►
Compendium
►
Galeries
►
Médias
►
Le Site |
Chargement en cours...
Vampyr
> Fiche complète du jeu
Vampyr
29/10/2019
(en Français)
29/10/2019
Vampyr
> Articles > Review
VampyrMon bon saigneur
Vampyr est un Action-RPG indépendant sorti en 2018 et développé par Dontnod Entertainment, studio français à l'origine de Remember Me et Life is Strange. Il mélange le jeu de rôle et le jeu d'enquêtes avec de multiples choix moraux qui peuvent considérablement transformer les différents quartiers de Londres au cours de l'aventure. Si son développement reste pour le moins nébuleux, Vampyr se veut tellement original sur bien des aspects qu'il intriguera sans nul doute tout joueur en manque de suceur de sang. Du moins ça, c'est sur le papier. Qu'en est-il maintenant dans les faits ? Voyons cela de plus près.
Le titre du jeu se veut très explicite : si vous aimez le folklore et l'univers des vampires à la sauce A-RPG narratif et avec des choix apportant moult conséquences, Vampyr pourrait bien vous faire passer de bons moments. L'histoire est plutôt bien développée dans l'ensemble, très portée sur la narration et les investigations. Au fur et à mesure de votre progression, vous pourrez explorer à votre guise les alentours des différents quartiers malfamés et délétères de Londres, que ce soit en vous focalisant dans l'objectif actuel de la mission principale ou après avoir accepté une enquête de la part d'un PNJ. Les enquêtes secondaires sont d'ailleurs scénarisées en règle générale, permettant d'en savoir plus sur le personnage donneur de mission et son entourage, tout en s'intégrant aux à-côtés de la trame principale. On gagne ainsi en immersion et en profondeur de background, et on aura beau être tenté d'aller à droite à gauche pour se familiariser avec une portion de la ville, difficile de perdre de vue l'objectif actuel de la trame qui reste toujours rythmée et s'accélère dans les deux derniers chapitres en apportant brillamment son lot de rebondissements et de révélations. D'ailleurs, il y a plusieurs fins possibles à débloquer selon vos choix et décisions. Au début, on aura beaucoup de portes fermées, mais plus on avancera et plus on aura de liberté au cours des différents chapitres composant le périple, débloquant ainsi de nouvelles zones et des raccourcis. Entrons à présent dans le vif du sujet. Au sein d'un Londres dévasté par la grippe espagnole vers la fin de la première guerre mondiale, en 1918, vous incarnez Jonathan Reid, ancien médecin expert en transfusions sanguines devenu désormais vampire malgré lui. C'est de cette ironie du sort que débute le scénario façon feuilleton doté d'une substance incroyable en terme de dialogues. Jonathan souhaite dans un premier temps savoir pourquoi il est revenu d'outre-tombe en cherchant son créateur… Avant de venir en aide aux habitants aux habitants londonniens et chercher un moyen d'éradiquer le fléau de la maladie qui a mis toute la ville en quarantaine. Cependant, de nouveaux enjeux ajouteront considérablement plus d'épaisseur à l'histoire.Il faut dire qu'il y a de multiples choix à faire durant l'aventure, et une brochette conséquente de personnages importants (qui ne sont pas forcément tous des PNJ) avec lesquels converser pour mener à bien votre quête… De rédemption ou de malédiction, le choix vous appartient ! Si le système de combat n'a rien de transcendant du fait qu'il est archi-classique, c'est dans le fait de décider d'étreindre ou non les citoyens que Vampyr tire son épingle du jeu. En effet, si vous les tuez, le jeu devient plus facile, mais si vous vous abstenez de les croquer alors la progression est rendue plus difficile dans les combats. Pour la simple et bonne raison que les NPC rapportent énormément d'expérience, et cette EXP peut être augmentée en débloquant des dialogues en les espionnant avec vos sens de vampire ou en obtenant des indices durant vos conversations, enquêtes et pérégrinations. La quantité d'EXP dépend donc de la qualité de leur sang, sang qui