Des hommes et des dieux
Au fil du temps et des jeux,
Idea Factory a construit un univers dans lequel s'inscrivent la plupart des titres de la firme : le Neverland.
Spectral Souls: Resurrection of the Ethereal Empires (ou
Spectral Souls II) contait la grande "
Guerre de 7 ans" ayant opposé les démons et les humains dans un conflit sanglant et sans concession. L'histoire de
Blazing Souls prend place une dizaine d'années plus tard - en prenant comme référence la
true ending - dans le même monde, avec le retour de plusieurs têtes bien connues des fans.
Zelos est un mercenaire solitaire, amnésique et antipathique qui semble posséder un passé trouble. Ne quittant jamais son fusil des mains, il enchaîne les missions sans se soucier de quiconque, jusqu'au jour où il se voit imposer de façon un peu confuse une équipe pour investiguer d'étranges évènements partout sur le continent.
Au fil du temps, une trame de fond se met en place, impliquant la création d'une nouvelle forme de vie - les génomes humains - pour remplacer l'humanité, par ceux qui se prennent pour des dieux : les anciens.
Si le propos se révèle plutôt intéressant, le scénario est trop dilué et confus pour vraiment passionner, d'autant que la plupart des personnages - en dehors des principaux, pour faire court - sont aussi profonds qu'un épisode de
Plus Belle La Vie et développent un comportement erratique. Sauf que dans le cas présent, il n'y a pas
Dounia Coesens pour sauver la mise. Pire, le fait que le jeu laisse le joueur assez libre dans l'ordre de ses actions peut mener à manquer de nombreuses scènes importantes et surtout à quelques grosses incohérences bien sales.
Bref, si
Spectral Souls 2 brillait par sa narration et son grand conflit vécu depuis trois points de vue différents,
Blazing Souls est bien plus limité à ce niveau...
Idea Factory Signature
Fidèle à ses principes, Idea Factory reprend les grandes lignes de son gameplay maintenant bien éprouvé sur ses nombreux T-RPG. Quelques grands fondamentaux du genre sont respectés : déplacements sur un damier, actions classiques (attaques, magies, objets...) qui entament plus ou moins de points d'action, tours de jeu basés sur l'initiative de chacun (six combattants par mission), angles d'attaque déterminants, carte simpliste sur laquelle on se contente de sélectionner sa destination ou encore villes réduites au strict minimum (un écran fixe, finie la glisse immaniable de Spectral Souls), on connaît bien.
Par dessus, on retrouve la couche propre au développeur, avec principalement :
- Hold : enchainement de plusieurs attaques par le même personnage, certains enchaînements précis de skills donnant lieu à un autre plus puissant.
- Charge : on charge des attaques avec plusieurs personnages jusqu'à lancer l'ensemble pour de gros combos... ou jusqu'à que l'ennemi visé joue et annule le tout. Là encore, on peut combiner les skills de chacun de façon adéquate. Maitrise obligatoire pour vaincre les boss, incroyablement coriaces.
- SP & Original Skill : au fur et à mesure des tours, chaque combattant remplit une barre de SP sur quatre niveaux, donnant chacun accès à un Original Skill bien puissant. Lorsque trois barres sont remplies, une compétence passive propre à chacun est activée, comme l'augmentation drastique de la puissance.
- Overkill : en enchaînant assez d'attaques pour vider deux fois complètement la barre de vie d'un ennemi, on réalise un overkill, qui augmente les chances d'obtenir un drop rare.
- Otherworld Gate : la fameuse tour qui permet de faire du leveling à loisir pour remettre ses coéquipiers au niveau (on les récupère tous au niveau 1...), et de récupérer les fameux points (EP) indispensables aux améliorations d'équipements. À noter qu'à l'instar de Final Fantasy Tactics, frapper ses propres coéquipiers les plus avancés reste la meilleure technique pour vite rattraper son retard.
- Niveaux et classes : pour chaque niveau passé, on obtient des points permettant d'améliorer les stats de nos héros. Bien sur, le montant de points nécessaires dépendra du type de classe du personnage (il faudra pour de points pour monter l'attaque physique d'un mage que son attaque magique, par exemple). Au niveaux 25 et 50, on peut changer la classe de nos héros en réussissant un petit combat iniatique, ce qui permet d'avoir plus de slots pour les skills, et bien sur de devenir plus puissant.
- La possibilité de rechercher des lieux sur la carte, grâce à des indices et des rumeurs glanées en ville.
- La créations d'objets et de skills, indispensable au cours de la seconde moitié du jeu pour de ne pas se faire fesser trop vite. Et sans pelle.
Le système de jeu est aussi complet que dur à prendre en main, et le jeu impose au joueur de bien maitriser tous les rouages. Si le fanboy Idea Factory (oxymore ?) trouvera ses marques bien vite, il faudra de nombreuses heures au néophyte pour s'y retrouver, surtout au niveau des diverses créations, bien complexes. Saluons tout de même l'ergonomie générale du jeu, très bien pensée et qui compense quelque peu le manque flagrant de tutorial de fond.
Mais Blazing Souls ne se contente pas de reprendre la recette de son prédécesseur spirituel, il apporte son lot de nouveautés.
Puzzle-Tactical-RPG
Afin de renouveler sa formule,
Idea Factory a décidé de tenter le mariage entre le T-RPG et le Puzzle Game, et l'idée n'est franchement pas mauvaise. Ainsi, pour progresser dans chaque aire de jeu, il faudra résoudre des puzzles en utilisant les différentes capacités à disposition, comme creuser, porter des objets, marcher sur l'eau, effectuer des double sauts ou encore créer de petites plateformes. Les capacités sont nombreuses et se récupèrent selon certaines conditions plus ou moins impossibles, et on ne peut en "emporter" que quatre sur soi pour chaque lieu. Il faudra parfois bien analyser la carte au préalable pour revenir avec celles adéquates.
