Leaf, studio généralement orienté vers les jeux à caractère hentai, décide une fois de plus d'adapter un de ses titres phares issu du monde du PC japonais. Cette fois, il s'agit d'un titre de 2005,
Tears to Tiara, qui est annoncé un peu à la surprise générale sur Playstation 3. Mais nouveau hardware oblige, il s'agit pour le coup d'un remake et non d'un simple portage. Explications.
(Certains éléments étant proches entre la version PC et la version PS3, vous trouverez également des similitudes entre les deux articles)
La résurrection du Roi Démon
Tout commence dans un village de l'Ile d'Erin, où la jeune prêtresse Riannon regarde l'étoile gardienne dans le ciel, en espérant que son vœu, sauver les gens de son village, soit exaucé. Seule, elle attend le danger imminent qu'elle prédit quelques temps plus tôt, et pour cela, elle a convié le village tout entier à quitter les lieux et partir le plus loin possible.
Il faudra un bref moment avant que ses craintes ne se vérifient, puisque arrive dans son village un grand prêtre de l'Empire et tout un bataillon de soldats, visiblement venus avec de mauvaises intentions. Le prêtre cherche à questionner la jeune fille sur la situation, mais impassible elle répond avec tact et calme, essayant de comprendre pourquoi l'Empire voudrait user de la violence sur un de ses territoires dévoués. C'est alors que le prêtre lance un discours sur des informations capitales et perce le secret de Riannon, elle est la grande prêtresse d'Albion, un royaume qui fut jadis très puissant et respecté, et dont l'existence fut incertaine depuis. L'Empire dévoile rapidement son but de réveiller le Roi Démon pour détruire le monde, et pour cela il a besoin de sacrifier un successeur du royaume d'Albion. Bien évidemment, tout ceci n'est qu'un stratagème pour gouverner le monde par la force et l'oppression, en feintant l'utilisation d'un pouvoir démoniaque à quiconque résiste. Riannon tente de s'opposer au prêtre mais ce dernier a profité que deux enfants du village se soient perdus pour les prendre en otages. La jeune fille finie par céder.
Peu de temps après, alors qu'au sein de l'Empire le rituel pour réveiller le roi démon Arawn est imminent, les membres du village rassemblés autour d'Arthur, le frère de Riannon, s'unissent pour la sauver des griffes de l'Empire. Arawn se réveille dans son cercueil après mille ans de sommeil et constate qu'il s'est passé bien des choses chez les humains, surtout depuis cet âge lointain où il se battait aux côtés de son ami Pwyll, le roi des Elfes. Entre temps, le prêtre de l'Empire essaye de s'attirer la sympathie d'Arawn en offrant Riannon en sacrifice, mais Arthur ne l'entend pas ainsi et s'y oppose. Le roi démon décide alors de faire une escapade dans l'esprit de la jeune fille pour la libérer du sort qui la détient esclave du prêtre. Riannon est libérée, mais à la stupeur de son frère, elle décide de devenir l'épouse de son sauveur. C'est alors que le roi démon et les descendants du royaume d'Albion commencent une longue quête contre l'Empire et ses sombres desseins, en apparence du moins, car il se peut que l'affaire soit plus compliquée qu'elle n'en a l'air.
Pas de bouleversements majeurs au niveau du scénario, on retrouve la même trame principale à base de légendes, de mysticisme et d'héroïsme, en fait tous les bons ingrédients d'un récit d'Heroïc-Fantasy. Toujours aussi classique, la ligne directrice réserve malgré tout quelques surprises, grâce entre autres à des personnages intéressants et bien développés. Malheureusement, les protagonistes à la personnalité discutable n'ont pas évolué, ce qui laissera place à des évènements sans intérêts qu'on aura aussi vite fait de zapper. L'avantage de ce remake grand public viendra de la disparition des séquences hentai, celles qui plombaient le rythme, souvent réécrites en laissant juste quelques CG un brin suggestives.
Mais ce n'est pas tout, un nouveau personnage du nom de Lydia fait son apparition dans les rangs de l'Empire, ce qui occasionnera tout un arc supplémentaire. Cette phase entièrement nouvelle apporte plus de dynamisme à la première partie du jeu, un peu longue à démarrer. En plus, de nombreux passages ont été revu pour plus de cohérence, du tutoriel avec Arthur au passage d'Octavia, qui inclura l'équipe de manière bien plus significative, ou encore une grande partie du donjon final. En bref, si on garde le récit tel qu'il était, les ajouts et modifications apportent un vrai plus et sont parfaitement intégrés.
