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Fable III
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Fable IIIThings have changed
Entre communiqués extravagants et trailers annonçant le jeu comme une révolution, Peter Molyneux n’a pas lésiné sur les moyens pour faire monter la sauce autour de Fable III. La légendaire modestie de cet homme a déjà valu quelques désillusions dans la population de joueurs qui se sont essayés aux précédents opus de la saga. Mais tandis qu'on voyait une ligne directrice clairement établie entre les deux premiers épisodes, Fable III se démarque quelque peu et prend des initiatives, parfois déroutantes. It's a revolution.
Le temps est venuL’Albion n’est plus ce qu’il était autrefois. La poésie des étendues verdoyantes a disparu, la convivialité des bars et autres pubs n’est plus, l’ambiance médiévale s’est volatilisée. L’industrialisation s’est installée et a enfoui ses racines au plus profond du royaume, et avec elle, de nombreux fléaux. La misère s’est invité dans les rues de Bowerstone, le nouveau quartier industriel sombre dans la décadence, le vieux quartier est délabré, les injustices règnent en maître et les ouvriers haïssent les patrons qui les tuent à la tâche. Cependant, cette révolution industrielle n’est pas seule responsable de l’état du pays. Le tyran au pouvoir, Logan, fils du précédent Héros qui avant lui régna magnanimement et justement, n’arrange en rien la situation et prend des décisions en défaveur de ses sujets et ne fait que les plonger un peu plus dans cette pauvreté qui ronge de l’intérieur ce royaume. Vous, le frère (ou la sœur, tout dépend du choix du sexe) du monarque, vous élèverez contre ces pratiques et, avec l’aide de votre maître d’armes et de votre majordome, mettrez en marche une révolution dans le but de renverser le trône et de vous y établir. Nul doute n’est encore possible, vous êtes le nouveau Héros, digne descendant de votre ancêtre et cette fois-ci, il vous faudra rallier à votre cause de nombreux alliés afin de constituer une armée, sous peine de quoi, vous n’arriverez pas à vos fins.
Après un dilemme cornélien imposé par Logan, de ceux auxquels les Fable nous ont habitué, c’est à dire qui résulte dans le choix de laisser vivre sa bien aimée au détriment de portes-parole du peuple et inversement, vous fuyez le château familial et pouvez enfin découvrir l’univers de ce nouvel opus par vous-mêmes. Globalement plus sombre et plus mûr que ses prédécesseurs, Fable III troque son aspect magique et enchanteur contre quelque chose de moins mystique et de plus oppressant. Le travail quasi parfait sur l’OST est le principal support à cette atmosphère particulière. Les mélodies sont comme toujours très justes et accompagnent à merveille les situations et les divers décors. On ne retiendra cependant presque aucune piste, les musiques étant toutes destinées à satisfaire l’ambiance du soft. Les textures utilisées quant à elles reflètent bien l’aspect dépravé dans lequel Albion se trouve et les PNJ, matérialisation de l’état du royaume, sont criants de vérité. Votre passage dans les rues mal famées sera donc l’occasion pour vous, jeune prince(sse), d’être au contact de votre peuple. C’est à ce moment que l’on retrouvera la possibilité d'interagir individuellement avec chaque PNJ et ce, en usant des mêmes procédés que dans les opus précédents. On utilisera donc les expressions habituelles, à l’exception de la poignée de main et de la fonction suivre, qui consiste cette fois à tenir la main de la personne souhaitée pour l’accompagner. Mais malgré cette nouvelle ambiance, l’humour décalé "so british" de la licence est bel et bien présent, lequel se manifestera à travers des dialogues toujours aussi délicieusement décalés. Ce dernier aspect ne plaira pas à tout le monde, pour sûr, les délires des développeurs étant parfois assez, justement, délirants. Right or wrongS’il faut reconnaître à Fable III une qualité certaine, c’est son doublage, du moins pour la version anglaise du soft. Muni d’un casting aux voix convaincantes, Fable III se dote d’une justesse et d’une crédibilité imparable lors des dialogues qui ornent le déroulement de l’histoire. À noter par ailleurs que le héros parle et est doublé, pour la première fois dans la série. Et lorsque tout ceci est couplé à une mise en scène en large progrès par rapport à ses prédécesseurs, ce troisième opus arrive à convaincre dans son développement principal, assez pour nous tenir correctement en haleine durant les quelques 15-20 heures de jeu prévues.