constitue en toute logique la source primaire de l'évolution du vampire. L'aspect narratif côtoie en permanence cette mécanique RPG. Selon vos actions ou réponses sur les choix de dialogues en forme de traditionnelles roues, vous pourrez gagner des indices ou en perdre. En revanche, les ennemis ne donnent quasiment rien en EXP, à l'exception des boss qui eux vous récompenseront généreusement. Le principal intérêt de tuer ennemis est dans le loot, qui évoluera selon le niveau de l'ennemi. Mais une fois qu'on aura ce qu'il faut ou si l'on est pressé, on pensera plus souvent à les éviter qu'à les affronter.De fait, le cœur du développement de votre personnage réside essentiellement dans l'accomplissement des missions principales et secondaires, ainsi que la découverte de l'histoire de chaque PNJ et, à terme, de la consommation de leur sang. Alors on avance à pas de velours… Mesurant autant que faire se peut nos actions et décisions, de peur de louper quelque chose ou de faire un mauvais choix. Personnellement, il m'est déjà arrivé de regretter certaines décisions, mais cela ne m'a pas empêché d'obtenir certaines armes ou objets car il existe plus d'une façon de résoudre un objectif. Si certaines décisions semblent évidentes pour trouver la réponse qui semble la plus favorable, le jeu se plaît à nous faire tomber dans certains pièges vicieux quand on ne le connait pas, au cours des conversations ou à l'heure de décider du sort d'un personnage important. Vous serez parfois amené à réfléchir un moment en espérant faire le meilleur choix, parce que ce ne sont pas les cruels dilemmes qui manquent. Et c'est bien ce qui pimente le scénario de Vampyr.
À l'image d'un Dark Souls, on a une barre d'endurance à surveiller qui se vide en faisant des dashs, attaques, esquives et sprints avant de se recharger. La barre de sang sert à utiliser vos capacités vampiriques (vous pourrez assigner les capacités actives aux gâchettes), vous pourrez regagner de l'hémoglobine en mordant sauvagement vos ennemis étourdis. Ces derniers ne sont pas spécialement très variés (chasseurs de vampires, goules, espèces de vampires, loup-garous...), mais il y en a suffisamment pour vous forcer à adopter quelques approches différentes. Sans parler que chacun possède une barre de résistance aux attaques assommantes avec différents segments représentant son niveau de résistance. Les armes lourdes à deux mains, les pistolets et fusils ainsi que les pieux peuvent les étourdir quelques instants. Bien sûr, certaines armes se révèlent plus efficaces que d'autres contre certains ennemis. Les armes sont d'ailleurs divisées en plusieurs catégories : armes principales à une main et à deux mains, armes main gauche, et bien sûr les armes à projectiles. À noter que votre arsenal peut être amélioré sur des établis prévus à cet effet. Concernant vos assaillants, en plus de leur niveau indiqué à gauche de sa jauge de vie, chacun possède des icones de résistance à tel élément et dont la couleur signale son degré de résistance. Ces éléments (qui ne sont pas vraiment les quatre principales énergies naturelles qu'on a l'habitude de voir dans la plupart des jeux) sont les attaques physiques, les attaques à distance, les attaques de ténèbres et les attaques de sang. Sur ces icônes élémentaires, le orange indique une résistance d'au moins 50 %, tandis que le rouge indique une résistance très élevée. Les dégâts restent normaux en dehors de ses résistances, par contre, il n'y a pas de faiblesses apparentes sur les mobs. Si cela permet de combattre un groupe d'ennemis plus ou moins différemment lorsque chacun a des propriétés différentes, on aurait apprécié pouvoir exploiter leurs faiblesses. Tout du moins, il existe des faiblesses cachées contre les humains et les bêtes / vampires, mais le jeu ne les révèle que tardivement via des munitions spéciales pouvant être fabriquées avec des munitions rares. Quoi qu'il en soit, foncer dans le tas ne sera pas toujours la meilleure solution.
