Après une série de Summon Night, du Black Matrix et Utawarerumono, Flight-Plan revient sur la scène avec un nouveau Tactical début 2007 : Dragon Shadow Spell, avec Banpresto à l'édition. Ce jeu respecte t-il la tradition du studio? Verdict!
Anima Mundi
Tout commence lorsque Kaito, notre héros, est fraîchement promu au sein du navire volant Variant, groupe de défense qui officie sur des phénomènes obscurs. Proche de sa sœur aînée Tatuki, sa seule famille restante, Kaito va très vite se retrouver face à des monstres qui envahissent Tokyo, le bon moment de faire ses preuves. Après quelques interrogations sur la situation, Kaito, Takuki et un troisième camarade Raiga, enquêtent sur des ruines repérées sous Tokyo. Les instances rapportent que d'étranges évènements prennent forme, et que le dossier classe les faits sous le nom "Matrix", qui intriguent nos héros.
Au bout de leur expédition, ils vont se retrouver devant une immense porte de conception particulière, mais avant même d'agir, ils vont être attaqués par les Alchemists Uranos, une organisation à la recherche d'un objet sacré connu sous le nom d'Anima Mundi. La bataille fait rage et nos héros se retrouvent en difficulté lorsqu'apparaît le gardien des ruines, un immense dragon reconnu comme un démon extrêmement puissant, trop pour Kaito. Pourtant notre héros va dégager une étrange force, qu'il ne parvient pas à contrôler. Face à la situation qui empire, Takuki décide d'affronter seule la créature pour assurer les arrières de son frère, mais pendant ce temps les Alchemists Uranos ont pu traverser la porte.
Mais qu'ont-ils bien pu trouver ? Qu'est ce que l'Anima Mundi ? Quel est cet étrange pouvoir qui émanait de Kaito ? C'est ici que débute l'aventure pour notre jeune héros.
On reconnaît tout de suite la patte de Flight-Plan et le travail qu'ils ont accompli sur les Black Matrix, entre autre. Un background qui mélange habilement contemporain, heroïc-fantasy et mysticisme, le moins qui nous puissions dire c'est que les concepteurs ne manquent pas d'imagination.
La force du récit réside pourtant davantage dans ces personnages. Pas que le scénario ne soit pas bon, mais il ne surprendra que rarement, car après un début poussif et quelques évènements à rebondissements, la tournure va flancher vers une formule plus classique, plus prévisible. On pourra regretter que le background ne soit pas plus développé en regard des idées de base d'ailleurs, mais force est de reconnaître que l'histoire est bien racontée, et notamment, comme je le disais, grâce à ses personnages extrêmement bien travaillés.
En somme une histoire sans grandes surprises, mais agréable à suivre, riche de ses nombreux "events" bonus à découvrir. De la motivation des membres du groupe à leur vision de la situation, il n'appartiendra qu'au joueur de découvrir tous les nombreux aspects psychologiques des différents protagonistes.
Le plaisir des yeux...
Ne vous fiez pas aux différentes photos qui émaillent le test ou la galerie, elles ne rendent pas honneur au travail incroyable des graphistes, car Dragon Shadow Spell opte pour une 3D isométrique absolument magnifique.
Déjà fier d'un background convaincant, la variété des lieux, la précision avec lesquels on y voyage font qu'au final nous voulons constamment progresser, à l'affût d'une surprise ci et là. Le bonheur des yeux aura lieu jusqu'à la fin, car des petites animations dans le décor, des choix de couleurs judicieux, entre teintes vives ou plus ternes, ou encore les sprites 2D des personnages ou ennemis, tout a bénéficié d'un soin incroyablement minutieux, il faut voir tourner le jeu à un stade avancé pour s'en rendre vraiment compte et féliciter la branche graphique de Flight Plan.
A ce titre le jeu permet en plus d'explorer quelques villages librement, d'avoir quelques phases de plates-formes, qui permettront de mettre à profit tous les détails. Malgré ce visuel flamboyant, on pourra pester sur une animation un peu rigide et qui manque d'étape, pas toujours inspirée par une jouabilité approximative dans ces phases, même si nous gardons à l'esprit que c'est déjà bien pour le genre, qui propose souvent qu'une suite de maps.
