Il y a quelques années à peine, lors de la période faste de la PSP au Japon,
Banpresto décida de convertir la formule
Super Robot Taisen dans un univers un peu plus tourné vers l'auto-dérision et le fan service. De cette idée naquit
Queen's Blade et
Queen's Gate qui parvinrent à toucher leur public.
Super Heroine Chronicle s'inscrit dans la même démarche et le studio tente donc une nouvelle percée avec un casting de licence pour le moins surprenant. Disponible sur PS3 et PSVita, voyons de quoi il retourne.
Seul dans le désert
Nous suivons les tribulations de deux jeunes filles, Noel et Meru, qui se retrouvent pour une raison mystérieuse perdues dans un désert sans fin. Les demoiselles, dont les traits ne semblent pas appropriés au contexte, tombent sur Claude, un vagabond au bord de la déshydratation alors qu'elles espéraient pouvoir lui demander le bon chemin. Elles accourent pour lui porter secours et découvrent que le pauvre jeune homme ne sait plus qui il est, il semble souffrir d'une amnésie persistante.
Cependant, en y regardant de plus près Claude possède de nombreux bandages, notamment son bras droit qui, pour une raison inconnue (ou plutôt oubliée) permet de guérir les blessures. Les jeunes gens n'ont pas le temps de tergiverser qu'ils se retrouvent happés dans un portail multi-dimensionnel pour atterrir dans une ville remplie de monstres. Claude d'une témérité peu commune se cache derrière les filles, qui vont bientôt montrer toute l'étendue de leur talent. Au cours du combat, le groupe est soutenu par Tsubasa (Symphogear) qui semble tout aussi perdue. Après quelques conversations de fortune, nos héros vont voyager de monde en monde en rencontrant de nombreuses héroïnes qui recherchent toutes la même chose : rentrer chez elles ! C'est le début d'une aventure qui ne manque pas de piquant.
On a connu plus original et plus développé n'est-ce pas, un héros amnésique, des dimensions... Ne cherchez plus ! Le scénario reprend plus ou moins la même formule pour la même mise en scène que les opus sur PSP. Du coup tout l'intérêt de la trame est assez limité, laissant surtout la part belle aux séquences débridées mais néanmoins drôles. Car il ne faut pas s'y méprendre, tout le sel de l'expérience réside dans les diverses héroïnes tirées des seconds couteaux plus ou moins populaires de l'animation japonaise, jugez plutôt : Senki Zessho Symphogear, Zero no Tsukaima, Infinite Stratos, Kaito Tenshi Twin Angel, DiGi Charat, Kyousougiga, Super Sonico, Hidan no Aria, Higurashi no Naku Koro ni, Dream Hunter Rem et donc les personnages originaux de l'ouverture du jeu.
Vous voilà convié au voyage parmi tous les univers aussi loufoques que déjantés de ces séries, avec parfois de bonnes surprises mais aussi et surtout une structure prévisible au point de lasser assez vite.
Cross system fail
Et ce n'est pas la réalisation qui rehaussera le niveau. En effet avec un développement simultané sur deux plateformes différentes la machine la plus puissante sera davantage lésée, comme c'est le cas ici sur PS3.
Les séquences animées sont de qualité très médiocres et on se console avec le contenu : quelques scènes à la perversité toute japonaise avec un zeste d'ourson qui ne déplaira pas aux plus perspicaces d'entre vous. En marge, on ne pourra pas trop reprocher quoique ce soit au character design qui, malgré quelques ratés, arrive à marier assez bien des licences pourtant diamétralement opposées. A ce titre le jeu est généreux en artworks spéciaux en plein écran puisque la galerie propose à terme près de quatre-vingt dix créations. Cette initiative est louable et masque en partie le manque d'appoint de l'interface, quasi similaire aux jeux précédents.
Jeu de rôle tactique à damier, l'essentiel de la réalisation joue sur deux plans distincts. D'un côté des maps assez pauvres dans une vue isométrique qui n'est pas modulable mais peuplées de sprites plutôt mignons et de l'autre toute la partie animation. Une surprise qui n'en est pas vraiment une en connaissant le passif du studio, les animations sont en 3D. Je vois déjà les puristes offensés à juste titre de trahir à ce point les représentations de leurs héroïnes favorites. Rassurez-vous, si le résultat n'est pas aussi percutant qu'en 2D, les développeurs ont tout de même assurer l'essentiel avec des skills souvent drôles, parfois long et d'autres techniques fidèles et spectaculaires. Dommage que des ralentissements, temps de chargement intempestifs et beaucoup de recyclage (bestiaire et maps) plombent l'ensemble. Mais nul doute que l'effet recherché fonctionne plutôt bien à terme, puisque le tout est rehaussé d'une ambiance kitsch parfaitement en adéquation avec l'univers.
Bien sûr n'attendez pas non plus des miracles au niveau des compositions, assez sommaires, mais j'avoue que les remix des génériques font leur effet, à condition toutefois d'avoir suffisamment d'affinités avec les séries concernées. Niveau doublage en revanche c'est juste impeccable avec certaines répliques bien connues et des filles survoltées ! On sent qu'elles s'amusent et du coup nous aussi.
