Particulièrement actif sur Playstation 3,
Gust n'a pas loupé l'occasion d'offrir un troisième épisode d'
Ar Tonelico, une série débutée il y a quelques années sur Playstation 2. Intéressants mais perfectibles, les précédents opus avaient posé les bases d'un RPG alternatif suffisamment solide pour s'intercaler entre deux mastodontes sur le marché. Disponible en France (mais uniquement avec des textes anglais),
Ar Tonelico 3 suivra-t-il le même chemin ?
Ar Ciel
Ar Ciel est un monde qui se meurt. Le reste de l'humanité survit dans des cités construites à même une gigantesque tour pour éviter le pire : être englouti par les nuages toxiques qui recouvrent la surface. Au milieu du chaos ambiant, deux factions, les humains d'Archia et les reyvateils de Clustania qui se livrent une bataille sans merci, le premier pour se rebeller, le deuxième pour garder le contrôle sur ceux qui jadis les ont créés.
Nous allons suivre Aoto, un jeune homme fougueux au physique convaincant que lui offre son travail sur les clochers. Recueilli très jeune, il n'a de cesse de jouer les bons samaritains pour les villageois et est particulièrement apprécié pour la qualité de ses services. Sa vie va cependant basculer lorsqu'un beau jour il va venir en aide à un homme et une femme chevalier qui sont pourchassés par des officiers de Clustania. Après l'assaut, la femme se transforme en jeune fille et s'évanouit, tandis que l'homme, avant de mourir, demande à notre héros de s'occuper d'elle. C'est ainsi qu'Aoto va faire la rencontre de la reyvateil Saki, et débuter une incroyable aventure pour restaurer un monde qui court à sa perte.
Tout comme les précédents jeux, le scénario d'Ar Tonelico 3 est son point fort. Non content de poser un univers travaillé, les auteurs parviennent avec succès à tenir le rythme des évènements grâce à une galerie de personnages pétillants. En effet, hormis Aoto et ses compagnons de fortune, les reyvateils Saki et Finnel possèdent trois personas chacune pour autant de variété dans les situations. Ainsi, la prédominance de texte inspirée des visual novels et la cosmophère (sorte de thérapie ludique) permettent de pousser les facteurs cognitifs et émotionnels comme peu de RPGs ont su le faire. D'ailleurs, le résultat est un poil plus réussi ici, on sent que les auteurs ont souhaité plus de fluidité dans la narration et plus d’accessibilité dans la compréhension de la mythologie locale. On reste donc constamment accroché au destin de notre équipe et aux difficultés qu'ils vont rencontrer, sachant que l'histoire est très loin d'être avare en séquences fortes. "Presque", cela dit, puisque le rythme du dernier tiers du jeu est massacré par une conception bancale qui imposera trop de rallonges inutiles. Ce petit accroc mis à part, le jeu peut se vanter de proposer un récit vraiment solide qui satisfera le plus grand nombre, pour leur plus grand plaisir.
(A noter que le jeu fait suite aux deux précédents jeux, mais qu’il peut se jouer sans souci même si vous n'aviez pas touché aux précédents opus)
Ar Terre
Après une ouverture aussi flatteuse, on redescend d'un bon cran avec la réalisation technique du jeu, comme d'habitude ai-je envie de dire. Pourtant les efforts sont sincères et pour ce passage en haute définition, Gust opte à nouveau pour la 3D.
Fini les sprites, place à des modèles au style cel-shadé assez simpliste mais néanmoins cohérent visuellement, avec une jolie colorisation. Les décors des villes gardent une 2D plutôt soignée mais ce sont surtout les donjons et les combats qui passent en 3D, pour un résultat assez mitigé. Les rixes notamment tiennent la palme avec un arrière-plan unique (quand il y en a un !) et quelques textures pour le sol. Pas de quoi faire briller les yeux, surtout avec des effets graphiques d'un autre âge.
On pourrait aussi ajouter des animations médiocres avec le fameux "saut lunaire" du héros hors combat, un saut qui ferait passer Tidus version 50hz pour un coureur normal. Quelques bugs ici et là, des temps de chargement assez fréquents, voila les défauts majeurs engendrés par une probable limite de moyens, voire de compétences. Mais ce serait aussi omettre les (rares) séquences en dessins animées somptueuses, la qualité du chara design et la patte esthétique certaine dont font preuve les graphismes. Du bon et du moins bon, donc.
En revanche, s’il y a bien un point quasiment irréprochable, c'est la bande-son. Là aussi c'est une habitude puisque les précédents Ar Tonelico jouissaient de mélodies et de chansons enivrantes, offrant aux joueurs une ambiance hors du commun, entre les sonorités celtiques et les chœurs en passant par les performances vocales. Idem pour Ar Tonelico 3, fier de proposer une OST parfaitement dans le ton et presque 20 chansons. Avec le bon goût du choix des doublages en anglais ou japonais, on regrette juste des bruitages trop superflus qui ternissent un peu le tableau. Mais si peu.
Tu me fais un strip-tease ?
Pas d'inquiétude à avoir malgré le titre aguicheur. Certes, vous allez régulièrement demander aux filles de se mettre en sous-vêtements, certes il y a quelques artworks plein écran un brin suggestifs mais du moment que vous avez 12 ans pas de problèmes, ce n'est pas moi qui le dit c'est écrit sur la boîte. Ça, c'est fait, attardons-nous maintenant sur le nerf de guerre de ce RPG avec son système de jeu.
Dans Ar Tonelico il y a trois phases de jeux distinctes. La première est la très forte consonance visual novel pour les adeptes de la lecture et quelques questions pour arriver à plusieurs fins. La deuxième concerne les cosmophères, également de type visual novel mais de structure différente. Enfin, la partie RPG.
