Lancarse, développeur principalement connu pour avoir travaillé sur des Dungeon crawlers tels que
Etrian Odyssey ou
Strange Journey, tente cette fois-ci un virage à 90 degrés en s'attaquant au genre du tactical RPG. S'inspirant très largement de l'héritage des
Sakura Taisen modernes, à savoir la série des
Valkyria Chronicles, le petit studio intrigue, forcément, surtout lorsqu'il s'agit de tuer ses compagnons pour sauver le monde.
The Pillar
Dans un futur proche, une immense tour apparaît de nulle part et dévaste les grandes villes grâce à son incroyable puissance de feu. L'individu derrière cette catastrophe, un homme se faisant appeler "The End", impose alors un ultimatum aux Nations Unies. Si dans 13 jours, personne ne vient le tuer au sommet du "Pilier", le monde sera anéanti. Le groupe d'élite "S.E.A.L.E.D", unité composée de 11 individus possédant des pouvoirs psychiques, est alors envoyée sur place afin d'assassiner le responsable de cette menace.
Autant le dire clairement, entre le très médiocre dessin animé qui introduit cette histoire et l'incroyable simplicité du scénario,
Lost Dimension commence assez mal, soyons francs. Puis vient l'incontournable tutorial qui nous explique petit à petit les bases du système de jeu et nous permet également de contempler les graphismes du jeu. Mélange de 2D pour les dialogues et de 3D pour les affrontements, on ne peut pas vraiment dire qu'ils impressionnent. Sans être catastrophique, le manque de détails dans les environnements et les personnages se fait sentir et ne nous donne pas vraiment l'impression d'avoir affaire à un jeu Playstation 3 en fin de vie. Néanmoins, les phases de conversations sont quant à elles très agréables à contempler avec un character-design réussi et surtout des animations convaincantes. Certes tout cela sent bon l'anime japonais industriel comme il en existe des centaines, mais étrangement la pilule passe plutôt bien à ce niveau-là.
Vous l'aurez compris,
Lost Dimension n'a pas bénéficié du budget de
FF XIII et il ne faudra donc pas être trop regardant sur la réalisation générale du soft. En revanche, là où le titre de
Lancarse tire son épingle du jeu, c'est bien au niveau du gameplay, avec de bonnes idées prises à droite à gauche et surtout sa grande originalité en la présence de la "Judge Room". Car vous comprendrez bien assez tôt que votre équipe est gangrenée par des traîtres qu'il vous faudra démasquer puis éliminer afin de pouvoir continuer à gravir la tour et espérer ainsi mettre un terme aux agissements de "The End". Toute cette partie du jeu autour de la recherche des coupables est vraiment ce qui fait le sel de
Lost Dimension, et permet de développer une autre facette très intéressante d'un titre qui aurait pu n'être finalement qu'un énième Tactical RPG de plus.
The Judgment
Vous incarnez Shô, le leader du groupe et votre rôle sera de nouer des liens entre les différents membres de votre équipe. Ainsi entre chaque mission vous aurez tout le loisir de discuter avec eux, afin d'apprendre à les connaître et ainsi renforcer votre amitié. Car plus le jeu avance et plus vos compagnons se livrent à vous en vous dévoilant leur histoire, leurs craintes ou leurs désirs. Cet aspect social aura surtout pour effet de rendre les choses plus difficiles lorsque vous apprendrez que l'un des traîtres se trouve être l'un de ceux auxquels vous vous êtes le plus attaché. En effet, Shô est doué du pouvoir de précognition appelé "Vision", qui lui confère notamment la capacité de démasquer les félons en sondant leur être et leurs pensées. Concrètement, à chaque étage de la tour il vous faudra débusquer une brebis galeuse grâce à différents indices. Premièrement, à la fin de chaque bataille vous aurez le loisir "d'entendre" vos amis grâce à votre pouvoir psychique et ainsi dresser une liste de suspects potentiels. Comme seulement cinq personnages peuvent vous accompagner durant une mission, il sera nécessaire de régulièrement permuter entre eux pour faire le tri et avoir une idée plus claire de qui est louche ou pas. Deuxièmement, une fois que l'étau se sera resserré autour de quelques individus, vous pourrez utiliser les précieux "Points de Visons" afin de rentrer dans leur subconscient et connaître la vérité.
Mais pour s'en débarrasser, encore faut-il convaincre les autres de voter contre cette personne. En effet, l'élimination du traître se faisant dans une salle spécifique, la "Judge Room", où tous les membres de l'équipe peuvent voter, il faudra influencer leur choix au préalable en leur parlant au cours du dialogue de fin de mission. Ce faisant, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour que le vote se porte sur la personne que vous suspecterez le plus. Il n'est toutefois pas exclu que vous envoyez un parfait innocent se faire tuer, volontairement ou pas d'ailleurs. Car le jeu continuera de toute manière peu importe votre choix. Inutile de relancer une sauvegarde en cas d'erreur d'ailleurs car les développeurs ont eu la bonne idée d'intégrer une save unique et automatique pour renforcer le fait que votre décision ne doit pas être prise à la légère. Une très bonne idée associée à un système bien foutu qui ajoute vraiment du piment dans la progression du jeu, et qui aura évidemment des répercussions vers la fin du jeu.
La bonne nouvelle c'est que le personnage éliminé laissera derrière lui ses pouvoirs psychiques sous forme de "Fatal Materia", équipable par n'importe quel autre psyonique. Ainsi, même si la capacité en question n'évoluera plus du fait de la disparition de son utilisateur original, vous aurez malgré tout la possibilité de continuer à utiliser ses pouvoirs, et même de les associer pour en obtenir de nouveaux.
