Il faut bien admettre que le jeu de mot accompagnant le chapeau de cette review est facile, mais en même temps, on se demande comment Kemco fait pour continuer à remplir de façon aussi prolifique son impressionnant réservoir de J-RPG. Maitre du genre sur Android et iPhone, il n'est apparemment pas prêt de s'arrêter, et, l'année passée, nous a sorti cet End of Aspiration, disponible à la base pour 7€99 mais trouvable à 3€99 sur le PlayStore, ou même gratuitement si vous ne craignez pas d'être envahis par les pubs au coin de votre écran. Bonne pioche, ou pas ?
Classicisme affirmé
Comme tous les jeux de rôle signés Kemco, End of Aspiration tape dans le très classique et ne surprendra personne qui a déjà touché à au moins un J-RPG dans sa vie. En premier lieu, par son gameplay des plus conventionnels mais néanmoins efficace, qui s'exprime dans un système de combat au tour par tour et en vue de côté type Final Fantasy. Attaque, défense, utilisation d'objets, de magie... Bref, difficile ici d'être dépaysé. En sus, on peut utiliser une fonction de "combat automatique" pour utiliser de façon continue la commande d'attaque pour tous les personnages. Pratique si on se fait des tartines à la confiture de myrtille tout en jouant ; ce que vous ne manquerez pas de faire, étant donné que les combats sont rarement difficiles.
Le seul petit point vraiment intéressant là-dedans, si on cherche bien, est la présence des "Familiar Spirits". Ceux-ci font en quelque sorte office d'invocations (et ne sont là que pour le gameplay, puisqu'ils n'ont aucune utilité dans l'histoire du jeu elle-même) permettant d'utiliser des pouvoirs spéciaux ; ce qui peut aussi bien être une puissante attaque sur tous les ennemis qu'un sort soignant tous nos alliés, ou bien un buff de force ou d'agilité. Bref, quelque chose de bien pratique pour les joutes face aux boss, en principe. Chaque personnage a son propre Familiar Spirit, disposant eux-mêmes chacun de trois sorts qui leur sont propres. Pour les utiliser en combat, il faut se servir des points dans notre jauge de BP qui se remplit à chaque coup encaissé (notion qui rappelle vaguement les limits breaks d'un certain Final Fantasy VII).
Pas de surprise pour le reste. Les déplacements au pad virtuel fonctionnent bien, même si on regrette le manque d'interaction global avec l'environnement. Contrairement à d'autres jeux des mêmes développeurs, on ne peut pas fouiller dans le décor par exemple, et nos actions en-dehors des combats se résument donc à parler avec les PNJ et à activer des interrupteurs. Les donjons quant à eux ont tout de même le mérite d'être plutôt bien construits, et on ne se perd jamais dedans.
C'est sympa, mais...
End of Aspiration n'a pas de gros défaut qui viendrait bousiller l'expérience de jeu, et c'est déjà ça. Toutefois, il est évident qu'il ne brille sur aucun aspect. L'histoire est agréable à suivre, malgré une mise en scène très succincte, mais demeure vraiment très prévisible. Les cinq personnages jouables sont ceci dit assez sympathiques, notamment au niveau de leur design (où c'est un dénommé Ucheda qui officie), qui fait bonne figure. Il n'y a pas vraiment un héros en particulier prenant plus l'affiche qu'un autre, puisqu'on peut inverser l'ordre de l'équipe comme bon nous semble et qu'aucun ne s'impose vraiment comme étant le leader de l'équipe. Si le jeu commence avec la mystérieuse Eril, le reste laisse cependant plus de place à Yute le vagabond, et ce sont peut-être tous deux les personnages les plus prépondérants du jeu. Du reste, nous sommes libres de choisir lequel des cinq protagonistes apparait sur la map lorsque l'on joue. Leurs histoires personnelles sont dans tous les cas assez vite éclipsées...
Graphiquement, le soft rappelle agréablement les RPG 16 bits d'antan, mais cela manque indubitablement de diversité. Et pour cause, les ressources graphiques utilisées sont très peu nombreuses et la charte visuelle peine donc à surprendre vraiment tout au long de l'aventure. Heureusement, les maps ne sont jamais trop vides, et grâce à un level-design peu complexe mais d'assez bonne facture, le titre s'en sort relativement bien, sans jamais impressionner outre-mesure. Les animations d'attaque en combat sont d'ailleurs tout aussi répétitives.
Finissions par parler de la bande-son, signée par Hiroshi Asao. En fait, le constat est le même que pour les graphismes. Les musiques sont plutôt agréables à l'écoute, mais elles ne se renouvellent jamais. Celle pour les donjons revient en boucle pour l'ensemble du jeu, même chose pour les villes. L'OST ne doit franchement pas tenir sur un gros disque, et même s'il y a des bonnes mélodies (pour la worldmap notamment), c'est forcément lassant à la longue. Les boucles des musiques ne sont par ailleurs pas toujours parfaites.
Challenge zéro
Bref, c'est cool, mais pas mémorable. D'autant plus que le jeu se traverse avec une aisance assez peu croyable (vous devriez pouvoir le faire sans provoquer le moindre game over, en gérant bien). On monte très rapidement en niveau (en général, quelques combats suffisent pour en gagner un), et on se remplit suffisamment vite le portefeuille pour acheter les meilleures armes et armures à chaque nouvelle ville visitée ; mais aussi les sorts les plus puissants, puisque la magie, ça s'achète également. Les combats sont ainsi très faciles la plupart du temps, et les grosses magies ne sont véritablement utiles que quand on se retrouve face à quatre ennemis ou plus. La majorité des combats se boucle par conséquent avec une certaine aisance. End of Aspiration ne devrait rebuter pas même un débutant.
La quête principale se traverse donc en huit ou neuf heures à tout casser, ou une petite dizaine à la limite si vous prenez vraiment tout votre temps. Trouver tous les trésors des donjons principaux n'est pas bien compliqué non plus... Bon, pour un jeu de rôle vendu à bas prix, cela reste honnête et dans la droite lignée des autres RPG de Kemco, mais forcément, ça fait bien peu pour réellement s'immerger dans cet univers qui aurait pourtant pu être vraiment intéressant. Cela aurait également pu laisser la place au développement d'une histoire plus poignante. Alors, évidemment, on trouve pas mal de mini-donjons et autres lieux bonus pour prolonger l'aventure un peu plus, mais pour cela, il va falloir payer. Eh oui, on est sur un jeu mobile tout de même, vous vous attendiez à quoi ?
Ce petit End of Aspiration est relativement sympathique, mais ne brille réellement dans aucun domaine. S'il n'est nullement marquant, il est aussi dénué de tout challenge et se traverse de façon finalement bien trop anecdotique. Tout est trop prévisible et manque cruellement d'inspiration. Il peut toujours faire l'affaire entre deux gros RPG, mais honnêtement, Kemco a déjà fait mieux dans le genre, et peut encore faire mieux.