Après un lancement mitigé pour sa nouvelle console portable,
Nintendo proposa un nombre important de licences fortes pour faire décoller sa machine. Dans le lot, il semblait inévitable que la saga
Fire Emblem bénéficie de cette embellie. Disponible depuis l'année dernière au Japon, voyons ce que vaut ce nouveau cru du célèbre tactical-RPG à quelques mois de sa sortie française.
Te souviens-tu ?
L'histoire débute sur vous - un avatar personnalisé, une première dans la série - semblant percevoir une vision sinistre plus vraie que nature lors d'un événement d'importance. Ne sachant plus trop où se trouve le réel, vous vous réveillez amnésique et entouré de nombreuses personnes dont Krom, le prince du royaume d'Iris.
Pris en tenaille par une horde de bandits, vous vous joignez au groupe pour éradiquer la menace et effectuer au passage quelques demandes d'informations. Vous apprenez que vous êtes dans une époque instable. La nation de Plegia organisent des actions sournoises qui laissent à penser qu'une énorme bataille se profile à l'horizon. Mais les souvenirs vous font défaut et un autre événement inattendu va s'ajouter à ce tableau déjà mystérieux avec l'apparition d'une porte temporelle, de créatures abjectes et d'un individu obscur qui les combat. Qui est cette personne et que se passe-t-il dans cette époque ? C'est le début d'un long périple pour le savoir.
Classique ? Indéniable. Efficace ? Assurément. Ce nouveau Fire Emblem ne réserve finalement que peu de surprises dans sa narration avec de nombreuses ficelles usées jusqu'à plus soif. Cependant, entre les personnages, le contexte évolutif et les morceaux de bravoure, nous nous trouvons face à un récit d'une efficacité rarement prise en défaut et toujours agréable à suivre, tout en mêlant adroitement fantastique et heroic fantasy. Un savoir-faire caractéristique de la série.
Il y avait du relief
La réalisation n'est pas en reste. Les artworks de qualité émaillent les conversations et nous avons la chance de bénéficier à nouveau de séquences cinématiques proches du cel-shading pour un rendu encore plus convaincant qu'il ne l'était sur
Fire Emblem: Radiant Dawn, pour ne citer que lui. Les menus et l'interface dans sa globalité restent agréables en toutes circonstances et ne devraient pas dépayser les habitués de la licence.
Jeu de rôle tactique à l'ancienne oblige, on retrouve une partie graphique en deux temps. Tout d'abord les efforts pour le rendu des maps en 2D et 3D selon les éléments, s'adaptant au support portable sans trop charger, elles tiennent bien compte du terrain en ajoutant plein de petits détails très agréables à l'œil sous forme d'effets graphiques. Rien de tel pour garder une harmonie sans faille sur laquelle surfent les sprites de nos unités qui, sans être une référence du pixel art, demeurent parfaitement en adéquation avec la cohérence artistique. Cette dernière réserve d'ailleurs son lot de surprises et nous sommes heureux, une fois n'est pas coutume, d'insister sur l'apport de la 3D relief. Entre des oiseaux qui semblent sortir de l'écran, des effets de particule troublants sur de multiples couches (j'ai compté jusqu'à six couches différentes pour les éléments en relief), c'est un véritable régal d'autant que ça ne fatigue pas trop les yeux et que l'aliasing, symptôme récurrent de la 3D relief sur 3DS, n'est pas vraiment prononcé.
On le constatera un peu plus sur les animations en 3D : celles des joutes. Outre ajouter de la profondeur, ces séquences me semblent les plus réussies que j'ai vu dans la saga. De bonnes animations, un dynamisme déstabilisant (on peut accélérer les scènes), des effets lumineux superbes avec des artworks à l'écran sur les coups critiques ou les compétences spéciales. Ce qui me permet de faire la passerelle avec la modélisation 3D des personnages, plutôt réussie dans l'ensemble même si le niveau de détail peut paraître perfectible sur une machine comme la 3DS. A ce titre, un élément surprenant qu'il faut noter : nos personnages n'ont pas de pieds ! Et bien aussi épatant que ça puisse l'être, on n'y fait plus du tout attention au bout d'un moment car ce choix, à l'esthétique douteuse au premier abord, ne surprend plus lorsqu'on se rend compte que nos personnages sont comme "des pions". Ce qui me semble en fait logique sur un jeu à damier.
L'aspect graphique soigné pourra compter sur le soutien inestimable de la bande-son. Épiques dans des sonorités habituelles pour la saga, les musiques sont toujours au top quelle que soit la situation, bataille ou évènement avec quelques pistes absolument somptueuses, parfois lorgnant sur le lyrique. Comme une bonne nouvelle vient rarement seule, les personnages possèdent bien leurs voix. Bien sûr, ils ne font jamais que prononcer un mot ou deux par citation, mais cela reste suffisant pour apporter une petite touche de personnalité. Si on ajoute les répliques percutantes lors des animations et une bonne palette de bruitages, la partie sonore du titre est au rendez-vous.
