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Shining Blade
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Shining BladeLe souffle du renouveau
Après le fabuleux Shining Force III qui a trouvé sa conclusion il y a déjà près de quinze ans, les Shining ont perdu avec Camelot bien plus que son développeur initial, ils y ont laissé un peu de leur âme. En alternant les genres avec plus ou moins de réussite, la série s'est finalement bien éloignée des standards qui avaient fait sa gloire.
Mais avec Shining Blade, SEGA pourrait enfin avoir décidé de remettre la série sur le droit chemin. Adol, is it you?Les grandes lignes de la trame de départ fleurent bon l'hommage à peine déguisé : un héros à la crinière rouge échoué inconscient sur une plage, puis retrouvé et soigné par une elfe aux cheveux argentés... Non, Adol ne fait pas quelques infidélités à sa série fétiche, Ys, mais le clin d'œil ne manquera pas de faire sourire.
Laissé pour mort par l'Empire de Dragonia alors qu'il tentait de protéger son amie Roselind ainsi que sa propre vie, le jeune Rage se réveille bien loin de chez lui, dans une maison jouxtant la forêt de Fontina. La maîtresse de maison, Altina, ressent des changements dans la nature environnante qui l'interpellent, et notre héros va vite cerner les intentions de l'Empire : ressusciter l'infâme DarkDragon, dont le corps a été scellé dans les confins de la forêt. Mais point de répit possible pour le héros qui se lève tôt ; la forêt est vite prise d'assaut par de mystérieux centaures drapés de noir. Le prélude à une longue quête qui verra Rage et son katana légendaire doué de parole rejoindre la résistance pour tenter de renverser l'imposant Empire. Bien que classique et incroyablement convenue, la très présente trame du jeu se laisse agréablement suivre, grâce notamment à un casting à la fois attachant et imposant. Le fan retrouvera avec joie l'univers entrevu dans Shining Tears et Shining Wind, avec le retour de nombreuses figures connues, et les héros de Shining Hearts seront de la partie, la trame du jeu se situant quelque temps avant celle du précédent opus. Valkyria ForcePour relancer la série, quoi de mieux qu'un retour au Tactical-RPG, genre qui a permis de forger sa légende, en reprenant ce qui se fait de mieux aujourd'hui : le fameux système BLiTZ instauré par Valkyria Chronicles ?
Déjà mandaté par SEGA pour réaliser le troisième épisode de la fameuse licence, Media Vision (Wild Arms, Chaos Rings, RIZ-ZOAWD...) revient cette fois-ci fort de son expérience sur le système, qui permet de jouer ses protagonistes en temps réel lors de notre tour de jeu, en gérant leur jauge de déplacement, tout en devant se méfier des tirs croisés ennemis et en interagissant avec les éléments du décor. Si celui-ci a redonné une nouvelle jeunesse au genre, il semble surtout être l'évolution naturelle du gameplay initié par le premier Shining Force il y a de cela vingt ans. Univers radicalement différent oblige, les troupes de choc, snipers, scouts et autres medics laissent ici leur place aux chevaliers, archers (qui canardent les ennemis lors de leurs déplacements), magiciens (qui peuvent effectuer des sorts sur de multiples cibles) et guérisseurs, et de nombreux coffres à ouvrir jalonnent les aires de combat. This is RPG. Mais se contenter de produire un simple clone de Valkyria Chronicles - plus précisément des opus PSP avec leurs petites cartes souvent découpées en plusieurs zones - à la sauce heroic fantasy n'était pas vraiment dans les plans de Media Vision, et de nombreuses idées ingénieuses sont venues enrichir le gameplay. La plus intéressante est la possibilité de réaliser des attaques combinées. Lorsque l'on lance une attaque sur un ennemi qui est à portée d'un autre allié, celui-ci peut venir prêter main forte pour ajouter des dégâts. Le placement devient alors une donnée essentielle, puisqu'il faudra savoir utiliser à bon escient les attaques groupées sans trop s'exposer aux sorts de zone. Les actions en duo ne s'arrêtent pas là, puisqu'il est possible de se faire suivre lors de ses déplacement par un allié, allié qui peut octroyer des bonus par sa simple présence proche sur le terrain, ce qui ne manquera pas d'évoquer le système d'amitié de Shining Force III. Autre particularité du jeu, la présence de chanteuses (les Loreleys) qui confèrent des bonus à l'ensemble des troupes lorsqu'elles poussent la chansonnette, à la manière des ordres dans Valkyria Chronicles. Enfin, contrairement à son modèle, le jeu ne se base pas sur l'évolution par classe, mais revient au bon vieux système d'expérience individuelle, qui augmentera avec les actions réalisées durant les missions, et à la fin de chaque mission pour toutes les cinq troupes concernées, plus les trois réservistes qui peuvent venir soulager une troupe bien amochée lors des batailles en plusieurs actes. Il en ressort un aspect RPG traditionnel plus renforcé, avec des unités moins génériques. Un long fleuve bien trop tranquilleShining Blade a tout autant mis le paquet sur l'aspect gestion, en proposant un gameplay ultra complet, qui offre tout ce dont le fan de RPG peut rêver de nos jours.
