Avec le succès de la série Layton et son ambiance "Londres du XIXe siècle", d’autres éditeurs ont tenté d’utiliser une recette similaire... souvent en vain ! Ce Docteur Lautrec prend ainsi place dans la même époque mais dans une capitale différente, avec des mécanismes se voulant originaux mais il peine à sortir son épingle du jeu. Explications.
Paris, je t’aime...
Petite remise dans le contexte de notre aventure : vous suivez les tribulations du Docteur Jean-Pierre Lautrec, archéologue de son état, accompagné de sa fidèle assistante Sophie Coubertin et de son petit singe Kiki, dans le Paris de la Belle Époque (petite note d’histoire : il s’agit de la période s’étendant de la fin du XIXe siècle jusqu’aux portes de la Première Guerre Mondiale) où la Tour Eiffel est en cours de construction. Obnubilés par la recherche de trésors « habités », ils vont faire la rencontre d’une mystérieuse jeune fille, Marie, qui requiert leur aide pour résoudre l’énigme entourant un ancien artefact.
Pour aider la jeune fille, vous arpenterez une reconstitution de la ville vraiment sympathique : une carte de Paris plutôt bien conçue vous permet de parcourir les rues, lieux et autres places les plus connues de la Ville-Lumière à la recherche d’entrées vers des catacombes recelant moult trésors. Je ne peux d’ailleurs cacher avoir pris quand même plaisir à pouvoir me rendre sur la Place de la Bastille, me balader sur les quais de la Seine ou encore emprunter des rues moins connues de la province.
Tout avait l’air de bien commencer : un chara-design général mignon et plutôt bien foutu (je parle uniquement des cinématiques en anime et des artworks apparaissant lors des dialogues) avec un « héros » bourru changeant un peu de l’archétype du genre accompagné d’une ambiance frenchie pas si déplaisante. Mais j’ai malheureusement assez vite déchanté.
...Moi non plus.
Premier choix assez étonnant : le jeu est en anglais sous-titré français et les personnages arborent un inapproprié accent... so british ! Pour un jeu se déroulant à Paris c’est tout de même dommage.
Venons-en au cœur du soft en lui-même, à savoir le découpage des phases de jeu juste ultra répétitif ! Vous démarrez systématiquement au « Repaire », tenu par la sulfureuse Milady et se trouvant au niveau de l’opéra Garnier. Lieu de rencontre des aventuriers (en herbe) c’est ici que vous pourrez acheter (gratuitement ?) les cartes vous menant aux quêtes annexes (pas si annexes que cela pour pouvoir avancer dans le jeu), échanger des bijoux contre des objets ou encore acheter des objets avec vos Points de Réputation obtenus à la fin de chaque quête.
Après avoir choisi votre mission, une phase d’enquête commence afin de résoudre l’énigme proposée par la « carte ». On se rend donc dans plusieurs célèbres lieux parisiens (Place Vendôme, Notre Dame, Boulevard de Strasbourg, etc.) où des dialogues avec quelques PNJ permettent d’éliminer ou non les différents lieux auxquels Lautrec et son assistante avaient pensé, jusqu’à temps de résoudre le mystère. Pour peu que vous suiviez ces dialogues (souvent longuets) vous apprendrez quelques anecdotes sympathiques sur la ville. Mais ne vous attendez pas à une quelconque difficulté : les lieux à visiter sont tous indiqués sur la map principale par des punaises bleues. Ardu de se perdre en chemin ! Une fois la carte déchiffrée donc, vous vous rendez sur les lieux et cherchez l’entrée des catacombes représentée par une fleur de lys pas vraiment difficile à remarquer et vous voici au début d’un des nombreux et vides labyrinthes ! Après avoir vu le bout de ce dernier vous retournerez automatiquement au Repaire. Et on recommence !
Petit aparté sur les phases « d’infiltration » et d’énigme (que même votre enfant de 7 ans trouvera sans difficulté) de ces labyrinthes. L’écran du bas de la 3DS affiche la carte plus ou moins complète des lieux ce qui n’est certes pas nouveau mais assez utile. Sur l’écran du haut vous dirigez le docteur (raide comme un clou !) dans les catacombes bien souvent remplies de policiers. D’où les phases d’infiltration promises par Konami. Mais on est bien loin d’un Metal Gear Solid ! L’IA des policiers et des autres habitants des lieux est tout bonnement ridicule et mal calibrée : vous pouvez pousser une caisse dans son dos et faire du bruit qu’il ne remarquera pas qu’elle bouge ou n’entendra pas le bruit. Si par malheur vous vous faites prendre, vous recommencerez la salle du début. Les décors de ces lieux sont d'ailleurs très répétitifs (et surtout vides), sans oublier la musique, discrète mais redondante (je n’ai fait qu’une quête où le level design et la musique changeaient c’est dire !).
