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The Lord of Beast ~Chronicle of Amadis~
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The Lord of Beast ~Chronicle of Amadis~Explosion visuelle
Certains jeux méconnus arrivent à procurer une fascination extrême lors de la contemplation de quelques-uns de leurs visuels, devenant l'objet d'un "fantasme" pour le joueur. The Lord of Beast ~Chronicle of Amadis~, avec sa 2D incroyablement fine et ses effets lumineux bluffants, fait partie de ceux-là, ces jeux que l'on tutoie du regard sans imaginer s'y essayer un jour.
Mais il serait finalement injuste de réduire le jeu à sa fantastique plastique, il peut surtout se targuer d'être l'un des Tactical-RPG les plus funs et jouissifs jamais sortis. Chronique d'une réussite chinoise sortie en 2002. World of warcraftsLe jeu prend place sur le continent d'Amadis, dans un monde heroic fantasy au sein duquel certains hommes possèdent le don de communiquer avec les warcrafts, nom donné aux créatures fantastiques (minotaures, dragons, licornes...). Ces messagers, comme on les nomme, fédèrent les warcrafts et les amènent à les suivre, ce qui ne laisse pas indifférent les armées des différentes contrées en temps de guerre.
Des contrées, il y en a trois sur le continent d'Amadis : - La plus puissante, l'Empire militaire du Languedoque, s'étend du sud-ouest jusqu'au nord de la région centrale du continent. Cet Empire au nom bien français possède une armée impressionnante séparée en trois bataillons distincts, et utilise massivement les warcrafts. - Au nord-ouest se trouve l'Etat religieux de Kaaba, qui n'hésite pas à soumettre les hérétiques par la force. - Au nord-est, enfin, le royaume de Konquiem développe une forte activité commerciale maritime, ce qui le rend plus ouvert au monde extérieur. L'intrigue commence lorsque le général Xiafu Te de l'armée du Languedoque attaque le sanctuaire de Konquiem et enlève le couple royal. Escortée par la capitaine Orlando Missaglia, la princesse Viora Sforza parvient à s'échapper, avant d'être rattrapée par les troupes impériales. C'est alors que Rogue Modeux - l'un des fameux messagers - et ses créatures vont croiser son chemin et chevaleresquement la sauver. Intrigué par les motivations de l'Empire, Rogue décide d'aider Viora dans sa quête de libération, qui amènera la troupe à visiter bien du pays dans Amadis. Le jeu propose dès le départ de choisir entre le scénario de Viora et celui de Rogue. Si l'histoire de fond reste la même, nombre d'évènements et de batailles changent, et on note même des variations au niveau des recrues. Mais quelque soit la branche choisie, on se trouve face à une trame géopolitique bien travaillée et très scénarisée (même si je dois concéder que bien des subtilités ont du m'échapper à cause de la langue). Lord of the 2DBien que d'origine chinoise, le jeu s'affranchit de la mythologie et de la culture du pays, présentant un univers heroic fantasy à l'occidental et un design proche des RPG japonais classique. On s'éloigne donc des multiples adaptations de la Légende des Trois Royaumes et du Voyage en Occident. Ici les héros possèdent tous des noms bien européens et croiseront sur leur route des griffons, des chimères ou encore des Dullahan (Gan Ceann) au cours de leurs pérégrinations sur un continent qui rappelle fortement l'Europe du 14ème siècle. On peut donc se lancer dans le jeu sans avoir peur de manquer des références culturelles et historiques comme peuvent le proposer des Romance of the Three Kingdoms pour la Chine ou des Tengai Makyou pour le Japon.
