Sortis l'année dernière,
Pokémon Version Blanche et
Noire étaient un peu les épisodes "anniversaires" d'une série qu'on ne présente plus et qui a fêté ses quinze bougies. Deux nouveaux opus très réussis, amenant une nouvelle génération de bestioles à capturer, de nouvelles mécaniques, et qui ont su revoir et améliorer avec succès les codes de cette saga, tout en essayant de mettre au premier plan une vraie histoire et de vrais problèmes de fond. Une sorte de nouveau départ, en somme.
Game Freak s'est donc décidé à continuer de surfer sur l'air du temps et a surpris tout le monde : vous attendiez
Pokémon Gris, histoire d'être en accord avec l'habituelle duologie + version améliorée ? Dites bonjour à
Pokémon Version Noire et
Blanche 2, la suite directe des opus sortis l'année dernière. Et ouais car faire des suites, c'est à la mode ! Seulement goupiller une séquelle aussi rapidement surtout dans une série qui découvre à peine le sens du mot scénario, n'est-ce pas un peu casse tronche ?
Comme un air de déjà vu
L'histoire prend place deux ans après les évènements de Pokémon Version Blanche et Noire. La région d'Unys s'est rapidement remise du chapitre des dragons légendaires Zekrom et Reshiram ainsi que des mauvais coups de la Team Plasma, et a continué à prospérer à vitesse grand V. La ville de Pavonnay est ainsi sortie de terre durant ces deux années, et c'est ici que commence notre habituel voyage initiatique. Pas de professeur pour donner pokédex et starter en revanche (les mêmes que dans N & B premiers du nom, à savoir Gruikui, Moustillon et Vipélierre), ce sera Bianca, désormais assistante du professeur Keteleeria, qui s'en occupera. Le meilleur ami du héros recevra également le combo pokémon + pokédex et le duo est ainsi lancé sur les routes, avec au programme l'habituelle trinité combats/capture/badges à récupérer. A laquelle se rajoutera peut-être une quatrième activité, puisque des rumeurs font état du retour de la Team Plasma, envers laquelle le compagnon du héros semble avoir une sacrée dent. Et tant qu'on y est, des rumeurs sur l'existence d'un troisième dragon légendaire font surface... pas mal de mystères à dévoiler et de culs à botter, donc.
L'un des principaux éléments qu'on a retenu de Pokémon Version Noire et Blanche a été la présence d'une trame scénaristique plus recherchée que la normale. Mettre scénario et Pokémon dans la même phrase fait toujours sourire, mais pour la première fois de son histoire la série se voyait dotée d'une vraie trame, qui traitait "sérieusement" plusieurs thématiques récurrentes de l'univers. Mieux encore, Game Freak avait réussi à concilier tous les aspects du jeu (combats, exploration, mythes, chasse aux badges) autour de cette trame, bien loin de la simplicité presque manichéenne qu'on retrouvait à chaque épisode. Seulement, chassez le naturel il revient au galop, et un peu comme un gosse explosant avec fierté la tour en LEGO qu'il aura mis des heures à construire, Game Freak peine à réitérer "l'exploit" : tout se déroule de manière très expéditive, on découvre en 30 secondes le devenir de la Team Plasma ainsi que les motivations d'un rival au vocabulaire très "wesh" dont le but ultime est de récupérer un Pokémon volé à sa sœur, et hop plus grand chose pendant les deux tiers de l'aventure avant que les méchants très méchants disparaissent aussi vite qu'ils apparurent. Plus dommage encore, le jeu peine à entrecroiser les éléments comme l'avait si bien fait le premier épisode, emploie un ton niaiseux encore pire que d'habitude, balance les références à ce qu'il s'est passé il y a deux ans comme une évidence, et impose un dirigisme dans les actions parfois bien étrange. Bref en l'état ce n'est pas glorieux, à se demander si Game Freak a pêché par fainéantise ou si les versions N & B premières du nom tiennent plus du coup de chance qu'autre chose. De plus, N & B 2 ont les personnages principaux les plus moches de toute la série. Non vraiment, c'est assez décevant.
Comme un air de déjà vu, on a dit !
