guilde, en choisissant vos compagnons d'infortunes parmi 12 jobs différents (un seul job n'est pas disponible dès le départ – le Beast -). Il faudra donc bien préparer son équipe de 5 combattants avant de partir à l'assaut du donjon. Puisqu'il n'y a pas vraiment de mauvaises équipes, vous pourrez toujours assumer votre petite troupe et avancer dans le jeu, d'autant que de nouvelles options sont disponibles pour les plus tacticiens d'entre vous : on pourra désormais inverser en plein combat nos deux lignes d'attaque (alors qu'en général on met plutôt les attaquants en avant et les archers ou magiciens à l'arrière, il y a maintenant matière à être beaucoup plus subtile), les skills sont plus nombreuses et plus variées, l'option Force permettra de sortir une attaque spéciale une fois remplie la barre éponyme, et finalement on applaudira la venue du mode Auto (très pratique pour faire ses points d'expériences).
A l'intérieur
C'est une fois à l'intérieur du donjon qu'Etrian Odyssey s'illumine vraiment, car on est ici dans un Dungeon RPG pur et dur, où la vue subjective vieillotte et l'exténuant labyrinthe qui nous fait face contraste avec la fluidité et l'interface ingénieuse du soft. Etrian Odyssey c'est un peu le
Franck Dubosc du RPG, il remet au goût du jour un genre qu'on avait presque oublié au fond du placard où nichaient aussi nos vieux disques disco.
Votre incursion au fond du donjon se déroule essentiellement en deux actes : l'exploration de la carte et les combats. Le donjon est composé de Strates qui délimitent tous les 5 étages, et qui servent de transporteurs entre le donjon et la ville. Chaque Strate représente un lieu différent, avec ses mécanismes, ses pièges, ses ennemis et ses décors propres. En règle général, vous aurez une petite dizaine de missions à remplir obligatoirement pour pouvoir progresser à la Strate supérieure, cela ira du boss à défaire aux objets à rapporter à votre chef, ou encore une carte à explorer complètement, etc ... la variété est de mise, ce qui permet de limiter le sentiment de répétition inhérent au genre.
La complexité du level design vous obligera à mémoriser les cartes de chaque étage, mais vous serez assisté par l'écran tactile avec lequel vous pouvez dessiner et gérer vos propres cartes, ce qui s'avèrera souvent indispensable. L'une des grandes caractéristiques d'Etrian Odyssey est qu'il utilise l'écran tactile de la DS d'une manière extrêmement judicieuse. En effet, il est possible et même nécessaire de dessiner soi même les cartes des différents étages du donjon. Par rapport au premier épisode, on trouve dans ce nouvel éditeur 3 couleurs différentes pour peindre la carte, de nouvelles icônes comme les portes fermés, les flèches dans tous les sens, les ascenseurs, et d'autres surprises bienvenues. La carte est également plus agréable à suivre durant l'exploration puisqu'on peut désormais lui dire de suivre le joueur même en zoomant. En somme, on a ici un éditeur de carte extrêmement complet et d'une prise en main idéale.
L'exploration vous emmènera immanquablement à rencontrer de nombreux ennemis. Si la plupart des monstres apparaîtront aléatoirement au fil de vos pas, il existe une autre catégorie de démons appelés FOEs qui apparaissent sur la carte et qui sont d'une puissance redoutable, souvent imbattables lors de vos premières rencontres. Il faudra alors utiliser judicieusement votre carte joliment tracée afin de les contourner, ou d'attendre le moment de la journée (le jeu gère l'alternance jour/nuit) ou de la nuit le plus propice : le moment où le FOE est endormi. Les FOEs seront bien souvent le plus gros challenge du jeu, c'est pourquoi il faudra être bien préparé, gérer ses personnages d'une manière intelligente, et utiliser les bons skills en combat. A chaque montée de level (grâce aux points d'expériences engrangés) le joueur aura la possibilité d'accorder un point à une capacité spécifique. Chaque job ayant ses propres skills, la customisation de son équipe sera très personnelle et différente d'un joueur à l'autre.
