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Students of Round
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Students of RoundScars in the Landscape of God
Entaku no Seito/Students of Round fut un jeu développé à l'origine sur PC en 2010 par la Team Muramasa, société spécialisée dans les Dungeon-RPG, notamment avec sa série des Generation Xth. Les créateurs délaissent cette fois-ci l'univers contemporain de leurs précédentes productions au profit d'un cadre médiéval-fantastique plus classique, tout en restant fidèle à leur genre de prédilection, le "Gakuen Dungeon RPG", autrement dit du D-RPG mettant en scène des étudiants. Le portage Xbox 360 du soft débarque alors en 2011 dans les boutiques japonaises, l'occasion de poser un œil plus attentif à ce titre méconnu.
Vae VictisL'histoire débute alors que vous et vos deux fidèles compagnons, Eraste et Piros, affrontez le terrifiant Roi démoniaque Or=Ohma, l'incarnation du Mal absolu. Ultime rempart devant les Ténèbres, votre groupe lutte de toutes ses forces afin de faire tomber l'horrible démon, mais sa puissance démesurée vous anéantit, détruisant ainsi les derniers espoirs de l'humanité et des autres races qui peuplent ces terres. Suite à cette funeste conclusion, une ère de chaos et d'obscurité recouvre alors le monde tout entier.
Cent ans plus tard, amnésique et errant sans but dans une vallée pluvieuse, vous faites la rencontre d'une mystérieuse jeune femme du nom de Merlin. Celle-ci vous explique que vous êtes la réincarnation du héros de la table ronde, terrassé un siècle plus tôt par Or=Ohma, et que votre destinée est de reformer cet ordre de chevalier dans le but de l'affronter à nouveau et ainsi restaurer la Lumière dans ce monde détruit. Pour ce faire, il vous faudra retrouver des compagnons dignes d'un tel engagement, que vous prendrez sous votre aile afin de les préparer à ce combat décisif. Entaku no Seito est un RPG à la première personne dans la droite lignée des illustres Eye of the Beholder ou Wizardy, et où les déplacements s'effectuent par "case" à l'instar de ses prestigieux ancêtres. Cependant, contrairement à la majorité des jeux du genre se limitant le plus souvent à l'exploration de donjons, le soft sait se diversifier et proposer autre chose qu'un simple pièce/monstre/trésor propre aux D-RPG. Pour commencer, le jeu fait la part belle aux dialogues, très nombreux, et primordiaux pour l'avancée de l'histoire. En effet, non seulement l'aventure est ponctuée par de réguliers évènements exactement comme dans un classical, mais il vous faudra aussi converser périodiquement avec vos compagnons afin de faire évoluer vos relations avec eux et ainsi augmenter leur "Soul Rank" (voir plus loin). Ces phases, loin d'être ennuyeuses, permettent la plupart du temps d'en apprendre davantage sur leurs personnalités respectives et débouchent parfois sur des missions annexes liées à leur background. Ensuite, un système de quêtes que vous pourrez à tout moment consulter dans le menu est également présent. Y figurent les missions obligatoires de l'histoire principale mais aussi les optionnelles, disponibles si l'envie vous en prend. Notons tout de même que ces dernières ont le bon goût de s'intégrer parfaitement au scénario et demeurent donc tout aussi intéressantes. Les déplacements dans les villages ne sont pas oubliés eux non plus, et vous permettront de faire vos achats via un écran fixe dans les différents endroits du monde. In Cibus VeritasLa nourriture joue un rôle essentiel dans le titre de la Team Muramasa, puisqu'elle vous servira non seulement à piéger les monstres mais également à satisfaire vos chevaliers en herbe. Pour faire simple, sachez que différents endroits nommés "Trap Points" sont parsemés dans les donjons et qu'il vous faudra y déposer des aliments afin d'attirer les créatures pour les tuer ensuite. Un appât en quelque sorte. L'intérêt est d'obtenir par ce biais des objets introuvables autrement (souvent de puissantes pièces d'équipement) mais aussi de "nettoyer" l'endroit. En effet, il sera fréquent que la situation exige l'éradication totale des monstruosités qui hantent les donjons pour progresser dans le scénario, rendant ces phases de gameplay obligatoires. Seulement voilà, ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air, car les différentes bestioles n'ont pas toutes les mêmes préférences en matière de gastronomie, et si vous déposez de la nourriture qui ne plait à aucune créature aux alentours, votre piège ne fonctionnera pas. Heureusement, la description complète des monstres rencontrés est scrupuleusement notifiée dans votre journal avec même leurs goûts culinaires. Vous l'aurez donc compris, de nombreux essais seront nécessaires afin de trouver le ou les aliments qui correspondent à chaque "Trap Point" et ainsi attirer les ennemis pour les exterminer. Le principe est à la fois amusant et original mais demandera clairement de la patience de la part du joueur.