Suite oblige,
B & N 2 vont reprendre toutes les modifications de mécaniques de gameplay et la manière dont le monde tourne désormais, on ne va pas y revenir une seconde fois, je vous invite à lire
la review de Pokémon Version Noire qui en fait la liste. Hormis quelques points mineurs touchant à l'ergonomie (on disposera d'ailleurs d'une nouvelle poche appelée Fourre-Tout dans le sac, dans laquelle on pourra déplacer n'importe quel objet de n'importe quelle autre poche, croyez-moi c'est salvateur !), on prend les mêmes règles et on recommence.
Game Freak réutilise la même base, mais va jouer sur la carte du contenu pour donner du cachet à cette suite.
Et il ne fait pas les choses à moitié. Premier élément pour commencer, on revient à la bonne vieille règle de la mixité existant depuis Or et Argent, où Pokémons de la nouvelle génération se mêlent aux anciens. Ce sont pas moins de 300 Pokémons qui seront ainsi disponibles durant la première partie de l'aventure, les développeurs se sont d'ailleurs lâchés un brin concernant le casting de Pocket Monsters, il suffit juste de se baisser et de ramasser pour toujours avoir la bonne bestiole au bon moment. Ainsi on pourra attraper très tôt des Riolu, Psykokwak, Wattouat ou encore des Magneti, et même des Pokémon qui ont su cultiver leur rareté au fil des épisodes, comme Evoli, sont trouvables dans la nature. Ces versions sont également l'occasion d'une véritable orgie de Pokémons légendaires, qui feront le voyage depuis les nombreuses autres régions pour mettre nerfs et stock d'hyperballs à rude épreuve. On notera également une modification plus que bienvenue dans le Pokédex qui désormais offre la possibilité de voir les bestioles présentes par zone et de notifier si oui ou non tous ceux présents dans la zone ont été capturés. Un ajout très sympathique qui constitue une arme de plus dans la recherche et la collecte des Pokémons, une activité toujours aussi addictive.
L'un des ajouts majeurs est le Pokémon World Tournament, gigantesque arène entièrement dédiée à l'organisation de tournois. Des tournois
qui obéissent à des règles fixes (dont l'interdiction d'une bonne partie des légendaires), qui se dérouleront toujours en trois étapes (quart / demi / finale) et dont la difficulté ira crescendo au fur et à mesure que les tournois présentés seront gagnés. L’intérêt premier sera le gain de points de tournois, permettant de faire son marché dans un magasin dédié rempli de
Capsules Techniques (CT) et d'objets rares. Le second intérêt sera plus de l'ordre du fanboyisme, puisqu'il sera possible d'y affronter quasiment tous les champions et maîtres qui ont défilé pendant toutes ces années : les emblématiques Pierre et Ondine des versions Rouge et Bleu, le légendaire maître dragon Peter, il sera même possible de confronter Red et Blue (respectivement héros et rival dans les toutes premières cartouches, que l'on connait plus sous les noms de Sacha et Régis grâce à l'anime). On ne va pas non plus faire la liste complète, jetez-vous sur un wiki par exemple
pour voir qui sera au rendez-vous. Les amateurs de défis seront aux anges, car ces joutes valent le détour, et il y a eu un véritable soin apporté aux équipes et dresseurs présents. En parallèle, le Métro de Combat sera toujours présent, autant dire que les amateurs de combats en auront pour leur argent.
On notera également l'apparition des médailles, ou quand Pokémon se dote pour la première fois d'un système d'achievements. Elles sont au nombre de 255 et peuvent constituer une quête annexe à part entière, indispensable à faire si on veut faire apparaître les cinq étoiles sur sa carte de dresseur et prouver sa pgm-attitude. L'obtention de certaines est inscrit dans le déroulement de l'histoire, certaines sont liées à l'accomplissement d'actions ou de défis spécifiques, d'autres sont une pure application de la classique politique du chiffre (bonne chance pour la médaille demandant d'avoir fait 2000 combats !) ou encore sont parfois un peu tordues ou pas forcement évidentes (toucher toutes les voitures du jeu, ou dénicher des graffitis cachés). Heureusement le jeu distille des indices pour aider à trouver les actions à effectuer. On ne peut en revanche pas s'amuser à étaler sa collection, on pourra tout au mieux accrocher une médaille sur sa carte de dresseur afin qu'elle soit visible dans le Pokémon Global Link.
