Quelques notes de rock mélodique dans un univers abattu.
Dans une cité délabrée sous un soleil jaune, c'est sous la légère rhapsodie de Zephyr que virevolte doucement la sombre cape de celui qui se traîne le nom de Serph. Quelques moments de flou délassent, laissent la délicatesse sur le sol tandis que le bonhomme agrippe son pistolet et fusille à tout va les tribus concurrentes. Mais en fait, presque toutes sont déjà littéralement pétrifiées, parce que c'était comme ça à la fin de l'épisode 1. C'est, sans spoils, que je place cet épisode 2 au panthéon des scénarios chaotiques mais incontournables du RPG.
Avatar Tuner premier du nom avait marqué l'été dernier par son esthétisme délicat. En réalité, il était une espèce d'alternative à la série Shin Megami Tensei. Il était plus simple et nécessitait nettement moins d'implication de la part du joueur. Il représentait un peu ce que représente Chrono Trigger pour les joueurs de Final Fantasy, un jeu bouleversant mais résolument plus court et plus direct.
Will Comes From The Heritage
Avatar Tuner 1, c'était l'apothéose de la mélancolie. La pluie sage et malheureuse, sur les visages malheureux, sur cette ville malheureuse. Cette pluie sur Junkyard, modeste, délicatement tapageuse et pourtant tellement bavarde comme un enchaînement de mi-la-ré-sol-si-mi sur la guitare de sa vie.
Avatar Tuner 2 va, lui, carrément à contre-courant, peine là ou l'épisode 1 excellait mais réussi là où celui-ci manquait le tir.
Avatar Tuner 2 est une suite directe de l'épisode 1. On retrouve donc bien évidemment à peu près le même staff sur les 2 jeux, avec Kazuma Kaneko en tant que main designer et directeur, et Shoji Meguro à l'extraordinaire bande-son.
Vous débutez le jeu directement après la fin du premier épisode. Il est d'ailleurs possible de charger sa clear save pour débloquer dans Avatar Tuner 2 un Hard Mode ainsi qu'obtenir certains Rings exclusifs pour vos personnages. Le Hard Mode est d'ailleurs le seul moyen pour combattre les désormais traditionnels boss optionnels. Aussi, certains choix scénaristiques fait dans le 1 pourront avoir une incidence dans le 2, et pas n'importe laquelle.
Avatar Tuner 1 était un jeu formidable basé principalement sur son gameplay et son ambiance, le scénario était plutôt réduit et consistait simplement pour nos personnages (qui possédaient la possibilité de se transformer en monstre) à atteindre Nirvana pour devenir la plus importante des tribus. Avec une seule règle : manger tous les autres (Eat them all). Évidemment, il y avait des retournements de folie, mais ce n'était vraiment pas le point fort du jeu.
Contrairement, Avatar Tuner 2 ira beaucoup plus loin et développera l'histoire d'une manière affolamment inattendue (quoique, il ne fait pas partie des Megami Tensei pour rien). Chaque scène scénarisée est subjuguante, et la puissance du scénario ira crescendo au fil des heures. Le scénario est d'une profondeur rare et surtout empli d'un désespoir irrésistible, tout en étant aussi suffisamment intelligent, philosophique et scientifique comme les RPG de maintenant aiment bien l'être. Toutes les questions restées en suspens à la fin du 1 trouvent évidemment une réponse dans cet épisode 2 qui clôt magistralement le duo.
Avatar Tuner 2 reprend avec brio les thèmes qui ont fait le succès en 1987 du tout premier Digital Devil Story : Megami tensei (autant le livre que l'OAV puis le jeu), à savoir les théories sur l'informatique ainsi que les théories sur un autre monde. Deux thèmes relatés sans incompatibilité ni conflit, car en fait ces deux théories sont liées. Un bon fan de la saga ne peut que trouver Avatar Tuner 2 absolument surpuissant grâce à ce retour aux sources, et puis le contexte mythologique et la maturité qui entourent le jeu sont encore un peu plus triviaux.
