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Dead Island
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Dead IslandAn undead story
Techland n’est pas ce que l’on pourrait appeler un studio brillant. Même si la boite a réussi avec le second opus de la saga Call of Juarez à se faire un petit nom dans l’industrie du jeu vidéo, elle reste modeste et ne resplendit pas avec ses autres licences. Pourtant avec Dead Island, elle s’est lancée dans ce qui semble être un projet d’envergure qui déterminera très certainement son avenir. Techland a-t-il bien fait de prendre des risques ? Réponse dans ce test.
Il était une fois un zombieLe pitch de Dead Island est on ne peut plus classique. Une île paradisiaque isolée, une épidémie de zombies qui se déclare, quelques survivants disséminés ici ou là en guise de résistance, et finalement une brochette de héros qui tente de sauver tout ce beau monde. Parmi ces quatre aventuriers de l’extrême on retrouve une ancienne flic devenue mercenaire par un concours de circonstance, un rappeur de pacotille, une chinoise idéaliste qui rêve de voyages mais aussi une ancienne gloire du football américain. Vous l’aurez compris, le soft n’essaie même pas d’esquiver les clichés et l’ensemble transpire la production hollywoodienne par tous les pores. Les rebondissements dans le scénario, il n’y en a que peu voire pas du tout, et le charisme cumulé de tous les protagonistes ne doit pas dépasser celui de Robert Pattinson dans Twilight. Et je ne vous parle pas des dialogues qui s’inspirent manifestement d’œuvres très profondes comme Dora l’Exploratrice ou encore Winnie l’Ourson. On reconnaitra toutefois la finesse d’écriture d’une minuscule poignée de quêtes, vraisemblablement touchées par la grâce dans cette purée scénaristique toute collante et gluante. Sois toutefois rassuré lecteur, l’intérêt du titre de Techland ne réside pas dans son écriture ni dans ses personnages (mention spéciale au vilain du jeu, un des plus ratés de la création vidéo-ludique et dont l’inconsistance n’a rien à envier à la gelée de coin de tata Simone), loin de là.
Arrrrrrrrrrrrrrhhhhh !!!Parce que oui, Dead Island c’est un peu la quintessence de la zombie mania, très présente dans les années 90 mais qui s’essouffle peu à peu de nos jours. Là où Dead Rising délivrait une bonne dose de fun en atomisant les mort-vivants par paquet de cent, Dead Island se veut lui plus dans l’instillation de la crainte et de la solitude face à un univers auparavant inoffensif, dorénavant imprévisible et menaçant. La transformation de la station balnéaire où les bikinis affriolants côtoient le luxe et l’alcool en une sorte d’enfer impitoyable, où chaque corps qui jonche le sol peut tout à coup vous sauter à la gorge, est un mécanisme classique mais très bien rendu dans Dead Island. L’ambiance est donc la composante essentielle de l’aventure en solo, celle qui nous pousse à avancer, à se frotter à l’environnement hostile.
Parlons-en d’ailleurs. Dead Island est un vrai-faux open-world, dans le sens où la plateforme de jeu est scindée en une demi-douzaine de zones, chacune étant assez vaste pour nous procurer un sentiment de liberté raisonnable que l’on pourrait retrouver dans un Elder Scrolls. Cependant, le soft n’est pas particulièrement homogène dans ce registre. En effet les décors peuvent aller du très bon - lorsqu’il s’agit par exemple de la première zone du jeu qui offre un panorama exotique saisissant sur une mer bordée de reliefs – au ridiculement banal avec une ville tristement terne et grise qui contraste beaucoup avec la direction artistique plutôt colorée du titre. Peut-être Techland a-t-il cru bon de sacrifier la cohérence des environnements pour tenter de se renouveler ? En tout cas, le résultat n’est pas convaincant à tous les niveaux, bien que manifestement, la volonté de proposer un univers diversifié soit bien présente et que la technique soit au point - sauf peut-être pour l’animation des personnages. La variété, on va également aller la chercher chez la multitude de quêtes. Mais on sera malheureusement bien mal accueilli. Il est libre, maxOn ne peut nier la profusion d’activités en tous genres dans Dead Island. Les quêtes sont nombreuses, la liberté d’exploration bien réelle. Cela dit, la répétitivité et la lourdeur des tâches viennent gâcher le tableau. Tout d’abord les quêtes ne brillent pas par leur originalité ni même par leur écriture, alors qu’il s’agit du leitmotiv du titre, de son contenu principal. Mais lorsqu’en plus elles se répètent sans cesse dans leur forme à la façon d’un MMO, on est en droit de se plaindre. Les allers-retours sont légions, les objectifs souvent similaires et rébarbatifs. Les quêtes dites « taxi » se multiplient. On saluera tout de même la présence de voitures qui permettent de bien alléger les trajets et qui sont assez maniables. Cela ne relance toutefois pas l’intérêt des annexes et n’excuse pas leur manque d’intérêt. Du coup on est en face d’une production très déséquilibrée, qui excelle dans le quantitatif, mais pêche dans le qualitatif. En somme on sent qu’il y avait le budget, mais peut-être pas de réelles idées. Ce serait toutefois un mensonge par omission que d’oublier la bonne performance de la bande-son, qui étonne parfois avec ses mélodies doucement mélancoliques.
