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Deus Ex: Human Revolution
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Deus Ex: Human RevolutionPrends ça dans ta face... en toute furtivité !
Plus de trois ans que Deus Ex 3 était attendu, source de fantasmes, d’inquiétudes, après un second épisode qui a déçu.
Deus Ex a été le premier véritable RPG utilisant un moteur de FPS (bon ok, y'a eu aussi System Shock) pour proposer un monde ouvert d’inspiration Cyberpunk, un genre très (trop) peu présent y compris dans le jeu-vidéo malgré le retour d’autres genres de science-fiction (space opera et post apocalyptic). La presse est rapidement tombée unanime pour saluer le succès de Human Revolution, est-ce bien justifié ? Au début, il y eut AdamQuoi de mieux pour une préquelle à Deus Ex - dont le héros s’appelait JC (officieusement pour Jésus Christ et non pas Jean Claude) - que de nommer son héros Adam ?
Adam Jansen est un ancien flic d'élite, membre du S.W.A.T. Aujourd'hui chef de la sécurité pour Sarif Industries, une société spécialisée dans les augmentations (des prothèses cybernétiques améliorant l'homme), il fait face à une attaque terroriste non identifiée qui lui coûtera presque la vie. Quelques mois plus tard, il est de retour affublé du nec plus ultra en matière d'augmentations (bras et jambes cybernétiques, cerveau boosté...), si bien qu'il n'a plus grand chose d'humain physiquement. Et voilà qu'un autre groupe de terroristes, farouchement anti-augmentations, Pureté Absolue, prend en otage des employés de Sarif Industries dans l'usine de production. Influent, le P.D.G. de Sarif parvient à retarder l'assaut du S.W.A.T. et c'est Adam qui est prié d'y aller pour récupérer un prototype militaire top secret. C'est le point de départ de l'intrigue de Human Revolution, riche en rebondissements qui mêlera comme ses prédécesseurs thèses complotistes et débats sur le futur de l'humain. L'Homme doit-il chercher à s'améliorer via la technologie ? Va t-il y perdre en humanité ? Qui empêche Sarif d'accéder au corps du hacker suicidé au cours de la prise d'otages dans l'usine ? Son directeur en sait-il plus qu'il ne le dit sur les attaques dont sa société a fait l'objet ? Autant de questions auxquelles Adam Jansen sera confronté durant cette aventure qui le mènera aux quatre coins du monde. Passionnante, l'histoire manquera parfois malgré tout de subtilité dans le traitement de ses thèmes, notamment sur les complots. Les réflexions les plus intéressantes sont les plus classiques de la science-fiction et concernent l'Homme et son futur. Pas seulement dans l'augmentation, qui pose le problème de l'accès inégal à celle-ci dans une société capitaliste, mais également dans la perte d'un repère essentiel à la définition de l'humanité : celui du corps. D'autres thèmes de S.F. sont également abordés, et ils sont globalement les mêmes que dans les deux premiers épisodes. La différence majeure est que Human Revolution se trouve plus proche de nous, puisqu'il se passe avant le premier épisode, avant que les augmentations ne deviennent presque invisibles via les nano-machines. Dans Human Revolution, s'augmenter signifie avant tout se mutiler et se défigurer. Les cyborgs de ce troisième opus sont reconnaissables au premier coup d’œil, et c'est ceux qui plus tard seront relayés au rang d'antiquités gênantes et dégradantes, les Anna Navarre et Gunther Hermann de Deus Ex 1. First Personn Cyberpunk Role Playing GameAprès un second épisode qui simplifiait tristement le gameplay de Deus Ex, Human Revolution était attendu au tournant. Ce dernier fait le pari de ne pas revenir à la complexité de Deus Ex, qui mariait le choix d'augmentations à un véritable système de niveaux qui permettait de choisir des compétences diverses qui influaient sur les capacités au combat. Ici, c'est l'aspect "Action" qui est privilégié à la feuille de statistiques. Les compétences du joueur sont son atout principal et les augmentations lui ouvrent surtout de nouvelles portes de gameplay.
