Labyrinth of the Lost Souls est le premier épisode du projet "Wizardry Renaissance", du développeur
Acquire, maintenant détenteur des droits de cette antédiluvienne et honorable série, véritable institution du Dungeon-RPG. Originellement crée aux Etats-Unis en 1981 par la société
Sir-Tech Software, le jeu avait peu à peu migré au Japon, passant dans les mains de différents développeurs, s'étoffant ainsi d'un grande nombre de séquelles et de spin-offs dont la plupart n'ont jamais vu le jour en occident. Opus sorti en 2009,
Labyrinth of the Lost Souls en réinvente-t-il pour autant les codes ou se contente-t-il de nous ressortir la même recette éculée depuis 30 ans ?
Story of a Faraway land
Dans un monde où trois grandes nations coexistent en paix, un mal ancien s'éveille peu à peu de sa torpeur et des monstres commencent à apparaître à différents endroits. Vous incarnez un aventurier, le genre de personne risquant sa propre vie afin d'exterminer les créatures démoniaques rôdant aux alentours ou récoltant d'anciennes reliques pour de l'argent. Votre périple commence tout d'abord par le choix de votre race et du sexe de votre personnage, qui influera sur les caractéristiques de départ mais également sur l'évolution du scénario. En effet, chacune de ces spécificités possède son propre petit background et certaines rencontres différeront selon votre héros, qu'il soit Humain, Nain, Elfe, Gnome ou Porklu (?). Vient ensuite la répartition des points bonus dans les six traits qui composent votre protagoniste principal, à savoir la Force, l'Intelligence, la Piété, la Vitalité, l'Agilité et la Chance. Il est important de noter que ces précieux points bonus seront aléatoires car décidés par un jet de dés. Rien ne vous empêche donc de recommencer à l'infini si le score ne vous convient pas, grâce à la très pratique manipulation vous permettant de revenir à l'écran titre en une fraction de seconde, L1+R1+L2+R2+Start+Select. Et croyez-moi, vous y aurez recours un très grand nombre de fois au cours de votre aventure.
Selon vos caractéristiques de départ, vous pourrez ensuite choisir la classe de votre personnage parmi huit, dont quatre avancées. Les premières sont les guerriers, les mages, les moines et les voleurs, les secondes sont les seigneurs, les samouraïs, les prêtres et les ninjas. Si vos attributs permettent dès le départ d'opter pour l'une de ces classes supérieures, n'hésitez surtout pas car certaines d'entre elles vous seront presque indispensables à partir d'un certain cap. Évidemment, vous pourrez toujours les obtenir plus tard dans le jeu lorsque l'augmentation de vos traits vous le permettront, en passant par la fonction de changement de classe disponible dans la guilde des aventuriers. Pour en finir avec la création de votre alter ego, il vous faudra enfin déterminer son alignement, Bon, Neutre ou Mauvais. Ce dernier aspect aura son importance dans la mesure où les personnages loyaux ne pourront pas vivre dans le même groupe que ceux qui sont leur exact opposé, et que certaines classes n'acceptent qu'un alignement bien précis. Il faut également savoir que cette ligne de conduite peut être amenée à changer en cours de partie puisque tous les monstres rencontrés dans les donjons ne vous attaqueront pas nécessairement, préférant éviter un conflit inutile, et que votre choix de les agresser ou non influencera votre alignement. Un paramètre à prendre en compte, assurément.
Thus began the Age of Athals
Vous voilà donc lâché dans l'unique ville du jeu, où vous pourrez faire vos emplettes, trouver du travail à la guilde, vous reposer, stocker vos objets en trop, prier au temple, etc. La première chose à faire étant évidemment de former un groupe avec lequel partir en expédition. Le choix vous appartiendra de créer ses différents membres de toute pièce comme pour votre héros, ou bien d'aller recruter des aventuriers selon votre convenance. Maintenant que toutes les formalités sont effectuées, il est temps d'attaquer le cœur même du jeu, l'exploration des donjons.
