C'est sur SNES que Squaresoft a réellement pris son envol, développant de nombreux joyaux devenus depuis des légendes du RPG, ancrées dans la mémoire collective des fans. On oublie pourtant que la mondialement célèbre compagnie a aussi développé ou simplement édité bon nombre de titres souvent restés dans l'ombre pour nous autres occidentaux. C'est le cas d'Alcahest, développé par Hal Labotaries (connus notamment pour la série Kirby), Action-Rpg qui, malgré son concept ultra accessible, n'a étrangement jamais dépassé les frontières du japon ..
J'ai pour habitude de commencer mes tests par une évocation du scénario du jeu, et bien autant le dire tout de suite, si il y a bien un point sur lequel Alcahest ne brille absolument pas, c'est celui ci. Je vous en fait tout de même part .. Il y a très longtemps, le dieu démon Alcahest étendit son emprise sur le monde (sans blague). Mais il fut vaincu par un héros légendaire inconnu (et ben), qui, aidé des 4 esprits gardiens des éléments, put surpasser la force du démon. Mais l'ombre vient de ressurgir à nouveau sur les terres, et un cruel empereur désire conquérir le monde (j'hallucine). Sur les cimes d'une montagne paumée, un jeune aventurier (on se demande ce qu'il fait là) est accosté par un mystérieux personnage, voulant faire de lui un serviteur d'Alcahest. Mais miraculeusement, un étrange esprit le sauve de la mort. Définit comme l'élu (qui l'eut cru ?), ce jeune homme parviendra t-il à vaincre le démon qui gna gna gna... Vous l'aurez compris, et j'y reviendrai un peu plus tard, le scénario d'Alcahest semble avoir été écrit en 3 secondes par un ado japonais un peu attardé interrogé au hasard dans une rue. Avec un tel démarrage, on pourrait aisément imaginer que le jeu est une pure catastrophe, mais ce n'est heureusement pas le cas. Difficile de vraiment cataloguer Alcahest, et le sujet a d'ailleurs suscité quelques controverses. En gros, on peut considérer Alcahest comme un action RPG, mais bien plus "action" que la plupart des titres du genre, un mix entre un titre d'arcade et un RPG en somme.
Les éléments de RPG sont indubitablement présents, mais c'est dans une version très discrète qu'ils feront leur apparition. Prenons quelques exemples : Alcahest ne se termine pas en une seule fois et il y a moyen d'arrêter et de reprendre ensuite sa partie, mais le système de sauvegarde est tout simplement absent. A la place, il existe un système de mot de passe, vous permettant de continuer au niveau où vous vous êtes arrêtés, car oui, Alcahest est divisé en niveaux, sans aucun moyen de retour en arrière .. Allen (le héros) gagne en puissance du début à la fin du jeu, comme dans chaque RPG, mais ne cherchez pas de level up ou autres points d'expériences. Le joueur pourra améliorer son total de points de vie, de magie ainsi que la puissance de son épée en passant au chapitre suivant ou bien en trouvant des objets spéciaux dans des coffres. Ce qui fait tout l'intérêt du jeu et qui représente sa qualité principale, c'est bel et bien l'efficacité de sa jouabilité. Le personnage répond parfaitement aux commandes, peut frapper sous 8 axes différents, il y a possibilité de dash ainsi qu'une barre à charger (en restant appuyé sur un bouton) pour lancer une super attaque. Se jouant sur un rythme très enlevé (avec par exemple de nombreux tremplins pour accélérer la vitesse du héros), et avec des combats quasi permanents, le joueur amateur de gameplay très old school aura peu de chance de s'ennuyer en parcourant les différentes parties du jeu ! Un peu plus complexe qu'un titre d'action basique, Alcahest paraîtra toutefois très limité pour un RPG. Le seul vrai élément nécessitant un peu de jugeote et de stratégie réside dans le système de Guardians (esprits des éléments). En plus des coups d'épées classiques, le héros disposera d'un panel de "guardians" qui s'étoffera au cours du jeu, pour atteindre le total final de 4. Dés que le premier sera obtenu, on pourra l'équiper sur son perso (et ensuite switcher entre eux grâce aux boutons L et R). Allen change alors de couleur de vêtements ou d'armure, et si le coup d'épée de base ne change pas, le joueur possédera une capacité spéciale supplémentaire lorsqu'il chargera sa barre de puissance. Par exemple, équiper le guardian de feu permettra de donner une série de coups rapides en se dédoublant à la place de l'attaque spéciale de base. En plus des coups spéciaux obtenus en les équipant, le héros pourra aussi directement invoquer les guardians. C'est d'ailleurs pour cette unique raison que les points de magie seront dépensés au cours du jeu. Au sacrifice d'un ou deux MP vous pourrez invoquer le guardian équipé sur le moment. Alors que le représentant de l'eau vous entourera d'une barrière d'énergie lançant des projectiles dignes d'un Shoot'em Up, le guardian de l'air (mon favori) martèlera de coups tous les ennemis proches.