On gagne des niveaux en apprenant des compétences de vampire ou en faisant évoluer ces dernières. Également, on peut les apprendre chacune dans l'ordre qu'on souhaite et même rebooter à tout moment l'expérience engrangée depuis le début pour suivre éventuellement une évolution différente que la précédente. Sachant que certaines capacités débouchent sur deux branches d'évolution apportant chacune des subtilités différentes en fonction du style qu'on préfère. Il faudra donc faire des choix même lorsque vous arriverez à ce genre de carrefour. Pour mener à bien son apprentissage, en tant que vampire, votre personnage devra donc trouver un refuge où il pourra dormir dans un lit durant la journée afin d'être frais et dispo pour enquêter et chasser la nuit venue. C'est pourquoi le jeu se déroule tout le temps de nuit, et c'est tout à fait cohérent avec le mode de vie d'un vampire.Bénéficiant toujours de ses aptitudes en médecine dans sa non-vie, Jonathan pourra concocter divers médicaments utiles pour soigner les citoyens qui tomberont malades de temps en temps (et plus encore si le pilier d'un quartier est mort). Le destin du pilier de chaque quartier sera influencé par vos décisions durant l'aventure, ce qui influera inéluctablement sur la situation sanitaire de la zone. C'est justement ce sujet que nous allons aborder. En effet, plus il y a de la maladie et de la misère dans un ghetto, plus sa situation sanitaire se dégrade. Ce genre de donnée importante est indiquée dans le menu sous forme de jauge verticale qui s'étale sur plusieurs paliers allant de sain à hostile. Si vous ne faites rien pour soigner les NPC (en passant la nuit dans un refuge sans traiter leurs maux), ces derniers pourront mourir ou disparaître, et les quêtes et indices liés seront alors perdus définitivement ! De même que si vous ôtez la vie aux habitants pour étancher votre soif de sang afin de monter rapidement en puissance, le quartier concerné deviendra de plus en plus insalubre. Si un quartier parvient au niveau hostile, des créatures malfaisantes apparaitront. Le décor lui-même s'adaptera et vous aurez tout bonnement l'impression de vous retrouver dans un no man's land. C'est assez flippant et terrifiant à la fois, d'autant que le jeu nous avertit préalablement que le quartier subira les conséquences de notre geste. C'est là que vous vous rendrez compte à quel point la responsabilité des citoyens de chaque quartier repose sur les épaules de notre ténébreux héros au teint blafard. D'où l'intérêt de surveiller les conditions sanitaires d'un quartier pour veiller pour éviter toutes pertes d'éléments importants pour vos besoins.
À propos du fait d'étreindre les citoyens, ne vous imaginez pas que c'est si simple. Le suceur mort-vivant doit déjà posséder un niveau de charme (allant de 1 à 5) supérieur ou égal à sa victime en vue de pouvoir l'envoûter via une conversation. Vous gagnez un niveau de charme en avançant dans chaque chapitre et après des événements majeurs de l'histoire. Une fois la victime de Jonathan charmée, il n'y a plus qu'à l'emmener dans les profondeurs d'une ruelle sombre ou dans un coin esseulé afin de la "consommer". C'est glauque dirons-nous, mais après tout c'est un jeu de vampire, non ? Encore une fois, tout ce qui a trait à ce genre de créature de la nuit est dépeint et mis en scène de façon très fidèle et respectueuse. Il y a pas mal de détails comme ça qui plongent le joueur dans cet univers mythique et fantastique en le rendant crédible pour ce qu'il tient à retranscrire. Autre exemple : les chasseurs de vampire vous attaqueront avec des arbalètes incendiaires ou des bâtons religieux d'exorciste, armes symboliques qui représentent les faiblesses des vampires.Le jeu a beau installer une ambiance et un univers inhérent aux mythes vampiriques, il n'est pas exempt de défauts. À commencer par les combats qui souffrent d'une certaine rigidité et de quelques bugs de collision, en plus d'une mauvaise gestion de la physique même ce dernier détail reste anecdotique. Évidemment, les rixes deviennent un peu répétitives au bout d'un moment, a fortiori si vous optez pour la montée en puissance de votre vampire en sacrifiant les PNJ pour votre propre bénéfice. Dans ce dernier cas, vous allez limite rouler sur le jeu mais le sentiment de puissance reste tout de même jouissif.Des temps de chargement assez longs nuisent également à l'expérience lors des transitions de zones. Parfois l'image se fige. D'ailleurs, il n'est pas rare que des freezes fassent planter le jeu. Heureusement (ou pas, c'est selon), le jeu sauvegarde automatiquement et régulièrement votre progression à chacune de vos actions et chacun de vos choix. Pas de sauvegarde manuelle. Ce qui peut être déroutant à l'idée de ne pas pouvoir revenir en arrière si on fait une bourde, à moins d'effectuer en prévision "une sauvegarde de sécurité".
