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Xenoblade Chronicles
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Xenoblade ChroniclesSynthesis
Des mains tremblantes, de la sueur, de l'appréhension. Puis soudain l'écran-titre ; une épée écarlate, l'herbe d'un vert vivace balayée par le vent, un air enivrant. Xenoblade procure là ses premiers frissons. Il nous prépare à entrer dans son monde, vaste et féérique. Monolith Soft, en l'expérimenté forgeron qu'il est, a frappé le fer du RPG avec l'adresse et le talent nécessaires à la création des grandes et fines lames. This is the beginning of the world.
Liberté, j'écris ton nomUn ciel améthyste étoilé, des filins dorés qui s'échouent sur les côtes d'un océan azur, surplombé par une aurore boréale voluptueuse qui orne le firmament d'une fraîche nuit, porté par une mélodie grisante. Des récifs de terre suspendus ça et là dans les airs brisent la monotonie du paysage qu'offre un simple littoral, devenu trop ordinaire le jour venu. Une nature sauvage, effrayante et déchainée, pareille aux gargantuesques chûtes d'eau que l'on y croise. Un panorama enivrant, une expérience dépaysante, la symbiose de l'homme et de son environnement. Puis un marais, banal, donc peu accueillant, qui ne révèle ses secrets que l'obscurité venue. Il se découvre alors, timidement, sensuellement comme pour remercier son invité de l'avoir accompagné dans la solitude qui le meurtrissait. Des émanations lumineuses s'élèvent depuis les marécages et des arbres délabrés. Elles vont rejoindre les astres, perdues à jamais. Mais avant cela, elles profitent de leurs derniers instants pour offrir un spectacle dansant d'une totale sérénité, placé sous le signe de la plénitude et de la contemplation. Tout reprend vie.
Des associations parfois complexes, mais toujours justes, à la source d'une émotion simple. Susciter l'admiration, tel est le but des décors de Xenoblade. Wii ou pas, Monolith fait fi des barrières techniques pour accorder à son titre une identité visuelle majestueuse. Alors on progresse, on s'ébahit devant le premier tableau, puis l'on passe au suivant, démesurément plus impressionnant et ainsi de suite jusqu'à ce qu'une de ces visions parvienne à nous transcender. De même que l'on goûte à cette liberté, que tant réclamaient depuis longtemps. On déguste, on savoure, puis on se repaît encore et encore des étendues sans fin de Xenoblade. D'innombrables lieux à parcourir, d'infinis espaces à découvrir, tous destinés à être visités, décortiqués, contemplés. Leur diversité n'aura d'égal que leur taille démentielle. Richesse et abondance sont les maitre-mots de la vie qui y règne. Hommes, bêtes, insectes, jusqu'au plus petit organisme, tous semblent non pas cohabiter, mais simplement prospérer de la façon la plus sereine et naturelle qui soit, chacun au cœur de son microcosme. Par conséquent, pénétrer dans le monde de Xenoblade, c'est plonger dans un univers à l'ambiance hétéroclite, bien qu'émotionnellement homogène. Le ressenti ne passera cependant pas qu'à travers le rendu visuel époustouflant, il faudra compter sur la bande-son aussi diverse que magnifique. Les pistes les plus planantes vous feront toucher du doigt la mer veloutée de nuage qui s'étend au-dessus de vous, d'autres empreintes de poésie et de mélancolie vous feront gamberger lors d'un coucher de soleil ou en admirant les étoiles qui parsèment la voûte céleste. Ainsi la musique se trouve-t-elle être l'élément sine qua non au passage d'une quelconque émotion. De ce simple fait, l'exploration repose énormément sur l'environnement musical, parfaitement réussi. Two titansAu commencement, deux titans s'affrontèrent dans un combat sans merci au milieu d'un océan sans fin. Ainsi le Bionis et le Mékonis se sont livrés bataille jusqu'à ce qu'ils se portent mutuellement un coup fatal, les figeant par là même dans la position de leur ultime estocade. Dès lors, la vie se mit à éclore sur Bionis. Des êtres ont vu le jour, puis ont perpétué leur lignée des millénaires durant. Seulement, récemment des Mékons, machines issues de Mékonis, se sont mis à attaquer les peuples de Bionis, comme pour perpétrer cette haine qui opposa un jour les deux entités. Vous Shulk, natif du peuple des Homz, êtes une des victimes de ces assauts. Votre patrie la Colonie 9, située sur le pied de Bionis, devra essuyer le siège des forces Mékonites. Les morts seront nombreux, des êtres chers vous seront pris. C'est donc en quête de vengeance et armé de la seule épée pouvant détruire les Mékons – Monado - que Shulk quitte son village d'enfance et entreprend l'ascension du géant.
