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Tales of the Tempest
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Tales of the TempestUgly little duck
Quand Namco délègue le développement d'un épisode de sa série fétiche à Dimps, ça donne Tales of the Tempest. Episode décrié par les fans, désavoué par le producteur de la saga (Makoto Yoshizumi) qui l'a renié de la série principale, le jeu possède une réputation des plus inquiétantes.
Pourtant, s'il est clair que le jeu ne fait pas honneur à la série, il serait injuste de tout jeter et d'oublier ses qualités au sein de la tempête de défauts. Quand Caius voit son empire s'écroulerAreulla, le monde du jeu, fut jadis dominé par les Lycanths, êtres capables de se transformer en bêtes, dont la culture avancée rayonnait sur le continent. Mais lorsque certains d'entre eux décidèrent de recourir à une technologie oubliée, des milliers de Lycanths périrent, et une grande guerre fut déclenchée. La guerre marqua la fin de leur âge d'or, et les hommes prirent bientôt le contrôle du continent. C'est du moins ainsi qu'est présentée l'histoire par l'Eglise, qui a entrepris une chasse à ces Lycanths qui avaient essayé de détruire le monde.
Le jeu débute dans le petit village de Fern. Le jeune Caius coule des jours paisibles en compagnie de son père et de son amie d'enfance Rubia. Leur destin va basculer lorsqu'un garde royal va arriver blessé au village et remettre un curieux artefact à Caius. Alors que le chevalier rend l'âme, Fern est assailli par des monstres, que seul le père de Caius parvient à vaincre... en se transformant en bête. Caius va alors apprendre que celui qu'il a toujours considéré comme son père n'en en réalité que l'homme qui l'a recueilli et élevé. Mais pas le temps de tergiverser pour notre héros, les forces de l'Église sont déjà sur place pour emmener son père et mettre la main sur l'artefact, il faut donc fuir. Traqué par l'Église, à la recherche de ses vrais parents et désireux de sauver celui qui reste malgré tout son "père" de cœur, Caius se lance donc dans une longue quête à travers Areulla. Le jeu aborde une nouvelle fois les thèmes récurrents de la saga : endoctrinement religieux, racisme et ségrégation raciale. Le scénario se révèle, de façon surprenante, plutôt réussi et la mise en scène ne vient jamais ternir l'ensemble, avec un soin particulier sur les plans accompagnant les dialogues. Certes, certains y verront toujours ce fameux petit côté niais propre à la série (dont je m'accommode parfaitement), mais il est nettement moins prononcé que dans d'autres épisodes. On pourra juste déplorer que l'histoire de fond et l'univers entrevu manquent quelque peu d'approfondissement au final. 3D + DS = FailTales of Phantasia ou la première cartouche 48Mbits sur Super Famicom, Tales of Eternia l'incarnation de la belle 2D sur Playstation, Tales of Symphonia et son sublime Cell-Shading sur Gamecube ou encore Tales of Destiny Director's Cut sur Playstation 2 qui émerveillait par chacun de ses plans, les Tales of ont globalement toujours su (très) bien exploiter les supports sur lesquels ils sont sortis.
Tales of the Tempest offre un tout autre visage, en proposant une modélisation médiocre des personnages, très carrés, avec un manque de polygones flagrant. Les plans rapprochés font sourire tant les personnages ont l'air ridicules, notamment les visages qui ne laissent paraître aucune émotion et les mains qui ressemblent plus à de grosses Gamecube qu'à des entités constituées de cinq doigts. Une modélisation à la hauteur du design, vraiment quelconque. Comble du comble, l'introduction utilise le moteur du jeu pour pondre une séquence qui donne immédiatement le ton. On oublie les beaux DA accompagnés d'une J-Pop entraînante, ici même la musique semble s'être mise au diapason, pour la pire introduction de la série. Heureusement, tout le jeu ne se déroule pas avec la caméra collée sur le nez de Caius ou la poitrine généreuse de la petite Rubia, la vue plus éloignée adoptée pour les explorations permet de profiter de décors plutôt colorés et possédant un certain charme, même si l'on peut déplorer le fait que l'on ne puisse faire pivoter la caméra qu'à l'arrêt. Si le manque de variété des décors se fait sentir lors des combats (en plus de la modélisation douteuse), le tout est bien animé et la caméra suit toujours l'action de manière efficace. On notera enfin le classique manque d'inspiration de Motoi Sakuraba sur la série, qui pond ici une OST agréable mais sans personnalité qui évoque son ancien style de la fin des années 90 - en moins brillant - au sein de laquelle quelques thèmes de combats se démarquent timidement. Le retour du Tri-Linear Motion BattleSur le papier, le retour du Tri-Linear Motion Battle introduit par Tales of Rebirth était alléchant. Coupler le classique système des Tales of (contrôle d'un personnage en temps réel dans une aire définie) avec une profondeur de déplacement sur trois lignes avait débouché sur un système technique et réussi. Hélas, dans Tales of the Tempest, la sauce prend moyennement. Le côté dynamique et nerveux est ici totalement absent, on enchaîne des petites séquences de coups mous et attaques spéciales en petit nombre sans saveur qui n'impressionnent presque jamais. De plus, l'IA est totalement déficiente, et il ne sera pas rare que les alliés changent de lignes au même moment que nous et bloquent nos déplacements. Frustrant.