Toujours est-il que dans Dead Island, on marave surtout du zombie, et ça, c’est important. L4D t’es mon idoleDans l’idée, Dead Island se veut très proche du gameplay de Left 4 Dead. C’est-à-dire qu’il propose un hybride entre de nombreux ustensiles - de l’arme blanche à l’arme à feu en passant par la bouteille d’alcool et autres bizarreries – en utilisation à la première personne. Il faut donc comprendre que l’on n’est pas face à un simple FPS rail-shooter qui recense en tout et pour tout cinq pistolets ou fusils différents. D’ailleurs Dead Island met plutôt l’accent sur les armes blanches pendant une longue partie du jeu, la boucherie n’en étant que meilleure. Cela permet également de forcer le corps à corps entre le joueur et l’ennemi, là où l’arme à feu instaurait moins de tension à cause de la distance qu’elle impliquait dans le pugilat. Le rapport au zombie est donc plus intense, plus chargé de crainte. Vous pourrez d’ailleurs compter sur le craft pour vous confectionner un arsenal digne de Rambo. Entre les machettes électriques et les couteaux de lancer empoisonnés, rien n’est de trop pour se défaire des hordes d’assaillants, de plus en plus coriaces au fil de l’aventure. C’est sans doute en sus pour cette dernière raison que les armes à feu font progressivement leur apparition dans la bataille et chez les marchands, celles-ci instaurant par là même des phases de tir plus conventionnelles dans le gameplay (avec le besoin de se couvrir par exemple). Au final, tout ou presque peut devenir une arme.
Mais chaque protagoniste parmi les quatre présentés précédemment n’a pas la même affinité avec chaque type d’arme. La mercenaire aura tendance à s’acoquiner avec la poudre chaude des armes à feu. La chinoise sera, conformément aux clichés, spécialisée dans les katanas et autres armes hautement tranchantes. Le rappeur bourru possède un penchant pour les armes blanches lourdes et contondantes tels que la masse. Puis enfin le footballeur américain usera de son passé de quarterback pour lancer plein de petits couteaux. Chacun possède également une furie propre, une sorte d’état de transe qui décuple les capacités. Après ce premier choix effectué en début d’aventure, il y a une deuxième spécification qui passe, comme dans tous les hack’n’slash, par le sempiternel arbre des compétences. La façon de jouer demeure par conséquent très paramétrable et l’on peut parier que chacun y trouvera son compte. Tant mieux, parce que Dead Island ça se passe aussi en ligne. Multi hit combo breakerFinie l’ambiance craintive, place au fun. Les parties organisées en ligne et composées de quatre partenaires différents proposent à la fois un allongement de la durée de vie (d'une trentaine d'heures en solo) et constituent un vrai plus lorsqu’il s’agit de se confronter aux nombreuses situations de jeu. La deuxième partie du titre, plutôt compliquée et exigeante, passe effectivement bien mieux lorsque l’on est accompagné puisque chacun dispose de compétences spécifiques qui permettent d’affronter l’adversité de façon efficace. Et c’est dorénavant de notoriété publique avec Left 4 Dead et Dead Rising, qu’oblitérer du zombie à plusieurs, c’est toujours mieux.
Dead Island a tout de la série B hollywoodienne boostée à la testostérone et peut être haï pour tout ce que cela implique comme mauvais contenu. Cependant il arrive à arrondir les angles en proposant au joueur une bonne ambiance, un contenu important et une liberté effective dans des environnements, certes inégaux, mais globalement réussis. En outre, on regrette malheureusement la pauvreté qualitative des quêtes et leur aspect ô combien rébarbatif. Reste un gameplay plutôt fun et diversifié qui l’est encore plus en multi. Une semi-réussite pour Techland.
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