Inutile de re-présenter une énième fois Final Fantasy IV : pierre angulaire d'une série et d'un genre, le RPG mythique de chez Squaresoft est probablement l'un des épisodes les plus appréciés de la saga, quelque chose qui se ressent tant les produits dérivés l'entourant et les multiples remakes et portages sont nombreux, même si on est bien loin du rognage jusqu'à la moelle que Final Fantasy VII a subi. Square Enix l'a donc bien compris, et décide d'offrir à ce soft une suite presque 20 ans plus tard, The After Years... qui sortira épisodiquement sur les réseaux de téléphones japonais. Et un peu plus tard, en intégralité sur Wiiware. Autant dire que la chose a été accessible à peu de monde. Jusqu'à ce que le développeur nippon décide de regrouper tout ce petit monde sur un UMD unique, et de retaper un peu la peinture : débarque donc toutes les boutiques du monde Final Fantasy IV: The Complete Collection, regroupant Final Fantasy IV, Interlude, et The After Years. Allez zou, c'est reparti pour un tour dans le monde aux deux lunes !
Passé, présent, futur
Le monde est désormais en paix, et tend à soigner ses lourdes blessures ; conclusion de l'épopée épique du paladin nommé Cecil Harvey et de ses amis, désormais héros, qui se sont érigés en rempart contre un mal qui gangrénait leur monde. Solidarité et reconstruction sont désormais les maitres mots, et le chevalier désormais roi de Baron s'efforce de venir en aide à tous ceux qui ont subi un joug dont il fut lui aussi responsable. Pourtant, des évènements étranges ont lieu presque un an après la conclusion de l'aventure, c'est ici que prend place
Interlude, mettant en scène une jeune fille ressemblant à Rydia et pouvant également invoquer les Eons, qui disparaitra aussi vite qu'elle apparaitra en voulant réactiver la terrible tour de Babil. L'affaire semble classée et le temps reprend alors son cours pour avancer de 17 ans et ainsi commence
The After Years, de nombreux heureux évènements ont alors lieu entretemps. Et l'un de ces heureux évènements s'appelle Ceodore, fils de Cecil et Rosa, embarqué dans une épreuve pour devenir membre à part entière des Ailes Rouges, plus fort corps d'armée de Baron dont son père fut jadis le meneur. Une épreuve réussie avec brio, mais un retour au bercail cauchemardesque : la troupe est attaquée par des monstres, Ceodore est l'unique survivant et devient pourchassé par les soldats de sa propre patrie, patrie qui recommence à attaquer les royaumes voisins pour voler leurs cristaux comme cela s'est déjà fait 17 ans plus tôt. Il ne doit son salut qu'à un mystérieux homme capé, qu'il décide de suivre pour découvrir ce qui se trame derrière ces évènements. Des évènements préoccupants qui poussent les anciens héros à reprendre la route, suivis par une toute nouvelle génération. Et pendant ce temps-là, la lune s'approche jour après jour de la Terre...
Inutile de s'attarder sur un
Final Fantasy IV toujours aussi puissant et déjà largement traité d'innombrables fois (et adapté de la version GBA, donc 0 censure). Attardons-nous donc plus sur
Interlude, faisant le lien entre
Final Fantasy IV et
The After Years, et sur ce dernier en lui-même. Pas grande chose sur
Interlude, plus anecdotique qu'autre chose : un court récit avec des personnages imposés qui servira à peine de base aux évènements
The After Years, et qui se boucle en 2-3 heures. Bref, pas la chose la plus intéressante. Un peu plus d’intérêt pour
The After Years, la fameuse suite, qui cependant souffle rapidement le chaud et le froid. Première chose à mettre en cause : l'héritage même du format téléphone, pour lequel le jeu a été pensé à la base. Ainsi l'histoire est découpée en une multitude de chapitres narrant des évènements différents et ayant des acteurs différents - généralement une combinaison ancien+nouveau personnages - qui trouveront réponses lors des derniers chapitres dans lesquels tous les personnages se retrouveront. Des chapitres très courts, linéaires, qui s'entrecroisent parfois, mais qui manquent cruellement de punch pour vraiment intéresser (à une ou deux exceptions près), sans oublier un goût de déjà-vu tant le recyclage des environnements est à peine masqué. Fort heureusement, les fameux derniers chapitres se déroulent tambours battants et sauvent un peu les meubles une fois le casting réuni et le voile entourant le scénario levé. Reste les personnages, portant littéralement
The After Years (les anciens forts de leurs auras sont plus approfondis, et les nouveaux qui ont également leur mot à dire), et ce fort côté fanfic du récit qui parlera aux connaisseurs, avec une multiplication des situations et des références qui fait parfois grincer des dents par sa non-volonté de vouloir s'émanciper de FFIV. Un ensemble en dents de scie, entre un
Final Fantasy IV intemporel et un
The After Years décevant mais qui saura brosser les fans dans le sens du poil, les autres beaucoup moins.