Refonte en haute définition
Le jeu conserve son attirance pour l'animation japonaise, avec une nouvelle introduction animée de bonne facture et ô surprise, un chara-design intégralement nouveau. Plus générique, mais aussi plus accessible, ce nouveau design est plus cohérent que celui de l'œuvre originale, et certains personnages absurdes visuellement sont superbes maintenant. Bien sûr, les nombreuses CG du jeu subissent également ce lifting de bon goût, avec quelques nouveaux plans intéressants.
Techniquement, on gardait un œil dubitatif sur la faculté du studio à passer sur une machine HD comme la Playstation 3. Les craintes sont partiellement levées finalement, avec une utilisation du moteur Havok tout à fait correcte, à défaut de vraiment transcender. Le système de jeu qui opte dorénavant pour le Tactical-RPG a incité les graphistes au passage de la 3D intégrale, que ce soit pour les décors ou les personnages. Si les décors s'en sortent plutôt bien, avec un niveau de détail satisfaisant, les personnages sont un peu tristes en comparaison, avec une modélisation assez sommaire et une animation poussive. Le bestiaire, souvent à base de clones, n'a pas un meilleur sort, quoique certains boss de grande taille viennent contredire le tout. Un des détails amusants concerne le level design, de la 2D de la version PC à la 3D de ce remake, les développeurs sont parvenus à conserver une structure presque identique, ce qui plaira aux amateurs de l'original. Le seul point un peu déstabilisant concerne la caméra, qui est partiellement bloquée sur l'axe horizontal. Certes avec l'habitude on s'y fait, mais on reste surpris de ne pas pouvoir changer l'axe à 360°.
Donc, sans crever l'écran, la réalisation est dans la moyenne, parfois satisfaisante même, et c'est plutôt une bonne surprise qui n'était pas acquise d'avance.
La petite épopée
La partie sonore n'a pas beaucoup changé, il y a juste quelques pistes et une chanson en plus. On a donc quelques chansons sympathiques, des mélodies douces et d'autres plus épiques ou en adéquation avec le background. Par contre on reste un peu sur notre faim au niveau du nombre de pistes disponibles, ce qui peut agacer sur le long terme à force d'entendre souvent les mêmes musiques.
Concernant les doublages, il n'y a pas grand chose à reprocher, la plupart des acteurs ont fait du bon travail, que ce soit pour les héros ou ennemis, même si on ne retrouve qu'une partie du staff d'origine. En revanche, on salue l'arrivée de doublages pendant les batailles, avec des hurlements et des répliques bien menés, qui apportent davantage à l'immersion. Les bruitages sont diversifiés dans l'ensemble, mais rien de transcendant.
Changement de système
Le concept de Tears to Tiara reste un jeu d'aventure textuel agrémenté de phases de Tactical RPG, puisque globalement, on conserve la même structure. Pour être précis, vous allez passer une grande partie de votre temps dans les dialogues, mais maintenant, grâce au changement tactique, vous aurez la chance de participer à des joutes plus longues, ce qui va équilibrer l'ensemble entre lecture et gameplay. On retrouve la même carte du monde avec les mêmes attributs, les maps libres et celles qui feront avancer l'histoire. Faites votre choix pour engager un combat.
Combats :
Fini le système pseudo stratégique et place à de la tactique pure et dure. Ici le but affiché n'est clairement pas de faire un système original, mais plutôt de jouer la carte du classicisme tout en rendant les joutes amusantes, et de ce point de vue c'est positif. Avant d'engager l'affrontement, vous pourrez réorganiser vos troupes entièrement, de l'équipement aux skills et une fois fini, vous n'avez plus qu'à placer vos unités (maximum 12 par map).
Le système est donc classique, vous avez sur l'ensemble d'une zone une sorte de damier ou vous devez jouer votre tour intégralement puis donner la main à l'adversaire. Le menu est simple, vous pouvez faire un déplacement puis soit : une attaque normale, utiliser un skill, une magie ou un item. À ce propos, chaque protagoniste est affublé d'une barre de vie et d'une jauge de magie. Pour être complet, vous aurez aussi des coffres aux récompenses variées.
Rien de nouveau donc, alors nous allons nous attarder sur les spécificités. Tout d'abord le point le plus important concerne la chaîne élémentaire. En effet chacun de vos personnages est régi par un élément bien défini, et en bas de l'écran, vous avez un schéma avec la position des éléments (7 en tout). À chaque tour, le jeu tourne la roue du schéma et indique quel est l'élément dominant pour le tour à suivre, ce qui permet aux personnages (ou ennemis) concernés de voir la totalité de ses statistiques sérieusement boostées. Ce principe peut permettre à un ennemi qui possède dix niveaux de moins que vous par exemple, de vous tuer en un coup si en plus son élément est naturellement dominant.
