La Playstation Vita à peine disponible, il n'en fallait pas plus à
Namco Bandai pour proposer un jeu de leur licence favorite. Comme souvent avec un planning un peu serré, c'est un remake qui ouvre le bal et dans le cas présent il s'agit de
Tales of Innocence, le deuxième opus sorti sur Nintendo DS. Cet épisode n'ayant pas la plus grande ferveur des fans, nous allons voir si le studio a su trouver les armes pour en faire un incontournable.
De l'innocence à l'ignorance
Le récit débute par une guerre faisant rage entre deux armées dont l'une, le royaume de Regnum, cherche à s'emparer d'avatars, des entités qui renferment un puissant pouvoir et qui seraient idéales pour faire basculer la victoire. Au milieu du champ de bataille, le seigneur Asura mène le combat avec abnégation, tout en étant persuadé qu'il existe un moyen d'unifier les différents royaumes.
Dans une autre époque, nous suivons le jeune Luca, garçon réservé et sans histoires qui se retrouve être la cible des petits garnements de la ville. Alors qu'il se soumet à nouveau pour acheter de la nourriture, une jeune fille du nom d'Iria, affamée, va profiter de la naïveté du jeune homme pour s'emparer du précieux met.
Les présentations vite expédiées, Luca comprend vite qu'Iria est recherchée par une étrange organisation, et notamment par une femme qui semble bien décidée à obtenir quelque chose. Ne pouvant plus rien faire d'autre que fuir, et dans la précipitation, Luca va prendre son courage à deux mains et révéler une puissance hors du commun ! Cette force est un témoignage qu'il est bien la réincarnation d'Asura. Devant la stupeur de cette révélation, les deux jeunes gens partent en quête pour trouver les réponses.
L'histoire de Tales of Innocence propose une thématique sur la réincarnation et toutes les questions que cela incombe, notamment celle d'agir comme dans le passé ou en profiter pour ouvrir un autre chemin. D'une initiative louable, le jeu va perdre son fil conducteur à cause d'une équipe de héros très agaçante de naïveté, surtout Luca qui reste un gamin toute l'aventure. Nous avons du mal à nous attacher à ce héros et la frustration n'est que plus forte lorsque l'on voit les protagonistes lors des flashbacks de leur ancienne vie qui ont bien plus de charisme.
Ajoutons une mise en scène minimaliste et la plupart de temps à côté du sujet et la frustration laisse place à de l'indifférence. Peu de surprises émaillent le récit donc, et l'ennui viendra malheureusement pointer le bout de son nez et ce n'est pas les quelques révélations prévisibles qui relèveront le niveau. Dommage.
Comment refait-on un jeu ?
Namco Bandai est presque généreux, il propose un vrai remake et non un portage comme ils sont coutumiers. Intéressant sur le papier nous allons pourtant vite déchanter une fois que le jeu commencera.
En effet, la première chose qui saute aux yeux est la réalisation graphique totalement indigne d'une machine aussi puissante qu'une PS Vita. Les textures baveuses côtoient un aliasing trop souvent persistant et un nombre de polygones relativement bas. En fait c'est simple, nous avons l'impression qu'il s'agit d'un remake initialement prévu sur PSP et qui fut porté à la dernière minute.
Heureusement, le rendu reste tout de même bien meilleur que sur DS, et cette triste réalisation permet tout de même d'avoir un résultat épuré assez cohérent grâce aux capacités de l'écran, sans oublier les temps de chargement presque inexistants. Le level design a également subi une cure de jouvence et se rapproche d'avantage des opus sur consoles de salon.
Pour le reste pas trop de risque, la mise en scène est identique mais on apprécie l'arrivée de dessins animés de bon niveau. Le bestiaire est particulièrement répétitif et les combats restent le nerf de guerre, usant de multiples effets souvent réussis. Dynamiques, ces derniers sont cependant bien moins nerveux que sur DS, et il faudra attendre un stade avancé pour avoir de bonnes sensations.
Ma première ost...Motoi Sakuraba sur la touche ou en vacances, c'est à
Kazu Nakamura que revient l'immense privilège de flatter nos oreilles sur un
Tales of. C'était presque ça, des mélodies dans le ton mais sans génie, des tentatives de musiques épiques mais trop discrètes, on se retrouve avec une ost qui accompagne nos actions sans jamais toutefois nous motiver. Support oblige, la qualité sonore est meilleure et cela se ressent, notamment sur les pistes les plus réussies, celle du boss de fin en tête. A signaler un deuxième générique chanté en plus de celui d'origine.
Les doublages sont corrects même si le jeu est loin d'être intégralement doublé et les bruitages font dans le très classique pour la licence.
Comment joue-t-on ?
Que les néophytes se rassurent, le système de jeu revient à du plus conventionnel avec ce remake et nous allons voir que l'expérience peut même s'avérer intéressante pour ceux et celles qui ont déjà fini le jeu sur DS. On retrouve la structure dite classique qui propose le schéma cinématique (avec une overdose de skits, les petites scénettes entre personnages), exploration et combats.