Tout ça n'étant que quelques éléments, car cette version amène un tas de nouveaux lieux et donjons totalement exclusifs se greffant à des villes ou des éléments déjà existants. On ne va pas en faire la liste, car elle serait bien longue et que d'autres
le font bien mieux et en détail (gare aux spoils !). D'ailleurs la série passera enfin à la postérité puisqu'elle accueille pour la première fois de son histoire des égouts à explorer. On retiendra tout particulièrement la Galerie Marchande, jeu dans le jeu où comme son nom l'indique, on doit gérer une galerie marchande ou le Pokéwood, studio de cinéma où le joueur pourra tourner des films kitchissimes à souhaits en compagnie de ses propres Pokémons ou de Pokémons d'emprunt (malheureusement à part les médailles, il n'y a pas vraiment d’intérêt à persister tant les récompenses ne sont pas folichonnes). On constatera aussi que la différence entre les deux versions du jeu est encore plus marquée que d'habitude, certains pans d'Unys étant totalement transformés selon la version, sans parler de l'influence de la météo sur la géographie et l'apparition des bien-aimés monstres qui vous fera changer les paramètres de la console plus d'une fois. Et je ne parle même pas du contenu post-game et des évènements journaliers/hebdomadaires. Même la Forêt Blanche/Ville Noire, au principe bien trop bancal dans les premiers épisodes, sont de retour et retapés de fond en comble pour également devenir des zones de combats aux récompenses très intéressantes. Bref ça assure, l'expression "en avoir pour son argent" est ici parfaitement employée.
Carte du contenu également revue pour le online et ses fonctionnalités : ainsi même si le GTS est toujours dans un état désastreux, la coopération et la compétition entre joueurs a également eu droit à un peu plus de contenu. On pourra ainsi débloquer au fil de l'aventure des nouvelles missions pour le Heylink qui, même si elles ne diffèrent pas vraiment de celles présentes dans
N & B 1 (trouver X objets avant le temps imparti, capturer un Pokémon précis, ...), ont la particularité de pouvoir faire concourir jusqu'à cent joueurs à la fois, avec statistiques à la clé et grosses récompenses pour les meilleurs. La Galerie Marchande tire également parti de ces fonctionnalités, puisque chaque joueur rencontré ou affronté online laissera une "trace" dans votre jeu, qui se manifestera par un nouveau client ou un potentiel nouveau commerçant, et surtout une popularité qui grimpera en flèche. Et cette popularité est la clé pour accéder à de très attirants nouveaux services ou de nouveaux objets, comme un marchand de baies, la possibilité d'accélérer l'éclosion d’œufs ou de carrément manipuler, moyennant finance, les EV de ses petits protégés.
On notera également le retour du
Pokémon Dream World,
avec toutes les activités que ça implique, le contenu ayant été bien sûr bien étoffé depuis. Pour rappel, cela consiste à envoyer, via la console, un Pokémon sur le serveur du
Pokémon Global Link, accessible via un browser web. Et une fois sur votre PC vous pourrez, une seule fois toutes les 24 heures et pendant 1 heure durant (mesure de sécurité pour les enfants, cf
Nintendo) participer à de nombreux mini-jeux, planter et récolter des baies, glaner de nombreux objets et surtout faire ami-ami avec de nombreux Pokémons. A noter que tous vos gains seront alors re-transférés sur votre cartouche au moment où vous allez rapatrier votre protégé, et cela inclut les potes qu'il a pu se faire. Ils seront alors capturables dans une zone spécifique et ces
"Pokémon Dream World" disposeront d'une capacité spéciale différente de celle d'un spécimen attrapé dans la nature.
En résumé,
Game Freak ne s'est clairement pas foutu de la tronche des joueurs et le contenu de ces suites vaut clairement son pesant de cacahouètes. C'est peut-être les jeux en ayant le plus depuis les gargantuesques versions Or et Argent - voire le plus tout court tant on croule littéralement sous les options offertes, les Pokémons à capturer, les objets à glaner, les lieux à explorer.