Le jeu est sorti en 2002, à une époque où la 3D était déjà devenue un standard surexploitée au détriment d'une 2D quasi éteinte sur console de salon et PC. On trouvait alors cette année-là quelques résistants au niveau RPG, comme le très laid Groove Adventure Rave - Yukyu no Kizuna sur Playstation ou Tales of Destiny 2 et Unlimited Saga qui faisaient honneur à la Playstation 2. Mais aussi beaux que furent ces deux jeux à leur époque, The Lord of Beast ~Chronicle of Amadis~ leur met une sacrée claque. La 2D est d'une finesse rare aujourd'hui encore, avec des personnages en combat énormes mais toujours parfaitement animés. Assister à l'affrontement entre un dragon qui a du mal à tenir dans un écran trop petit pour lui et une licorne ailée est juste bluffant. Le style des protagonistes humains rappelle quelque peu le génial rendu des sprites de Valkyrie Profile premier du nom. Les attaques spéciales et magies ne sont pas en reste, et sont de véritables explosions visuelles accompagnées de superbes jeux de lumières. Même constat sur les cartes de combats, les différents protagonistes sont relativement grands et bien rendus, très détaillés, et sont constamment en mouvement. Les décors sont eux dans une sorte de 3D précalculée par moment un peu floue qui contraste un peu au départ, mais possèdent toujours une multitude de détails animés, et parfois quelques effets visuellement extrêmement saisissants (pluie, brouillard...). Le jeu est une preuve de plus, s'il en fallait une, qu'une belle 2D vieillit bien mieux que la 3D. Aujourd'hui encore le jeu impressionne et ne souffre absolument pas de la comparaison avec des jeux 2D récents comme Odin Sphere ou Muramasa. A dire vrai, le seul moment où l'on ressent le poids des ans, c'est lors de la cinématique d'ouverture dans une synthèse typique de l'époque, pauvre en couleur et assez rigide. Just for funThe Lord of Beast ~Chronicle of Amadis~ n'est pas de ces Tactical-RPG complexes qui font la surenchère de paramètres à prendre en compte avant la moindre attaque. Dès les premières minutes, on manie notre arme de guerre (la souris et ses deux boutons principaux, en somme) avec aisance et décontraction. Lors de sa phase de jeu, on choisit sans souci d'attaquer, de lancer une magie, ou bien de soigner, tandis qu'accélérer la phase ennemie par la simple pression continue du clic droit évitera aux impatients de pester devant leur écran. Il y a une sorte de perfection dans le rythme du jeu, on n'attend jamais la seconde de trop, tout s'enchaine avec une justesse extrême.
De simples joutes en petit comité au départ, les missions évoluent pour proposer des batailles dantesques impliquant régulièrement plus d'une centaine d'ennemis ainsi que des renforcements réguliers à chaque tour. Pourtant autant, les batailles ne sont pas longues, car le jeu est un énorme défouloir. Il ne sera pas rare d'envoyer les troupes ennemies dans l'au-delà par paquet de trois, cinq ou même dix en un coup. On ressent alors un sentiment de puissance rare, tel un Gatsu au sommet de son art dans Berserk. Tout simplement jouissif. Le sentiment est renforcé par les changements de classe des créatures alliées, les faisant passer de petites fées ou nouveau-nés dragons à des bêtes imposantes. Il y a deux changements possibles au cours du jeu, et l'on choisit l'embranchement désiré, avec la possibilité de garder la créature telle qu'elle est (certains designs sont tellement beaux...). Si les humains ne changent pas de classe, eux, ils peuvent en revanche s'équiper et porter des objets, indispensables pour bien se guérir ou améliorer ses stats. En déduire que le jeu est simple serait une erreur. Certes, les petits soldats de base paraissent ridicules pris individuellement, mais lorsqu'ils sont une demi douzaine à s'acharner sur l'un de nos héros, on commence à sentir les dégâts, surtout si l'on a attaqué de près précédemment, car chaque attaque au corps à corps donne lieu à une riposte, contrairement aux attaques à distance. De surcroit, on trouve toujours dans les rangs ennemis quelques troupes d'élite ou créatures dangereuses, qui peuvent elles infliger d'énormes dégâts. Les boss, énormes et démesurément puissants, en font bien évidemment partie, et sont capables