Il est très aisé de distinguer deux phases dans l'intrigue de Xenoblade. La première consiste tout simplement à alléger le scénario le plus possible, en posant les bases du récit très calmement, petit à petit. C'est l'occasion de faire la connaissance d'un casting plus ou moins haut en couleur. On collectionne certes les stéréotypes, mais on peut ressentir le soin apporté à chacun des protagonistes. Tous ont un rôle à jouer, ou à subir, dans cette histoire. On découvre des passés douloureux, des traditions mystérieuses, des amours inachevés... Une fois les motivations de tous ainsi dévoilées, les questions sans réponse posées, place au bal des réjouissances. En effet dans la seconde partie, les révélations et les scènes de folie fusent dans tous les sens. Les zones se font plus étroites afin d'obtenir un rythme soutenu, nécessaire à la longue ligne droite de la fin. Le scénariste en profite pour aborder les principaux thèmes du jeu un peu plus en profondeur, à savoir le pouvoir ou non de changer son destin, le bien fondé d'un quelconque Dieu, etc. On se rend compte au final que la tournure que prend les événements est relativement similaire à celle de Xenogears, sur la forme. Car que l'on ne se méprenne pas, s'il s'agit bien de Takahashi aux manettes de Xenoblade, le jeu n'a rien de la complexité de ses œuvres antérieures, au contraire. Le titre est bien moins retors, plus simple dans son cheminement, mais parvient pourtant à conserver une efficacité remarquable dans son traitement de la trame. Cela grâce à des cut-scènes très bien orchestrées, tant au niveau des dialogues (superbement doublés en anglais et qui profitent d'une traduction française de qualité) que de la mise en scène. Cependant aussi maitrisées qu'ils soient, ces passages à eux seuls manquent cruellement d'émotions. Ceci étant dû au fait que l'animation faciale des personnages frôle malheureusement le zéro absolu et le lissage des visages le poli du marbre. Il faudra encore une fois compter sur l'OST pour véhiculer des sensations. Tantôt mystiques, tantôt tragiques, les mélodies d'ACE+, de Manami Kiyota et de Yoko Shimomura font mouche. Elles nous font frissonner avant un combat décisif, elles procurent de l'adrénaline pendant les phases critiques et nous touchent lors des instants émotion. En bref, elle accomplit sa part du travail de main de maître. Let's exploreS'il est un qualificatif qu'il faudrait associer à Xenoblade, celui-ci serait intelligent. Xenoblade excelle effectivement dans presque tout ce qu'il entreprend, et cela avec un degré de finition impressionnant. A commencer par l'exploration, le noyau du gameplay. Cette dernière se dénote du reste des productions de par sa praticité et du divertissement qu'elle procure. J'en veux pour exemple l'énorme récompense accordée à chaque découverte d'une partie de la zone, ou bien la présence de repères qui permettent de se téléporter à plusieurs endroits d'une zone quand bon nous semble, un mécanisme d'une efficacité remarquable. A ceci rajoutons la très grande vitesse de déplacement du héros et la récompense systématique du joueur par des trophées (plus d'une centaine) - synonymes de gain d'expérience - lors de faits notables et l'on parcoure chaque endroit - ville, donjon ou plaine - avec un plaisir renouvelé en permanence par le désir d'être gratifié. Du reste quant au level design, Xenoblade est de toute évidence ce genre de jeu qui vous abreuve de ces petits détails qui font toute la saveur de l'expérience. En tête de liste, des variations de temps (jour, coucher de soleil, nuit, pluie, tonnerre, etc) accompagnés de changements de musiques, de PNJ et d'ennemis. En somme deux mondes différents semblent coexister avec comme seule frontière le crépuscule.