A intervalles réguliers, vous rencontrez des portes closes qui ne s’ouvriront que si vous réussissez l’énigme proposée. En matière d’énigmes on retrouve des suites logiques, des mots casés, des « cherchez la différence entre deux images », un mélange entre Picross et Démineur... et c’est à peu près tout. Vous avez la possibilité d’obtenir de l’aide ou d’abandonner si vous ne trouvez pas la solution mais cela vous enlèvera des points de réputation une fois de retour au Repaire.
Enfin viennent les phases de « combat » : à l’aide des trois seuls trésors habités que vous pouvez amener avec vous dans chaque labyrinthe (oui seulement trois à chaque fois à choisir parmi tous ceux que vous avez récupéré au fil de l’aventure), vous devrez capturer (un peu à la manière de Pokémon en faisant baisser ses HP sous un certain seuil) ou détruire des trésors « habités ». On pouvait s’attendre à des duels épiques. On est plutôt dans le domaine de l’epic fail.
Cela se matérialise sous la forme d'une « grille de jeu » au sol avec un système de règles à la chifoumi (pierre-feuille-ciseau) où chaque trésor habité possède son élément principal avec ses points forts face à d’autres éléments et ses points faibles. Ils disposent d’ailleurs d’une force d’attaque quantifiée, de points de vie et de points de défense. Rien de très transcendant pour peu que vous fassiez quelques quêtes annexes en parallèle de la quête principale.
Ah et petit élément de RPG à signaler tout de même, les trésors « habités » ont un « niveau » que vous pouvez faire évoluer grâce à de l’expérience accumulée à la fin du dernier combat. Celle-ci est calculée par rapport au nombre de bijoux qu’il vous reste à l’issue de chaque donjon. Système complètement inutile étant donné qu’en règle générale à chaque nouvelle quête on découvre des trésors habités beaucoup plus puissants que les précédents.
Ce schéma de gameplay se répète de la même façon pour chaque quête. Sachant que la quête principale comporte six chapitres et qu’il y a une quarantaine de quêtes annexes, je vous laisse imaginer que je ne suis pas parvenue à me motiver pour finir toutes les quêtes du jeu avant de terminer la quête principale.
Petit mot enfin sur la réalisation du jeu qui aurait très bien pu voir le jour sur Nintendo DS seulement tant la 3D est laide (et inutile). Heureusement que les artworks sauvent le tout un minimum. Lors des dialogues d’ailleurs la 3D (mise au minimum) offre un petit effet de profondeur sympathique, mais sinon pour ne pas perdre un œil je vous conseille de l’éteindre le reste du temps !
Signalons une pseudo replay value possible : à la fin du jeu vous pouvez sauvegarder votre partie afin d’achever toutes les quêtes annexes restantes. Bon courage ! Le soft se termine en une quinzaine d'heures environ, rajoutez-en dix pour le 100%.
Beaucoup de regrets concernant ce titre. En voulant jouer la carte de l’originalité dans ses phases de jeu, Konami se plante lamentablement. La faute à un système de jeu pas assez fouillé, des donjons vides et redondants, des énigmes sans vraiment de challenge. On peut à la rigueur voir ce soft comme une première approche du jeu d’aventure pour les plus jeunes (et les plus littéraires d’entre eux au vu des nombreux dialogues). Malgré tout, je retiendrai des personnages hauts en couleurs avec des dialogues assez frais, de chouettes cinématiques (animées en 2D, celles en 3D sont honteuses) et une représentation de Paris agréable. Mais cela ne suffit pas à en faire un bon jeu, très loin de là.
02/10/2012
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- Se balader dans Paris
- Les cinématiques en 2D
- Un chara design plutôt sympa
- Trouvable à très petit prix (~10€)
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- Phases de jeu redondantes
- Système d'infiltration raté
- IA hasardeuse
- Énigmes sans challenge
- Intrigue à Paris mais dialogues en anglais avec accent british ?!
- 3D inutile ou presque
- Cinématiques 3D affreuses
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TECHNIQUE 2/5
BANDE SON 2.5/5
SCENARIO 2.5/5
DUREE DE VIE 3.5/5
GAMEPLAY 1/5
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