Compléter des objectifs de quêtes, abattre ses adversaires, pirater des terminaux, explorer les niveaux permet d'engranger des points d'expérience. Chaque palier d'expérience dépassé permet le gain d'un point de dynamisation. Ce point peut être dépensé sur un arbre d'augmentations et chaque partie du corps d'Adam (non, pas toutes, ok) peut-être augmentée cybernétiquement. En réalité, elles le sont déjà, mais leurs pouvoirs sont "endormis" et peuvent être réveillés. Chaque partie du corps augmentable possède son petit arbre ou sa branche d'augmentations. Utiliser un point de dynamisation sur les jambes peut permettre plusieurs choses, par exemple pouvoir faire une chute de n'importe quelle hauteur sans subir de dégâts, ou bien courir sans émettre le moindre son. Ces dynamisations sont passives ou actives selon les cas, usant ou non de "batterie". Oui, Adam marche à piles, piles qu'il recharge en mangeant des barres vitaminées par exemple (loul). Ses nouvelles compétences lui permettent au fil du jeu tout un tas de choses : de voir ses ennemis à travers les murs, de pouvoir respirer dans un espace pollué par des gaz toxiques, de devenir invisible, de soulever et lancer des charges lourdes, de courir plus vite et plus longtemps ou encore d'optimiser ses compétences de compréhension et d'empathie pour mieux convaincre ses interlocuteurs... Les augmentations ne manquent pas et si l'on ne peut pas (à moins d'acharnement) au fil d'une partie toutes les acheter, les pouvoirs débloqués seront assez intéressants pour oublier l'absence d'autres éléments RPG qui faisaient la joie des puristes du premier épisode. Le système de dialogue est particulièrement réussi, mettant le joueur aux prises avec un combat psychologique avec ses interlocuteurs dont la finalité est de réussir à dominer mentalement celui-ci pour le convaincre. Une même réponse peut donner lieu à différentes réponses, et l'augmentation sociale permet d'avoir accès à de nouvelles réponses qu'il faudra choisir en fonction du profil de la personne et de son comportement à un instant T. Give me Deus ExHuman Revolution, même s'il met le joueur dans la peau d'un être particulièrement "augmenté", n'offre en aucun cas l'invincibilité. En difficulté maximum, une rafale de balle est fatale, et il est constamment nécessaire de jouer intelligemment, d'observer les mouvements des ennemis, de les éviter si possible ou de les tuer lorsqu'ils sont seuls. En ameuter plusieurs, c'est souvent se condamner à mort. Les ennemis réagissent très vite, contournent intelligemment le joueur, usent de l'invisibilité et d'autres pouvoirs. Certains détails sont particulièrement intéressants. Se placer derrière des civils, s'en servir comme bouclier humain, empêchera les forces de l'ordre de tirer par exemple.