En combat rien à redire, les effets sont saisissants, les attaques spéciales spectaculaires et on en prend plein les yeux, une fois encore. Par moment cela rappelle l'époque où un certain Final Fantasy Tactics venait de sortir, impressionnant sur les effets des magies, pour un RPG tactique. Le sentiment ici est presque identique. Peut-être le level design manque-t-il d'audace, mais c'est un choix volontaire, compte tenu du nombre de maps et leurs durées globales, assez courtes.
L'habillage du jeu est un peu austère, mais possède sa propre personnalité, avec un cadrage qui habille astucieusement les dialogues, des arts superbes sur écran fixes ou les menus. Vous aurez aussi des Eyecatchs (coupure de chapitre), qui vous permettront d'apprécier le travail superbe du character designer. Pour couronner le tout, le jeu est affublé de deux introductions et de quelques séquences animées de bonne qualité.
Ne faisons pas la fine bouche, Dragon Shadow Spell est un des plus beaux Tacticals sur la machine.
... mais moins des oreilles
Après une telle satisfaction visuelle, nous attendions de pied ferme une bande-son enlevée capable de procurer de forts moments d'intensité. Malheureusement cette partie n'est pas à la hauteur. La plupart des pistes manquent trop d'inspiration (le main thème à toutes les sauces entre autre), sont trop quelconques par espérer la moindre touche d'émotions. Au milieu de cette déception, nous aurons tout de même la chance d'avoir quelques belles surprises et plus en phase avec les situations, mais le travail de Takashi Okamoto est globalement décevant, nous étions en droit d'attendre plus. En fait, ça rappelle un peu l'Ost de Black Matrix Advanced sur Dreamcast, dans le genre manque de cohésion avec l'ensemble (les connaisseurs comprendront). Reste les chansons d'introduction ou du staff de fin qui s'en sortent assez bien.
Extrait de l'ost Dragon Shadow Spell (Divine Burial &
Meihens) :
En revanche, il n'y a rien à dire sur les doublages japonais. Soucieux dans la représentation des personnages, le casting des voix fût mené de main de maître. Choix qui concordent, interprétation convaincante, le genre de travail qui interpelle de suite. D'ailleurs l'intégralité du jeu est doublé, mis à part les débuts de maps, curieux puisque les attaques sont doublées et que les personnages se manifestent par quelques répliques. Rien a signaler sur les bruitages, dans la veine de ce que propose habituellement le genre.
The Matrix system, party mode !
Dragon Shadow Spell est un jeu de rôle tactique. Le concept veut donc une série de cartes telles des échiquiers, suivant la trame scénaristique. C'est très vrai pour le genre en général, mais un petit peu différent dans notre cas, explications.
En fait il y a à la base notre navire Variant qui sert de QG. Dans ce navire vous vous baladez librement comme dans un bon vieux RPG classique. Vous discutez avec les Pnjs, vous achetez des objets au marchand et vous pouvez même entretenir les relations avec les membres de l'équipe, histoire de découvrir des évènements bonus qui en disent longs sur la psychologie et l'histoire de vos interlocuteurs. Vous aurez aussi l'opportunité de temps en temps de répondre à quelques questions, ces choix auront une incidence pour débloquer des évènements et maps bonus. Pour le scénario, un livre permet d'accéder à la fois aux events et aux batailles, que vous faites comme vous voulez par chapitre.
Mais ce n'est pas tout, le jeu regorge de trouvailles pour maintenir l'intérêt du joueur. En effet, au cours de votre progression, vous allez pouvoir accéder à quelques villages que vous pourrez également parcourir à votre convenance. Appréciable vous en conviendrez. A ceci le principal marchand du jeu tient une place importante, car à force de lui acheter des articles, il va monter en expérience et améliorer la qualité de son étalage. Parmi ces objets, nous trouverons quelques astuces pour débloquer des plates formes ou des mécanismes, au QG ou en villages, pour acquérir les petites pierres synonymes d'argent, généralement disposées sur les toits ou bien cachées. Attention cependant, les concepteurs ont poussé le vice avec quelques passages secrets dans le décor, invisible à cause de la vue isométrique. Il en sera de même sur les phases de plates-formes, volontairement crispantes à cause de la vue, surtout lorsqu'il faut sauter sur des zones mobiles.
Ces petites activités viendront agréablement couper les phases scénarios, qui elles contiennent les maps, en d'autres termes, les combats.