Wizardry oblige, nous voici devant un dungeon crawling en vue à la première personne, avec les fenêtres de vos six compagnons sur chaque côté de l'écran. Le déplacement s'effectue par case, et chaque pas est susceptible d'occasionner un combat aléatoire avec une ou des créatures. La fréquence peut grandement varier, parfois un combat s'enclenchera tous les deux mètres, tandis qu'à d'autres moments la solitude vous pèsera pendant plusieurs dizaines de secondes. Le soft inclut une fonction d'auto-map qui dessine chaque étage à mesure de votre progression, à ceci près qu'il vous faudra impérativement être en possession d'une carte des lieux sous peine de déambuler à l'aveuglette. Si les premiers plans pourront être achetés dans la boutique de la ville, les cartes des niveaux les plus avancés nécessiteront d'être ramassées sur les cadavres des monstres que vous rencontrerez.
Les combats se déroulent au tour par tour, où chaque action est définie en amont pour tous les personnages avant d'engager un round. Attaquer, se défendre, lancer un sort, utiliser une technique ou un objet et bien entendu, fuir. Les classes pouvant avoir recours à la magie possèdent la particularité de ne pas avoir une barre de MP comme pour l'immense majorité des RPG, mais un décompte au niveau du nombre d'utilisation de chaque sortilège. Chaque palier correspond en effet à une catégorie de quatre incantations différentes à la consommation limitée, le seul moyen de les récupérer étant de se reposer en ville. Enfin, Une autre particularité du système de jeu réside dans la présence d'une ligne offensive et défensive dans l'organisation de votre groupe qui influence sur la portée de certaines armes, et bien sûr l'exposition aux attaques ennemies. Ne croyez cependant pas que vos lanceurs de sorts sont parfaitement en sécurité à l'arrière, tant certains adversaires se font un malin plaisir à constamment cibler les membres situés sur la ligne défensive. De plus, si l'un de vos héros à l'avant meurt ou est incapacité, celui-ci est aussitôt remplacé sur le front par l'un de ses frêles équipiers de derrière. Guérir ou ressusciter ce guerrier tombé devient alors la priorité absolue.
Die & Retry
Labyrinth of the Lost Souls ne fera que très peu de cadeaux au joueur, qui sera sanctionné au moindre faux pas ou à la moindre imprudence. La nécessité de sauvegarder après chaque combat est une règle d'or si vous ne voulez pas perdre quelques précieuses minutes d'exploration suite à la rencontre surprise d'un groupe d'ennemis pouvant parfois comporter plus d'une quinzaine d'adversaires et de voir toute votre troupe anéantie en un tour. Dans ce cas-là, mieux vaut abuser de la commande qui permet de revenir à l'écran titre et relancer sa partie plutôt que de gaspiller tout son argent en ville afin de ressusciter vos défunts compagnons au temple. Les labyrinthes possèdent évidemment leur lot de pièges, de téléporteurs et autres joyeusetés qui égaieront votre progression. Chaque coffre rencontré ou trouvé après un affrontement sera piégé, et seul un voleur ou un membre du clergé sera capable de déterminer la nature du mécanisme et le désactiver, manuellement pour l'un et magiquement pour l'autre. Sachez enfin que la fourberie des développeurs ne s'arrête pas là car même un level-up peut être matière à relancer sa sauvegarde. En effet, monter d'un niveau n'est pas systématiquement synonyme d'amélioration puisque dans certains cas vos caractéristiques chuteront tandis que l'augmentation de vos points de vie sera ridicule.