Mais Fable ne serait pas ce qu’il est sans son fameux alignement qui dépend de nos actes et choix. Le système reste le même que dans les anciens épisodes, à l’exception faite, et elle n’est pas des moindres, que l’alignement obscur n’aura plus une influence physique aussi catastrophique qu’avant. Celle-ci se répercutera seulement sur la noirceur des yeux et la couleur du scintillement de l’arme, et n'occasionnera pas des cicatrices très moches ou des disproportions du corps du héros. Ainsi, l’attirance et l’alignement sont totalement indépendants l’un de l’autre, vous pouvez être un tyran tout en restant beau gosse. Seulement on se rend compte en cours de partie que cette balance entre le bien et le mal ne tient pas à grand chose car un système de donation viendra brouiller cette limite en pouvant passer de l’un à l’autre bien facilement. Du coup, ce sont moins les choix faits et les actes perpétrés lors du scénario qui caractérisent notre alignement mais plutôt un bon gros tas d’argent ou de simples meurtres. Et pourtant c’est cet alignement qui importe et influe grandement sur la tournure que prendra la fin du jeu. D’autre part, toujours dans les déceptions, lorsque l’on désire trouver du challenge du côté du mal en massacrant les gardes des cités, on subit une lourde désillusion tant il sera facile de faire un génocide sans que la puissance des soldats n’augmente. On aurait aimé retrouver cette difficulté graduelle présente dans les anciens opus qui empêchait de prendre d’assaut n’importe quelle ville à n’importe quel stade du jeu. StrangeFable III fait l’impasse sur les points d’expérience et matérialise la progression du héros d’une toute autre façon. Dans une sorte de dimension parallèle, Theresa - bien connue des joueurs de Fable II - vous guidera à travers la "road to rule", un chemin qui se débloque au fur et à mesure de l’avancée dans l’histoire, ponctué par des dialogues et qui contient divers coffres. Dans ces coffres, pas d’armes ni d’argent, mais des aptitudes qui ressemblent en tout point à celles acquises dans les précédent épisodes. Et pour avoir la main mise sur ces trésors, il vous faudra acquérir des sceaux de guilde qui ne représentent nulle autre chose que l'expérience glanée lors des quêtes et combats. Point de réelle révolution donc, mais plutôt un moyen détourné, plus scénarisé d’évoluer et d’acquérir de nouvelles compétences. Par ailleurs, on assiste à un remaniement de la magie. Ici chaque magie correspond à des gantelets et vous aurez la possibilité de faire des combinaisons entre les six éléments disponibles au total. Aucune magie extravagante tel que Berserk ou autre donc, le système est simplifié à l'extrême et évite ainsi les excès de zèle inutiles.
Autre innovation, les armes changent de forme en fonction des exploits accomplis. On aura par exemple pour un fusil, une crosse faite d’os si l’on a triomphé des morts-vivants. Cependant, l’exploit n’a pas toujours un rapport direct avec la forme prise par l’arme et on ne peut pas prédire la prochaine évolution. D’autre part, les armes possèdent également des aptitudes à débloquer en remplissant certaines conditions bien définies cette fois-ci. Tout cela apporte une petite touche d’originalité dans un système assez classique. Classique en effet, les combats ne changeant que très peu par rapport à l’épisode II, en coop (sur le live ou en local) ou tout seul. Un A-RPG tout ce qu’il y a de plus conventionnel dans lequel chaque arme possède une touche qui lui est assignée. On notera cependant beaucoup plus de souplesse et de maniabilité dans les affrontements, des mouvements moins saccadés et surtout, une mise en scène stylisée qui rythme tambour battant les phases d’exploration. On se surprendra donc à sortir des mouvements inédits sortis d’un autre monde ou bien des ralentis du plus bel effet. Et que les fans se rassurent, le chien inauguré dans Fable II est de retour et nous aidera à dénicher nombre de trésor, pour notre plus grand bonheur. Mais au final, ce qui choque et qui fait passer le soft pour un action-aventure, c’est l’absence ou presque de HUD (interface). En effet aucune information sur notre vie ou nos objets n’est affichée à l’écran. Le HUD est donc seulement ponctuel et n'apparait que lorsque votre vie est en danger et qu’il vous faudra utiliser un objet de soin, ou alors que vous êtes en combat et que vous pourrez utiliser un objet adéquat à la situation. Réellement déroutant en premier lieu car l’impression de n’avoir aucune gestion en temps réel du héros se fait sentir, on s’y accommode facilement. En effet, la facilité effarante du soft ne