Difficile d'introduire assez dignement un jeu connu par la plupart d’entre vous. Alors je vais tâcher de situer le contexte dans lequel cette review est écrite. Il faut que vous sachiez que votre humble serviteur est un vieil aigri de la saga qui attendait en 1998 son exemplaire d'
Ocarina of Time sous le sapin de Noël, il faut également mentionner que je taille dès que j'en ai la possibilité les versions DS qui à mon sens décrédibilisent la série pour la rendre molle, redondante et casual. Maintenant que ceci est dit, il va de soit que vous aurez droit à l’objectivé absolue que vous êtes en droit d'attendre d'un rédacteur Legendra, mais passons à la raison pour laquelle vous êtes venus lire cette article. Que vaut ce mythe qu'est
The Legend of Zelda: Ocarina of Time dans sa mouture 3DS, et bien c'est ce que nous allons voir ensemble.
Dis papa, pourquoi c'est culte Ocarina of Time ?
Avant de faire danser les ménagères au foyer qui espèrent perdre du poids à coup de
Wii Fit ; de proposer aux plus âgés de travailler une mémoire défaillante dans du
Kawashima ; ou encore de rater une conférence E3 en mettant en valeur une sorte d'iPad, sans prendre la peine de montrer l'image de la nouvelle console dont il est question,
Nintendo bichonnait ses séries phares. Ainsi lorsqu'
Ocarina of Time est arrivé, c'est un véritable raz de marée de retours positifs qui a envahi le monde vidéo-ludique. Et pour cause, cinq années que les fans de la saga attendaient une suite après le grand
Link's Awakening. En plus d'être le premier
Zelda en 3D, cet épisode proposait des innovations jusqu'alors jamais vues, et réutilisées par la suite par bon nombre de développeurs, la plus connue étant l'apparition du fameux lock permettant de verrouiller la caméra sur une cible.
Mais cet engouement ne tenait bien sûr pas qu'à cela, graphiquement superbe à l'époque, OoT était profond, mature et possédait un vrai scénario et des personnages travaillés. Le jeu proposait de surcroit un cycle jour/nuit loin d'être obsolète modifiant aussi bien les habitudes des villageois, des ouvertures des boutiques ou des stands de jeu que les extérieurs qui rendaient par exemple la plaine d'Hyrule bien moins accueillante que de coutume. Ajouté à cela une durée de vie considérable grâce à une aventure principale longue et intense aux multiples rebondissements, qui vous fera rencontrer des civilisations aussi diverses que les Zoras, les Gerudos ou les Gorons, et dans laquelle vous explorerez pas loin d'une dizaine de donjons. Quant aux quêtes annexes passionnantes et originales, elles vous conduiront sur les traces de l'épée Biggoron, vous demanderont de pourchasser les 100 Skulttulas d'Or ou encore de vendre des masques. Enfin l'OST magique de cet épisode viendra compléter ce tableau idyllique. Gravée dans la mémoire de nombreux joueurs, même treize ans après, le simple fait de siffloter quelques notes rappellera immédiatement des souvenirs impérissables de lieux, de grands moments ou de mélodies cultes à l'ocarina.
C'est boooooo
Avec une telle aura et une telle communauté de fans autour de cet épisode, il est forcément délicat de s'attaquer à un remake.
Nintendo n'a cette fois-ci pas directement développé le jeu et c'est
Grezzo qui est choisi.
Grezzo est un studio japonais très peu connu du grand public, la faute à un CV quasiment vierge, et qui ne peut que se vanter d'avoir travaillé sur
Line Attack Heroes, un soft WiiWare jamais sorti hors des frontières nippones. Si cette décision peut sembler aberrante de prime abord, il faut en revanche préciser que l'homme à la tête de ce studio est loin d'être un débutant. En effet,
Kôichi Ishii n'est ni plus ni moins que le papa de la série
Seiken Densetsu, de quoi rassurer les plus frileux.
Le parti pris pour cette version 3DS n'est donc pas d'innover mais de sublimer la version originale. Et ça, le joueur va très rapidement s'en rendre compte avec la finesse des décors, les effets de lumière, la modélisation des personnages, la fluidité impeccable de l'animation, le détail apporté avec soin aux intérieurs ou encore l'absence du brouillard de la version N64. Le résultat final est tout bonnement bluffant, aussi bien pour le joueur aguerri qui aura l'impression de redécouvrir le jeu que le novice qui entrera avec plus de facilité dans l'aventure. Seul léger bémol : l'aliasing un peu présent au niveau des contours et qui s'accentue en élevant le niveau de la 3D.
D'ailleurs, ce fameux effet 3D fait finalement plus office de gadget qu'autre chose. Si le rendu dans les petites cut-scènes ou dans les villages est agréable, l'utilisation à outrance en plus d'infliger des maux de tête et une réelle fatigue au bout d'une petite demi-heure, annihilera le gyroscope. Qui plus est, le jeu me semble un poil moins fluide et perd un peu en finesse. En résumé, à utiliser avec parcimonie. Surtout que ne pas profiter des petits détails dans chaque lieu serait vraiment dommage, qu'il s'agisse des intérieurs des boutiques ou des habitations. Au Ranch Lon Lon par exemple, vous pourrez découvrir au dessus du lit de Malon ses petits dessins quand elle était enfant, si c'est pas mignon. Je me rends compte que dit de cette manière, cela semble anodin, mais je ne peux que vous conseillez de savourer ce que cette version vous propose : la chaleur du Temple du Feu, la froideur du Domaine Zora, la pureté du Lac Hylia, ces lieux mythiques n'ont jamais eu un rendu visuel aussi réussi.
