Le Seigneur des Anneaux est une œuvre qui a laissé son empreinte dans bien des secteurs, la littérature évidemment mais le cinéma aussi par l'intermédiaire de la grandiloquente trilogie de
Peter Jackson. Malheureusement, l'univers de
Tolkien n'est pas autant salvateur
en jeu vidéo, et c'est dans ce contexte que
Snowblind tente sa chance avec
La Guerre du Nord.
Agandaur, le bras droit de Sauron
Après des millénaires oubliés, l'Anneau Unique fut enfin retrouvé en Comté, chez les hobbits. Sauron, le seigneur des ténèbres est de retour et il n'a besoin que de cet anneau, auquel sa force vitale est liée, pour plonger à nouveau la Terre du Milieu dans l'obscurité. Il décide donc d'envoyer ses troupes aux quatre coins du continent à la fois pour retrouver le porteur de l'Anneau, Frodon Sacquet, mais également pour préparer une grande guerre sur tous les fronts.
Nous sommes au village de Bree lorsque trois compagnons, Eradan, un ranger Dunadan, Andriel, une elfe, et Farin le nain viennent quérir des informations auprès d'Aragorn alors que ce dernier attend la venue de Gandalf le Gris et Frodon. Aux dernières nouvelles, l'ennemi rassemblerait des forces dans les contrées du nord sous la bannière d'un certain Agandaur, qui se désigne lui-même comme le bras droit de Sauron. C'est ainsi que notre petite communauté de trois membres va partir en mission dans les terres du nord pour empêcher Agandaur et ses orques de préparer une armée pour Sauron.
Récit parallèle à l'histoire originale, La Guerre du Nord nous transporte dans des lieux connus et inédits qui sont régulièrement nommés et nos héros devront faire en sorte d'empêcher Agandaur de ralentir la quête de Frodon dans la destruction de l'Anneau Unique. Ainsi nous voyagerons jusqu'au bois de Mirkwood le royaume des elfes, nous rencontrerons le magicien Radagast le Brun ou encore nous aiderons les nains dans la forteresse de Nordinbad.
Le scénario en lui-même n'est pas dénué d'intérêt quoique très stéréotypé vu qu'il se concentre sur des références à peine survolées dans les films, mais il est du coup quasiment inaccessible pour ceux qui ignorent tout du Seigneur des Anneaux. Pour ces derniers, l'histoire ressemblera plus à une belle brochette de personnages qui arrivent de nulle part et en repartent aussi vite, qui semblent faire des trucs super importants mais dont vous ignorerez les faits principaux. Vous êtes prévenus !
Les graphistes entrent en guerre
Pour mettre en exergue ce récit pour public ciblé, le jeu arbore une réalisation 3D. Les efforts sont là, les lieux sont fidèlement retranscrits, la modélisation des ennemis et des différents protagonistes est assez ressemblante et la colorisation est convaincante. Non, c'est en regardant de plus près qu'on y trouve des limites : certaines textures grossières, des animations poussives, un level design en couloir (et par conséquent un mur invisible), des collisions approximatives... Si on ajoute un bestiaire roi dans le clonage (les ennemis sont presque tous identiques par catégorie), il y a de quoi nourrir une certaine amertume.
Maintenant il ne faut pas non plus se crisper devant cet étalage de défauts, puisque les combats restent dynamiques et fluides la plupart du temps et que l'ensemble garde sa cohérence artistique. Mi-figue mi-raisin donc, pour un titre dont la réalisation propose un résultat conforme aux ambitions souvent limitées des jeux issus d'une licence.
Niveau sonore le constat est un peu différent puisque les musiques, bien qu'elles ne reprennent aucune piste des films, demeurent parfaitement dans le ton et ajoutent ce côté épique qui ne sera pas pour déplaire à certains. Par chance, nous pouvons aussi compter sur des bruitages très aboutis qui donnent beaucoup de peps aux rixes du jeu. Il ne reste finalement qu'un seul point négatif qui viendra des doublages français qui peinent à convaincre avec de surcroît une écriture des dialogues un peu trop légère.
Courez à la ruine !
Quel genre sied le mieux au Seigneur des Anneaux ? La majorité a répondu par l'action dans le passé mais il y a aussi eu d'autres types de tentatives plus ou moins convenables. Ici le studio parie sur l'action-RPG avec une prédominance au hack'n'slash dans des successions de zones sans temps mort où le seul but sera d'envoyer ces bêtes immondes dans les abysses.