De plus en plus complexes, ces énigmes ne sont pas de tout repos, d'autant qu'un combat se déclenchera après un certain nombre d'actions effectuées, parfois de façon cruelle, alors qu'on touchait au but, et il faudra impérativement en sortir victorieux pour poursuivre le puzzle.
Autre nouveauté de taille, Zelos - le héros, je le rappelle - peut désormais équiper des "
Elemental Core" (pierres aux propriétés magiques) qui lui confèrent une grande puissance ainsi qu'un look de
Super Sayen. Si elles lui font régulièrement troquer son fidèle fusil pour une lame à la portée plus limitée, leur puissance peut être augmentée en récupérant les divers sceaux élémentaires disséminés sur les cartes, toujours en résolvant des puzzles, très exigeants.
Enfin, la recherche de lieux n'est plus annexe mais indispensable à la progression du jeu, et l'on peut désormais fusionner les monstres capturés afin d'en obtenir un plus puissant pour l'utiliser en combat ou le dépouiller de ses skills.
Un certain cachet
Une nouvelle fois, le passage de la PSP au smartphone se fait sans heurt, HyperDevBox a su bien optimiser le jeu pour le support, même si la maniabilité au pad virtuelle n'est pas toujours optimale.
Le jeu possède donc toujours autant de cachet, avec ses sprites classes et parfaitement animés, ses décors variés et plutôt détaillés et ses attaques impressionnantes sans faire ramer la console. D'autant que l'on peut zoomer/dezoomer et faire tourner la caméra pour mieux comprendre la géométrie des différentes aires. On saluera également les magnifiques artworks du jeu, tant ceux accompagnant les dialogues ou scènes clé que ceux faisant office de décors pour les villes et les boutiques... sans oublier l'écran de Game Over, qui devrait régulièrement illuminer votre parcours sur la fin.
Idea Factory devrait songer à proposer une plus grande variété d'écrans fatidiques, afin que le Game Over fréquent devienne un moment de surprise, d'excitation et de découverte, à partager en famille.
La bande son ne manque également pas de qualité, en proposant des morceaux plus variés que sur
Spectral Souls et délaissant quelque peu le semi-symphonique pour aller plus souvent vers le J-Rock et les sonorités techno. Plus variés, certes, mais aussi moins épiques et mémorables, même si l'ensemble s'en sort relativement bien.
Une nouvelle fois, problème de place sur l'UMD oblige, seules les voix américaines sont disponibles, et elles se font plutôt rares. On appréciera tout de même le ton de Zelos, qui colle parfaitement avec son caractère prétentieux et imbuvable.
A noter que l'on retrouve évidemment les trois personnages spécifiques à cette version, bien connus dans l'univers de Nerverland :
Hiro,
Roze et Yunellia. De quoi contenter les fans.
So what ?
Un portage de qualité, une belle bande son, un système de jeu assez original et incroyablement complet, un scénario en retrait mais plutôt correct, Blazing Souls Accelate aurait-il tout pour plaire ?
La réponse est sans équivoque possible : oui(1) !
(1) sous réserve d'être un joueur avec beaucoup de temps libre, d'aimer se faire défoncer la gueule en quelques secondes après 1h sans sauvegarder à cause d'un saut de difficulté soudain et imprévisible, d'être un croisement entre un robot et un petit chinois aimant répéter la même tâche inlassablement pour monter en niveau, en compétence et pour récupérer des drops rares.
Je m'explique.
Tout d'abord, comme trop souvent avec les RPG de la firme, il est illusoire de penser pouvoir finir le jeu en ligne droite. Des heures et des heures de combats sans intérêt (en plus des nombreux déjà inutiles du scénario) seront nécessaires pour améliorer ses personnages et leur équipement pour faire face à la grande difficulté, et l'amélioration de l'équipement devient vite un cauchemar tant le nombre de points requis est élevé... N'oublions pas qu'il est comme de coutume impossible d'obtenir les scènes les plus intéressantes sans FAQ, vu que le chemin menant à la true ending - et donc à la récupération de tous les personnages et des scènes annexes - est exigeant et sans pitié.
Pire, le jeu se vautre sur son idée la plus originale, à savoir les puzzles. Devoir utiliser ses méninges, c'est bien. Mais lorsque tout est basé sur l'utilisation de capacités adéquates et qu'il faut des heures et des heures de grind pour remplir les conditions nécessaires à leur obtention, c'est nettement moins excitant. Pire encore, lorsque l'on bloque sur la résolution d'un puzzle, il est impossible de savoir si l'on ne trouve simplement pas la solution, ou s'il nous manque une capacité indispensable dont on ne soupçonne même pas l'existence...
Comme souvent avec Idea Factory, trop d'exigence tue l'exigence...
Encore une fois,
HyperDevBox a réalisé du bon boulot et offre un portage de qualité sur smartphone d'un jeu
Idea Factory. On peut en revanche contester son choix, tant
Blazing Souls Accelate est un jeu peu accessible et un peu confus malgré des qualités certaines et un petit prix, alors que le très bon
Generation of Chaos: Aedis Eclipse attend toujours son heure...
30/08/2012
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- Très complet
- Ergonomie impeccable
- Portage parfait
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- Bien trop exigeant
- Répétitif
- Scénario trop diffus et un peu confus
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 2.5/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 3.5/5
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