En outre, afin d'explorer en totale quiétude, les développeurs ont eu l'excellente idée de rendre inoffensifs les monstres qui sont bien en deçà de votre niveau, vous évitant ainsi des affrontements pénibles et inutiles. Et l'architecture des niveaux n'est pas en reste, très bien achalandée, où chaque espace est destiné à un usage spécifique pour les centaines de quêtes du jeu. Ne tremblez toutefois pas devant l'immensité de cette indication, car elle ne représente qu'une partie de l'incommensurable phase annexe de Xenoblade. Mais il convient cela dit de préciser quelque peu le fonctionnement de cette véritable machine infernale. XemmobladeLors d'une arrivée en ville, vous ne pourrez pas y couper, des dizaines de PNJ de toute sorte vous proposeront des quêtes. Du ramassage de banane à l'atomisation du boss du coin, elles sont assez variées mais rentrent tout de même pour la plupart dans le carcan des quêtes de MMORPG. Cependant, le fonctionnement n'est pas tout à fait similaire. Les annexes sont prétextes à explorer la zone et ne font jamais dans la démesure. Comprenez par là, que pour les 9/10e des quêtes, vous les réaliserez naturellement en parcourant la zone, en anéantissant les mobs alentours et en ramassant les matériaux sur le sol sans devoir ni farmer, ni grinder. C'est à ce moment précis qu'intervient une autre idée de génie de la part de Monolith Soft : les quêtes se résolvent d'elles même. Plus besoin de couper votre exploration pour retourner voir John le borne ou Melissa l'enchanteresse et valider votre quête. A l'instant même où vous remplissez les conditions requises, la quête est validée et la récompense vous est octroyée. Récompense plus que grasse qui plus est, car faire de l'annexe paye bien dans Xenoblade. Mieux vaut privilégier cet aspect que le bash pour espérer grimper en niveaux. Dernier point toutefois, et il est de taille, vous êtes prévenu par une petite icône en forme d'horloge lorsqu'une quête est vouée à disparaitre si le scénario progresse. Finie la frustration, finis les allers-retours. Xenoblade culmine à un degré de finition extrême ce qui lui vaut de garder tout son fun, sans entacher l'expérience de jeu d'aucune façon. Une prouesse assez rare cette décennie pour qu'elle soit mentionnée.
Enfin d'autre part, Xenoblade profite d'un aspect social qui pousse à interagir avec le monde dans lequel vous baignez. Ceci se matérialise par la présence d'un sociogramme dans votre inventaire. Il s'agit en réalité d'un annuaire des relations entre les PNJ des multiples "factions" du jeu mais aussi de celles qui existent entre vos personnages. Vous pouvez donc faire évoluer ce sociogramme tout simplement en parlant à tous les personnages que vous croisez. Ainsi vous verrez apparaitre les PNJ et les relations qui existent entre eux dans votre menu, et il ne tiendra bien sûr qu'à vous de faire évoluer ces liens, soit en réalisant des quêtes de relation, soit tout simplement en parlant à la personne adéquate. En conséquence votre réputation auprès du peuple sera augmenté, et qui dit réputation augmentée, dit quêtes de plus en plus dures et de plus en plus alléchantes niveau butin. La face cachée de ce sociogramme mentionnée plus tôt est en quelque sorte un système de drague entre les protagonistes principaux. Des lieux de tête à tête sont disséminés de par le monde entier et chacun est sujet à l'apparition d'un dialogue, plus ou moins intéressant, entre deux de vos membres. Quelle utilité ? Comme pour les PNJ, ceci aura pour effet de donner un coup de boost à vos relations, allant de l'indifférence à l'amour. Vous ne voyez toujours pas l'utilité ? Les répercussions sont en réalité multiples. L'affinité vous servira pour parfaire le craft ou pourra bien vous sauver la mise en plein combat. Mais voyez plutôt. Heropon... FIGHT !Xenoblade est surprenant sous toutes ses coutures, et par conséquent jusque dans ses combats. Prenez un soupçon de Final Fantasy XII, ajoutez-y une bonne dose de dynamisme, relevez le tout avec un zeste de tactique issu de Guild Wars et perfectionnez enfin votre composition d'une touche d'interaction via quelques QTE. On pourrait ainsi résumer le gameplay de Xenoblade, mais de simples comparaisons ne serait pas lui rendre justice.