L'adversaire étant souvent adepte des magies de zones (qui couvrent plusieurs cases), il faudra faire attention à ne pas se jeter bêtement en groupe sur celui-ci sous peine de mauvaises surprises.
À cela s'ajoute la jauge de "chain stock", qui va de paire avec le système d'expérience. Tous les coups donnés ou encaissés montent deux jauges, celle pour l'expérience classique, et celle pour le niveau de skills, en somme celle qui permet d'apprendre vos techniques de combat. Mais ce n'est pas tout, cette jauge possède des paliers qui une fois atteints permettent d'augmenter le nombre de segments de la jauge "chain stock". Divisée en quatre segments maximum, cette barre permet de faire un enchaînement suivant le nombre disponible, en rythme, et d'opérer une attaque spéciale si vous êtes au maximum (soit 4 coups + spécial). Une partie des skills spéciaux, ceux avec mise en scène et artworks à l'écran, consomment variablement cette jauge, il faut donc l'utiliser à bon escient dans votre stratégie. Vous pourrez aussi choisir qui est le leader de l'équipe, ce qui permet d'avoir un bonus en début de tour (qui augmente avec l'expérience), par exemple 10% des points de vie pour Arthur ou 10% des points de magie pour Riannon.
Pour profiter au mieux des combats, et pour reposer vos troupes vous aurez assez vite dans le jeu accès à Avalon, votre quartier général. Dans celui-ci, vous pourrez faire avancer le scénario, accéder aux évènements spéciaux et profiter des deux boutiques pour l'équipement. Pour ce dernier, vous avez une arme, une armure, un casque et deux accessoires, entre bracelet divers ou autres bottes. Mais en marge, vous avez également la possibilité d'acheter des manuscrits, qui permettent d'apprendre des compétences (regain d'HP, protection d'états, statut...). À préciser que ces manuscrits peuvent être obtenus en combat ou dans les coffres, et que dans le menu adéquat, vous pourrez choisir les compétences que vous voulez apprendre aux personnages de votre choix, et paramétrer comme bon vous semble.
La dernière fonction de votre château concerne le recrutement. Pour faire simple, vous pouvez recruter moyennant un peu d'argent des soldats, dont vous déterminez le sexe, le nom, et la spécialité, de la classe à l'élément. Ces soldats peuvent être entraînés s'ils ne participent pas aux combats, ce qui permet de faire monter l'expérience (mais pas le niveau de skill !). Vous pourrez aussi -contre de très grosses sommes d'argent- obtenir des guerriers avec un level avancé (expérience et skill) et bien plus de choix en éléments. Cette fonction, en grande partie identique à l'opus sur PC, est cette fois-ci véritablement utile, pour ne pas dire indispensable. En effet le jeu est bien plus difficile que son homologue d'antan, du moins sur certaines cartes, et il est fréquent d'avoir recours aux soldats pour grossir nos troupes et accessoirement, nos chances de victoire. En complément, il y a de nombreuses nouvelles cartes où les développeurs se sont amusés à diviser notre équipe. Par conséquent entraîner des guerriers sera la meilleure solution, ayant toujours des maps libres de disponibles pour cela.
Au final quoique très classique dans le fond, le studio nous livre une copie solide avec un système très efficace. À un stade avancé, les ennemis et cartes proposés sont suffisamment étoffés pour proposer un intérêt certain.
Sous-quêtes
Comptez environ une cinquantaine d'heures pour en venir à bout. Le donjon bonus (parodie très voire trop suggestive) de la version PC a disparu ici.
Free maps : chaque carte du jeu peut être refaite par la suite. L'intérêt vient des items ou équipement glanés, sans oublier l'expérience acquise, puisqu'à chaque fois, les ennemis s'adaptent à votre niveau.
Extra : une galerie permet de visionner toutes les CG du jeu, avec en option la possibilité de choisir celle que vous voulez pour la mettre en fond à l'écran-titre du jeu. Un autre menu permet d'écouter l'intégralité de la bande originale et enfin pour finir, il y a une bande annonce de la future adaptation animée du jeu (actuellement en cours de diffusion au moment où j'écris ces lignes).
On n'attendait pas forcément grand chose de ce remake, il s'avère être une bonne surprise. Prenant le risque de faire une refonte quasi intégrale, en y ajoutant du contenu et en améliorant les bases, ce Tactical RPG se pose dorénavant comme le meilleur choix derrière
Valkyria Chronicles et
Disgaea 3 sur la machine HD de Sony.
30/06/2009
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- L'histoire sympa
- Ambiance agréable
- Système efficace
- De nombreux ajouts
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- Certains personnages et évènements navrants
- Réalisation perfectible
- Les contraintes de la caméra
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TECHNIQUE 2.5/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 3.5/5
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