Growlanser V: Generations, renommé
Heritage of War en occident, débarque sur
Playstation 2 en août 2006, toujours développé par
Career Soft, à qui l'on doit également l'excellente série des
Langrisser. A la fois tactical dans son système de jeu et classical dans son déroulement, cet opus respecte fidèlement les fondations établies par les anciens épisodes et démontre une fois de plus combien il peut être dangereux de porter un jugement hâtif sur un RPG au bout de seulement quelques heures de jeu.
Growlanser V: Generations en est l'illustration parfaite.
The Admonisher
Dans un continent ravagé par la guerre, un groupe d'individus aspirant à mettre un terme à cet horrible conflit met la main sur une arme ancienne et dévastatrice. Imposant la paix par la force, ces hommes parviennent alors à maintenir une trêve entre les différentes nations durant de nombreuses années. 20 ans plus tard, ce fragile équilibre vacille et la guerre menace à nouveau de s'abattre sur le monde. Parallèlement à cela, de monstrueuses créatures appelées "Screapers" émergent des océans et s'attaquent à la population depuis de nombreuses années. Leur origine demeure un mystère, et rares sont les êtres humains possédant la puissance nécessaire pour vaincre les plus féroces d'entre elles. Growlanser V vous plonge donc dans un climat particulièrement sombre qui ravira les amateurs d'histoires aux enjeux politiques sérieux et dramatiques habituels de la série. Le récit vous impose par ailleurs un certain nombre de prologues mettant en scène différents personnages, afin de parvenir tout en douceur à la trame principale. Ce n'est donc qu'au bout d'un certain temps que le scénario débutera réellement, dévoilant enfin le héros principal que vous incarnerez après plusieurs heures de jeu.
Malheureusement pour le titre de Carrer Soft, on ne peut pas dire que les premières impressions donnent envie de se plonger dans l'aventure. Les graphismes sont ternes, les musiques plutôt quelconques, les combats sont régulièrement ponctués de freezes très agaçants, et les protagonistes modélisés en 3D pour la première fois dans la série sont indignes de la machine de Sony. Les doublages japonais, bien que satisfaisants laissent également sur sa faim, certains NPC ou créatures étant parfois dotés de voix particulièrement ridicules, sans parler de la chanson de l'opening dont je me serais bien passé. Le chara design d'Urushihara vient heureusement sauver les meubles avec de magnifiques portraits hauts en couleurs comme à son habitude, insufflant un charisme certain chez la plupart des personnages importants, et rehausse à lui tout seul une direction artistique bien pauvre. Cela ne suffit évidemment pas à faire oublier un constat technique plutôt accablant, et à ce stade on ne peut s'empêcher de penser que Career Soft se fout un peu de notre gueule pour ce cinquième épisode.
Fierce Striker
Growlanser V suit les traces de son aîné Growlanser IV en proposant une exploration purement C-RPG, où les déplacements ne s'effectuent plus sur une simple carte comme dans les premiers opus, mais bien en foulant le sol du continent pour se rendre d'un village à un autre. Le système de combat quant à lui évolue timidement et modifie la jouabilité classique de la série. Il s'agit toujours de contrôler une équipe de combattants en leur attribuant des ordres (attaque, magie, défense, déplacement, etc.) à ceci près que cette fois-ci, le personnage principal que vous contrôlez se déplace et attaque directement via la manette. Un certain temps d'attente est bien entendu toujours nécessaire entre deux actions, mais seuls les autres membres de votre groupe nécessiteront des ordres via le menu. Fondamentalement, cela ne bousculera pas les habitués qui trouveront ici un gameplay un peu plus souple et rapide (à noter cependant que les versions US et PAL intègrent une gestion du héros par le menu).