Comme dit un peu plus haut, la nourriture possède une autre fonction, celle de faire plaisir à vos élèves pour accélérer l'augmentation de leur "Soul Rank". Tout comme les monstres, vos alliés ont le palais délicat et préféreront un plat plutôt qu'un autre. Ce sera à vous de leur préparer de la cuisine qu'ils apprécieront, et d'aller faire un tour dans les fourneaux de votre château. Car oui, vous possédez votre propre citadelle (volante), le Londaer, équipée de différentes salles dont vos chambres, la table ronde bien évidemment, et enfin le four. C'est dans ce dernier que vous préparerez vos recettes, grâce aux nombreux ingrédients récoltés dans les donjons ou achetés aux magasins, mais c'est également ici que vous aurez la possibilité de renforcer votre équipement. Pour ce faire, il faudra sacrifier des objets tels que des pièces d'armure ou des armes afin d'améliorer le rang correspondant au genre de l'armement. En effet, le matériel est classifié par catégorie (une "hache de bataille" par exemple appartient à la catégorie des "haches"). Si vous choisissez de balancer une épée longue dans le four afin de faire grimper l'efficacité de cet équipement, c'est donc toute la catégorie des épées qui en profitera. Sachez que le château vous permet aussi de déposer vos objets en trop, votre inventaire se remplissant rapidement lors des expéditions, et qu'il est également possible d'y mettre votre or en lieu sûr puisque certains ennemis sont capables de vous piller lors des combats. Un dernier mot enfin sur la customisation de vos compagnons, chaque niveau vous donnant droit d'augmenter l'une des six caractéristiques qui les composent (force, magie, etc.) à votre convenance, tandis que le "Soul Rank" vous permettra de multiclasser vos alliés. Ainsi, lorsque l'un d'entre eux dépassera un certain stade, vous aurez le choix de lui faire apprendre (ou non) une autre classe différente de la sienne. Un guerrier pourra par exemple commencer à apprendre des sorts de soin si vous l'autorisez à devenir guérisseur en cours de route, tout en conservant son "métier" d'origine. Ante MortemLe jeu propose des combats au tour par tour, avec les possibilités d'attaquer, de fuir, de se défendre, d'utiliser des objets ou des talents uniques à chaque classe de personnages et bien évidemment des sorts. S'ajoute à cela une dernière option propre au héros, "l'Union Skill", indispensable pour survivre face aux boss. Plus les "Soul Ranks" de vos différents compagnons augmenteront et plus vous apprendrez de nouvelles "Union Skills". La "Soul Gauge", indiquant le nombre de fois où vous pourrez faire usage de ses puissantes techniques s'étoffera elle aussi à mesure de l'amélioration de vos relations avec vos alliés. D'où l'importance de passer un peu de temps avec vos étudiants en répondant correctement à leurs questions, en écoutant leurs demandes, leurs histoires, sans oublier de les brosser dans le sens du poil. Les pouvoirs acquis grâce à ces liens seront très diversifiés, allant de la précieuse barrière de protection contre la terrible vague d'énergie que possède tous les sbires du Roi maléfique, à des attaques combinées occasionnant d'impressionnants dégâts ou bien encore différents "Boost" magiques ou physiques.