Deuxième point notable dans le gameplay : les compagnons. Selon les niveaux, un ami ( guerrier, magicien, prêtresse...) vous suivra durant votre périple. Toutefois, ne cherchez pas à les diriger de quelque façon que ce soit, ils font figure uniquement de compagnons de support, n'attaquant que si vous faites de même (génial le travail sur l'IA !). Bref leur fonction est limitée, mais leur intérêt principal réside dans leur attaque spéciale. Chacun des 5 compagnons que l'on pourra avoir dans le jeu possède une capacité qui lui est propre, que l'on utilise grâce à l'aide des points "SP". Les capacités varient de l'attaque atteignant tous les ennemis à l'écran, à la restauration de HP. Néanmoins le rôle des compagnons reste très limité, surtout qu'il faudra attendre la fin du jeu pour pouvoir choisir entre les 5 ... La réussite dans Alcahest passera principalement sur la bonne utilisation des guardians et des compagnons, certains pouvant être bien plus efficaces que d'autres pour vous dépêtrer de certaines situations, notamment contre les boss. Les niveaux ne sont pas des lignes droites, et de petits éléments propres aux RPG ponctueront votre quête, comme la recherche de certains objets (torches, clés, amulettes, etc) nécessaires à la progression. La taille et la complexité des niveaux augmentera évidemment au fil du jeu.
Niveau réalisation, le boulot est bien appréciable. Sans être magnifique, Alcahest reste agréable pour les yeux, les sprites sont de grande taille, l'animation satisfaisante, les couleurs chatoyantes, mais malheureusement le design général n'a rien de vraiment remarquable. Les musiques sont bonnes sans plus, et on parcours les niveaux sans trop d'embûches en mode normal, grâce à un système de "continues" très généreux, même si le tout se corsera à la fin.
Et puis... Et puis quoi ? C'est finalement bien là le défaut d'Alcahest. Assez efficace, sympathique à jouer, Alcahest manque néanmoins cruellement d'originalité et de profondeur. Le joueur attendra un éventuel décollage de l'aventure qui n'arrivera malheureusement jamais, et le scénario ne possède absolument rien qui renforcerait l'intérêt du jeu. Je reviens d'ailleurs à ce sujet, on aurait pu espérer que, comme dans de nombreux RPG, l'introduction classique laisse part à une aventure plus profonde, et bien pas du tout ! Alcahest possède un des scénarios les plus affligeants jamais conçus, accumulant un nombre totalement surhumain de clichés. Tout y est, du vieux et laid méchant magicien (vert aux oreilles pointues) au vil empereur (au look de chinois !) qui veut conquérir le monde, on trouvera aussi les bons vieux "généraux" représentants les éléments opposés (qui vous attendent bras croisés), la princesse qui se fait enlever/transformer, ainsi que la très fameuse civilisation perdue disparue il y a longtemps et qui possédait une technologie avancée. Bon je vous épargne la suite... Et si un scénario minimaliste passe bien dans un jeu "mignon" à la Wonderboy ou Zelda, ça le fait tout de suite moins quand tout est pris extrêmement au sérieux comme dans Alcahest. Quant au héros, il ne prononce aucune parole durant le jeu, ce qui est peut être une bonne chose quand on voit la surpuissance des répliques des autres persos, rivalisant avec les meilleurs moments du Club Dorothée. Difficile de trouver des phrases plus intéressantes que "Ha ha! Tu vas mourir !" ou "Oh salut, je m'appelle bidule, je t'accompagne dans ta quête pour vaincre le mal, allons-y", et je peux aussi citer les incohérences en tout genre et les flous scénaristiques abusifs (un gars se sacrifie pour tuer un autre, et pouf, il revient tout à coup sans explication, les persos qui se trouvent là on ne sait pas comment, les méchants morts qui reviennent tous en même temps .. au secours !), en gros, un vaste prétexte vaseux pour trucider du monstre. Certains diront qu'Alcahest étant très proche du jeu d'action, il ne faudrait pas juger les défauts scénaristiques avec trop de dureté. Certes ils auront d'un coté raison, mais est ce que cela excuse tout ? Car Alcahest n'arrive malgré tout pas à briller, et il est tout à fait évident que les développeurs ne se sont absolument pas foulés dans la conception du jeu. Même si à part le scénario il n'y a rien de vraiment mauvais, on cherchera désespérément un élément marquant dans le gameplay, le scénario, le design ou la bande son, sans malheureusement le trouver. Certes on s'amuse, mais le plaisir de jeu n'égale pas celui de grands titres d'arcade, le coté RPG est lui aussi présent, mais ridiculement vide et minimaliste et la fusion des deux parties donnera hélas rien de mieux qu'un titre trop moyen pour parvenir à sortir du lot, creux, et de plus vraiment court (6 à 8 heures de jeu). Pourquoi ne pas par exemple avoir amélioré le panel d'armes, mis des villages transitoires, ou proposé un système d'achats d'objets ?
Alcahest n'est pas un mauvais jeu, et les nostalgiques d'une certaine jouabilité old school sans artifices, recherchant un titre d'appoint assez défoulant, pourront y trouver leur compte, j'ai moi même pris du plaisir à y jouer, et puis le rythme enlevé ne laisse pas beaucoup de place à la lassitude si on accroche. Les amateurs sont donc avertis, quant aux autres, ils peuvent passer leur chemin sans le moindre regret.
03/10/2004
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- Le système de guardians
- Des gros sprites, bonne réalisation
- Une jouabilité efficace et agréable
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- Un gros manque de profondeur, rien d'original
- Le scénario à pleurer
- Est-ce vraiment un RPG ?
- Trop court
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TECHNIQUE 3.5/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 1/5
DUREE DE VIE 2.5/5
GAMEPLAY 3/5
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