Yakuza, une série née sur PS2, empruntait beaucoup à Shenmue sans pour autant revendiquer le genre créé par ce dernier, le FREE (Full Reactive Eyes Entertainment), qui faisait entrer de justesse le soft de Yu Suzuki dans la catégorie des jeux de rôles. Il était donc difficile d'inviter la nouvelle série de SEGA sur Legendra, de par son orientation résolument beat them all. C'est aujourd'hui un problème résolu, puisque le 7ème épisode sorti en 2020, s'inscrit officiellement, et avec beaucoup d'humour dans le pur classical-RPG.
Du scénario en veux-tu, en voilà !
Yakuza 7 abandonne tout le système donc de la série, et laisse de côté ses personnages emblématiques pour se concentrer sur un reboot de haute volée. Nouveau héros, nouveau système de jeu, et bien sûr amélioration graphique conséquente.
Le scénario, il faut le dire, occupe une place prédominante dans le jeu. Comptez bien passer au moins la moitié des 50 heures proposées par le soft à suivre les aventures d'Ichiban, ex-yakuza fraîchement sorti de prison, et ses amis tous plus marginaux les uns que les autres : un flic licencié, une hôtesse de bar, un ex-infirmier devenu SDF, et d'autres larrons dont je ne dévoilerai pas l'identité pour ne pas spoiler. L'aventure se déroule en 2020, mais prend ses sources dans le Japon des années 1990-2000. Le héros, déphasé à cause de son séjour en taule, doit s'adapter à une vie moderne, plus numérique et contrôlée que jamais. Un désenchantement qui parlera aux amateurs de rétro un peu bornés (dont je fais partie). Alors oui, on passe certainement plus de temps à suivre passivement l'aventure, qu'à jouer réellement, mais la mise en scène est vraiment impressionnante pour un jeu. Les doublages, les expressions faciales, les plans de caméra, tout est parfaitement maîtrisé, et j'avoue avoir été complétement captivé par l'histoire. On rit, on pleure, on attend la suite avec une impatience folle. Yakuza 7 est clairement le jeu qui pousse le plus loin l’expérience cinématographique sur une console à mon avis.
I am a hero
Alors pourquoi avoir fait de Yakuza un RPG? C'est d'abord un choix scénaristique. Ichiban étant un fan de Dragon Quest et imaginait toujours vivre comme un héros. Mais c'est aussi un aspect humoristique et philosophique pleinement assumé par les réalisateurs. La vie comme RPG. Ou le RPG comme mode de vie. Les personnages utilisent comme arme des objets du quotidien en lien avec leur job: barres de métal, sacs à main, marteaux... Ces jobs, ne sont rien de plus que des positions occupées par les divers protagonistes du jeu : hôtesse, SDF, héros, garde du corps, etc. Ces jobs peuvent être modifiés en allant à "Hello work", qui n'est rien d'autre que l'équivalent japonais de l'ANPE française !
Yakuza 7 est toujours, dans son scénario comme dans son système de jeu, une espèce de grande satire du monde réel. (Le parti politique actuel au Japon, Jiminto, est ainsi appelé Minjito dans le jeu pour ne pas choquer le beau monde).
Pour ce qui est des combats, en soi, rien de bien nouveau par contre, puisqu'on a droit à un pur RPG au tour par tour, avec des commandes ultra classiques, attaque, défense, coups spéciaux, fuite. Gros point noir du jeu ici justement, l’expérience monte lentement, trèèèès lentement, lorsque l'on fait des combats. Seuls un ennemi sur la fin et une arène permettront de gagner très vite, voir trop vite, des niveaux. Ce qui fait que l'on reste coincé vraiment trop longtemps parfois en jeu avant de pouvoir avancer dans l'histoire, alors même que le jeu est essentiellement axé sur le suivi du scénario. Dommage. Je me souviens d'un boss qui demande au joueur de passer soudainement 20 niveaux pour être vaincu (!). J'y ai passé la semaine.
Le cul entre deux chaises
Yakuza 7 joue la carte du quartier "ouvert", mais ne réussit malheureusement pas aussi bien que Shenmue dans ce domaine. Les cycles jour-nuit ne sont pas en temps réel, et les personnages non jouables qui parcourent les rues sont sans charisme ni histoire. Les sous-quêtes sont plutôt bien scénarisées, mais elles sont trop nombreuses et se résolvent toujours par des combats. Yakuza 7 a donc tort de jouer dans la cour des open-world, alors que la linéarité lui irait si bien.
Les musiques également, à part celles qui accompagnent le scénario pur, sont soit nulles, soit absentes. Encore un point qui place Yakuza bien en dessous de Shenmue, dans la catégorie des RPG ouverts.
Dernière chose à noter, c'est qu'un effort considérable a été accordé à la qualité graphique de Yakuza 7. Les expressions faciales sont bien au-dessus des autres jeux du même genre, et les décors, s'ils ne sont pas extraordinaires, sont criants de réalisme quand on connait bien le Japon. Pour dire, difficile pour moi de différencier les rues réelles de Dotombori à Osaka de celle de Sotenbori dans le jeu. C'est sûrement grâce au travail acharné de l'équipe du jeu sur les éclairages qui donnent un aspect vraiment réaliste aux rues. L'animation et le texturage des NPCs laissent par contre souvent à désirer. Sur Xbox series X, tout comme sur PS5 je suppose, nous avons droit en plus à de magnifiques reflets dans les flaques d'eau :) .
En conclusion, on peut dire que Yakuza entre très joliment dans le monde du RPG. Le jeu est beau, drôle, agréable à jouer, et surtout hyper bien scénarisé. Il reste par contre une sacrée liste de choses à revoir pour le prochain épisode : rééquilibrer la difficulté et la montée en expérience et choisir clairement son orientation "open world" ou "jeu linéaire" pour rendre le soft plus cohérent. Vivement le suivant en tout cas !
17/01/2023
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- Le scénario
- L'humour
- Les personnages
- Le niveau graphique du jeu
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- Monde ouvert mal maîtrisé
- Musiques
- Équillibrage du jeu
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TECHNIQUE 4.5/5
BANDE SON 1.5/5
SCENARIO 5/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 3/5
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