Les combats en eux même sont en tour par tour traditionnel et en vue subjective à la
Dragon Quest ou
Tengai Makyô (on ne voit pas ses personnages). Vous choisissez à chaque tour les attaques de vos personnages et ceux-ci agiront suivant leur taux d'agilité.
Béatrice Dalle en parle :
« Les combats sont franchement classiques, mais tu t'en fous car ils sont mêlés à une customisation libertine et excitante de ton équipe. » Ce déroulement d'un classicisme exacerbé est addictif à souhait, car Etrian Odyssey 2 est un jeu difficile. L'argent se fait rare, les ennemis sont nombreux et ardus et les FOEs qui vous attaqueront souvent sans prévenir vous coûteront de nombreux Game Over ou vous obligeront à fuir la queue entre les jambes. Même s'il dispose désormais d'une quick save (possibilité de sauvegarder n'importe où) Etrian Odyssey 2 fait partie de ces RPGs impitoyable qui nécessitent une grande implication. Mais les joueurs qui ont déjà terminé Etrian Odyssey premier du nom seront avantagés, car les mécanismes de jeux sont identiques. La ressemblance est d'ailleurs poussée à l'extrême, puisque le scénario se dévoilera souvent dans les mêmes conditions que dans Etrian Odyssey 1, tout comme les évènements ou les pièges dans le donjon.
C'est beau, ça sonne et c'est long !
L'évolution du graphisme par rapport au premier opus n'est pas flagrante mais elle est tout de même suffisante, puisque Etrian Odyssey premier du nom était déjà somptueux. On retrouve donc une 3D DS de très bon niveau, toujours fluide, avec des ambiances graphiques chaleureuses. Les artworks des personnages et des ennemis sont réussis, le character design étant absolument génial.
On retrouve
Yuzo Koshiro (l'homme derrière les musiques des premiers
Ys, d'
Actraiser 1&2 ou encore des 2
Legend de Thor) à la bande-son, qui utilise une nouvelle fois le processeur sonore de la DS d'un manière minimale histoire de nous pondre des pistes old-school fortement mélodiques et d'un dynamisme merveilleux. Même si le résultat est superbe, l'homme a gardé exactement les mêmes progressions rythmiques et harmoniques que pour l'épisode 1.
Ce dungeon RPG saura largement combler vos solitaires soirées de printemps. Gravir les 25 étages que compte la quête principale sera une tâche longue et surtout difficile; le jeu est impitoyable avec le joueur dilettant, et il faudra s'impliquer de nombreuses heures pour avoir l'impression d'avancer dans ce jeu. Les FoEs redoutables, les donjons souvent agencés d’une très vicieuse manière, et les nombreux pièges décourageront le joueur impatient. D'autant que le jeu propose en plus de nombreuses quêtes annexes ainsi que des étages supplémentaires une fois le jeu fini. Un " post-game " qui nécessitera une rigueur et une stratégie hors-norme pour être complété. Il y'a de quoi faire en somme!
Etrian Odyssey 2 est au final un soft
solide comme le roc, boosté à bloc, tout autant que pouvait l'être son aîné. Mais aussi complet soit-il, les quelques innovations présentes se révèlent trop anecdotiques pour rendre l'achat de ce Etrian Odyssey 2 indispensable si vous possédez déjà le premier. A la rigueur, faites directement ce second opus en ignorant l'épisode précédent puisque les mécanismes de jeu sont identiques au poil de chat près. Cependant, le fan qui recherche de nouveaux donjons ne sera pas déçu du tout par Etrian Odyssey 2, car le challenge est de nouveau présent et l'aventure est addictive à souhait.
29/06/2008
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- Toujours aussi complet que le premier épisode
- Graphiquement et musicalement toujours au top
- Le jeu est addictif et propose un gros challenge
- L'éditeur de carte !
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- Le cruel manque de scénario
- Beaucoup trop proche du premier opus sur tous les plans
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 1/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 4/5
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