Vous commencez par sélectionner un des trois héros du jeu sachant que leurs caractéristiques changent fébrilement. Eradan est à l'aise à l'épée et à l'arc, Andriel est adepte des sorts et Farin en bon nain qu'il est, mise sur ses haches et son arbalète. Vous l'aurez compris ici vous avez deux types d'approches par personnage, une alternative au corps à corps et une autre à distance. C'est un élément important à prendre en compte car une fois en jeu, vous constaterez que les trois larrons se jouent tous de la même façon.
Avant d'en découdre avec le premier troll venu, rappelons que la structure du jeu est très linéaire. En effet, au-delà de progresser sur une carte du monde en point'n click, les zones se traversent en ligne droite avec quelques petits passages à droite ou à gauche recélant secrets et trésors. Les zones sont toutes reliées entre elles sur le parcours et l'objectif sera donc de passer l'obstacle sur votre route, que ce soit une escarmouche d'orques, une attaque de troll ou encore défendre une position à l'aide d'une arbalète montée particulièrement efficace. Quelques coffres, quelques objets destructibles et nous avons fait le tour de "l'exploration".
En combat, nos amis ne bénéficient pas du lock et il faudra donc s'adapter sur le terrain (le contenu de la notice est famélique). S'adapter reste cependant un bien grand mot : un coup fort, un coup faible, deux skills spéciaux, une roulade, la garde et vous avez tout le nécessaire pour vous battre du début à la fin du jeu dans un style somme toute très redondant et peu varié. Cela dit ça reste jubilatoire lorsqu’au bout de trois ou quatre coups bien placés, un indicateur de coup critique apparaît au dessus de la tête de l’ennemi, permettant une mise à mort spectaculaire qui va d’une tête tranchée à l’empalement. C’est juste dommage qu’il n’y ait pas plus de variété dans ces petites séquences pré-calculées. En somme le jeu est très bourrin et entrer dans le tas est la solution la plus efficace (sachant que vous pourrez même faire appel aux aigles grâce à un objet consommable). Du moins seul, car les ennemis ont tendance à s'acharner sur vos compagnons que vous pouvez relever en maintenant la pression sur la touche croix. A plusieurs, puisqu'il est possible de jouer en coop (réseau ou écran séparé), rien ne vous empêche d’établir diverses stratégies.
Couper des têtes d'orques c'est bien, mais avec une bonne épée c'est mieux. Le jeu propose un système de loot particulièrement intéressant puisqu'il s'avère assez complet. Il y a de nombreuses pièces d'équipements à étudier, de la résistance de l'arme aux emplacements de runes, histoire d'augmenter certains paramètres comme la puissance ou la dextérité. Les héros eux, obtiennent trois points par montée de niveau à répartir selon quatre critères : la force, la dextérité, la résistance et la volonté. Ensuite vient un arbre de compétences qui permet de débloquer des skills actifs ou passifs, même s'ils sont très peu nombreux.
Extrêmement simple à prendre en main, La Guerre du Nord offre une aventure assez basique mais jamais vraiment ennuyeuse grâce à la nervosité des combats, quoique l'ensemble souffre d'une redondance assez chaotique sur le long terme. Il dépendra donc en grande partie de votre intérêt envers l'œuvre de Tolkien avant d'investir dans ce titre.
Annexes
Une quinzaine d'heures devraient faire l'affaire pour la majorité d'entre vous sur un run. A signaler que votre attrait pour le jeu à plusieurs pourra grandement ré-hausser l'intérêt et la durée de vie.
Secrets : de nombreux secrets sont à découvrir dans le décor au cours de votre périple. Il y a également quelques missions optionnelles histoire de glaner objets et expérience.
New Game+ : deux niveaux de difficultés supplémentaires et vos acquis préservés, de quoi continuer à punir de l'orque seul ou en groupe.
La Guerre du Nord ne sort pas trop des sentiers habituels du jeu à licence. Un concept usé mais rythmé, un gameplay basique mais dynamique, l'intérêt viendra de votre amour envers cette œuvre majeure qu'est le Seigneur des Anneaux. Les autres qui vous regardent de travers lorsqu'ils entendent le Mordor ou Legolas auront certes un bon défouloir, mais aussi un jeu sans queue ni tête. Que voulez-vous, tous ne seront pas capables de sauver la Terre du Milieu.
17/09/2012
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- Un bon défouloir
- L'aspect loot
- Ambiance fidèle
- Jouable en coop
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- Techniquement léger
- Très dirigiste
- Gameplay redondant et laxiste
- Ne présente que peu d'intérêt à ceux qui ne connaissent pas l'histoire originale
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TECHNIQUE 2.5/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 2/5
DUREE DE VIE 2.5/5
GAMEPLAY 2.5/5
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