►
Compendium
►
Galeries
►
Médias
►
Le Site |
deSPIRIA
> Articles > Review
deSPIRIALa précarité comme art.
Quand Atlus édite un RPG, c'est toujours une petite révolution en soi. Surtout quand celui-ci se trouve sur Dreamcast, console plutôt pauvre en RPG, mais qui a l'habitude de proposer de la qualité. Atlus continue donc à éditer les titres de Dennou Eizou Seisakusho avec cet étonnant deSPIRIA, qui fait légèrement suite à Dark Messiah (Hell Night en US et PAL) sorti bien plus tôt sur Playstation. Ce n'est pas tant une suite scénaristique, ce n'est même pas la même ambiance, mais il y a certains éléments du gameplay communs aux deux opus. deSPIRIA sort ainsi et seulement au Japon durant l'an 2000, et on se rend vite compte des affinités qu'il entretient avec la série phare de l'éditeur, Megami Tensei. Non, deSPIRIA ne fait pas partie de la franchise bien connue, mais certaines de ses particularités sont résolument Megaten.
deSPIRIA célèbre le cyberpunk et la folie avec la même perfection que chaque Megami Tensei. En l'an 2070, la 3ème guerre mondiale a fait des ravages forcément hallucinants, notamment à cause d'une violente arme biochimique appelée [RX] utilisée par un mec fou qui souhaitait tout détruire et se détruire lui-même. Il ne s'était même pas intéressé à découvrir un antipoison pour se désintoxiquer. Rien à foutre, qu'il disait. Le monde entre ainsi dans "the time of great darkness", où l'espoir n'existe plus. Ceux qui ont échappé au désastre se sont regroupés mais la vie de la race humaine est déjà perdue, les survivants sont bouffés par des anomalies génétiques qui les font mourir les uns après les autres, conséquences du virus.
Vous jouez Allure Valentine, jeune fille de 18 ans membre de l'organisation "Church" (l'église quoi) qui développe un antipoison pour sauver ce qu'il reste de la race humaine. C'est une organisation qui récupère des personnes abandonnées mais qui combat aussi les fanatiques du [RX] qui veulent encore tout détruire, membres de l'organisation "Heresy". L'histoire d'Allure est liée à cette organisation. Née dans la "Church" et abandonnée ensuite, elle grandit en donnant de l'amour désespéré à des hommes abandonnés comme des larves et bouffés par le poison. Sa génétique légèrement modifiée par le [RX] lui offre un pouvoir unique qui lui permet de voir dans les pensées des organismes vivants. Elle devient un assassin qui agit contre "Heresy" pour le compte de la "Church". C'est alors qu'en pleine mission le train dans lequel elle était et qui devait débarquer à New Tokyo s'écrase dans une cave croupie et rouillée. Et voici le début du jeu, avec ce premier niveau impitoyable qui éclabousse littéralement au visage du joueur. Jamais je n'ai fait un premier niveau aussi fou, aussi recherché, avec une ambiance tant éprouvante que stupéfiante. Le gore est élevé au rang d'art quand on est pétrifié non pas par les litres de sang, l'immondice, ou les mecs empalés sur des tubes empoisonnés, mais par l'ambiance plus terrifiante et repoussante que jamais. Le dégoût interactif, l'invention véritable de deSPIRIA avec ce premier niveau jouissif comme une bouteille de Coca. Dommage que le deuxième niveau se passe dans la ville et qu'il soit à la limite du fatigant, mais ouf ! , le délire réapparaît lors des niveaux suivants pour une fin à la limite du supportable, et donc totalement impressionnante.