Il y avait plus si affinités
Fire Emblem Awakening est un jeu de rôle tactique à damier, au tour par tour où vous jouez toutes vos unités avant que l'ennemi en fasse autant. Les Fire Emblem furent toujours de ces jeux faisant peur à nombre de joueurs pour une raison toute simple : les morts sont définitives. Conscients et/ou désireux d'étendre leur jeu à un plus grand nombre, les développeurs ont intégré un mode "casual" où les unités tombées au combat sont juste "KO" et restent dans l'équipe. Attention cependant, pour avoir testé les différents niveaux de difficulté, le mode casual est loin de la promenade de santé, il s'agit en fait du mode normal sans les morts définitives. Cet opus se prédestine donc tout autant aux joueurs novices qui veulent se lancer dans la franchise qu'aux inconditionnels, qui trouveront dès le mode "normal" une résistance à la hauteur.
Le système en lui-même est assez simple puisque, hormis quelques coffres (qui nécessitent clés ou une capacité de voleur) et des zones pour des objets bonus, il faudra généralement vaincre le boss ou toutes les unités sur la carte. Après chaque mission du scénario, vous pourrez voir apparaître sur la carte du monde des missions générées aléatoirement histoire de faire de l'expérience, mais également des marchands ambulants proposant des affaires plus ou moins intéressantes. C'est un élément essentiel du système, car vous aurez besoin de beaucoup (beaucoup !) d'armes puisqu'elles cassent dès que le quota d'utilisation est épuisé (c'est aussi valable pour les livres de magie ou les objets). Vous pourrez donc équiper jusqu'à cinq éléments sachant qu'ils prennent en compte le niveau de maîtrise par rang, les cases (pour les armes de jet) et les attributs spéciaux. En parallèle, chaque combattant possède un panel paramétrable de compétences obtenu grâce à l'expérience acquise. Une fois au niveau 10, vous aurez l'opportunité de faire évoluer la classe d'une unité (une quarantaine au total), sachant que de base elle peut atteindre le niveau 20 sur la classe d'origine.
Mais, et c'est la principale nouveauté, il est possible de faire un système de binômes proche des escadrons d'un
Super Robot Taisen Alpha 2 par exemple. Vos personnages sur cases adjacentes peuvent déjà intervenir par le biais d'attaques ou d'augmentation de statut (dextérité, esquive...), mais ils peuvent aussi faire équipe pour un léger gain de puissance. Cette méthode est essentielle puisque vous pourrez tisser des liens entre les personnages jusqu'à l'union totale et même obtenir les progénitures, qui rejoindront vos rangs plus tard lors de missions spécifiques. Ce système est particulièrement addictif puisque les combinaisons sont aussi nombreuses qu'il y a de personnages de sexe opposé.
D'ailleurs, lors de la création de personnage (avec pas mal d'options), rien ne vous empêche de créer un personnage féminin et de vous accouplez avec le héros si le cœur vous en dit. Du coup, les combats (sauf en casual mode) deviennent de véritables crève-cœurs lorsque vous avez le copain chevalier qui vient faire barrage pour protéger sa copine et qu'il en meurt. A ce titre, raison de plus d'éviter les associations douteuses, car une magicienne qui protège un barbare a de fortes chances de finir en petite croix.
De la tactique simple, où seuls les placements, associations et compétences aléatoires sont les clés de la victoire. Amusant par les nombreuses combinaisons d'affinités possibles et par la sagesse même des possibilités tactiques offertes au joueur sur un challenge au niveau,
Fire Emblem: Awakening s'avère un titre passionnant et parfaitement adapté au support portable. C'est même un exemple à suivre dans le genre.
Il y avait des choses à faireLa trame est, malheureusement, un peu courte. Il faut en effet compter une vingtaine d'heures en ligne droite pour voir le bout du jeu, même si la rejouabilité est importante pour qui veut obtenir toutes les combinaisons entre personnages.
Secrets : à la fin du jeu vous gagnerez l'accès aux artworks, à la bande-son complète ou autres cinématiques. Vous aurez également loisir de consulter tous les events liés aux affinités.
DLC : à grand regret, les DLC sont un vrai plus. D'abord car il y a des missions et des personnages issus des précédents
Fire Emblem, ensuite car c'est l'unique moyen de faire de la montée d'expérience efficace puisque ce sont les seules missions rejouables à volonté. Avec des prix allant jusqu'à cinq euros, le contenu optionnel payant revient aussi cher que le jeu si ce n'est plus. Une exagération un peu trop frustrante dont on se serait bien passée.
Fire Emblem continue sa route avec un nouvel opus de très bon niveau. Visuellement attrayant, musicalement superbe et possédant un système très bien étudié et captivant, on peut dire qu'avec ce jeu les possesseurs de la machine touchent le jackpot. Il est juste regrettable que la durée de vie sur la trame principale ne soit pas plus conséquente, amputée qu'elle est par une ribambelle de DLC payants.
Je chipote un peu mais au final, il semble évident que tous les amateurs de jeu de rôle tactique sur 3DS se doivent d'acquérir cette petite pépite.
29/01/2013
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- Système à la fois simple et exigeant
- Plusieurs niveaux de difficulté, même pour les novices
- Bonne gestion de la 3D
- Les musiques
- Les affinités
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- Un peu court sur la trame principale
- Trop de DLC tue le DLC
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TECHNIQUE 3.5/5
BANDE SON 4.5/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 3.5/5
GAMEPLAY 4/5
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