United we stand!
Niveau gameplay c'est
The After Years qui va proposer de nouvelles choses, on passera sur
Final Fantasy IV et
Interlude qui reprennent
la même formule instaurée 20 ans déjà, et qui a fait ses preuves depuis. On notera cependant une facilité de l'épisode originel encore plus forte que dans les versions GBA et DS, et la toujours contraignante limite de 48 objets dans l'inventaire ; limite d'objets que
The After Years fait sauter, pour le plus grand plaisir des collectionneurs (même les flèches ont subi une modification, il n'y a plus de compteur de munitions, il suffit d'en trouver
une seule pour définir le type d'attaque à l'arc !). Et c'est quand même un poil dommage qu'il n'y ait pas eu un petit effort d'uniformisation sur ce point, en faisant disparaitre ces foutus compteurs qui ont frustré plus d'une fois.
TAY rénove un peu la charpente en revanche, qui garde la même base : présence de l'ATB, 5 personnages sur le terrain, chacun ayant un job unique qui va définir son rôle, ainsi que les forces et faiblesses du groupe. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec 22 personnages, on a le choix avec ce qui est le casting le plus large jamais apparu dans un
Final Fantasy. Un choix qui n’empêchera pas le bien célèbre adage "la quantité ne fait pas la qualité" de faire ses preuves une nouvelle fois, avec un retour rapide aux fondamentaux une fois l'obligation de jouer avec certains personnages passée (tous les chapitres "Personnages" ont des personnages imposés, pour rappel) : entre les sous-clones (Les Eblan Four) les clones de personnages déjà pas intéressants à la base (Luca/Cid) ou ceux pas vraiment efficaces (Calca, Brina, Harley, Edward), autant dire que l'expression "pourquoi changer une équipe qui gagne" garde elle aussi tout son sens quand on fait revenir les fortes têtes de
Final Fantasy IV en tête de rang, en ajoutant peut-être un-deux nouveaux membres réguliers. Rien n’empêche de jouer avec les personnages que l'on veut, chose tout à fait possible. Mais le rapport de force inégal et évident entre les personnages couplés à la nostalgie fera qu'on reviendra toujours très vite aux classiques.
On compte deux nouveautés importante dans The After Years avec la présence des Bands, attaques coopératives aux effets divers et puissants qui vont impliquer de 2 à tous les personnages présents (comme dans Chrono Trigger, par exemple) mais qu'il va falloir auparavant trouver, et les cycles lunaires, directement en rapport avec le scénario : périodiquement ou après une bonne nuit de sommeil, le cycle de la lune va changer suivant un ordre prédéfini (4 cycles différents), chaque cycle ayant directement une influence sur les combats. Une influence à ne pas sous-estimer, car le bonus/malus apporté est significatif et peut souvent faire la différence : la nouvelle lune augmente l'efficacité des commandes spéciales et baisse celle de la magie blanche, la lune croissante augmente la magie blanche au détriment de la magie noire, la lune décroissante favorise les attaques physiques au détriment des commandes spéciales, tandis que la pleine lune va, elle, appuyer la magie noire et faire baisser la puissance des attaques physiques. Le jeu annote ces changements via une mise en couleur des commandes subissant le contrecoup ; la pleine lune est ainsi à préférer pour le chapitre de Palom où l'on va jouer en tout et pour tout deux mages, une pleine lune que l'on fuira si on joue un groupe qui se concentre sur les attaques physiques comme dans le chapitre de Yang.
Des éléments à ne pas sous-estimer, car The After Years est particulièrement ardu. La fréquence de rencontres est très haute et le contexte de la première partie du jeu, où l'on joue avec des équipes imposées et généralement réduites à 2-3 membres, sont les principales composantes de cette difficulté, farfouiller un peu partout pour récupérer de l'équipement unique et chasser le moindre gil est primordial. De plus, chaque chapitre dispose d'un donjon défi qui se débloque une fois le chapitre fini une fois (ce qui se notera par une étoile apparaissant sur le fichier de sauvegarde), donjons qui permettent d'obtenir des objets rares très utiles pour la suite, mais qu'il va falloir se taper 10 à 12 fois pour en obtenir tous les biens... on pourrait blâmer le format mobile encore une fois, ce genre d'initiative étant fréquent pour justifier plus d'heures avec peu de contenu. Quant à la deuxième partie du jeu, où la réunion des personnages a lieu, elle va consister en un chapitre de relative liberté, suivi du final dans lequel les personnages seront bloqués dans le donjon final. Attention où vous sauvegardez, donc. Une deuxième partie placée sous le signe du combat de boss, qui vont s'enchainer comme jamais, et d'un dernier donjon d'une redondance extrême par sa longueur et ses combats incessants.