Le jeu reste assez correct graphiquement mais loin d'être extraordinaire, il est surtout chiadé dans sa direction artistique rappelant parfois Bloodborne en raison de la structure labyrinthique de la ville. C'est très fidèle à l'Angleterre et à la capitale londonienne du début du XXe siècle, s'inspirant de la Tamise des docks et des quartiers pauvres aux quartiers bourgeois, en passant par un ancien hôpital, et même les égouts faisant partiellement office de souterrains dans ce monde semi-ouvert. Les visages des personnages ne sont pas trop mal faits, peut-être pas toujours expressifs, mais leurs traits les distinguent bien et reflètent à peu près leur âge. Il ne faut pas s'attendre à une panoplie de couleurs vives dans ce style de jeu, c'est plutôt sombre et crasseux pour aller de pair avec la maladie qui frappe Londres, mais ça n'est pas non plus trop terne. Il manquerait juste quelques petits effets d'ombres et de lumières pour donner un cachet plus horrifique, mais le jeu s'en tire honorablement grâce à son atmosphère d'épouvante et la noirceur de son univers qu'il installe.Musicalement, ça reste correct mais guère extraordinaire, parfois quelconque, jamais rien de mémorable dans tous les cas. Les sonorités sévères et tourmentées au violon se laissent entendre et retranscrivent la mélancolie de cette époque obscure, tandis que des chants religieux accompagnent certaines de vos actions cruciales. En fait, la musique se manifeste de façon mystérieuse durant les événements majeurs, autrement elle reste discrète la plupart du temps, et quelques fois juste absente. C'est le fameux Olivier Derivière qui est en charge de la composition.Quant aux bruitages, ils sont plutôt bons et font à eux-seuls le job niveau ambiance, compensant au besoin les moments d'absence musicale.Enfin le doublage anglais, lui, est excellent et peu de voix se ressemblent. Cela contribue à l'ambiance malsaine et ténébreuse du titre en plus de s'aligner avec l'écriture des textes généreusement fournie. Le jeu est traduit en français, mais un doublage dans la même langue n'aurait pas été du luxe, a fortiori quand on sait que ce sont des développeurs français qui sont derrière l’œuvre.Question durée de vie, comptez environ vingt à trente heures en ligne droite. Et au moins une bonne cinquantaine pour tout faire, et encore... Le titre reste assez rejouable pour entrevoir toutes ses possibilités si tant est qu'on est curieux de tester différents choix. Point de new game +, ce qui promet un départ à zéro. De toute manière, il n'y en a pas besoin pour ce type de jeu.
Pour conclure, Vampyr s'adresse donc aux joueurs friands des univers fantastiques de vampires qui passeront outre les quelques tares des combats, pour se jeter à corps perdu dans sa narration particulièrement efficace et son ambiance de folie. Un A-RPG qui donne tout ce qu'il a dans les tripes avec son système d'expérience majoritairement basé sur la récolte d'indices, et cette "moisson humaine" à utiliser judicieusement pour en tirer profit. Mieux que les combats classiques qui ont tout de même pour eux le mérite de renforcer cet univers sombre… à sang pour sang. Ainsi s'aventure Dontnod sur le terrain du RPG, ce studio essentiellement connu pour développer des jeux narratifs et pour cause, même Vampyr n'y coupe pas. Mais pour un premier jeu du genre A-RPG, il ne s'en tire pas trop mal.
|