The Gift
Comme déjà expliqué plus haut, la jouabilité est très clairement inspirée par les Sakura Taisen depuis le troisième épisode, et donc par extension Valkyria Chronicles. Compagnons et adversaires se déplacent chacun leur tour totalement librement sur le terrain dans la limite de leur zone de déplacement, sans le classique damier propre à 99% des jeux du genre. Mais contrairement à la série des Valkyria, vous n'aurez pas à craindre de subir le feu ennemi lors des mouvements de vos troupes, ceux-ci attendant bien sagement leur phase avant de vous attaquer. Le placement des troupes a également son importance sur le champ de bataille puisqu'un coup porté par derrière fera plus de dégâts et augmentera les chances d'obtenir un critique. De plus, si d'autres coéquipiers se trouvent à portée suffisante pendant votre action, ils pourront épauler votre assaut en assénant une attaque gratuite à l'adversaire. Une bonne utilisation de cette manœuvre permet donc de grandement faciliter et écourter un combat.
La liste des actions disponibles est tout ce qu'il y a de plus conventionnel, à savoir attaquer, déclencher les pouvoirs psy appelés "Gifts" ou utiliser des objets, mais deux petites bonnes idées viennent tout de même se greffer à l'ensemble en la présence d'une jauge de santé mentale et de la commande "Refer". Cette dernière vous permet tout simplement d'autoriser l'un de vos personnages à échanger son tour de jeu contre un autre afin qu'il puisse continuer de se battre pour un tour supplémentaire. Très pratique, cette technique est surtout très utile pour accorder le maximum d'attaques à votre équipier le plus puissant. La santé mentale d'un allié quant à elle, décroît à chaque blessure, Refer ou pouvoir mental activé et n'est clairement pas à prendre à la légère. En effet, lorsque celle-ci tombe à zéro l'individu en question passe en mode Berseker, décuplant sa force mais devenant surtout totalement incontrôlable, attaquant amis ou ennemis sans distinction.
Votre équipe est donc composée de 11 personnes aux aptitudes psychiques variées et bien distinctes, allant de la télépathie à la téléportation ou bien encore la pyrokinésie. Chaque bataille remportée, outre l'expérience engrangée, vous octroie des points à distribuer dans l'arbre de compétences propre à chacun de vos coéquipiers afin de renforcer leurs capacités mentales ou d'apprendre de nouveaux pouvoirs. Il y en a donc pour tous les goûts et puisque même les personnages sur la touche gagnent une bonne partie de l'XP des combats, vous n'aurez aucun regret à ne choisir que les plus efficaces à vos yeux, ou les plus charismatiques pour combattre à vos côtés. Sachez cependant que les 3 membres les moins utilisés seront toujours considérés comme les plus suspects vis-à-vis des autres individus du S.E.A.L.E.D, et donc plus susceptibles de se faire éliminer lors de la phase de la "Judge Room" si vous n'influencez pas vos coéquipiers.
The Vision
En dépit d'un début de jeu peu engageant,
Lost Dimension prend son rythme et devient vraiment plaisant à jouer grâce à son gameplay efficace et sa nécessité de sacrifier de précieux compagnons pour continuer à gravir la tour. Seulement voilà, la fin du jeu arrive brutalement après une quinzaine d'heures seulement, en vous faisant clairement comprendre qu'un deuxième run sera nécessaire pour obtenir la vraie conclusion à l'histoire. Et cela se traduit malheureusement par l'obligation de se retaper intégralement le jeu une deuxième fois en repartant quasiment de zéro en terme de level up. Inutile de vous dire que cette manière à peine déguisée de camoufler une durée de vie un peu juste est évidemment très discutable et ne sera pas au goût de tout le monde. Bien entendu, les traîtres ne sont jamais les mêmes d'une partie à l'autre, le contraire eût été absurde, ce qui permet tout de même de pouvoir continuer à jouer et d'apprécier le système une nouvelle fois.
Malgré un côté petite production assez flagrant, le titre de
Lancarse n'en est pas moins un bon jeu qui aurait simplement mérité une meilleure finition sur certains aspects, notamment au niveau du scénario pas vraiment folichon. Et puis tant qu'on est dans les reproches, il faut bien admettre qu'un level design un peu plus recherché ainsi qu'un bestiaire plus varié n'auraient pas été du luxe non plus. On affronte des ennemis quasiment identiques du début à la fin à deux ou trois variantes près, et mis à part quelques leviers à actionner ici et là les différentes maps manquent clairement de diversité et de folie. Et pour terminer sur une note musicale, un petit mot sur l'OST plutôt satisfaisante dans l'ensemble qui ne pêche seulement que par les thèmes de la phase ennemie, franchement quelconques.
Merci à l'équipe de Nin Nin game qui a permis la réalisation de ce test.
S'il est effectivement regrettable que le jeu traîne de nombreuses casseroles derrière lui, à l'image de son scénario peu convaincant, sa réalisation datée, ou bien encore l'obligation de recommencer l'aventure au moins une deuxième fois pour voir la fin, il n'en demeure pas moins un titre très plaisant à parcourir grâce à son excellent système de combat et sa "Judge Room" assez unique. La chasse aux traîtres est en effet une excellente idée plutôt bien exploitée par Lancarse, qui dôte Lost Dimension d'un cachet bien particulier. Les amateurs de challenge ou de gros Tactical complexes resteront certainement sur leur faim, tandis que les autres apprécieront ce RPG à la fois original et simple d'accès.
07/10/2014
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- Le concept
- La sauvegarde unique et automatique
- Le système de combat
- La variété des personnages
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- Le scénario
- La réalisation
- Le second run obligatoire
- La durée de vie
- Le manque de challenge
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 2/5
DUREE DE VIE 2.5/5
GAMEPLAY 3.5/5
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