En son temps, Utawarerumono avait su marquer les esprits grâce à son scénario de qualité et sa très jolie réalisation, au point de quitter le petit monde des hentai-RPG grâce à un portage sur la Playstation 2 et la PSP. 13 ans plus tard, Aquaplus se décide donc enfin à nous offrir une suite, délaissant cette fois-ci l'aspect érotique mais tout en gardant le mélange de visual novel et de tactical comme l'était le premier opus.
Un air de déjà-vu
L'histoire commence alors qu'un individu peu vêtu erre au beau milieu d'une forêt enneigée dans un froid glacial. Il s'agit du personnage principal, un humain amnésique tout comme l'était le héros du précédent épisode, qui sera sauvé in extremis de l'attaque d'une horrible créature gélatineuse par une jeune fille du nom de Kuon. Celle-ci, voyageuse et herboriste de son état, finit par le prendre sous son aile et lui apprend petit à petit les us et coutumes de ce monde que, visiblement, il ne connait pas. Et c'est ainsi que leur long périple débutera, espérant tous deux que sa mémoire lui revienne un jour.
Les joueurs ayant terminé le premier Utawarerumono remarqueront immédiatement les similitudes scénaristiques entre les 2 volets, du synopsis de départ jusqu'au nom d'emprunt du héros, Haku. Ne se limitant d'ailleurs pas a de simples clins d'œil, l'histoire sera d'autant plus appréciable à ceux ayant joué au premier opus, ne serait-ce que pour les personnages que l'on recroise ici, mais aussi de par les liens narratifs tout de même assez présents. Et de la narration, vous allez en avoir justement, car que les néophytes soient prévenus, le jeu tient plus du visual novel très textuel plutôt que du Tactical-RPG pur et dur.
Visual Novel RPG
Effectivement, vous passerez la grande majorité de votre temps de jeu à lire des boites de texte agrémentés d'illustrations, toutes intégralement doublées d'ailleurs, les batailles se faisant très rares. Alors oui, dans le dernier Tears To Tiara, pour citer le RPG Aquaplus le plus récent, le constat était à peu près similaire avec de grandes vagues de dialogues avant de pouvoir enfin aller se frotter à l'ennemi. Sauf qu'ici, le nombre de combats est réellement famélique et dépasse à peine la quinzaine de maps, sur la quarantaine d'heures qu'il faut pour terminer le jeu. Utawarerumono est donc avant tout un jeu d'aventure textuelle mâtinée d'une fine couche de RPG, cette dernière se révélant par ailleurs relativement légère.
Le système de combat est en effet particulièrement simple et peu profond, amusant au demeurant mais assez limité il faut bien le reconnaître. Des personnages à déplacer sur des cases, des enchaînements avec toujours un timing pour appuyer au bon moment afin d'effectuer des attaques critiques, et... c'est à peu près tout. Pas de magasins, pas d'arbre de compétences, pas de batailles optionnelles en dehors du scénario, peu de choses à faire à part suivre l'histoire donc. Il y a bien des points bonus à distribuer à ses équipiers, de l'équipement trouvé entre chaque bataille et la possibilité de refaire des combats remportés, mais tout cela reste plutôt maigre.
Bas les masques
Constat renforcé par le fait que les affrontements ne présentent quasiment aucun challenge, vos alliés étant particulièrement puissants et la configuration du terrain ne vous mettant jamais vraiment à désavantage. La possibilité de revenir plusieurs tours en arrière, et à volonté, rajoute encore une couche et annihile définitivement toute difficulté. L'aspect tactical est donc plus là pour divertir le joueur entre plusieurs heures de dialogues, et illustrer les scènes d'action, plutôt que pour leur offrir une vraie partie stratégique comme celle de Tears To Tiara 2 par exemple. Fort heureusement, Utawarerumono compense ce défaut par la qualité de son ambiance et de son scénario.
Non pas que son histoire soit complètement originale ou surprenante, d'ailleurs les fans du premier auront déjà leur petite idée sur pas mal de choses, mais la narration est vraiment passionnante et les différents personnages relativement attachants. Haku particulièrement, nonchalant, fainéant et j'en passe, est à ce titre réellement charismatique car perclus de défauts que l'on voit finalement assez rarement chez les héros de RPG. Évidemment, on n'échappe pas à toute une galerie plus ou moins stéréotypée de jeunes femmes en tout genre, Utawarerumono ne reniant pas sur ses origines de jeu hentai et proposant d'ailleurs pas mal de séquences un poil olé olé. Pas de quoi fouetter un chat je vous rassure, le jeu restant toujours très soft.
Made in Aquaplus
Néanmoins, ces petites saynètes érotiques, si elles amusent (un peu) au début, finissent assez vite par devenir lourdingues par la suite. Trop de fan service tue le fan service. A ce propos, il faut bien admettre que le jeu subit tout de même quelques longueurs par moment, et passé un certain cap l'histoire s'enlise dans des tranches de vie supposées développer les personnages et en présenter de nouveaux. A ce stade, l'ennui peut finir par guetter, le joueur se demandant à partir de quand les vrais enjeux vont commencer à se mettre en place. En terme de densité narrative, le premier épisode reste définitivement meilleur car mieux équilibré. Qu'on se le dise, ce nouvel opus est long à démarrer et ne plonge son public que tardivement dans l'intrigue principale.
Et pour terminer sur une note plus technique, il faut bien admettre que le jeu est graphiquement très agréable. Non seulement la partie 2D est somptueuse de par les magnifiques illustrations des différents protagonistes ainsi que les paysages vraiment splendides, mais aussi par la 3D plutôt honnête et bien plus jolie que Tears To Tiara 2. La partie sonore n'est pas en reste avec des morceaux inspirés et toujours très en accord avec les situations. Les doublages quant à eux sont impeccables, rien à redire à ce niveau-là. Et un petit mot sur le post-game tout de même, avec des combats supplémentaires proposant probablement les seules batailles difficiles du jeu, c'est toujours ça de pris.
Utawarerumono : Itsuwari no Kamen suit donc les traces de son prédécesseur et ravira les aficionados de la série d'Aquaplus, qui y retrouveront peu ou prou les qualités qui ont fait son succès. Il est malgré tout dommage pour les amateurs de RPG que nous sommes que l'aspect tactical ne soit toujours pas plus développé et demeure bien trop succinct. Espérons également que le prochain épisode, sensé conclure l'histoire, corrigera les quelques passages à vide narratifs qui plombe malheureusement le jeu à certains moments.
26/12/2015
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- Les personnages
- l'ambiance
- La partie graphique
- les liens avec le premier épisode
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- Des longueurs dans le récit
- Pauvreté de l'aspect RPG
- Peu de challenge
- Trop de fan service inutile
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 3.5/5
GAMEPLAY 2/5
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