En plus de l'aspect graphique remanié à merveille, les petits gars de Grezzo ont dû travailler d’arrachepied pour proposer un gameplay aussi agréable qu'à l'époque. Pour cela, il fallait tirer parti de toutes les possibilités de la Nintendo 3DS. Hormis l'effet 3D un peu maladroit dont j'ai parlé au préalable, le reste vous réservera une pléiade de bonnes surprises. Pour vous situer un peu la chose, l'écran du haut est celui sur lequel se déroule l'action, celui du bas est entièrement dédié à l'interface. Sobre et efficace, elle offre un confort de jeu qui faisait défaut à la version N64. Oubliez les fastidieux retours aux sous menus pour aller chercher un item. Les connaisseurs seront particulièrement sensibles sur ce point, le cauchemar vécu dans le temple de l'eau est ainsi davantage supportable quand d'une simple touche, vous pouvez ôter ou remettre vos bottes de plomb. Quand on sait que l'on doit renouveler l'opération un nombre de fois incalculable, l'idée est salvatrice. La visée gyroscopique trouve également tout son sens dans cet épisode si vous souhaitez vous passer du joystick pour soulager votre pouce fatigué, elle sera aussi bien utile comme vue subjective que pour viser les nombreux ennemis de manière efficace.
Quoi de neuf docteur ?
Comme je le disais plus haut, le choix établi dès le départ était de ne pas toucher à l’aventure principale qui possédait déjà un rythme soutenu. De ce fait, n'espérez pas d'énormes innovations dans ce remake. Pour les moins doués, des pierres Sheikahs distillées ici et là vous apporteront une aide précieuse, comme la technique pour vaincre un boss, pour savoir quoi faire par la suite ou encore l'emplacement des fées qui vous octroient des pouvoirs plus importants. On reste dans la continuité de ce que propose Nintendo depuis quelques années, à savoir empêcher le joueur de réfléchir par lui même en lui donnant la solution, comme dans New Super Mario Bros Wii ou Super Mario Galaxy 2 par exemple. Mais l'idée d'avoir implanté cette aide dans un décor classique du jeu n'entache en rien le plaisir du joueur expérimenté qui voudrait s'en passer. En plus de la Master Quest que les joueurs connaissent certes depuis plusieurs années maintenant mais qui reste un ajout loin d'être négligeable, un nouveau mode viendra faire son apparition. Disponible après avoir terminé Le Temple de la Forêt et accessible dans votre demeure Kokirienne, le Boss Challenge comme son nom l'indique vous confrontera à tous vos adversaires vaincus précédemment. Sympathique mais pas transcendant, je doute que vous y reveniez souvent.
Pour conclure un petit mot sur l'OST du jeu qui n'a pas été touché heureusement, vous retrouverez donc avec plaisir tous les thèmes marquants avec une qualité sonore irréprochable, écouteurs dans les oreilles bien entendu. En revanche gare au petit parasite qui vous colle au train sans arrêt avec ses "Hey Listen". Bien entendu je veux parler de Navi qui pour notre plus grand malheur est toujours présente plus imbuvable et détestable que jamais. En plus de vous affubler de ses conseils toujours plus inutiles si vous avez la mauvaise idée de faire un détour, elle vous proposera régulièrement en bonus de faire des pauses. Voila la goutte d'eau qui fit déborder le vase, j'ai donc décidé de me lancer dans une quête annexe inédite, me débarrasser de ce nuisible, mais en vain. J'ai eu beau chercher durant des heures, utiliser le gyroscope de ma 3DS pour la faire disparaitre, plonger dans la lave pour la brûler vive, servir d’appât durant l'épreuve de pêche, tenter de la noyer dans le Lac Hylia, rien n'a fonctionné et nous tenons là, le plus grand défaut du jeu.
Au final, pari gagnant pour cette version 3DS, même s'il est regrettable que Nintendo doive encore une fois ressortir un titre culte datant d'une dizaine d'années pour promouvoir une console qui peine à se vendre, la faute à un catalogue très mal fourni. On ne peut que se réjouir de voir le travail effectué sur ce remake. Plus beau, plus fluide, plus maniable, le confort de jeu atteint son paroxysme pour profiter de cette grande aventure qui a su toucher des millions de joueurs. Et pour les quelques hérétiques qui n'ont pas encore posé les mains sur ce petit bijou, je préfère tout simplement vous conseiller cette version à l'originale qui à présent accuse son âge.
26/06/2011
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- Graphiquement très réussi
- Aventure toujours aussi grandiose et jouissive
- Gameplay aux petits oignons
- Gambader dans la pleine d'Hyrule sur le dos d'Epona dans les transports en commun
- Le gyroscope de la console utilisé à merveille
- Présence de la Master Quest
- Ost intemporelle
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- 3D dispensable
- Navi aussi irritante qu'un moustique dans les oreilles avant de dormir
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TECHNIQUE 5/5
BANDE SON 5/5
SCENARIO 4.5/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 5/5
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