"Twinsun est un planétoïde récent" annonçait l'introduction au premier épisode de
Little Big Adventure, un drôle de jeu développé par une équipe française qui ne manquerait pas de marquer ceux qui s'y essayeraient, tant par son univers singulier (et rigolo) que par son gameplay particulier (pour ne pas dire bizarre).
Après avoir sauvé sa planète de la terrible menace représentée par le docteur FunFrock, le désormais mythique Twinsen n'avait sans doute qu'une envie : retourner auprès de son épouse Zoé, qu'il venait de sauver, et préparer la venue de son premier enfant.
Mais voilà, parfois, il est des jours d'orage.
Une nouvelle petite-grande aventure
En effet, LBA2 (c'est l'abréviation consacrée) commence au cours d'un bel orage : le temps pour le joueur de remarquer que les décors en 3D isométrique ont laissé la place à une 3D plus libre (en extérieur du moins, les espaces intérieurs adoptant toujours la 3D isométrique du premier épisode), il s'agit déjà de sauver le glorieux dino-fly qui a pris la foudre au cours de la cinématique d'introduction. Zoé a un beau ventre rond et Twinsen, qui a laissé sa tunique, son médaillon et ses divers accessoires hérités de son périple légendaire, en habits de ville, doit partir à la recherche d'un médicament... puis d'un mage météo... puis du gardien du phare... etc...
Quoi qu'il en soit, si le début de l'intrigue fait la part belle aux personnages locaux, il s'agit bientôt de s'envoler (d'abord par bateau, cependant) pour d'autres contrées, que ce soient des îles bien connues des habitués (le désert de la Feuille Blanche, devenu fort touristique) ou, plus incongru, une nouvelle planète - nommée Zeelich - après que de curieux extra-terrestres aient fait leur apparition sur la paisible Twinsun.
L'Odyssey d'un nouveau monde
L'aventure se déroule, en grande partie, sur cette nouvelle planète, qui, pour principal trait, présente quatre races distinctes des quatre races qui peuplent la planète Twinsun :
- Les Sups : ce sont des humanoïdes qui occupent les places les plus importantes du fait de leur intelligence (semble-t-il) supérieure. L'empereur de Zeelich est un des leurs.
- Les Knartas : ils ont le corps semblable à une saucisse. La majeure partie des forces de l'ordre est composée de membres appartenant à cette race. Ils donneront souvent du fil à retordre à Twinsen.
- Les Blafards : ce sont des taupes géantes, plutôt rares en surface qui vivent près du centre de Zeelich, le plus souvent occupées à creuser sous les ordres de quelques Sups.
- Les Mosquibees : comme leur nom l'indique, ils sont au croisement des abeilles et des moustiques mais ne piquent pas pour autant. Très discrets durant toute la première partie du jeu, ils n'admettent vraisemblablement pas la domination des Sups.
La planète Zeelich, à l'exemple de Twinsun, propose plusieurs îles ou îlots qu'il faudra évidemment visiter pour parvenir à retrouver les enfants de Twinsun (dont l'enlèvement semble lié à un certain "Dark Monk", lequel est au cœur d'une étrange prophétie censée assurer la régénération de la planète Zeelich), mais également des localités souterraines, séparées par une mer de lave en fusion.
C'est bien LBA !
Si l'on quitte rapidement Twinsun, le joueur retrouvera néanmoins ce qui a fait le succès du premier
LBA : son ambiance inégalable. Pour ceux qui auraient raté le glorieux antécédent, on navigue dans un monde à la fois sombre (policé, Twinsen étant le plus souvent pourchassé), froid (les usines et autres cellules sont courantes) mais aussi vivant, enjoué (les bars "mal famés", les réclames touristiques à l'arrivée sur Zeelich). Ce second épisode est peut-être un peu moins chaleureux que son prédécesseur, mais le cachet que l'on était en droit d'attendre lors de cette suite est encore présent.
La patte graphique générale, quoique la 3D isométrique ait parfois cédé la place, est conservée ; les personnages ont toujours leur démarche caractéristique, les intérieurs semblent toujours recouverts d'une fine pellicule plastique. Par ailleurs, l'ensemble est une nouvelle fois mis en valeur par les superbes musiques de
Philippe Vachey. Les thèmes, d'ailleurs, ne sont pas utilisées à la manière de ce que nous rencontrons dans une majorité de productions japonaises : la bande originale compte une petite dizaine de morceaux (dont un remix du thème principal de
LBA) et les musiques sont utilisées en boucle pour accompagner nombre de situations différentes. Si la remarque peut paraître strictement personnelle, ces thèmes - qui sont restées sur mes oreilles pendant des mois avant même d'attaquer le jeu - ne m'ont jamais lassé. J'invite les joueurs à se laisser bercer par "HoneyBee" ou encore "Emerald Moon" voire "Song of Gabriel" qui sont éblouissants.