W-Impact
Super Heroine Chronicle est un jeu de rôle tactique à damier. On ne change pas une formule qui a déjà fait ses preuves. Ici on reste dans la structure où vous jouez toutes vos unités avant que l'ennemi ne joue son tour. Dans les faits il va falloir s'armer de patience car le jeu propose de nombreuses routes différentes, parfois deux, parfois trois et le recrutement de certaines unités est soumis à des paramètres encore obscurs à l'heure où j'écris ces lignes. Un système est sensé régir l'obtention des personnages ennemis qui deviendront amis (comme dans les séries), dommage qu'il soit si peu explicite. Toujours est-il que la sentence est inévitable, vous progresserez toujours avec un groupe tronqué et le jeu ne réajuste pas tout le temps le niveau de vos personnages. Quand il le fait, on se retrouve avec un upgrade régulier sur lequel nous n'avons eu aucun contrôle, et du coup s'ensuit une répartition des statistiques discutables. Certes c'était aussi le cas des épisodes précédents, mais pas à ce point et il faudra à nouveau user du système de maps libres pour booster ses persos. Les maps principales ne réservent donc que peu de surprises dans l'ensemble. Quelques cases scintillantes pour récupérer argent ou objet et parfois quelques cases spéciales comme celles d'énergie, utiles pour recharger les héroïnes d'Infinite Stratos en plein combat.
Combats
Les actions sont les suivantes : déplacement, attaque, attendre, skills, objets et parfois quelques commandes de transformation pour qui en possède. Le système n'a globalement pas bougé et il s'agit toujours plus ou moins de vaincre les unités adverses.
Les attaques correspondent aux animations et elles sont dans l'ensemble peu nombreuses (mais soignées). Au début deux sont disponibles et à terme vous aurez accès à cinq attaques qui ponctionnent la jauge de AP. La jauge de SP elle, permet d'avoir accès instantanément et sans perdre de tour à vos "magies", comme le gain de dégâts, la précision ou autre altération de statistiques. Le jeu peut se jouer sans les animations, mais invite fortement à jouer avec sinon vous n'aurez pas accès aux rouages du système.
Chaque personnage possède une zone qui englobe plusieurs cases autour de lui et qui permet de créer un lien avec d'autres protagonistes avec lesquels il noue une forte complicité. Une fois la séquence d'animation lancée, vous avez une petite jauge de trois cristaux qui se remplit et vous aurez l'opportunité soit de faire une attaque supplémentaire sur un des trois éléments dominants de l'ennemi, soit de faire appel au personnage de soutien. Ce système prend tout son sens lorsque vous mettez KO votre adversaire puisque cela active le W-Impact, permettant via une animation de battre avec la manière votre ennemi (en jouant avec ses statistiques), multipliant les gains d'items et d'expérience, sans oublier la possibilité d'augmenter la probabilité d'obtenir des objets uniques.
Pour le reste ça se joue dans les interludes avec l'accès à deux boutiques, l'une traditionnelle et l'autre permettant un système d'échange grâce au skill coin, via les objets obtenus en combat. Chaque héros dispose également de trois slots permettant d'ajouter un certain nombre de compétences supplémentaires (actives ou passives) et il y a toujours la possibilité d'obtenir des conversations privées pour, à terme, gagner une petite séquence spéciale (et assez décevante il faut l'avouer).
Peu de surprises donc pour un jeu qui reprend la recette de ses aînés sans toutefois faire mieux, il y a même un côté downgrade avec une formule qui semble déjà au bout du rouleau et qui ne parvient pas à se renouveler. Malgré tout on passe un moment sympathique en compagnie d'un casting inédit qu'on ne reverra pas de sitôt avec ses scènes stupides mais parfois hilarantes.
Annexes
Comptez aux alentours d'une quarantaine d'heures pour arriver au bout, tout dépendra du zapping ou non des animations.
Fins/recrutements : on a déjà parlé des recrutements peu avenants du jeu, ils seront pourtant la condition d'obtention pour acquérir les trois fins possibles, sachant qu'un new game+ permet de garder l'essentiel de vos acquis sauf l'expérience.
Galerie : elle regroupe tous les artworks spéciaux obtenus au cours du jeu et les différentes routes obligent plusieurs runs pour tout débloquer.
Difficile de faire plus simple que Super Heroine Chronicle puisque la formule est presque identique à ses prédécesseurs sur PSP. Un jeu de rôle tactique relativement classique qui de surcroit ne bénéficie pas d'une réalisation à la hauteur. Si le choix de la 3D fait toujours autant débat, on parviendra tout de même à esquisser quelques sourires devant les gesticulations d'un casting hautement improbable.
25/04/2014
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- Casting délirant
- Souvent drôle
- Animations convaincantes...
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- ...mais en 3D, ce qui ne plaira pas à tout le monde
- Technique passable
- Beaucoup de recyclage
- Trop peu de nouveautés
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TECHNIQUE 2.5/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 1.5/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 3/5
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