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Mother 3
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Mother 3Tragicomédie de la société de consommation
Mother 3 est le troisième opus d'une série de RPG atypiques et originaux, dont on connait surtout le deuxième opus, sorti sous le nom d'Earthbound aux États Unis. C'est aussi le dernier de la série, Shigesato Itoi - écrivain et créateur - ayant déclaré dans une interview qu’il ne souhaitait pas réaliser un quatrième épisode.
Douze ans après Earthbound, Mother 3 contentera-t-il les fans des précédents épisodes ? Une "non sortie" mouvementéeInitialement, le jeu devait sortir sur N64, puis sur le "fameux" N64DD, un périphérique pour la N64 qui fut un échec commercial et ne vit pas le jour en dehors du Japon. Un trailer et une démo furent montrés en 1999, mais le projet de Mother 64 s'évapora en même temps que le N64DD. Le jeu refit surface lors de la sortie de la compilation Mother 1+2 sur GBA en 2003, puis disparut de nouveau pour enfin sortir en Avril 2006 sur GBA.
À la base, Itoi avait l’intention de lancer mondialement Mother 3, mais Nintendo ne l’entendait pas de cette oreille, la DS étant sortie et la GBA en fin de vie. Atlus se proposa même pour éditer le jeu à la demande des fans, mais Nintendo refusa. Le soft fut enfin accessible à nous pauvres occidentaux lorsque qu’un patch fut réalisé par Starmen.net en octobre 2008. Ô rage, Ô Désespoir, Ô vieillesse ennemie !Là où le scénario des deux premiers épisodes était plus que succinct (récupérer huit mélodies pour battre Giegue/Gigyas), il se veut être un des piliers du troisième opus. Ce dernier est divisé en huit chapitres, ou plutôt en actes vu l’aspect très théâtral du jeu. On retrouve un héros principal spécifique pour chacun des quatre premiers de ces actes, lesquels permettent de faire découvrir l’univers du jeu. Ces chapitres sont à mon sens les plus intéressants.
Le premier acte, donc, nous met au contrôle de Flint, le shérif de la paisible ville de Tazmilly et heureux père de famille qui va subir de bien malheureux évènements. Le deuxième acte nous mettra quant à lui aux commandes de Duster, un voleur boiteux qui va se retrouver emporté par des évènements qui le dépassent, puis en suivant, le troisième chapitre nous fera découvrir un singe au service d’un certain Fassad, et l'on prendra finalement le contrôle du personnage principal, Lucas, durant le quatrième acte. Ce dernier se déroule plusieurs années après les trois premiers dans un monde devenu accro à la consommation et aux « happy boxes » (des télés -sic-). On perçoit l’infiltration lente et progressive du capitalisme (que le jeu dénonce fortement) dans un monde qui, à la base, vivait du troc et du don et s’en sortait très bien. La suite est bien plus classique dans son déroulement, et surtout parsemée de clichés et de révélations que l’on avait déjà devinés, et cette déception perdure jusqu'à la toute fin du jeu, très sombre (dans tous les sens du terme). Il est par ailleurs regrettable que les personnages aient un background si peu fourni, Duster mis a part, étant donné l'aspect très scénarisé et théâtral du jeu. Ils se contentent d'effectuer les actions nécessaires à l'avancée de l'intrigue, sans nous permettre de comprendre leur psychologie. Rappelons que dans la série Mother, les personnages contrôlés par le joueur ne parlent pas. Mais, comme de coutume dans cette série, Mother 3 garde un humour très particulier propre à Shigesato Itoi, allant de l’absurde à la parodie. Absurdité, par exemple dans le dernier donjon : un building sans fin dans lequel on trouve les choses les plus incongrues, comme une jungle (!). Parodie, d'une société réduite à la consommation. Ironie, en comparant cette société à une maison de retraite délabrée, où l'on finit d'ailleurs par retrouver le grand père de Lucas. Ironie encore, quand tous les opposants au régime « capitaliste » voient étrangement leurs maisons détruites. Un gameplay très… musicalSi les gameplays des deux premiers Mother étaient très vieillots, parodiant celui de Dragon Quest, Mother 3 adopte lui une interface beaucoup plus moderne et agréable.