D'ailleurs, concernant les sauvegardes, soyez EXTRÊMEMENT PRUDENT. Il ne faut jamais hésiter à en faire 2 ou 3 à chaque fois ! Il faut finir chaque chapitre "Personnages" pour débloquer les derniers chapitres et conserver les-dites sauvegardes comme preuve. On a vite fait d'écraser un chapitre déjà fini par inadvertance... et donc de se le retaper. Le bon côté, c'est que le contenu de chaque chapitre fini se conservera dans les fameux derniers chapitres, on se retrouve avec des gils et des objets à ne plus savoir qu'en faire.
Enfin un dernier petit paragraphe concernant la "complémentarité" des jeux, à savoir si oui ou non il y a héritage d'un jeu à un autre via les sauvegardes. La réponse : niet, zéro, nada. Ça n'aurait été qu'un bonus certes, mais certainement une bonne raison de refaire Final Fantasy IV, qui en l'état n'est qu'un énième portage du jeu plus joli et plus facile. A moins de n'avoir jamais fait le jeu ou d'être pris d'un élan de nostalgie, il n'y a pas vraiment de raisons de relancer la première grande aventure de Cecil.
2D > 3D
Niveau réalisation en revanche, c'est tout à fait digne du soin et de la qualité made-in Square Enix. Cette Complete Collection affiche une 2D bien léchée, le retravail graphique de l'univers est homogène et ne dénature rien, les sprites des personnages sont bien plus soignés et colorés qu'à l'origine, ceux des monstres également, et le jeu offre une ribambelle d'effets visuels tous plus réussis les uns que les autres. Le jeu se permet même quelques petites cinématiques simplettes au gré de l'aventure, avec lesquelles on peut toutefois être un peu déçu tellement les magnifiques cinématiques d'introductions de FFIV et TAY placent la barre très haut. Même constat pour l'aspect musical, toujours aussi efficace et magistral malgré les années, les quelques nouvelles pistes ajoutées avec The After Years en plus du remixage offrent un peu de fraicheur à une OST toujours aussi merveilleuse. Autre option sympathique, on a le choix entre les pistes dans leurs versions originales ou arrangées, un petit tour dans les options et puis c'est bon. Et tant qu'on parle d'options, sachez également que le jeu offre la possibilité de "mémoriser" les commandes (le curseur reviendra toujours sur la dernière capacité / objet utilisé lors du tour d'un personnage) qui, couplée à l'auto-battle offre un confort de jeu plus qu'appréciable, notamment pour passer tous les combats aléatoires. Et le jeu est intégralement traduit en français. Que demande le peuple ?
Un sans-faute pour ainsi dire, même si un point restera sujet de discorde parmi les joueurs : le chara-design. Ainsi l'ami Amano, géniteur de la première génération se retrouve bouté dans la section bonus de cette compilation, sa présence se résumant à une galerie d'artworks qui se débloque au fur et à mesure que le bestiaire de FFIV et Interlude se remplisse. FFIV et Interlude qui eux optent pour un style plus lambda pour illustrer les personnages, tandis que TAY affiche lui le travail de Akira Oguro, chara-designer de cette suite épisode. On en ressort donc avec un manque de cohésion de l'ensemble, particulièrement frappant lors des fréquentes scènes de flashbacks dans TAY, où l'on va vivre ces scènes avec les illustrations de FFIV avant de retourner quelques secondes après dans l'aventure TAY ! Détail ou non, chacun fera son avis sur l'importance de ce choix, mais il aurait été peut-être plus sympathique que toute la partie design soit retravaillée pour être cohérente dans son ensemble.
Final Fantasy IV traverse les époques sans jamais perdre son éclat et reste une valeur sûre de la saga, malgré le fait que cette version PSP ne soit qu'un énième portage : casting génial, gameplay diablement efficace, univers et OST épique pour une aventure épique. Un peu plus litigieux pour The After Years qui même malgré sa bonne volonté, son casting encore meilleur et ses bonnes idées propose une suite en demi-teinte et un récit mi-mou/mi-fanboy, et pour Interlude qui ne sert finalement pas à grand chose. Il serait néanmoins idiot de cracher dans la soupe car on a ici trois jeux en un, tout Final Fantasy IV sur une seule galette ET à prix abordable. Une compilation ultime que tout fan du 4ème épisode de la Fantaisie Finale se doit de posséder. Et en plus, tout dans la langue de Molière.
21/05/2012
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- 3 jeux, une centaine d'heures
- Une OST embellie
- Un casting génial
- Un retapage graphique convainquant
- Un gameplay qui a fait ses preuves
- Un FFIV intemporel...
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- ... mais qui reste un énième portage, et en plus simplifié
- Interlude qui sert à rien
- The After Years est fade dans son histoire/traitement
- La fréquence des combats, encore et toujours
- Le manque de cohérence de l'ensemble
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 5/5
SCENARIO 3/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 4/5
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