Si l'Amérique du Nord s'est déjà maintes fois illustrée dans le domaine du jeu vidéo, sa voisine du Sud se montre bien plus discrète. Malgré tout, on voit quelques titres pointer le bout de leur nez de temps à autre. Développé par les argentins de
Sabarasa Entertainment, c'est originellement sur
Game Boy Advance que
Mazes of Fate fait sa première apparition en 2006, mais sans franchir l'océan. Deux ans plus tard, c'est sur la DS de Nintendo que le jeu revient faire parler de lui, cette fois aussi sur le vieux continent, avec tout un tas de changements visant à améliorer la première mouture.
Mais croyez-moi, il y a encore du boulot...
Goat simulator
Attention, accrochez-vous bien à votre siège ! En Akhiel, les Dieux veillent sur les humains et leur offrent des terres prospères. Mais la populace délaisse peu à peu les divinités pour vouer un culte aux archimages. Les déités n'apprécient guère, et le font payer à leurs anciens sujets en provoquant guerres, famines et misères. Un prophète, Harlac, réussit le tour de force de calmer le courroux des Dieux avec l'aide de la pierre de Rédemption. Mais cette dernière est volée par les affreux Netherlings et Harlac, alors devenu roi, part guerroyer pour rétablir la situation. On n'aura plus de nouvelles de celui qui est considéré comme un héros, et une épée de Damoclès n'attend que de s'abattre sur l'humanité. Akhiel a besoin d'un sauveur.
Pas de bol, c'est vous qui avez été choisi.
Si vous n'avez pas compris grand chose à ce synopsis, c'est normal. L'introduction du jeu nous balance tout un tas d'éléments majeurs de l'histoire sans crier gare, et surtout expliquer un minimum qui est qui et qui fait quoi. On comprendra mieux en progressant dans l'aventure, mais l'univers montre une richesse certaine, et la digestion de toutes les informations se fait non sans mal. On retiendra surtout qu'on incarne un(e) aventurier(e) qui va partir à la recherche de la gloire et de la fortune et qui va se retrouver avec le destin du royaume entre les mains. Au programme : dieux maléfiques, prophètes, tout un tas de types louches et... des hommes-chèvres ! Oui, c'est marrant dit comme ça, mais leur place dans le scénario est cruciale.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'univers du jeu se démarque par sa patte personnelle, mais aussi graphique, en atteste les portraits des personnages au style bande dessinée. C'était d'autant plus visible sur Game Boy Advance avec les sprites, mais ceux-ci ont été remplacés ici par un rendu plus réaliste, et surtout plus moche.
Vous devrez choisir votre héros/héroïne parmi un panel d'une dizaine de prétendants. Ils ont tous leur petit background, leur petit nom, et leurs statistiques propres. On retrouve ainsi des classes connues du RPG, tel l'assassin, le guerrier ou le mage. Si malgré tout vous ne trouvez personne qui vous convient, le jeu offre l'opportunité de créer son avatar. Les points de compétences et de stats s'octroient librement parmi les différents attributs. Par contre, il faudra choisir un des portraits issus des aventurier(e)s précédemment cité(e)s.
Assez limité, mais on fera avec.
Le dungeon-RPG pour les nuls
Dans le jargon, Mazes of Fate est ce qu'on appelle un dungeon crawler. On passe la majeur partie de son temps à déambuler dans des donjons labyrinthiques, à trucider du monstre, récupérer des trésors, et bien sur à chercher la sortie. Et labyrinthe est le bon mot pour désigner ces lieux aux nombreux chemins en cul-de-sac, aux bouts de zones cachés, énigmes et mécanismes en tout genre. Il y a beau y avoir une carte, on finit inexorablement par se perdre en quête d'une issue à ces dédales. Les donjons sont en 3D temps réel à l'aspect terne et aux textures horriblement baveuses - reproche que l'on peut aisément faire à l'ensemble du jeu. Le soucis, c'est que certains mécanismes devant être activés pour progresser se révèlent du coup peu visibles. Et si aucun de vos personnages ne possèdent des statistiques correctes dans la "recherche" pour vous avertir de la présence de ceux-ci, vous risquez de déambuler un bon moment avant de réussir à vous débloquer.