Niveau graphique, les développeurs de chez
Game Freak continuent sur leur lancée, le virage de la 3D entamé par
HeartGold et
SoulSilver continuant de plus belle. Ces versions
N & B 2 reprennent sans trop se fouler nombre des éléments implantés dans
N & B premiers du nom, améliorent le tout et en profitent pour en remettre une dose : le jeu multiplie les plans et les perspectives et c'est parfois très flatteur pour l’œil - la grande ville Volucité par exemple ou le tout nouveau tunnel aquatique - un effort encore plus fourni a été apporté à la météo, aux saisons et aux effets qu'elle peuvent avoir. Certaines zones ne sont accessibles que pendant une saison bien précise et d'autres ont un agencement qui diffère en fonction, sans parler de la foultitudes de petits détails ici et là. La musique reste également potable (mis à part le thème de la Team Plasma toujours aussi horrible), qui, même si elle ne restera pas forcément inscrite dans les annales, sait proposer des morceaux bien épiques et rythmés pour marquer les nombreux combats et aventures qui vont ponctuer le jeu.
A noter également que lorsqu'on finit une partie de
Pokémon Version Noire 2, on débloque une clé pour activer le mode Challenge, qui va corser le jeu ; à l'inverse un mode Assistant, plus facile, est déblocable avec la
version Blanche 2. Bien sûr il serait trop facile de s'arrêter au simple constat "encore une fois pourquoi c'est pas disponible dès le début ?!" mais
Nintendo en rajoute une couche : ce déblocage est inhérent à votre sauvegarde, une sauvegarde est toujours unique, donc on ne peut pas recommencer une partie dans le mode voulu, juste continuer celle en cours. Il faut donc requérir l'aide d'une personne physique car l'échange des clés se fait uniquement via infrarouge. Il faut bien avouer que c'est un peu con-con. Le bon côté, c'est qu'il n'est pas nécessaire de finir le jeu pour recevoir les clés, quelqu'un ayant vaincu la ligue avant vous peut vous envoyer le fameux graal. Encore faut-il trouver la bonne personne.
La trame principale se boucle relativement vite, comptez environ 30-40h pour venir à bout de l'aventure principale. Un chiffre à facilement multiplier par quatre pour celui qui se penchera sur tout le contenu du jeu, sachant que le post-game est également très bien fourni : ré-affronter une ligue Pokémon boostée, capturer les 649 monstres, venir à bout des dresseurs spéciaux, devenir le maître du tournoi, dénicher toutes les trouées (des zones cachées dans lesquelles sont planquées des Pokémons ou des objets rares) et j'en passe.
Pokémon Noir 2 et Blanc 2 sont clairement les cartouches du contenu, reprenant les composantes implantées ou améliorées par ses ainées et en rajoutent une couche, histoire de faire exploser le compteur d'heures ; ces versions sont d'ailleurs plus que destinées aux dresseurs purs et durs quand on voit la quantité de combats et le grand nombre d'options offertes pour contrôler et optimiser au mieux sa petite bande de streum. On regrettera cependant le gâchis autour de la trame alors que les versions Noire et Blanche premières du nom laissaient entrevoir un semblant de travail dessus après tout ce temps où elle était au second plan. De même on sent un Nintendo encore assez réfractaire au online, et cet arrière goût de déjà-vu pour ceux ayant déjà fait le voyage à Unys la première fois. Après quant au dilemme "je fais la version de base ou la suite ?" on pourrait formuler la réponse ainsi : le premier épisode est clairement celui de l'aventure et de l'histoire, le second sera celui du contenu et du combat. A bon entendeur.
24/02/2013
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- C'est toujours aussi accrocheur
- La durée de vie
- Le contenu dantesque
- Toujours aussi bien rythmé
- Les efforts sur la technique
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- Le online, mal foutu et limité quand il n'est pas vérolé
- Le gâchis du scénario
- Un air de déjà-vu
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TECHNIQUE 4.5/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 0.5/5
DUREE DE VIE 5/5
GAMEPLAY 4.5/5
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