Les phases de dialogues étant particulièrement nombreuses, elles ont aussi le mérite d'offrir aux joueurs la possibilité d'interagir avec une des reyvateils de l'équipe, histoire de tisser des liens pour altérer la fin. Pour ce faire un système de discussion via des petites sphères récupérables un peu partout est disponible et il suffira de faire un tour au campement ou à l'auberge pour faire la causette.
La cosmophère ne se fait qu'en ville dans des boutiques "Dive". En connectant son esprit à la reyvateil, Aoto peut aider la fille à surmonter ses tourments les plus enfouis, et par la même occasion récupérer des fées pour améliorer les magies. C'est aussi dans cette phase de jeu que vous obtiendrez les personas, jouable à part entière ensuite. Un menu permettra de mettre tout ça à profit en privé avec une fille : offrir des cadeaux pour monter la jauge de strip-tease permettra par exemple de placer des fées aux attributs spécifiques (augmenter l'attaque, résistance des états anormaux...) plus puissants, sachant que vous pourrez en mettre jusqu'à 4 (les 4 boutons de tranches).
Pour le reste, on se déplace en point'n click sur une carte du monde assez laide et restreinte, ressemblant comme deux gouttes d'eau à celles des opus PS2 et en ville le nécessaire en boutique est présent histoire d'obtenir ce dont vous avez besoin, ou pas. Je dis cela car le système de craft - qui permet d'obtenir skills et équipements - concerne également tout un tas d'objets dont une bonne moitié laisse perplexe. Enfin, pas de quoi perturber notre équipe fin prête pour des donjons en 3D assez basiques et le traditionnel écran de transition qui annonce un combat (à noter qu'il y a toujours une jauge permettant d'estimer le nombre de combats d'une zone, histoire de ne pas craquer sur la fréquence desdits combats).
Combats :
Trois vanguards (les attaquants) et une reyvateil dans l'équipe. Dans Ar Tonelico le but est de laisser suffisamment de temps à la reyvateil pour que sa chanson monte en puissance et lâche une magie dévastatrice, qui enverra généralement ad patres tous les ennemis du jeu (boss y compris, à quelques exceptions).
Ainsi, Gust a décidé pour ce troisième jeu de troquer le tour par tour classique contre le temps réel, la tendance HD. Nous avons donc le contrôle d'un seul personnage (mais on peut switcher de leader) dont le but sera d'appuyer sur la touche d'attaque au moment où les harmoniques aigües culminent sur une jauge en bas de l'écran qu'on appelle l'Harmographe. Cette jauge correspond au tempo de la chanson et vous pouvez l'altérer en temps réel grâce aux fées que vous obtiendrez dans la cosmophère.
Pour cela, un cœur sur l'écran représente les battements de celui de la reiyvateil. Plus vous êtes précis sur les harmoniques, plus son cœur bat vite et la température augmente. C'est le bon moment pour activer l'une des fées sur un bouton de tranche tout en secouant la manette et de demander à la fille de se soulager d'une partie de ses vêtements. Plus la chaleur corporelle de la fille est élevée, plus la magie sera puissante en somme. Sachant qu'il y a quatre paliers, inutile de vous dire qu'elle sera en petite tenue au bout du chemin, prête à lancer une petite séquence que vous devrez valider en rythme. En cas de réussite, vous pourrez obtenir des dégâts à six ou sept chiffres indispensables puisque les vanguards ne font que peu de dommages, même avec quelques skills simples sur la croix directionnelle (ils auront tout de même une furie, mais très tard dans le jeu).
Le problème du soft reste le même qu'avant : les combats nous paraissent interminables et répétitifs : on monte la chanson au niveau adéquat et on lâche la magie pour rayer de la surface les mécréants. Très répétitif donc, rébarbatif et limité, le combat en temps réel n'apporte pas vraiment de plus value et on se demande si l'abandon du tour par tour était vraiment judicieux. En l'état les combats et le gameplay en général avec ses allers-retours indigestes (3-4 fois les mêmes donjons) sont le maillon faible du jeu, malgré des intentions louables. C'est à se demander comment Gust, avec l'expérience accumulée, a pu répéter trois fois les mêmes erreurs.
Tu m'aimes ou quoi ?
Une quarantaine d'heures pour la trame principale, bien plus avec le système de routes.
Endings/routes : trois reyvateils, deux fins chacune et une mauvaise fin, il y a de quoi faire pour les adeptes du 100%, surtout pour récupérer tous les sujets de conversations et mener les cosmosphères au palier ultime.
New game+ : histoire de ne pas se décourager dans la quête du grand amour avec la fille qui était de côté lors de la première partie, les développeurs proposent de reprendre le jeu aux moments les plus importants, tout en gardant l’expérience et l’équipement.
Ar Tonelico 3 c'est un peu Ar Tonelico sur PS2 mais en HD, avec les mêmes qualités et défauts. Une histoire passionnante portée par des personnages inspirés et des mélodies enivrantes d'un côté, des errements techniques et un gameplay enroué de l'autre. D'autant plus frustrant que certains défauts de conception semblaient évitables puisque déjà présents dès les origines de la licence. N'en demeure pas moins un jeu plaisant qui tentera de convaincre à nouveau les amateurs du studio, ou tout simplement les amateurs d'histoire bien racontée.
29/07/2012
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- L'histoire et ses personnages
- Une ambiance au diapason
- Durée de vie confortable
- Des filles en petite tenue, argument imparable...
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- ...mais pas pour tout le monde
- Techniquement insuffisant
- Gameplay qui manque de profondeur
- Les allers-retours poussent au crime
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TECHNIQUE 2.5/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 2.5/5
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