Combats :
Les phases tactiques comprendront jusqu'à six personnages maximum, avec quelques invités surprises par moment, dirigés par la console. Le principal attrait des maps dans ce jeu vient de leurs durées, qui dépassent rarement les trente minutes, souvent aux alentours de dix ou vingt. Ce rythme volontairement rapide évite l'ennui et la répétitivité en proposant toujours des décors différents, des ennemis aux aptitudes nouvelles, des boss en nombre et un level design qui va en progressant. Le menu est somme toute classique, avec déplacement, attaque, magies/skills, les accès au statut, aux objets et bien sûr, la possibilité de passer son tour. Mais entre les lignes on discerne une commande portant le nom de "Party Mode", qui mérite quelques explications.
Vos personnages sont affublés d'une jauge circulaire divisée en quatre portions. A chaque coup donné ou encaissé, chaque déplacement ou action, vos BP (bonus points) augmentent par l'intermédiaire de cette jauge. Lors du tour, un personnage possède 2 AP (action points) qui représentent un déplacement plus une action simple, mais certaines actions nécessitent plusieurs AP, c'est là que nous avons besoin du Party Mode. Au bout d'un certain nombre de BP atteint, la commande devient accessible, et tous les personnages ayant au moins une portion de BP pourront participer à l'action. A partir de là vous avez le choix, soit vous utilisez des skills de plusieurs AP, soit vous faites jouer le maximum de personnes sur des actions simples, ou alors vous tentez le spécial avec tous vos personnages (une attaque dévastatrice mais qui nécessite toutes les portions de BP). Oui, car le Party Mode groupe tous les AP des personnages, il faudra donc bien faire attention à vos priorités en cours de bataille.
L'autre point important concerne les magies et les skills. Les skills, grands consommateurs d'AP et surtout de BP (le maximum pour les furies), s'obtiennent avec l'expérience (que vous répartissez librement), mais c'est différent pour les magies, qui nécessite l'utilisation du système "Matrix".
Le système Matrix correspond à l'obtention des magies, mais pour qu'il soit faisable, il dépend de vos performances en combat et de vos adversaires. Vos performances car chaque action décisive augmente le score de la carte, de vos adversaires car ceux présent lors d'une map à haut score seront condamnés à servir aux points de code, repartis sur les personnages les plus performants sur le terrain. Ces points pourront permettre d'acheter des magies, compétences, attributs sur les ennemis ou boss vaincus avec maestria. Par conséquent, il ne faut pas se contenter de finir la map, il faut le faire bien et avec efficacité. Là est toute la subtilité du jeu, surtout lorsque vous saurez qu'il y a au moins une centaine de maps en comptant le donjon bonus.
Un dernier mot sur le challenge, variable. Quelques maps sont délicates là où d'autres sont ridiculement faciles, ce qui est un peu dommage car la fin perd de son souffle épique à cause de cette irrégularité. Reste le donjon bonus qui est bien plus difficile que la trame principale, et pour cause les ennemis ont un level plus élevé.
Sous-quêtes
Entre 45 et 50 heures de jeu pour boucler la trame et quelques annexes.
Events/maps bonus : au cours des questions dans le scénario, mais aussi auprès de certains Pnjs un moment précis.
Scoring : vos résultats en combat permettront de débloquer tous les skills spéciaux pour le système Matrix.
Marchand : notre marchand alchimiste monte d'expérience, propose des objets pour des extras de plates-formes, mais aussi des mini-jeux, que ce soit de dextérité, mémorisation ou même un Shoot'em up !
Heaven's Door : disponible depuis le début du jeu, c'est un immense donjon à étage assez difficile. Outre le fait de rapporter un peu d'expérience ou d'argent, il y a les ennemis croisés lors du scénario (utiles pour le Matrix), et des boss que vous ne verrez pas ailleurs.
New game + : en fonction de vos scores et de certaines actions, vous pourrez débloquer vos héros dès le début avec leurs niveaux de base.
Dans la lignée de Black Matrix ou Utawarerumono, le Dragon Shadow Spell de Flight-Plan s'impose comme une valeur sûre du Tactical. Peut-être qu'un certain manque d'ambition l'empêche d'atteindre les plus hauts sommets, mais difficile de ne pas conseiller ce titre aux amateurs du genre, ils en auront pour leur argent.
13/04/2008
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- Background intéressant
- Très beau
- Le casting
- Système simple et prenant
- Pas mal d'extras
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- OST un peu en retrait
- Challenge irrégulier
- Manque d'ambition global pour prétendre à plus
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 3.5/5
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