S'il y a bien un éditeur dont le nom est immédiatement associé avec les RPG sur mobile, c'est Kemco. Chaque année, on a droit à quelques nouveaux titres qui se montrent toujours peu ambitieux mais bon marché, développés par des petits studios sélectionnés par Kemco afin d'assouvir son ambition dominatrice.
C'est ainsi qu'en 2011 est apparu en occident sur smartphone un titre développé par Exe-Create, répondant au doux nom d'Alphadia, qui sur le papier semblait plutôt alléchant pour les fans de RPG old-school avec sa 2D léchée et son tour par tour qui manque tant aujourd'hui. Sur le papier.
C.L.I.C.H.E
Jouant clairement la carte du classicisme outrancier, Alphadia propose la quintessence du scénario de J-RPG cliché : une grande guerre - l'Energi War - ayant pris fin il y a une centaine d'années, un continent - le fameux Alphadia - connaissant par la suite une paix fragile, et ce bel équilibré brisé par un vilain Empire aux sonorités forcément allemandes (Schwarzschild) qui envahit sans scrupule ses voisins... Bien sûr, pour que la fête soit totale, il y a quelques jeunes ados prépubères aux chevelures arc-en-ciel embarqués par la force des choses dans un conflit qui les dépasse, pour vite devenir l'espoir de tout un continent en compagnie d'une mystérieuse fille qui semble porter bien des secrets.
Des héros, quoi, qui vont traverser des forêts, des déserts et même l'océan en bateau pour aller botter le cul du grand méchant. Du jamais vu.
Au-delà de toute considération d'originalité dont on peut se passer pour kiffer surtout sur mobile, on a quand même un peu de mal à se passionner pour cette noble quête, la faute à un casting un peu plat, des répliques rarement percutantes et surtout des situations hautement prévisibles.
On espère donc se rattraper un peu avec le gameplay qui vise à nous remémorer les plus belles heures passées sur nos belles cartouches au milieu des années 90.
Simple minded
L'opportunité de regouter au plaisir devenu si rare des affrontements au tour par tour promettait aux joueurs à l'adolescence désormais lointaine une petite poussée nostalgique. Et pendant quelques longues minutes, cela fonctionne à merveille : on choisit avec plaisir l'action rudimentaire à faire effectuer par l'un des quatre membres de son équipe, on se prend à faire un peu de levelling, et on attend avec impatience l'arrivée dans la prochaine ville pour acheter les nouveaux équipements qui feront monter drastiquement les caractéristiques.
Mais, assez vite, le jeu livre un à un ses défauts...
On s'en doutait, les donjons à parcourir n'offriraient rien de marquants, RPG Kemco oblige. Mais quand même, réduire ces lieux à de simples salles et escaliers dont la seule surprise viendra des insupportables trappes cachées qui s'ouvrent sous nos pieds pour nous ramener un étage plus bas... On eut aimé une ou deux énigmes, et même pourquoi pas - soyons fous - un renouvellement des différentes structures. Las, on a sans cesse l'impression de parcourir le même lieu, seulement de plus en plus grand, en affrontant à chaque pas - ou presque - une tripotée d'ennemis tous moins dangereux les uns que les autres.
Car ici réside le problème majeur d'Alphadia : une fréquence de combat outrageusement élevée amenant à des combats sans intérêt. En dehors de l'affrontement final (et encore...), on pourra se contenter d'appuyer sur le même bouton comme un écervelé pendant de longues secondes en regardant ailleurs. A se demander s'il y a eu phase de test...
Du coup, la seule petite subtilité que propose le jeu au travers d'anneaux élémentaires amenant à gagner des compétences spécifiques et axer sa progression sur différentes caractéristiques précises devient totalement caduque. A tel point que j'ai failli oublier de la mentionner.
Bref, il ne reste pas grand chose pour sortir Alphadia de la médiocrité...
Voyage au bout de l'ennui
Et c'est bien dommage, car Alphadia est plutôt séduisant avec son chara-design efficace (mais d'un classicisme absolu, cela va sans dire) et sa 2D léchée qui renvoie aux plus belles heures du genre. Évidemment, on n'échappera pas aux sempiternelles déclinaisons d'ennemis passant par toutes les couleurs du spectre pour masquer un bestiaire limité et à l'animation parfois sommaire (voire inexistante) des ennemis, mais on a tout de même plaisir à parcourir les villes colorées et la carte du monde détaillée, tout en profitant d'affrontement vraiment soignés avec des effets plutôt efficaces. On en vient à regretter d'autant plus leur caractère inintéressant...
La bande son rappellera aussi le temps passé, avec ses sonorités à l'ancienne et quelques mélodies prenantes. Elle soutient correctement l'ensemble mais manque clairement de volume, et on finit par se lasser après des heures passées à entendre certains thèmes courts tourner en boucle. Thèmes dont on ne profitera probablement pas longtemps, les bruitages ayant tôt fait de nous donner envie de jouer sans son.
Car Alphadia n'est pas de ces RPG Kemco qui se finissent en une petite dizaine d'heures, non, ici il faudra supporter une grosse vingtaine d'heures d'ennui avant de finalement voir la fin, qui comme le reste ne présente pas grand chose d'intéressant. Vous êtes prévenus.
Avec sa difficulté inexistante et son manque total de surprise, Alphadia peut à la limite représenter une porte d'entrée idéale pour faire découvrir le genre à son petit cousin attardé ou à son chien. Malheureusement pour les autres, l'expérience peine à justifier le petit prix affiché, tant l'ennui pointe vite le bout de son nez. La série compte maintenant plus d'une demie douzaine d'épisodes au Japon, espérons que les suivants ont réussi à proposer quelque chose d'un peu plus consistant...
04/10/2015
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- Jolie 2D
- Parfum agréable de nostalogie
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- Difficulté inexistante
- Donjons pénibles
- Trop prévisible
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 2/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 2/5
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