demande pas beaucoup d’attention (voire aucune), mourir est extrêmement difficile. Ainsi, on aurait préféré des boss plus imposants et un peu plus corsés qu’ils ne le sont. OubliéToujours dans les innovations troublantes, le traditionnel inventaire se voit purement et simplement supprimé. Il est en effet remplacé par une salle circulaire à l'allure de quartier général aux multiples fonctions. Il suffira d’appuyer sur start (et ce n’importe quand) pour se voir transporter dans une sorte d’inventaire taille réelle où il faudra se rendre dans la pièce adéquate afin de changer son arme ou ses habits, ou consulter les fonctionnalités online. La baisse de rythme en plein combat est la même que si l'on activait l'inventaire classique, pas de gros soucis à se faire. La pièce centrale de ce complexe quant à elle contient la carte du monde ultra détaillée et interactive qui vous permettra de voyager à travers le monde. On pourra à travers elle acheter les différentes maisons et commerces afin de fonder son empire immobilier. Mais on aura également bon nombre d’informations sur les contenus des zones tels que le nombre de clés d’argent à récupérer ou les quêtes disponibles. L’exploration se voit par conséquent largement exacerbée par ce système. Ce que l’on aura d'ailleurs plaisir à faire, les donjons étant relativement bien construits et le level design en général recherché et réussi de façon à ce que l’on ne s’ennuie pas et que la sensation de redondance soit évitée, bien que malgré tout, les cavernes soient présentes en nombre.
Du côté de la technique, quelques améliorations notables, notamment au niveau de la modélisation des personnages et de leur faciès. Toutefois, le moteur utilisé est celui de Fable II et tout aussi amélioré qu’il soit, il date. On pourra donc rencontrer occasionnellement quelques textures baveuses et peu reluisantes. Le rendu total qui demeure tout de même correct pour le support peut-être facilement enjolivé par la patte artistique bien particulière aux Fable, pour peu qu’on l’apprécie, évidemment. RevolutionMais la nouveauté bien particulière de cet opus, c’est la possibilité de régner en maître sur Albion et de pouvoir y établir sa loi. Durant cette phase proche de la fin du jeu, le monde changera littéralement (des paysages seront remaniés, des villes détruites) selon les décisions que vous prendrez et si vous tenez les promesses faites durant la période révolutionnaire. Vous pouvez donc choisir d’être honnête ou de devenir un horrible tyran qui opprime le peuple. C’est ainsi que les disparités entres les différents mondes des joueurs sur le Live seront constatables dans la plupart des cas. Vous aurez donc durant cette période des fonds à gérer ainsi qu’un planning de monarque à suivre à la lettre. Un peu redondant mais sortant de l’ordinaire, cette phase est loin de ne comporter aucun intérêt. Vous serez confronté à des choix terriblement difficiles qui régiront l'avenir de l'Albion. Sans entrer plus dans les détails, votre royaume est menacé, et pour contrer cette menace il vous faudra acquérir une armée digne de ce nom. Et pour cela, il est nécessaire d'amasser autant que faire se peut, une petite fortune. Vous l'aurez compris, cela se fera au détriment des conditions de vie du peuple, chaque décision en faveur de vos sujets vous coûtant un certain montant d'argent. A vous donc de décider ce qui est le plus important, l'avenir de votre royaume ou le bonheur du peuple déjà tant martyrisé ?
Reste un regret tout de même après avoir complété le jeu : malgré un grand méchant bien psychopathe et une très bonne idée de départ pour le scénario, l’intrigue n’est pas poussée jusqu’au bout et manque de finition. On reste donc dans le flou, ce qui est assez frustrant. Néanmoins on se consolera avec quelques features fun comme les orgies ou la fondation de son empire immobilier en achetant toutes les maisons et commerces du jeu pour devenir plus riche que riche. Fable III prend un virage strict par rapport à ses ainés en ce qui concerne l’ambiance, en favorisant un aspect plus sombre et mature, mais reste néanmoins un digne héritier en reprenant les même rouages de jeu, et le même univers. On notera la tentative d’innover sur nombre de points mais surtout la substitution de l’inventaire pour un gain en esthétique et en clarté ainsi que l’orientation action-aventure plus prononcée que celle de ses prédécesseurs. Avec sa bande son et ses doublages de qualité ainsi que sa courte durée et sa mise en scène appréciable, tout le monde peut s’essayer à Fable III, car il le vaut bien.
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