L'année 1989 voit sortir sur Master System son jeu d'action/aventure :
Lord of the Sword. On peut voir là une réponse à peine voilée de
Sega au
Zelda II de
Nintendo sorti un an plus tôt. Mais les développeurs n'ont pas réussi leur coup. A croire que le soft a été fait trop vite, beaucoup trop vite, et le résultat n'est malheureusement pas à la hauteur. Si
Zelda II a eu son lot de réfractaires, c'est qu'ils n'avaient jamais joué à
Lord of the Sword.
Cartésien VS Lord of The Sword
L'histoire se passe dans le lointain royaume de Baljinya, alors que le roi s'est fait assassiner par le terrible seigneur Ra Goan. Le royaume va mal et a besoin d'urgence d'un nouveau dirigeant. Les conseillers décident avec sagesse de ne pas se trucider entre eux pour la place et décrètent que l'homme qui parviendra à remplir les trois épreuves suivantes deviendra le nouveau roi : trouver l’arbre de Maril, mettre une trempe aux gobelins de la vallée de Balala et détruire une statue maléfique. Original et surtout tellement plus simple que de retirer une épée d'un caillou !
Landau, un aventurier qui veut sans doute mettre fin aux quolibets sur son nom décide de tenter l'aventure.
A vous de jouer.
Side-scrolling
Le jeu est un side-scroller, c'est-à-dire que l'on voit son personnage de côté et non du dessus, à la manière de Zelda II sur Nes ou encore Targhan sur Atari ST. La première chose à savoir est que l'aspect RPG n'est pas très présent dans ce jeu. Il n'y a pas de statistiques, pas d'inventaire (bien que l'on puisse stocker trois objets clés au cour de la partie), on ne gagne pas d'XP ni d'argent... Bref, seule la vague possibilité d'exploration qu'offre le jeu et son univers heroic fantasy permettent de justifier le mot RPG présent sur la jaquette de la boite du jeu.
Ensuite, les graphismes sont assez inégaux. D'une part, les sprites sont gros et tout de même bien achalandés, Landau est bien animé tout comme la plupart des ennemis. En revanche, concernant les décors, c'est très variable, avec des couleurs éblouissantes (le ciel dans les villages par exemple, qui agresse les yeux). Par ailleurs, certains monstres sont ultra chimiques, comme l'espèce d'humanoïde croisé dans une grotte qui semble s'être vomi dessus. En somme, c'est pas terrible.
Le déroulement du jeu prend la forme d'une succession de plateaux remplis d'ennemis et d'obstacles présents pour vous barrer la route. La règle est simple : on entre d'un côté et on sort de l'autre, bien que parfois dans un plateau une troisième sortie via un escalier soit autorisée en plus de la sortie de gauche et de droite. S'y retrouver est par conséquent purement impossible ! Faire une carte est obligatoire pour ne pas se perdre dans tout ce bazar. Il arrive même parfois, sans explication aucune, qu'en sortant à gauche d'une zone, on commence la suivante à la gauche de l'écran, comme si l'on s'y était téléporté. Absurde.
Vous êtes jumeaux ?
Qui dit RPG, dit villages et là, il y a encore de quoi se moquer. On parlera même d'escroquerie, car les villages de
Lord of the Sword ne sont pas descriptibles autrement. Chaque village est représenté par trois ou quatre maisons, dont systématiquement uniquement une seule peut être visitée. De plus, couleurs des habits mis à part, le design du villageois est le même pour chaque ville, à l'exception du magicien, une sorte de sosie du Père Fouras. L'investissement des développeurs ne semble donc pas avoir été à son paroxysme. Du coup, les villages paraissent terriblement vides, sans âme ni personnalité. Ce n'est cependant pas tout puisque ces bourgades recèlent d'autres petites surprises, notamment l'affichage de la carte qui ne peut se faire que lorsque l'on se trouve en ville. Comble du comble, elle reste inutilisable en l'état car il est impossible d'y trouver le moindre repère. Sinon il est possible de se soigner en entrant chez le seul habitant du village. Où est l'arnaque ici me direz-vous ? Et bien votre vie ne remonte même pas du quart lors d'une visite. Déduction : il faut entrer quatre à cinq fois dans la maison pour recharger sa vie à fond à chaque fois. C'est vraiment bien pensé !...
