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Suikoden V
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Suikoden VRetour aux sources
Après un quatrième épisode qui a déçu de nombreux fans, Konami se devait de réagir et de proposer un très bon cinquième épisode pour redorer le blason quelque peu terni de sa saga de RPG fétiche, les Suikoden. Accueilli avec enthousiasme lors de sa sortie japonaise, je me suis procuré la version américaine dès sa sortie et me suis lancé à corps perdu dans ce dernier épisode de ma saga de Classical culte, en espérant retrouver tout ce qui en a fait le charme.
Les femmes au pouvoirL'histoire prend place six ans avant les déroulements narrés dans Suikoden premier du nom. Vous incarnez le jeune prince du royaume matriarcale de Falena, qui n'a donc aucune prétention quant à la succession. Après des périodes sombres qui ont le royaume s'entredéchirer, la Reine Arshtat (la mère du héros donc) et son époux Ferid, commandeur de l'ordre des chevaliers, ont réussi à installer une paix aussi récente que fragile. Suite à une révolte et le vol d'une des runes sacrées du royaume, la ville de Lordlake a été puni par la reine et subit une sécheresse violente. C'est là que le héros, sa garde du corps Lyon, sa tante Sialeeds et le chevalier Georg Prime (les fans reconnaîtront) ont été envoyé en mission. Constatant l'étendu des dégâts, le groupe rentre informer la reine de la vie misérable des habitants, mais celle-ci ne semble guère préoccupée, avec les nobles qui semblent préparer un mauvais coup et sa Sun Rune censée protéger le royaume mais qui semble la posséder un peu plus chaque jour...
Ça commence malLe début laisse entrevoir un déroulement des plus classiques pour un Suikoden, le jeu supportant l'histoire. Mais là où les premières heures des trois premiers épisodes ou le début du 4 proposaient une immersion rapide dans l'histoire, cet épisode ressemble plus à un vieille voiture diesel qui à du mal au démarrage. On se retrouve à arpenter les couloirs du château, à se balader en ville pour faire des petites quêtes sans grand intérêt, on se perd dans l'arène immense et trop découpée (à mort les temps de chargement!), en bref on s'ennuie ferme et on craint le pire. Malgré tout on sent qu'il y a un énorme scénario derrière tout ça, que quelque chose de grand se met en place, mais on passe tellement de temps à l'attendre sans suite que le plaisir s'en trouve gâché. Et puis d'un coup tout décolle, l'esprit Suikoden revient, le vrai Suikoden V se présente au joueur, et ça fait mal!
Retour aux sourcesSuikoden V revient aux sources, avec un déroulement similaire à celui du deuxième épisode. Exit les (excellents) scénarii parallèles de Suikoden 3 et les nombreux trajets maritimes (chiants) de Suikoden 4, ici les mécanismes seront bien connus des adeptes des premières heures. L'histoire prédomine et envoie le joueur parcourir les royaumes, avec le retour d'une vraie carte! On passe donc de nombreuses heures en ville, les dialogues sont très nombreux, les lieux sont simples et pas prise de tête, le QG et la quête des 108 étoiles sont bien évidemment de la partie, que du classique. Konami a voulu faire un Suikoden 2 "bis", et bien leur en a pris. Hélas, récupérer les 108 étoiles est devenu bien plus compliqué qu'auparavant, une grande partie d'entre eux se recrutent difficilement avec une période de recrutement limitée. Ici, pas question de se faire deux/trois grosses séances de recrutement dans le jeu si l'on souhaite voir la bonne fin! Il faudra sans cesse revisiter les villes (voire les lieux) pour être sur de ne pas avoir raté éternellement une étoile. Un aspect négatif, d'autant que même en prenant tout le temps du monde entre chaque lieu il semble peu probable de pas rater des persos, la soluce devient indispensable. Quel dommage après deux épisodes où Konami avait su rendre cette quête simple, ce qui donnait réellement envie de chercher par soi même. On retrouve de même les éléments traditionnels tels que les runes, la forge d'armes etc etc, nul besoin de s'étendre, les fans connaissent le système sur le bout des doigts.
Quelques nouveautésMais Suikoden V n'oublie pas de reprendre le meilleur de ses deux plus jeunes aînés. Ainsi le très bon système de skills fait son retour avec quelques nouveautés. On peut équiper deux skills par persos, mais maintenant il y a les skills multiples qui combinent l'effet de plusieurs autres. Bien sûr, il faudra d'abord avoir monté les skills correspondantes à fond pour les débloquer, mais c'est une évolution intéressante du système, même si contrairement à Suikoden Tactics on reste frustré de ne pouvoir en équiper que deux. La progression de ces compétences se fait par l'intermédiaire de points dédiés (les SP), avec des points propres à chaque personnages, et un tronc commun. Le tronc commun permet de monter même un perso n'ayant pas acquis suffisamment de SP en combat, et il peut être alimenté par des points de persos en ayant trop, encore un petit ajout qui rend le gameplay plus agréable. Toujours au rayon des bonnes idées, notons l'introduction de la réserve "active". En plus des six persos constituant l'équipe en combat (retour à la normale), on peut emmener quatre personnages en réserve. Si on a toujours les classiques personnages de soutien (plus d'argent, guérison en fin de combat...), on peut y inclure des guerriers et effectuer des rotations lors des combats, enfin! Ce système déjà amplement utilisé dans nombre de RPG redonne un petit coup de jeune aux combats, par ailleurs sacrément évolués.
