Sting c'est
Baroque, ou bien
Yggdra Union ; deux jeux diamétralement opposés : un studio présumé polyvalent donc. On est par conséquent en droit de s'attendre à quelque chose de plutôt frais et abouti de leur part. La PSP dorénavant loin d'être étrangère aux développeurs,
Hexyz Force pointe le bout de son nez sur cette portable alors en rad de softs authentiques. Curieux, on s'y essaie et bien vite, le délicieux parfum de l'aventure nous enivre. Verdict sur une des bonnes surprises de l'année 2010.
Dark or lustrous?
Cecilia ou Levant ? Plutôt niais ou plutôt mature ? Désintéressement ou implication ? Peu importe, il faudra impérativement passer par les deux scénarios distincts proposés par Hexyz Force pour comprendre toutes les nuances d'une histoire pas si inintéressante que ça.
Le monde appelé Berge fut autrefois créé par la déesse de la création : Norvia. Elle y insuffla la vie grâce à la Force (l'énergie qui demeure en toute chose donc) qui résidait dans le Holy Vessel et, afin d'y établir un certain ordre, elle donna naissance à 15 divinités. Malheureusement, lors d'un affrontement contre le dieu de la destruction, Delgaia, les divinités sacrifièrent leurs vies afin de sceller cette terrible menace. Dès lors le monde fut scindé en deux parties et, vous, Hexyz, être qui a hérité de la volonté des défuntes divinités, êtes en charge d'apporter le jugement sur Berge avec vos semblables. Création ou destruction ? Le choix est vôtre.
Une trame principale plutôt banale, j'en conviens. Cependant, scinder le récit en deux points de vue bien distincts était réellement pertinent de la part de Sting et cela profite énormément à la narration. Tandis qu'en incarnant Cecilia - une jeune cleric bien oisive - on s'attardera sur l'aspect qui concerne le passé du monde et les raisons profondes des conflits qui ont forgé les mécanismes intrinsèques à Berge ; choisir Levant - preux chevalier aux moult conflits internes en quête de rédemption - nous mènera au cœur des conflits humains et des monstruosités de la guerre. Le premier sur fond de légende ancienne, le second teinté de discrimination raciale, les deux scénarios se complètent parfaitement et en omettre un nous priverait d'une part importante du background. Ainsi, bien que très différents de par leur ambiance respective et les thèmes abordés, le tout ne forme qu'une seule et même histoire dont il vous faudra saisir tous les détails pour appréhender le jeu du mieux qu'il se peut. Toutefois attention, Sting a tout de même eu la présence d'esprit d'occasionner quelques rencontres entre nos deux héros afin de nous renseigner sur les faits et gestes de notre antagoniste, mais cela de façon plutôt superficielle.
Par ailleurs, dans un éclair de génie et afin de rendre le scénario, et par extension son soft, crédible, Sting a décidé d'impliquer directement le joueur en séquençant le jeu en chapitres, lesquels seront sanctionnés par une "évaluation". Tous vos faits et gestes seront pris en compte (choix pris lors de dialogues, nombre de combats, de fuites, d'annexes accomplies...) pour au final être matérialisés en Force, laquelle fera pencher plus ou moins la balance vers le jugement de la Création. Comprenez par là qu'il y a plusieurs fins différentes : neutre, pour la destruction, ou pour la création. Flânez un petit peu trop et vous vous retrouverez bien vite à devoir payer le prix pour votre flemmardise. Cependant soyons honnête, il est extrêmement fortuit et peu probable que, quoi qu'il arrive, le jugement soit autre que la Création.
Un des principaux intérêts du jeu donc, se trouve être cette histoire somme toute classique mais néanmoins intrigante et palpitante servie par une ambiance légère, agréable et plutôt décalée d'un côté, et quelque peu sombre, sérieuse, mais toute aussi plaisante de l'autre. De plus, l'ensemble est porté par un casting plus que correct bien que comme souvent très stéréotypé. Mais en revanche, ce dernier ne sera pas dépourvu d'humour, loin de là.
Rythmique
Hexyz Force c'est classique, oui, mais pas que. En effet, le soft a l'audace de supprimer les marchands, les hôtels ou bien encore les grandes villes imposantes dans lesquelles on avait l'habitude de vagabonder, les quelques présentes dans le jeu étant relativement limitées en superficie. Comment se ravitailler en équipement alors me direz vous. Il s'avère que l'inventaire seul suffira. En effet, le menu met à votre disposition plusieurs commandes qui se chargeront de vous mâcher le boulot à n'importe quel instant du jeu. De prime abord, la commande "restore" qui parle d'elle-même. Pour quelques Force Points (FP) récupérés au préalable sur vos adversaires, vous aurez donc la possibilité de soigner toute votre équipe. Plutôt pratique, sachant que chaque ennemi nous donne largement assez de FP pour nous soigner 5 fois entre chaque combat passé un certain seuil. Et les autres catégories fonctionnent d'une façon similaire : l'upgrade de vos armes se fait avec des FP. Il en va de même pour la fusion de matériaux qui constituera le seul moyen de vous équiper convenablement et remplacera feu le marchand d'objets.
Il ne sera cependant pas nécessaire de se plaindre de ce choix car, si quelques entorses au règlement ont été faites, le rythme de l'aventure lui, se voit largement boosté. Pas de temps morts donc dans cette course au jugement, la fluidité de la narration s'en ressent, et c'est tant mieux ! Mais, car il y a un mais, cette vaste entreprise implique de passer du temps, beaucoup trop, dans un menu au final peu ergonomique et plutôt brouillon. L'aspect cheap de l'interface pourra d'ailleurs rebuter.