Lors des visites des nombreuses villes de taille très modeste, on peut ainsi réaliser quelques quêtes pour la populace locale afin de remplir sa bourse, discuter avec ses troupes pour en apprendre un peu plus et améliorer son affinité en débloquant quelques scènes dédiées (draguer, c'est toujours sympa) ou encore dépenser ses points d'esprit pour renforcer son équipe. Ces fameux points d'esprit, glanés au cours des missions, permettent de débloquer de nouvelles compétences mais aussi d'améliorer les armes si l'on possède les ressources adéquates, armes dont on peut choisir l'orientation et les bonus en associant l'élément de notre choix. Mais Media Vision n'a pas oublié la petite touche de fanservice essentiel au bon RPG du vingt et unième siècle : la présence de costumes. Certaines unités peuvent ainsi changer d'accoutrement, ce qui affecte non seulement leur apparence mais aussi leur façon de combattre. Posséder un gameplay incroyablement complet et riche, c'est bien. Forcer à l'exploiter de manière intelligente, c'est beaucoup mieux, et malheureusement Shining Blade est très loin d'être convaincant en la matière. Le challenge proposé pendant une trentaine d'heures est tellement faible qu'il sera rare de réellement se soucier de son plan d'attaque, à part en de très rares occasions contre quelques boss un peu retords, notamment dans le post-game, moins optionnel qu'il n'y parait. On peut sans problème se contenter de foncer dans le tas sans exploiter les finesses proposées, comme utiliser à son avantage la topographie ou utiliser les prédominances des éléments. Qu'elle est loin la tension palpable de certaines mission de Valkyria Chronicles où le moindre faux pas pouvait condamner une unité à une mort certaine... et définitive. Cette montée d’adrénaline qui contribuait à faire le sel du jeu est totalement absente, et c'est tout l'intérêt qui s'en trouve fortement impacté, même si cela permet de faire tourner sans souci son équipe pour jouer la grosse vingtaine de personnages que contient le jeu. Shining BoobsSi les jeux de Media Vision sont rarement exempts de défauts, on ne peut leur reprocher de toujours bien exploiter le support sur lesquels ils tournent. Les meilleurs exemples récents étant les Chaos Rings, véritables vitrines du RPG sur plateformes mobiles. Une nouvelle fois, les développeurs font étalage de leur talent en la matière. Les environnements, variés, brillent toujours par leur finesse et ne manquent pas d'être mis en valeur par quelques éclairages fort à propos, comme un magnifique clair de lune dont la lumière filtre au travers des arbres d'une forêt désolée. La modélisation des différents protagonistes n'est pas en reste avec des détails qui fourmillent et des boss souvent énormes sans que l’animation n'en pâtisse à aucun moment. Reste ce rendu si caractéristique de la PSP qui donne l'impression de jouer avec une sorte de filtre devant l'image, mais dont on fait vite abstraction.
Mais plus que la plastique générale, ce que l'on attend désormais de la série, ne nous en cachons pas, c'est le design si particulier de Tony Taka. Une nouvelle fois, les amateurs ne seront pas déçus, avec des héroïnes aux formes généreuses qui s’accommodent fort bien de petites robes peu fournies même sous une tempête de neige, et des antagonistes au charisme indéniable, tous rendus au travers de magnifiques artworks lors des nombreuses cut-scenes. Bref, Shining Blade, c'est plus que solide visuellement, d'autant que l'ergonomie générale est parfaite et les diverses interfaces et menus diablement sexy. Hiroki Kikuta, es-tu là ?Contrairement à son compère Tony Taka, Hiroki Kikuta en est encore au stade de la découverte sur la série, avec pour unique expérience la très réussie bande son de Shining Hearts. Hélas, son travail ici, bien que de qualité, manque sincèrement de folie et de génie. Est-ce vraiment le même maître qui a composé les sublimes thèmes des mythiques Seiken Densetsu 2 et 3 ou encore de Soukaigi ? Quelques belles envolées caractéristiques dans Shining Hearts nous rappelaient son glorieux passé, si besoin en était.
Ici, place à un ensemble plus plat dont la fonction première n'est que d'accompagner discrètement mais efficacement les différentes situations. Efficace, certes, mais quand un compositeur de tel talent revient sur une série ayant accueillie tant de bandes sons cultes (Motoi Sakuraba, coucou), on en attend juste un tout petit plus. Espérons que la bande son de Shining Ark (le prochain épisode à venir) ait un peu plus de cachet. Les principaux dialogues du jeu s'accompagnent de doublages de qualité, qui permettent d'impliquer un peu plus le joueur dans ces moments charnières. Mais la triste nouvelle, c'est que le jeu ne sera probablement jamais localisé. Pour les courageux qui ne sont pas anglophobes, un excellent script qui couvre l'intégral des dialogues est disponible ici. Merci cyberakuma. Shining Blade est en quelque sorte un acte manqué porteur de belles promesses pour l'avenir de la série. Il regarde indéniablement dans la bonne direction, en réussissant avec force ce qu'il entreprend et en s'appropriant le meilleur de ce que le Tactical-RPG peut proposer aujourd'hui, mais oublie en chemin un élément pourtant essentiel au genre : la présence d'un minimum de challenge.
Pour peu que les développeurs apprennent de leur erreur, le prochain opus de la série - qui débarque le mois prochain - pourrait faire de 2013 l'année du retour de Shining Force tout en haut de l'affiche. Excitant. Et rien à voir avec Tony Taka.
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