Enfin, comme lors du premier épisode, le ton de
LBA2 passe évidemment par ses dialogues : les voix françaises qui les interprètent fort justement (pour ne pas dire avec excellence) renforcent encore la qualité de ces derniers, d'une finesse toujours étonnante.
Le saut de la mort
Toutefois (et c'est là le principal bémol à apporter à ce magnifique jeu), le défaut majeur du premier épisode n'a pas été corrigé et demeure : la maniabilité générale, tout à fait adaptée aux pérégrinations tranquilles impliquant dialogues et déplacements en ville, pose d'immenses problèmes lors des phases d'action ou de plate-forme.
Le gameplay tourne toujours autour des quatre modes NORMAL, SPORTIF, AGRESSIF et DISCRET. La possibilité de parler ou de fouiller avec une touche particulière rend le mode NORMAL inutile et l'impossibilité (salutaire) de se cogner aux murs lorsque l'on court rend le mode SPORTIF encore plus précieux. On rappellera au passage pour les nouveaux venus que le mode SPORTIF est le seul qui permette à Twinsen de courir et de sauter, tandis qu'il peut se servir de ses poings avec le mode AGRESSIF et qu'il peut tenter de passer sans se faire repérer avec le mode DISCRET. Le plus souvent, toutefois, il s'agit de tracer la route en mode SPORTIF, voire de distribuer quelques baffes. Notons cependant que les joueurs les plus fins trouveront le mode DISCRET utile en certaines circonstances.
Le premier problème, ce sont les ennemis : il est toujours très difficile de les viser avec la balle magique (oui, c'est l'arme légendaire de Twinsen) ou encore la sarbacane. Évidemment, lorsque viendra le moment d'empoigner le sabre, les choses auront changées. Par ailleurs, lorsque Twinsen est touché (digne héritier de Megaman, d'un Belmont quelconque ou du chevalier exhibitionniste Arthur), il recule... et se fait en général toucher à nouveau. Les "combats" demandent énormément de sang froid et il faut souvent recommencer.
Le second problème (pire encore que dans le premier épisode du fait de la nouvelle géométrie des terrains extérieurs), ce sont les plates-formes : les sauts relèvent toujours de l'exploit et se noyer dans la lave ou dans l'eau est beaucoup plus courant que de réussir un saut du premier coup. Fort heureusement, le nouveau système de sauvegarde - plus pratique, plus rationnel que le précédent -, s'il n'empêche pas de s'arracher les cheveux (ce qui expliquerait pourquoi les Quetchs en ont si peu), permet au moins de tenter à nouveau sa chance immédiatement.
Ceci étant dit, on finit toujours par y arriver.
Aller au bout ?
LBA2 n'est pas extrêmement long mais il peut être classé parmi les jeux difficiles : le joueur n'est jamais bloqué pour des raisons idiotes mais dénicher la bonne information peut demander du temps et de la méthode. Certaines énigmes (le fragment des Knartas, par exemple) demandent de la patience (ou le recours à une soluce) et il faudra souvent tenter sa chance pour passer certains passages, soit parce qu'ils sont infestés d'adversaires, soit parce qu'il faut se hisser de plate-forme en plate-forme. Par ailleurs, sur la fin, même si Twinsen est lourdement armé, les opposants sortent l'artillerie lourde et il ne faudra pas avoir peur de l'écran Game Over.
Parfois, bien sûr, le joueur ne manquera pas de pester contre une plate-forme "idiote" ou contre des ennemis "impossibles". C'est même monnaie-courante, et ce n'est pas à mettre au crédit de ce jeu... par ailleurs fantastique. C'est bien cela qui nous pousse à continuer, d'ailleurs. Si les phases d'action sont trop souvent frustrantes, il se dégage un je-ne-sais-quoi si fort de ces deux planètes que l'on veut sans cesse y retourner. Mention spéciale à la fin, vraiment touchante (pétanque à Port-Ludo !).
LBA2 est un jeu qui peut rebuter par les raideurs de son gameplay, ce serait pourtant une erreur fatale de se priver de ses beautés parce qu'il est parfois très exigeant. C'est un monde magique qui est proposé au joueur, construit autour de répliques destinées à résonner dans les mémoires, bercé par des thèmes inoubliables, porté par quelques personnages colorés. Pour en profiter pleinement, il convient toutefois de s'être attaqué auparavant au premier épisode, dont il est la suite directe.
25/04/2010
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- Twinsen est de retour !
- Une nouvelle planète digne des plus grandes heures de LBA
- Des dialogues exceptionnels
- Une bande-son royale
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- Un gameplay toujours aussi frustrant
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TECHNIQUE 4/5
BANDE SON 5/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 3.5/5
GAMEPLAY 2/5
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