Concernant les combats, on reste toujours sur :
D'autre part, les magies se gagnent soit lors d'un évènement scénaristique, soit par niveau. Dans ce dernier cas, la personne en question se sentira fiévreuse et ne pourra pas courir pendant un petit moment, pour finalement apprendre le nouveau sort une fois que la fièvre se sera estompée. Autre innovation de cet épisode, le système de roulette des HP a été entièrement refondu. Pour ceux qui n'ont pas joué à Earthbound, petit rappel. Lorsqu'un personnage prend un coup, sa vie se met à descendre graduellement. On a alors le temps de s'en sortir in extrémis en utilisant un objet ou une magie de soin. Le problème est que dans Earthbound, cette roulette était fort mal gérée, la vie descendant trop vite pour qu'on ait le temps de se soigner. Dans Mother 3, ce système est complètement rééquilibré et peut être mis à profit dès le début du jeu ! Contrairement à beaucoup de RPG où les combats se résument à "Attaquer" et "Soigner", Mother 3 met l'accent sur le buff et le debuff (sorts permettant d'augmenter momentanément ses stats ou de baisser celles des adversaires), ce qui ajoute un peu de stratégie et épice les combats. Le jeu n'est par ailleurs pas particulièrement dur, même s'il faudra parfois faire un peu de level-up. La où le bât blesseS'il y a une chose que l’on ne peut pas reprocher à Itoi, c’est d’avoir voulu innover et changer la direction des Mother pour faire quelque chose de nouveau. En revanche, en ce qui concerne le rythme du jeu…
Alors que les trois premiers chapitres sont excellents, que le quatrième et cinquième sont très bon, et le six assez... spécial, le jeu s’englue dans le chapitre sept. Ce chapitre demeure le plus long du jeu et phagocyte facilement un tiers de la durée de vie, déjà relativement courte (une vingtaine d’heures). En plus de cette longueur, ce chapitre est une sorte de retour à Earthbound sans l'esprit ni l'humour, avec la quête des épines qui est un enchainement de donjons où il ne se passe presque rien scénaristiquement. Bref, un passage où Mother 3 devient un RPG des plus classiques un peu lourdingue, avec quelques trucs absurdes comme des hommes-sirènes ou un passage sous hallucinogènes (assez réussi d'ailleurs) pour rappeler que l'on joue à un Mother... Quant à la fin, le jeu verse parfois un peu trop dans le mélodrame sans même réussir à émouvoir, alors que le jeu met l'accent sur les émotions (d'où son slogan "Strange, funny & hearthrending"). Une réussite techniqueLe studio Brownie Brown a fait un excellent travail graphique comme musical.
Le jeu est très agréable à l’œil, les sprites de personnages un peu rétro à la Earthbound et les décors plus travaillés se marient très bien. De plus, l’animation est vraiment excellente, presque chaque mouvement des personnages étant particulièrement soigné. Et comme à son habitude dans la série, le bestiaire est complètement déjanté : vous croiserez des rats volants, des hippopotames lanceurs de missiles, ou autres associations iconoclastes. Par contre, les adversaires ne bénéficient pas d'animation, ce qui est un peu dommage vu leur qualité. Les combats possèdent des arrière-plans ressemblant à des courbes oscillant au gré du Battle Theme, et les attaques sont complètement psychédéliques. Au niveau sonore, là où Earthbound possédait une BO conceptuelle et bruitiste (proche des travaux de Iannis Xénakis ou de John Cage), Mother 3 propose une bande son variée allant du classique au country. Cette BO est excellente et profite à fond des possibilités sonores de la GBA. On notera également le grand nombre de Battle Themes toujours bien adaptés aux situations. Ne sont même pas présents ces énervants grésillements qui sont le lot de la plupart des jeux GBA. Si Mother 3 corrige certains défauts d'Earthbound, le game design y est bien moins osé et fou. Le scénario est plus grand public, pas moins mature que celui d'Earthbound pour autant, mais est toutefois décevant et l'émotion parait absente. Néanmoins, il pourra plaire aux détracteurs d'Earthbound car moins déstabilisant,mais aussi aux fans de Mother 2 grâce à son humour mordant, sa superbe bande son et son gameplay au poil. Quant aux autres, ils découvriront un jeu original et unique par son ambiance et son humour.
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