Une cure de jouvenceLes combats "normaux" sont donc en tour par tour avec six personnages. Lors des premières heures ils sont identiques à ceux du deuxième opus: deux lignes de personnages qui ont une précision propre selon l'arme (S, M ou L). Mais bien vite, outre la possibilité d'échanger les combattants avec la réserve, une autre nouveauté très importante fait son apparition: le système de formation. Tout au long du jeu on récupère (ou non, pour les noobs) diverses formations qui ont chacune leurs caractéristiques: outre le positionnement différent qui assure une meilleure protection aux lignes arrières, elles affectent les statistiques des combattants et ont leur propre attaque, surpuissante et utilisable dans la majeure partie des cas une fois par combat (sauf la plus puissante, qui touche tout le monde, utilisable à l'infini, allez comprendre). Le reste est commun à tous les Suikoden, nul besoin de m'étendre dessus. Les autres modes de combat ont aussi gagné en intérêt. Les duels se base toujours sur le fameux "pierre-feuille-ciseau", mais cette fois-ci en temps limité, et les animations des divers coups les rendent incomparablement plus intéressants qu'auparavant. Les grandes batailles, éternel tendon d'Achille du trio, devient intéressant. Les combats se passe sous la forme de stratégie temps réel, avec des groupes de trois persos, et se déroulent sur terre et sur mer. Les unités sont régies par un triangle de prédominance, comme dans les Fire Emblem. Lorsqu'on envoie ses troupes attaquer, on nous rappelle si l'on est plutôt puissant ou pas. On peut également utiliser les compétences spéciales et magies à tout moment. En fait, ces grandes batailles sont presque parfaites, mais il y a un gros problème (forcément...). On ne peut donner d'ordre lorsqu'on passe en mode pause. Alors lors des premières batailles ça ne ressent que peu, mais lorsqu'on atteint les dernières, avec trois fronts séparés, des ennemis partout dans des passages étroits, il devient parfois impossible de donner des ordres pendant plusieurs minutes, les attaques se succédant. Dommage, mais gageons que Konami saura corriger ça pour le prochain épisode.
Plein les yeuxLe jeu marque surtout le grand retour des scènes émouvantes et tragiques. Si Suikoden 4 restait à mes yeux un bon RPG, nul doute que ce type de scènes qui a fait la réputation de la saga manquait cruellement (une ou deux). La mise en scène du jeu est absolument sublime et soutiennent parfaitement ces moments de grande émotion. Plusieurs scènes du jeu comptent parmi les plus émouvantes que j'ai eues l'occasion de voir dans un RPG, c'est sublime. Le background est sûrement le plus travaillé de la série, le design est magnifique (peut être également le meilleur) et le monde superbe. Les villes sont nombreuses, vivantes, les lieux sont variés, on sent qu'il y a eu un travail bien plus profond que sur le quatrième épisode un peu léger à ce niveau là. Les persos sont très travaillés, intéressants, et on en apprend beaucoup sur la civilisation Sindars, entrevues dans le deuxième épisode. Le scénario est aussi une réussite totale, une intrigue géopolitique, des trahisons, des morts, de l'humour, tous les éléments sont présents. Les liens avec les premiers Suikoden sont d'ailleurs plus nombreux qu'il n'y parait au début, il y a vraiment une réelle connexion (bien qu'on puisse y jouer sans ne rien connaître à la saga). La grande magie Suikoden est de retour, les fans seront comblés.
Technique progressiveAu niveau de la réalisation, c'est vraiment pas mal. Si il faut adhérer au style assez particulier de la modélisation des persos, il faut avouer que le jeu est globalement assez beau. En fait, au début on ne s'en rend pas forcément compte, les petits bugs se voient très vite lors des cut-scenes, l'animation durant celle-ci est assez moyenne, les décors assez ternes et peu fournis, mais au fur et à mesure du jeu ça devient plus souples, on se met à parcourir des lieux très beaux, et les premières heures sont vite oubliées (de toute façon, elles sont à oublier dans tous les sens). La bande-son est elle aussi à l'image de la musique d'introduction: elle semble au départ quelconque, et prend son envol peu à peu, finissant par soutenir parfaitement l'ambiance du jeu et les scènes tragiques. Sans atteindre le niveau de perfection de celle du deux, elle reste très agréable et réussie. La trame principale du jeu tiendra le joueur en haleine une grosse quarantaine d'heures, comptez en plus de 60 pour récupérer les 108 étoiles (avec soluce, sinon plus de 100 heures avec les "rechecks" systématiques). En somme, une belle et longue aventure comme tous les fans attendaient, Konami a remis la grosse machine en marche, nul doute que cet épisode est la meilleure réponse que l'éditeur pouvait donner à tout ceux qui commençaient à douter du futur de la série.
Malgré un début des plus ennuyeux et quelques petits défauts mineurs, Suikoden V parvient presque à égaler le deuxième épisode, la légende de la série, un sacré coup de force de Konami qui devrait réconcilier tous les amoureux de la saga avec celle-ci. Suikoden is back, qu'on se le dise, le meilleur RPG de la Playstation 2 est là!
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