Bien que les affrontements contre les créatures lambdas soient aléatoires la plupart du temps, il arrivera que certains soient inévitables. Les monstres apparaissent alors en face de vous et agissent en fonction de votre initiative. La fréquence des combats se veut plutôt agréable, laissant au joueur le temps de déambuler à son gré dans les donjons parfois relativement vastes du jeu et ainsi compléter la carte des lieux, se construisant pas à pas à mesure de sa progression. A ce propos, saluons un level design vraiment réussi où chaque dédale possède ses petites particularités qui demanderont parfois de faire fonctionner sa tête, et assez diversifié pour ne pas lasser. Le jeu se dote également d'une difficulté fort bien calibrée avec des ennemis parfois coriaces et en grand nombre mais aussi de boss où il ne faut pas faire n'importe quoi sous peine de voir son équipe se faire anéantir en quelques tours seulement. Mais avec de la prudence et une bonne organisation, rien ne sera vraiment insurmontable, contrairement à la série des Etrian Odyssey par exemple, beaucoup plus impitoyable. Un total de six combattants maximum composera votre équipe sur le terrain, les autres devant se contenter de vous attendre bien sagement au château. Il faudra donc choisir avec parcimonie les personnages qui vous accompagneront, tout en sachant que la disposition lors des combats aura son importance. Votre équipe sera en effet divisée en deux groupes de trois personnes, l'un en première ligne et le second à l'arrière. Les plus robustes et ceux n'ayant que des armes de contact pour attaquer devront évidemment être placés à l'avant tandis que les soigneurs, archers et lanceurs de sorts resteront derrière où les dommages subis seront un peu moins sévères. Lux In TenebrisEntaku no Seito alterne de la 3D simple mais propre avec de beaux artworks statiques. La réalisation technique est évidemment loin derrière les mastodontes de la Xbox 360, mais le tout se veut réellement plaisant à regarder. Il serait d'ailleurs honteux de ne pas parler de l'incroyable travail de l'illustratrice Tsukamoto Yôko (Lord of Vermilion, Generation Xth) au monster design, proprement hallucinant de classe et de beauté. Cette jeune femme déploie une nouvelle fois son immense talent dans ce qui est probablement la plus grande réussite du soft. La découverte de nouvelles créatures est un véritable régal pour les yeux, prouvant une nouvelle fois qu'une somptueuse 2D reste indémodable, surtout dans le RPG. Murakami Satomi (Ys the Oath in Felghana) n'est pas en reste avec un chara design typé shôjo très soigné mais bien différent de celui de sa collègue. Le style radicalement opposé des deux artistes fait pourtant bon ménage ici et ne choque pas, marquant véritablement l'identité visuelle du titre. On pourra cependant reprocher une certaine raideur du dessin au niveau des personnages lors des dialogues, contrairement aux illustrations plein écran visibles dans les moments forts du scénario, quant à elles impeccables. Pour parachever le tout, l'ambiance sonore est elle aussi une réussite, alternant bruits d'ambiance et OST bien épique quand il le faut. Les différents thèmes composés par Naoaki Jimbo (Generation Xth, Wizardry Xth) ne manqueront pas de vous trotter dans la tête même après avoir éteint la console. Un peu plus de pistes aurait tout de même été appréciable, mais cela reste très convenable.
L'histoire se veut relativement simple, narrant une lutte du Bien contre le Mal très classique, mais le jeu arrive à être passionnant malgré tout grâce à des personnages plutôt attachants. Ne cherchez cependant pas un récit complexe aux multiples twists scénaristiques à la Xenogears, il n'y en a pas. Juste une ou deux petites révélations ici et là et ce sera à peu près tout. Cela dit, cette sobriété fonctionne pourtant à merveille et les heures défilent à arpenter les souterrains ou les forêts du monde d'Alda. La lassitude ne se fait sentir à aucun moment, l'ambiance générale est véritablement prenante, on suit la progression de l'aventure avec intérêt... Bref, l'alchimie opère. La longue quête principale vous occupera pour une bonne cinquantaine d'heures environ et les joueurs avides de challenge pourront toujours se (re)faire le jeu avec une difficulté supérieure grâce à la présence du "Master"Mode" dans lequel différents ajustements ont été mis au point pour leur mener la vie dure. Ennemis plus forts, absence de sauvegarde à l'intérieur des donjons et ainsi de suite. Au rang des déceptions, pas grand chose à signaler finalement. On pourrait simplement regretter l'absence presque totale de doublage... Et c'est à peu près tout. Si tant est que le Dungeon-RPG ne soit pas un genre qui vous repousse et qu'une réalisation technique qui en met plein la vue ne soit pas une condition indispensable pour vous immerger dans un univers, bien évidemment. Pour terminer, il est important de signaler que la barrière de la langue peut néanmoins poser un sérieux handicap pour la bonne progression de l'aventure. Des mots de passe à activer ou bien encore des objets bien spécifiques à chercher seront parfois nécessaires pour continuer d'avancer, ce qui peut se relever fastidieux voire impossible à accomplir si le japonais demeure pour vous un obscur concept abscons. Entaku no Seito, c'est du bon, du lourd, du D-RPG fait avec passion, doté d'un excellent level design, mais aussi et surtout d'un monster design de génie. Sa déclinaison sur différents supports tels que la Xbox 360 ou la PSP est un signe qui ne trompe pas, le titre de la Team Muramasa est une réussite qui n'a rien à envier aux plus gros studios et qui prouve une fois de plus qu'il est encore possible de produire de grands jeux sans engouffrer tout son budget dans la réalisation technique.
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