Avatar Tuner 2, c'est aussi l'apothéose du mélodramatique. Vous jouez toujours Serph accompagné de ses potes habituels (Argilla, Gale, Cielo), sauf Heat qui a d'autres chats à fouetter en ce moment. Ces personnages, déjà assez développés dans l'épisode 1 deviendront ici de véritables entités, chacun avec une attitude différente et remarquablement affichée grâce aux cut scenes très cinématographiques. Ils vous réserveront des surprises mémorables dans un scénario relativement tragique mais toujours bien écrit. Même Serph qui avait tout l'air d'une carcasse vide précédemment arrive à surprendre à maintes reprises.
Avatar Tuner 2 vous proposera en plus de jouer Roald, un nouveau venu avec une certaine tristesse constamment affichée sur le visage.
Les combats restent les mêmes que précédemment. On retrouve donc le Press Turn classique (aka : le système tour par tour ultime, où on profite des points faibles de l'adversaire pour gagner des nouveaux tours), avec comme petit plus la possibilité pour nos personnages de se transformer en mi-humains mi-démons, symbolisée par le Rasetsu mode à double tranchant mais toujours jouissif, qui apparaîtra aléatoirement en début de combat de la même manière que se déroulent les combats en humain.
Le point fort d'Avatar Tuner 1 était sans aucun doute son ambiance captivante, transcendée par le level design et la musique. Les décors étaient tous magnifiques et esthétiques à souhait, une qualité que l'on retrouve malheureusement bien peu dans AT2 qui est plus industriel et simple, surtout au début. C'est soi-disant une situation de cause à effet pour coller au scénario, mais on ne me la fait pas ! Les développeurs ont eu moins de génie créatif pour cette suite et c'est indéniable.
La musique dans AT2 est elle aussi en deçà de son grand frère, mais il aurait été difficile de faire mieux que le score parfait d'AT1. Meguro semble légèrement moins inspiré ici, mais les thèmes excellents sont nombreux malgré tout. On se doute que Meguro avait créé une grosse quantité de pistes lors du développement du premier épisode, et qu'on récupère là les moins bonnes pièces. Néanmoins, certaines pistes profitent encore de la géniale guitare électrique séquencée du compositeur et on ne peut que s'en réjouir. On note aussi quelques riffs joliment remixés ou réutilisés, notamment sur le très électronika "Tribes Battle theme".
En vérité, DDS2 est aussi court que le 1er si on joue à vitesse grand V, j'imagine donc qu'on peut le finir en 20 heures. Le jeu profite ainsi d'un dynamisme quasi régulier. Plus basé sur le scénario que le premier, Avatar Tuner 2 est également plus amusant de par ses donjons souvent interactifs et parfois pleins de bonnes idées, mais aussi grâce à des petits détails qui frustrent moins le joueur. Ainsi, on possède une nouvelle option dans les menus qui permet en un clic de restaurer les HP de ses persos sans se perdre dans les magies ou les statuts. Le système de gestion de Mantra - je rappelle, pour ceux qui n'ont pas joué au 1, que c'est un système de sphères d'évolution qu'on acquiert au fil des points et qui permet de faire progresser son personnage dans la voie que l'on veut (par exemple en n'obtenant que les skills d'attaque, etc.) - est mieux organisé et il est plus facile d'acheter de nouvelles Mantra car l'argent rentre plus rapidement qu'avant.
Pour tout résumer, DDS2 possède un scénario brillant et tragique qui explore des théories intéressantes sur l'informatique, qui fait intervenir des grands noms de la science et qui dispose de beaux principes sur les mondes parallèles. Mais en contrepartie DDS2 possède une ambiance et un contexte technique très en deçà de l'épisode 1.
Pour vivre heureux et plaire aux filles, en fait, il faut avoir les 2.
Who killed Schrodinger's Cat?
26/05/2005
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- Les thèmes traités qui se rapprochent de l'origine de Megami Tensei
- Une ambiance toujours aussi mûre
- Des personnages hauts en couleurs
- L'aspect tragédie constamment présent
- Le gameplay quand même carrément bien foutu
- Certaines musiques de Meguro bien plaisantes
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- Un exercice de style moins réussi que le 1er
- Certaines musiques attendues au tournant sont décevantes
- Son déroulement toujours aussi classique et linéaire
- Plutôt court si on ne fait pas les quêtes annexes (très réussies)
- Les 2 chansons de Jpop
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TECHNIQUE 3.5/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 5/5
DUREE DE VIE 3.5/5
GAMEPLAY 4.5/5
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