Le meilleur moyen de neutraliser l'adversaire, si l'on décide de le faire, est souvent de l'approcher lorsqu'il est seul, et d'user d'une neutralisation, déclenchant d'une simple commande une animation qui tue l'adversaire ou l'assomme, au choix du joueur. Il est aussi possible d'user d'armes non létales ou silencieuses, le meilleur moyen de progresser sans déclencher d'alarmes. Il est également nécessaire de traîner ensuite les corps des victimes loin du chemin emprunté par les autres soldats ou des caméras, sous peine de déclencher encore une fois une alarme. Il est tout à fait possible de les éviter la majeure partie du temps grâce au level-design bien étudié même si parfois un peu trop évident, d'emprunter des voies d'aération, de passer d'obstacle en obstacle pour couvrir sa présence. Human Revolution propose en effet un mode couverture, passant la vue à la troisième personne, permettant de s'accoler aux murs et d'observer plus facilement ce qui se passe aux alentours. Si celle-ci dessert l'immersion, elle est en revanche assez intuitive et devient rapidement un réflexe. Le piratage est également une composante essentielle du titre. Celui-ci permet d'accéder aux ordinateurs et terminaux de sécurité ou d'ouvrir des portes dont on ne possède pas le code ou le mot de passe. Ces codes peuvent également être trouvés sur des objets disséminés, ou être obtenus via des phases de dialogues (procédé en général réservé aux objectifs de quête). Le piratage se présente sous la forme d'un mini-jeu, dans lequel le système informatique est schématisé comme un plan, dont on doit parcourir les lignes pour atteindre un point précis, avant que la défense du système n'ait fait de même avec la position initiale du joueur. Ce mini-jeu se révèle plutôt stratégique mais un peu répétitif, s’enchaînant parfois trop souvent et devenant mécanique. Éteindre des caméras ou retourner des tourelles contre ses opposants par ce biais s'avère par contre assez satisfaisant. Gravé sur chromeSi Deus Ex: Human Revolution ne brille pas par sa technique parfois à la rue, il se rattrape très largement sur son design inspiré de la renaissance et des architectures actuelles "futuristes". Parfois épuré, comme dans les bureaux et bâtiments de grandes sociétés, il sait parfois être sale, pollué, comme dans les rues de Shanghai, dont il permet de visiter plusieurs quartiers.
Certaines textures frôlent le ridicule, comme celles de certains éléments de décors (affiches, panneaux), baveuses, floues, ou celles du ciel tout simplement honteuses. L'eau, peu représentée heureusement, est particulièrement laide et semble venir d'un autre âge. Les personnages semblent également avoir bénéficié d'un soin inégal. Certains sont particulièrement bien dessinés tandis que d'autres sont trop lisses ou carrément peu crédibles. Et là où le jeu pêche le plus, c'est dans le peu d'expression qu'ils peuvent afficher. Leurs sentiments si divers qu'ils soient ne transparaissent que dans les voix (celles d'origine sont particulièrement réussies alors que la version française est en retrait) car les visages restent souvent impassibles. Un vrai choc quand on a connu des jeux particulièrement innovants dans le domaine comme L.A. Noire. La musique, atmosphérique, non envahissante, arrive à renforcer l'immersion déjà bien présente grâce à la crédibilité de l'univers présenté. Elle s'inspire des thèmes du premier épisode, mais se révèlent originales malgré tout, possédant une véritable identité. Selon le temps pris pour explorer les villes et les niveaux, pour lire les e-mails et livres électroniques, pour réaliser des quêtes et objectifs secondaires, Human Revolution peut être terminé en 25 à 35h, et même plus. La replay value n'est pas négligeable si vous avez privilégié un type de gameplay en particulier (furtif ou agressif). Et ce n'est pas non plus la variété des armes (17 très différentes auxquelles s'ajoutent les divers types d'explosifs) et des augmentations qui ira à l'encontre de ce constat. Deus Ex: Human Revolution parvient à réussir le pari fou de faire aussi bien que Deus Ex, et même mieux puisqu'il modernise ce premier jeu qui souffre d'une rigidité mal vieillissante. Sa plus grande force réside dans son ambiance parfaitement maîtrisée, grâce une direction artistique sans failles malgré une technique parfois à la ramasse, une bande-son de qualité et des quêtes en milieu urbain passionnantes.
On regrettera néanmoins un manque d'ambition sur l'écriture, ne tournant globalement qu'autour d'une seule et même question, loin des nombreuses thématiques abordées par le premier épisode. Les quatre fins possibles (et facilement enchaînées lors d'une première partie) permettent encore une fois une fin ouverte et agréable à regarder. Un épisode réussi qui relance avec grand succès (les ventes sont nombreuses) la licence Deus Ex, pour pourquoi pas de nouvelles suites qui iront peut-être vers une plus grande profondeur thématique et des environnements toujours plus ouverts.
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