Cette complexité à la progression reste bien l'unique challenge du jeu. Car ce ne sont pas les ennemis que l'on rencontre occasionnellement qui procurent des sueurs froides. À la fois bien peu nombreux et faiblards, ils sont vite expédiés. De plus, si l'agencement en case par case est brisé pour le déplacement de votre équipe via la stylet permettant une liberté à toute épreuve, les monstres restent enfermés dans ce système. Il sera d'autant plus simple de manipuler leur comportement en restant en mouvement constant et ainsi de briser toute opposition. Résultat, hormis un boss dans un couloir, tous mes affrontements contre les gros morceaux se sont soldés par une victoire totale sans le moindre dégât reçu. Et si par malheur vous êtes dans la panade, prendre les jambes à son cou pour aller en lieu sûr permettra d'utiliser la fonction "feu de camp", laissant les aventuriers se reposer et régénérer leur santé, sans limite d'utilisation et de temps. Tuer vos adversaires permettra d'engranger l’expérience et d'attribuer librement trois points de stats à chaque prise de niveau.
Le stylet reste indispensable pour toutes vos manipulations. Les butins et divers trésors se récupèrent en faisant glisser les objets vers l'inventaire et les mécanismes se déclenchent d'un simple geste. On enchaîne les attaques contre l'ennemi en tapotant sur celui-ci et l'on attribue les divers consommables en transvasant ces derniers de l'inventaire au portrait du personnage. Malheureusement, le stylet s'avère aussi très imprécis. L'input ne s'effectue pas toujours, et tenter de rentrer dans un lieu tient de l'épreuve de force tant on s'acharne à martyriser l'écran tactile de sa DS. C'est vite énervant de voir à quel point ça manque d'ergonomie.
Grandes gueules s'abstenir
On est certes dans un dungeon-RPG, mais celui-ci n'oublie pas pour autant de proposer diverses villes, et même une mappemonde. Les cités offrent la possibilité de se ravitailler chez les divers commerçants, et de revendre le surplus, l'inventaire venant vite à être plein. Les discussions avec les autochtones seront de mise, permettant de récupérer les informations nécessaires à la progression dans l'histoire, mais aussi de pouvoir déclencher quelques annexes, voire de rencontrer des alliés. Et le choix de vos réponses sera d'une importance capitale. Les développeurs un brin sadique n'hésitent pas à se moquer du joueur. Ainsi, un PNJ peut tout aussi bien devenir une potentielle recrue pour votre équipe comme un adversaire que l'on défiera dans un combat à mort dans les secondes qui suivent. Prendre à la légère vos interlocuteurs peut vite s'avérer handicapant et briser des opportunités de quêtes secondaires. L'éloquence sera donc de mise.
Le menu principal contient un journal de quêtes. À la base, il permet de s'y retrouver dans ses objectifs en cours. Dans les faits, ceux-ci se résument en une phrase laconique. Aucun moyen de s'y retrouver dans le cas où l'on aurait oublié la localisation d'un NPC. De quoi se perdre encore plus dans ce labyrinthique jeu.
Un dernier mot sur la bande-son, tout droit issue de la version Game Boy Advance. Et ça s'entend. La qualité sonore est loin de ce que propose le support DS. Résultat, les micros crachent non sans mal des morceaux peu mémorables et difficilement écoutables sur le long terme. Sachant que le jeu ne dispose que de bien peu de thèmes, on nous les recycle joyeusement. Et vu la taille des donjons, vous allez subir ces pistes en boucle jusqu'à l’écœurement.
Mazes of Fate, c'est un peu comme une pierre précieuse brute. On discerne le potentiel et on se dit qu'il y a moyen d'en tirer quelque chose d'acceptable après l'avoir travaillé. Sauf qu'il n'est clairement pas passé par la phase finition. Un jeu brut de décoffrage, vendu tel quel, et qui aurait bien eu besoin d'un travail d'orfèvre. En l'état, c'est assez inconcevable de voir autant de défauts grossiers sur un jeu sorti en 2008.
Le support ne manque pas de Dungeon Crawlers de meilleure qualité, autant se tourner vers ceux-ci.
17/03/2015
|
- Univers qui se démarque
- Conséquences des choix de dialogues
- Court
|
- Moche
- Trop facile
- Stylet imprécis
- Donjons labyrinthiquement vides
- Bande-son GBA
- Finition désastreuse
|
TECHNIQUE 1.5/5
BANDE SON 1/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 2/5
GAMEPLAY 2.5/5
|