Mais le cahier des doléances est encore bien fourni. Contrairement à ce que l'on a toujours vu dans les autres Tales of, assigner les skills sur les personnages n'a pas pour unique fonction de définir les attaques disponibles lorsque l'on en prend le contrôle. Non, ici ça définit carrément les attaques qu'ils utiliseront en combat ! Un système étrange, qui oblige à constamment les réassigner, et qui limite totalement les possibilités... sachant que l'on ne peut choisir manuellement pendant le combat les magies à effectuer par les autres membres. Enfin, le système de ciblage est simple à utiliser, mais après avoir vaincu un ennemi, le jeu cible rarement automatiquement l'ennemi le plus proche ou le plus faible (la couleur indique l'état, et parfois les HP sont indiqués), et l'on se retrouve en permanence à jouer de la gâchette pour cibler à nouveau... Certains personnages (je n'en dirai pas plus) peuvent se transformer en bête lorsqu'ils ont peu de HP et possèdent suffisamment de points de magie, ce qu'il leur confère une puissance démesurée et une grande rapidité. Mais là encore, le système contraignant ainsi que la faible difficulté (j'y reviendrai) rendent le système finalement peu intéressant. Bref, les combats - habituellement le point fort de la série - sont presque médiocres, et s'ils ne se révèlent jamais pénibles à jouer, ils sont tout de même plats et ne procurent que peu de plaisir. Un Tales of malheureusement atypiqueLe jeu se démarque également dans les rouages. Première surprise, le jeu ne propose pas de "skit", ces petites scènes de dialogues à base de vignettes qui développent les relations entre les personnages. On a droit cette fois à quelques feux de camps torrides à la place qui font avancer le scénario et mettent de temps à autres en valeur certains personnages précis (que font les autres pendant ce temps-là ? Broutilles !). Comme le jeu intègre le défilement du temps et l'alternance jour/nuit, on se retrouve souvent à avoir des feux en plein jour, de façon assez cocasse. La nuit, les ennemis sont plus puissants, et la face des villes changent. Évidemment, quelques passages du scénario obligent à visiter un lieu lors de la bonne période de la journée, mais le jeu est très dirigiste, impossible de se manquer. On note également l'absence étonnante du Sorcerer's Ring.
Pour le reste, le jeu reprend la recette habituelle, avec l'alternance typique de villes, déplacements sur la carte, de donjons avec quelques énigmes et le présence de... recettes de cuisine. On regrettera tout de même le faible nombre de donjons, et la taille modeste d'une grande majorité de villes. Il n'y a pas de carte du monde à proprement parler, chaque petite région possède une carte, et l'on peut circuler de l'une à l'autre à pied ou en utilisant le bateau pour rallier rapidement les autres ports. On peut déplorer les nombreux allers-retours sur la carte qui rallongent artificiellement une durée de vie pourtant à peine supérieure à la dizaine d'heures, et qui peinera à atteindre la quinzaine si l'on se lance dans le donjon bonus. Court, mais aussi trop simple. La plupart des Tales of proposait un certain challenge, avec quelques boss vraiment coriaces sur lesquels on pouvait avoir envie de s'arracher les cheveux. Ici, le boss final restera le seul ennemi qui nous fera tant pester dans ce jeu qui n'a rien d'un conte et qui à l'arrivée est bien... "bof". Au final, Tales of the Tempest est un jeu assez médiocre. Les combats sont moyennement intéressants et la 3D rudimentaire, mais l'ensemble est relevé par un scénario assez réussi et agréable à suivre sur une durée relativement courte : une dizaine d'heures suffit pour en voir le bout.
Mais trois choses le desservent totalement : c'est le plus mauvais épisode de la série, il n'est sorti qu'au Japon et il se trouve sur le support actuel le plus fourni en RPG. Hautement dispensable.
Tales of the Tempest
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