A mi-chemin entre le MMORPG et le classical, le titre de Monolith est contrairement aux apparences, très loin d'être le type de jeu qui a le cul entre deux chaises. Il impose au contraire son style en mélangeant pléthore de bonnes idées provenant du RPG japonais. La base des combats réside dans la constitution d'une barre de compétences à spammer entre des auto-attaques. Si au début de l'aventure les possibilités ne sont pas mirobolantes, on gagne peu à peu en puissance et en diversité au fur et à mesure que la liste des aptitudes devient exhaustive et que l'on acquiert de nouveaux personnages, chacun ayant une manière tout à fait unique d'être joué. Et c'est d'ailleurs bien là l'essence de Xenoblade, que l'on retrouve d'ailleurs dans tous les aspects du soft : la montée en puissance perpétuelle. On la ressent mieux que jamais durant les combats. Prendre simplement quelques niveaux vous permettra de terrasser un ennemi qui vous tenait en échec quelques minutes auparavant. Changer deux ou trois pièces d'équipement après s'être fait rouster par un boss permet bien souvent de changer la donne. Il ne faut néanmoins pas voir là un gameplay mal équilibré, simplement un système qui s'adapte réellement à chacun de nos choix qu'il s'agisse de la composition de l'équipe (soigneur, tank, dps, mage...) ou de la stratégie entreprise à l'aide des compétences. Xenoblade est donc un soft qui offre au joueur une assez grande liberté de personnalisation, dans la limite des rôles pré-définis des personnages. Mais il ne tient alors qu'à vous de diversifier votre façon de jouer en prenant le contrôle de chaque personnage tour à tour et de voir celui qui vous convient le mieux. Cela dit, bien que Xenoblade ne permette de contrôler qu'un seul et unique personnage à la fois, le travail d'équipe est plus que jamais au cœur de la stratégie. Qu'il s'agisse de faire grimper la jauge d'équipe pour déclencher des combos dévastateurs, de prévenir ses alliés avant une attaque puissante de l'ennemi ou d'accomplir une QTE en plein milieu de l'action, l'interaction avec son partenaire est omniprésente. Le dynamisme alors insufflé au gameplay apporte un vent de fraicheur bienvenu et perfectionne le gameplay MMO jusqu'alors plutôt ennuyeux en solo. On notera juste que l'IA peut parfois desservir les actions du joueur car perfectible, et que l'impossibilité de mémoriser des builds d'aptitudes frustre. Cela aurait pu se révéler bien pratique lors d'un changement d'équipe/stratégie. Mais que serait un bon combat sans une piste endiablée pour nous lancer furieusement dans la bataille ? Contre toute attente, alors que les principales mélodies du soft sont mises à profit de l'ambiance et se situent donc en arrière plan lors des phases d'exploration, les affrontements sont l'occasion de découvrir des pistes rock terriblement bien rythmées, dignes des meilleures pistes de la série Ys. Le contraste est tellement saisissant entre les deux types de musique que lorsque le combat se lance, on ne peut qu'être pris d'une folie dévastatrice, boosté par nos instincts guerriers les plus primitifs. Encore un bon point pour une bande-son d'anthologie. Se laisser bercer par la mélodie charnelle d'une journée d'été lascive, virevolter au gré des lames de vent qui vous balayent le visage et vous rappellent combien vous êtes libre ; contempler. Admirer ; pouvoir jouir d'un tableau idyllique le temps d'une pluie d'étoiles lancinante et finalement s'esclaffer. S'étonner d'une telle prouesse artistique, d'une telle intelligence dans l’œuvre. Car Xenoblade est un de ces titres qui synthétisent seulement le meilleur pour laisser un souvenir impérissable. D'un revers de main, Monolith fait voler en éclat nos mauvaises expériences de joueur en canalisant son génie dans une expérience brute, vraie et simplement touchante. Le chef-d’œuvre RPG de la décennie est entre vos mains.
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