deSPIRIA est un jeu d'aventure en vue subjective avec un système de direction largement emprunté à des jeux comme "Myst" ou "Riven". En effet ici on ne déplace pas un personnage dans un décor en 2 ou 3 dimensions, mais on avance plutôt d'image en image avec sur chacune différents choix de directions ainsi qu'une rotation possible de 360°. Ce système permet ainsi de proposer au joueur des décors plats énormément travaillés et photo-réalistes. Et c'est la même norme graphique avec les personnages en 2d mais texturés avec un effet 3d qui les rend presque vivants, mais toujours dérangeants. En effet vous aurez compris que tout l'intérêt du jeu est son ambiance particulière, où tout est fait pour que le joueur se sente perdu et ne fasse confiance à aucun PNJ. Les bruitages ne sont pas en reste et on entend constamment des personnes crier ou des monstres arriver au loin si bien qu'on se retrouve souvent à sursauter lorsqu'un personnage apparaît. Pour accentuer cette ambiance, le jeu ne propose pas de véritable mélodie, mais seulement des toiles sonores qui réagissent suivant la situation pour décupler l'épouvante.
deSPIRIA apparaît alors comme un survival horror teinté d'aventure et de recherche, d'autant plus que le jeu est assez difficile pour un non-japonisant et que les allers-retours entre les endroits sont nécessaires pour trouver de nouveaux indices/outils/personnages et avancer dans le niveau. D'autant plus qu'Allure devra utiliser son don de voyance et lire ou découvrir le passé dans l'esprit de certains personnages. Ce système appelé "Mind" peut être à double tranchant pour Allure, lui permettant d'avancer dans sa quête mais également de la faire entrer dans un délire et un manque, elle est en effet dépendante d'une espèce de drogue qu'elle devra s'injecter plusieurs fois avec une aiguille pour continuer à utiliser son don. Mais chacune de ses prises l'amènera de plus en plus dans un monde où son inconscient prendra le dessus sur le reste, où elle explorera les confins de son esprit. Mais deSPRIA est avant tout un Rpg, et les combats aléatoires seront également fréquents, et c'est là qu'on se dit que l'influence de Megami Tensei y est pour beaucoup. Les combats se déroulent en vue subjective contre un ennemi toujours effrayant et à l'effet poupée en plastique extrêmement déroutant. Allure ainsi que chaque ennemi a la possibilité d'utiliser un système appelé littéralement le mind game. Cela permet au personnage d'utiliser 2 petites bestioles représentant ses émotions des deux côtés de lui, qui combattront comme des personnages avec leurs magies et leurs attaques personnalisées. Ces "minds" ont de nombreuses utilités, peuvent être sacrifiées sur l'ennemi ou échangées en plein combat par une autre "mind" que possède le personnage. Assez tôt dans le jeu Allure aura accès à une base lui permettant de modifier ses "Minds" via des petites seringues contenant de la drogue, lui permettant ainsi de découvrir de nouvelles émotions utilisables en combat. Ce système est très complet et permet de faire notamment des fusions, ou de créer soi-même ses émotions grâce à divers items ou en prenant des petits bouts d'émotions déjà connues pour en faire une toute nouvelle. C'est un système immense et c'est la base des combats dans deSPIRIA. Certains combats pourraient alors paraître difficiles mais à l'instar d'un Megaten, si vous choisissez les 2 bonnes "minds" pour combattre il ne devrait pas y avoir de problème, et au pire il y a la solution habituelle du level uppage. A ce propos, je tiens vraiment à dire que les thèmes de combats sont tous géniaux et qu'il est dommage qu'il n'existe pas d'Ost de deSPIRIA.
deSPIRIA n'a pas de réel défaut, tout est judicieusement choisi dans ce jeu, mais il est très probable que de nombreux joueurs n'accrochent pas. C'est en tout cas l'un des meilleurs jeux du genre Survival Horror/Rpg avec Parasite Eve et Baroque, ainsi qu'une très bonne alternative aux Megaten. Si vous aimez un tant soit peu le gore intelligent et l'ambiance cyberpunk en général, je vous le recommande chaudement, sa durée de vie est raisonnable (15 heures environ) et son prix dépasse à peine les 15 euros. Dennou Eizou et Atlus ont réussi un nouveau coup de maître.
deSPIRIA
> Commentaires :
deSPIRIA
4 commentaires
|