Certains aspects du gameplay peuvent aussi paraître assez obscurs car ne proposant aucune explication. Par exemple, les objets trouvés au cours de vos pérégrinations ne seront pas immédiatement utilisables, car complètement inconnus. Un point d'exclamation en guise de représentation sera tout ce que vous saurez de lui. Dans ce cas, deux options s'offrent à vous. Payer le prix fort à l'antipathique marchand d'arme pour qu'il vous révèle la teneur de l'objet, ou bien effectuer une détection magique sur celui-ci. A condition de compter un prêtre dans votre groupe. Encore une fois, l'utilité de posséder très tôt des membres d'une classe avancée se fait rapidement sentir. J'oubliais évidemment de mentionner la faible, mais néanmoins réelle, probabilité d'un échec lors d'une résurrection qui occasionne la perte définitive de votre compagnon décédé, le fait que le jeu ne propose en tout et pour tout qu'un seul slot de sauvegarde et le caractère totalement aléatoire du level-up. Vous l'aurez donc compris, prudence est le maître mot pour survivre dans Wizardry.
Wizardry Legacy
Parallèlement à cela, et bien que la difficulté du soft soit réelle, il n'en demeure pas moins à des années lumières des plus anciens représentants de cette illustre série ou même des vieux dungeon crawling du siècle dernier. D'une part parce que cette difficulté reste relativement progressive, et d'autre part parce qu'il suffit de trouver les bonnes classes de personnages et les techniques qui vont avec pour amoindrir considérablement la dangerosité des monstres rencontrés. Le plus étonnant concerne les rares boss que compte le jeu, ridiculement faciles et ne possédant à peine plus de points de vie que les ennemis standards, deux ou trois attaques suffisant le plus souvent à les mettre hors d'état de nuire. Étrange. Le challenge reste tout de même présent mais j'avoue que je m'attendais à mordre la poussière plus fréquemment et à devoir me farcir plusieurs grosses séances de leveling pour espérer voir les crédits de fin. Pour résumer, un habitué du genre n'aura pas trop de difficulté pour arriver au bout, et le soft peut par conséquent se révéler une bonne entrée en matière pour les joueurs désireux de découvrir la série Wizardry.
D'un point de vue technique, Labyrinth of the Lost Souls assure le minimum. Entre artwork fixe en 2D et représentation basique en 3D pour les donjons. Les ennemis ne sont que des images qui ne méritent même pas le terme de sprites puisque ne bénéficiant d'absolument aucune animation et l'ambiance sonore compte très peu de pistes. Le scénario, car il y en a un, évolue quant à lui à base de texte dans des fenêtres de dialogue pour les descriptions d'évènements, parfois accompagnées d'illustrations pour les personnages non joueurs importants. Le character design est superbe et les monstres ne sont pas mal non plus, mais force est d'admettre que le jeu est clairement austère et fera fuir tous ceux qui exigent un minimum de polygones sur Playstation 3. Quant aux autres, ceux élevés aux D-RPG américains des années 80, qui de toute manière sont là pour en découdre dans des couloirs sombres infestés de monstres et remplir les cartes à 100%, ne s'en offusqueront pas outre mesure et passeront un très agréable moment. N'oublions pas pour sa défense, que le jeu est sorti à moindre coût sur le Playstation Store et propose tout de même une bonne durée de vie de 20 à 30 heures. Le jeu est également disponible en version physique au Japon dans les compilations Wizardry Twin Pack et Wizardry Perfect Pack, le premier proposant Labyrinth of the Lost Souls et sa suite Town of the Imprisoned Spirit ainsi que quelques extensions, tandis que le second regroupe les deux épisodes avec l'intégralité des add-ons.
Old school et fier de l'être, Labyrinth of the Lost Souls propose une expérience à l'ancienne, aux mécanismes archaïques, s'adressant clairement à une tranche de joueurs bien spécifique. Son extrême austérité ne fera donc certainement pas l'unanimité et le destine avant tout aux amateurs de dungeon crawling brut et sans artifices, qui retrouveront avec ce titre le charme et l'ambiance des premiers jeux du genre. Les autres peuvent passer leur chemin sans regret.
23/04/2013
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- Old school par excellence
- Character design classieux
- RPG qui ne prend pas le joueur par la main
- Le prix
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- Techniquement dépassé
- Austère et répétitif
- Mécanique de jeu parfois obscure
- OST peu fournie
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TECHNIQUE 2/5
BANDE SON 2.5/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 3.5/5
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