Contrairement aux Langrisser, la saga Growlanser propose des combats aux déplacements libres et sans cases, les différents adversaires pouvant se mouvoir dans l'espace en toute liberté. Point d'initiative entre les belligérants donc, simplement une palette d'actions pouvant prendre plus ou moins de temps à être exécutées. De nombreux sorts et skills seront évidemment mis à votre disposition et pourront être appris grâce au système de l'"Ability Tree" qui permet une customisation des aptitudes de chaque personnage. Brièvement, il s'agit d'un ou plusieurs arbres de compétences à construire soi-même en assemblant différentes "plaques" de skills ou de magie trouvées sur les ennemis. Les point engrangés durant les affrontements les améliorent au fur et à mesure jusqu'à atteindre le niveau maximum de celles que vous aurez sélectionnées préalablement. Une idée sympathique sur le papier mais pas forcément convaincante, et un peu bordélique au final.
En marge du système de combat, Growlanser propose une nouvelle fois un aspect relationnel entre coéquipiers, grâce à de nombreux choix de dialogues lors des conversations, mais aussi de par votre comportement lors des batailles. En effet, un compagnon vous appréciera moins si vous ne le ressuscitez pas pendant un combat ou que vous lui répondez d'une manière déplaisante ou stupide en conversant avec lui. Cela aura pour effet de modifier la fin du jeu ou de supprimer certains choix de réplique. il sera également possible de débloquer des chapitres bonus propres à certains personnages non joueurs importants du scénario, histoire d'en savoir un peu plus sur eux. Une manière plutôt intelligente de prolonger la durée de vie du soft autrement qu'en proposant quantité de quêtes inutiles et redondantes comme l'on en voit trop souvent dans les RPG contemporains.
Generations of War
Inutile de revenir sur les innombrables défauts du soft, le jeu est assez laid dans son ensemble et la Playstation 2 est capable de faire bien mieux que ça. Cependant, le joueur téméraire qui aura eu le courage de dépasser les quelques premières heures de jeu pas folichonnes se verra récompensé par un T-RPG très prenant au scénario mené tambour battant. L'histoire décolle vraiment lorsque l'on découvre notre héros, et se révèle finalement passionnante. Les personnages sont attachants et l'on finit rapidement par faire abstraction des modèles 3D disgracieux qui les représentent ainsi que l'OST peu inspirée au nombre de pistes très limité. Le récit réserve son lot de surprises et de révélations, et parvient à capter l'attention du joueur jusqu'au bout de l'aventure. Néanmoins, il est impossible de faire l'impasse sur les trop nombreux allers et retours entre les différents lieux du continent, vraiment lassants à la longue, ainsi que la régulière absence de point de sauvegarde avant une bataille difficile, qui nuisent tout de même à l'immersion globale.
Une autre qualité constante de la série rehausse le bilan global de ce Growlanser V : la présence d'une appréciable variété dans les objectifs des batailles à mener. Tuer un ennemi en un temps limité, s'échapper d'un complexe, secourir des villageois, empêcher un individu de fuir... Les affrontements ne sont donc jamais ennuyeux et renouvellent constamment le plaisir de jeu sans jamais lasser. D'autant plus que le challenge est bien présent, certaines missions étant en effet assez délicates et nécessitent plusieurs essais avant d'être accomplies. Pour terminer, sachez que le jeu propose une durée de vie plutôt correcte qui vous mènera au-delà des 30 heures de jeu et bien plus grâce aux chapitres optionnels, aux tournois des fées et au donjon secret. Reste un boss final particulièrement décevant et une fin bien trop vite expédiée en guise d'épilogue. La conclusion de cette histoire aurait bien mérité un peu plus d'attention, dommage...
A l'instar de Langrisser III le mal aimé, Growlanser V: Generations n'est certainement pas le meilleur épisode de la série ni le plus représentatif, mais sous cet aspect peu engageant se cache tout de même un T-RPG plaisant au scénario vraiment intéressant. A réserver aux joueurs pour lesquels l'histoire et les personnages ont plus d'importance que les graphismes ou le gameplay.
28/07/2013
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- Scénario prenant
- Chara design signé Urushihara
- Batailles aux objectifs variés
- Chapitres optionnels à débloquer
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- Laid
- Musicalement pauvre
- Techniquement faible
- Trop d'aller-retour
- Arbre de compétence mal fichu
- Final décevant
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TECHNIQUE 1.5/5
BANDE SON 2/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 4/5
GAMEPLAY 3/5
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