Les villages restent assez sommaires et vite parcourus avec l'essentiel de ce qu'il faut pour dépenser son argent en boutiques, puisque vous aurez l'opportunité d'équiper de multiples armes et armures. A noter la présence d'une boutique pour acheter des compétences spéciales via vos points de grade (ceux obtenus en combat).
Nous allons donc directement parler du plus intéressant : les donjons. Ces derniers ont subi un lifting très intéressant et sont presque complètement revus par rapport à l'épisode DS. Ici nous approchons le rendu des épisodes sur console de salon avec une structure linéaire certes, mais avec de nombreux coffres et quelques interactivités grâce à l'anneau du sorcier. Au fur et à mesure, les donjons s'agrandissent et proposent même des énigmes inédites et pas foncièrement stupides. Ce léger revival de ces zones donne un grand bol d'air frais et la progression est toujours plaisante. Bien sûr votre périple sera de courte durée puisque vous serez rapidement assailli par l'ennemi.
Combats
Aux oubliettes les ennemis visibles, ce remake propose des combats aléatoires avec écran de transition. Les combats sont à quatre personnages sur les huit que compte l'équipe et se font dans de petites arènes (plus grandes que sur DS).
Proche d'un jeu de combat, vous avez une touche pour les combos, une pour vos skills, l'esquive, la garde et l'accès au menu (pour les objets par exemple). Le déplacement est en 3D et ne nécessite pas de touche, le placement est donc prépondérant pour de bons résultats. Une fois les bases assimilées, les autres touches vont servir aux diverses commandes comme des dashs et surtout les attaques spéciales/magies, en combinaison pour des combos dévastateurs et spectaculaires. Sur le bord droit de l'écran, une nouvelle jauge fait son apparition. Segmentée en quatre parties, elle permet d'obtenir différents bonus en combat en fonction de votre manière de jouer (plus offensif, plutôt magie...). Les personnages ont également une jauge personnelle qui permettra d'augmenter temporairement les statistiques et de lancer les super arcanes.
Bien rythmés et très généreux en commande, les combats prennent du coffre et deviendront très intéressants à terme, surtout que le niveau de difficulté est bien plus élevé que d'habitude. La grosse nouvelle qui fera plaisir aux fans vient des Hi-Ougi, les super arcanes qui sont complètement revus et plus nombreux pour coller aux standards de la licence.
Le paramétrage reprend toutes les bonnes choses de la version originale. Le retour des recettes de cuisine qui apportent des gains considérables sur plusieurs combats, un système d'ordre hyper modulable, les affinités via les skits (sans incidence réelle sur le gameplay) et le plus important : le sphérier qui permet d'obtenir les compétences de soutien et les upgrades de statistiques. Les points (CP) étant limités, il faudra souvent revenir dans le menu pour adapter nos besoins aux situations. Malgré un peu de surenchère qui pourra perturber les nouveaux venus dans le monde RPG, le système du jeu est une valeur sûre grâce au grand nombre de compétences. De nombreuses combinaisons sont possibles pour spécialiser ses combattants qui sont tous intéressants à jouer.
Finalement ce remake reprend toutes les qualités de la version originale avec quelques modifications subtiles et un level design amélioré. L'expérience s'avère assez solide et équilibre les pertes de l'enrobage du jeu (technique et scénaristique).
Ça dure longtemps ?
C'est un petit problème, l'aventure principale se boucle en une vingtaine d'heures. Il faut donc compter sur les quêtes optionnelles pour augmenter de manière confortable la durée de vie.
Donjons optionnels : des donjons bonus vous attendent pour les meilleurs challenges du jeu et quelques surprises.
Divers : du Tales of, donc le Colisée, les recettes, obtenir tous les hi-ougi, voir tous les skits, upgrader l'anneau du sorcier, débloquer les costumes...
New Game+ : refaire le jeu avec la possibilité d'échanger des attributs (garder son niveau ou son équipement par exemple) contre les points de grade.
Namco Bandai a pu livrer son Tales of à temps pour la nouvelle portable de Sony, mais à quel prix ! Techniquement et graphiquement à la rue, n'exploitant aucune capacité de la machine, on a l'impression de s'être fait avoir par ce remake. Pourtant, une fois l'aventure commencée, le gameplay apporte des petites modifications qui rendent la progression bien plus agréable qu'il n'y parait. Par conséquent, je ne saurai que trop vous conseillez d'y réfléchir à deux fois avant de le zapper, car à défaut de trouver mieux pour l'instant sur Vita, ce RPG tient suffisamment la distance pour vous occuper un petit moment.
21/03/2012
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- L'efficacité Tales of
- Gameplay travaillé
- Quelques ajouts et modifications intéressants
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- Réalisation indigne du support
- Scénario superficiel
- Une équipe de héros navrante
- Plutôt court sur la trame principale
- L'overdose des skits
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TECHNIQUE 2/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 2/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 4/5
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