de mettre à genou rapidement une armée mal gérée. Quelques missions imposent même un nombre de tours limités pour atteindre un objectif, sous peine de se retrouver avec plus de troupes autour de soi qu'il n'y a de chaussettes sales dans ma chambre, voire de prendre un Game Over pour dépassement de limite. Et comme si cela ne suffisait pas, certaines des attaques les plus puissantes de nos troupes affectent une zone sans distinction, ce qui oblige à être constamment vigilant avant de les lancer. En somme, si la prise en main est instantanée et le gameplay très simple à assimiler (notamment à grâce à la présence de nombreux libellés en anglais), le jeu est plutôt exigeant et demande une grosse dose de stratégie pour venir à bout des combats les plus délicats. Mais la sauvegarde à tout instant compense la difficulté et permet de tester différentes stratégies, même les plus risquées et ambitieuses qui procurent le plus de sensations fortes. The rest of the warriorEntre deux batailles épuisantes, les héros ont besoin de souffler en ville. S'il n'y a pas d'exploration possible (quel dommage), chaque ville contient son lot de villageois à qui parler pour se cultiver, en plus des indispensables boutiques d'objets et d'équipements. Fait peu banal, les boutiques sont aussi l'endroit où l'on peut s'équiper et échanger les objets entre les personnages. On ne peut par contre pas s'équiper d'armes ou d'armures, seuls les accessoires peuvent être changés et associés par catégories différentes. Quant à l'échange d'objets, il est assez particulier. Chaque personnage peut porter jusqu'à 12 objets sur lui, qu'il peut soit récupérer sur la carte (coffres ou dialogues secrets), soit prendre dans l'inventaire du personnage principal. Et comme seul celui-ci peut échanger ses objets avec le sac sans fond, on obtient un système quelque peu déroutant de prime abord, mais avec lequel on se familiarise bien vite. En revanche, on ne peut utiliser les objets que durant les missions, ce qui est quelque peu contraignant pour les augmentations de stats.
Enfin, ce moment de repos est aussi l'occasion de faire une sauvegarde du jeu, les missions ne permettant qu'une sauvegarde rapide commune à toutes les parties. Les promenades en ville sont accompagnées de musiques douces, calmes, qui contrastent avec celles des combats, dynamiques et progressives. Mais elles partagent toutes une caractéristique commune : elles sont magnifiques. Made in ChinaMalheureusement, comme nombre de produits labellisés "Made in China", le jeu souffre cruellement de finition sur la forme.
Tout d'abord, il est à noter une absence totale de doublage, alors que les scènes de dialogues sont relativement nombreuses. Ensuite, le jeu n'offre aucun réglage, que ce soit au niveau de la résolution ou des contrôles. La souris sera donc imposée, au plus grand dam des possesseurs de manettes, ou de ceux qui aiment jouer au clavier. Plus étrange, le jeu n'offre aucune possibilité de retourner à l'écran titre. Si l'on se trouve en pleine mission et que l'on veut recharger une sauvegarde principale, il sera obligatoire de sortir du jeu, puis de le relancer. On a connu plus ergonomique. Dernier petit reproche, les créatures alliées et ennemies possèdent exactement les mêmes designs, et le seul moyen de les distinguer est de les survoler ou de cliquer dessus pour vérifier la couleur de la surbrillance ou de leur zone de déplacement (bleu ou rouge). Etonnant pour un jeu qui propose de nombreuses magies capables de toucher sans distinction... Mais tout ceci n'avait pour unique but que de satisfaire mon grand besoin de râler. Car au fond, ces détails dénotent sans jamais déranger, et on finit même par oublier leur existence, tant le jeu défoule et émerveille. The Lord of Beast ~Chronicle of Amadis~ représente la quintessence du Tactical-RPG démesuré. Jouissif par son gameplay, passionnant par ses énormes batailles et son incroyable orgie graphique, le jeu happe littéralement de la première à la dernière minute. Un véritable tour de force de la part de Dynasty, de surcroit parfaitement accessible malgré la barrière de la langue.
Le seul regret finalement est que la fin arrive si vite...
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