Le gameplay est quant à lui (aussi) raté. L'intention de bien faire était présente, mais dans les faits, le résultat est mauvais. Landau est rigide et lourd à contrôler. Un bouton sert à donner un coup d'épée et l'autre, à utiliser l'arc. Landau peut se baisser en appuyant vers bas ou sauter en appuyant vers le haut. La prise en main n'est pas aisée avec ce mécanisme, mais les joueurs familiers de
Wonder Boy in Monster Land n'auront que très peu de souci, puisque ce dernier possède justement le même principe de saut en appuyant vers le haut. Le coup d'épée est plutôt mal calibré car la portée est très courte. Quant à l'arc, l'animation met une demi seconde de trop à se déclencher. Il n'est donc pas possible de réagir vite avec cette arme. Forcement, la spécialité des monstres du jeu est de bondir sur vous en un éclair, vous prenant souvent au dépourvu (les scorpions rouges seront les pires). La cerise sur le gâteau est que bien qu'il soit déjà difficile de réagir à une attaque, il faut souvent deux coups pour tuer un monstre et sans un timing parfait, on se prend régulièrement un coup dans l'intervalle d'un assaut.
L'arc possède de plus un autre petit défaut : il n'est pas utilisable en sautant. Pour les monstres qui volent de haut en bas, il faut donc attendre qu'ils passent à hauteur de flèche et pour peu que vous les ratiez au premier coup, il sera impératif d'attendre de nouveau qu'ils s’alignent dans votre viseur. On passe par conséquent beaucoup de temps à faire du surplace, la frustration n'est pas loin. L'idée de passer d'une arme à l'autre en fonction des ennemis est très bien mais dans la pratique, cela reste pénible.
Un nom cool pour sauver le tout
Pour poursuivre sur le gameplay, il n'est pas possible de sauvegarder sa progression puisqu'aucun système de sauvegarde n'a été mis en place. Même pas un système de password. Il faut faire le jeu d'une traite ! Difficile comme il est, c'est assez complexe. Heureusement que des continus permettent de poursuivre votre partie qui peut dépasser allègrement les deux heures de jeu.
Pour le reste, il faut bien avouer que les musiques sont moyennes. Elles ne resteront pas en mémoire, mais pour autant, font bien leur office. Elles apportent une petite touche qui donne corps à un embryon d'ambiance. Celle de l'écran titre est toutefois loupée, ce qui est dommage car c'est elle qui doit accrocher le joueur. Cependant le reste est plutôt bon, on y perçoit parfois quelques petites sonorités évoquant la série
Ys.
La replay value est elle inexistante car il n'y a aucun secret à découvrir ni à débloquer au cours de l'aventure, et la difficulté du jeu découragera certainement les très rares joueurs qui l'auraient fini. Le jeu dispose heureusement de bons côtés comme les boss qui sont bien jouissifs et coriaces. C'est à peu près tout, en fait.
Si je vous ai parlé de Targhan sur Atari ST plus haut, ce n'est pas anodin. Vous seriez bien sage de le préférer à Lord of the Sword. Mais le jeu possède malgré tout le petit quelque chose qui fera fondre les nostalgiques du genre. En résumé, à ne pas mettre entre toutes les mains.
23/04/2013
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- Scénario à la rue
- Gamplay raté
- Graphismes inégaux
- L'arnaque des villages
- Pas de sauvegarde
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TECHNIQUE 1.5/5
BANDE SON 1/5
SCENARIO 1/5
DUREE DE VIE 2/5
GAMEPLAY 0.5/5
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