Au tableau des déceptions également, une mise en scène loin d'être au top, à l'image de la prouesse technique globale du jeu. Les traits sont assez grossiers dans l'ensemble mais les décors demeurent néanmoins assez coloré et on s'attachera malgré tout à nos petits sprites et aux artworks léchés qu'ils arborent. Ce ne seront malheureusement pas les doublages d'assez piètre qualité (mais qui sont fort heureusement, peu fréquents) qui nous pousseront à crier à la réussite artistique. On préfèrera donc se tourner vers l'OST qui nous est livrée par M.
Hayashi, responsable entre autres des bandes son de
Baroque et
Knights in the Nightmare. Son travail sur
Hexyz Force est précisément le support qu'il fallait au jeu pour qu'il soit doté de ce léger souffle épique, aventureux. On a donc une OST plutôt diversifiée qui ponctue très justement les cut-scènes et possède un grand nombre de thèmes de combat sur lesquels il ne sera pas rare de se surprendre à les fredonner ou à taper du pied en rythme. On regrettera cependant que les pistes aient un impact beaucoup moins important hors du jeu comme vous le montrera le mode Sound Test débloqué une fois le premier scénario terminé.
Fexyz Horce
En apparence classique, le système de combat d'
Hexyz Force est étonnamment riche et regorge de possibilités. La gestion de la notion de lignes et de colonnes, la présence d'attributs qui exercent des relations de dominant/dominé à la façon du triangle des armes d'un
Fire Emblem, les éléments qui influent sur les dégâts subis en fonction de son affinité élémentaire, autant d'éléments qui en combat peuvent changer le cours de la partie. De plus, la notion d'armes à la durée limitée (les Spirifacts) en plus de votre arsenal traditionnel qui utilise vos MP (les Forcefacts) a de quoi séduire si l'on désire un tant soit peu diversifier les aptitudes de son personnage. Sans compter bien évidemment une attaque ultime par protagoniste qui utilise une jauge qui se remplit au fil des combats. Mais par malheur, c'est là ou le bât blesse. Le gameplay d'
Hexyz Force est sans conteste agrémenté de bonnes idées mais il est impossible de l'exploiter dans sa totalité en mode normal. Le soft de
Sting est tellement facile qu'on se contentera d'utiliser les bases de ce système et seul le mode Hard déverrouillé après avoir fini les deux scénarios nous donnera du fil à retordre et nous contraindra à user de finesse tactique. Si bien que durant notre première partie, les combats nous semblent tellement anecdotiques que l'on a envie de les sauter.
Sting qui est décidément un studio plutôt ingénieux avait calculé cela et a instauré un mode avance rapide, que ce soit pour les combats ou les cut-scenes. Ainsi, d'une petite pression sur la gâchette, il sera possible d'accélérer notablement la vitesse de jeu afin d'éviter l'ennui. D'un autre côté, cela contribue aussi à rendre certains boss-fights incroyablement rapides, plutôt dommage.
Autre détail lié à la maniabilité, aucun bestiaire ou lexique d'objets n'est présent afin de nous indiquer la localisation des différents éléments déjà obtenus. Il y a bien une liste des monstres et des Forcefacts avec leurs descriptions qui se débloquent dans le menu principal lors du second scénario, mais rien de bien utile. Du coup, on a bien vite fait de se perdre dans toutes les recettes de fusion disponibles et, même si la liste des ingrédients nécessaires à la fabrication d'un objet est explicitée, on ne pourra faire confiance qu'à la chance pour récolter les bons éléments.
New game?
Il faut savoir que pour boucler Hexyz Force, il est impératif de faire le second scénario. Cependant voilà, cela implique, même si la trame et l'intrigue diffèrent, de refaire les mêmes donjons que dans le premier scénario. Cela peut s'avérer redondant en effet, d'autant plus que le level design d'Hexyz Force est assez limité. Le tribut à payer pour comprendre quelques points peut donc être un peu trop lourd pour certains joueurs, tout en sachant que commencer le second scénario en new game + ne vous apporte aucun réel bonus significatif pour vous aider dans votre progression, outre le fait que vous connaitrez déjà les lieux. Seul le niveau des armes et des personnages de votre ancien groupe sera conservé, mais vous ne les contrôlerez qu'à la toute fin du jeu. Ainsi, devoir reprendre au niveau 1 peut être frustrant mais en vaut, à mon avis, la chandelle.
Malgré une certaine faiblesse technique et une facilité exacerbée, Hexyz Force convainc. Il clame et nous persuade que la PSP possède ce potentiel ; ce potentiel qui nous permettrait de vivre une belle aventure de nulle autre façon que par l'éclat des mélodies et l'agréable sensation de se sentir entrainé dans une histoire intéressante menée tambour battant. Ce petit soft sans prétention arrive finalement à se classer dans le haut du panier des RPG de la console, malgré un classicisme évident. Son univers et la richesse du gameplay auront sans nul doute fini de vous convaincre que même s'il ne constitue pas une référence absolue, Hexyz Force reste extrêmement agréable à jouer à la façon qu'avait un Classical-RPG sur Playstation 2 de nous combler durant une trentaine d'heures.
22/12/2010
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- Ça sent bon l'aventure
- Des musiques bien adaptées aux situations
- Bonne replay value
- Aucun temps mort ou presque
- Plusieurs fins
- Un gameplay avec de bonnes idées...
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- ...mais qui ne sont pas toutes exploitables en mode normal
- Trop facile
- Inventaire peu esthétique et peu pratique
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 3.5/5
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