C'est en 1996 qu’Alice Soft sort Kichikuou Rance, un tout nouvel épisode de la série Rance. Le gameplay change radicalement pour laisser place à la stratégie au tour par tour. Alors, les petits gars de chez Alice Soft ont-ils su correctement négocier ce virage à 90° et adapter ce type de gameplay à l'univers de Rance ? Un pari risqué que ne semble pas faire froid aux yeux des développeurs.
Pour faire cette review, j'ai utilisé une version traduite en anglais.
Je suis le roi du monde !
Après diverses pérégrinations narrées dans les précédents volets, nous retrouvons Rance à la tête d’une bande de voleur du royaume d’Helman. Ne se satisfaisant plus de détrousser les caravanes des marchands, Rance se lance dans le pillage des villes avoisinantes son repère. Mais ses exactions attirent rapidement l’attention de l’armée d’Helman, qui décide d’y mettre un terme. Son groupe est littéralement balayé par une déferlante de soldat lourdement équipé et dans la foulé, Sill (son esclave) et Soul (une voleuse de la bande) sont faites prisonnières. Rance ne parvient que de justesse à s’extirper de ce chaos et court la rage au ventre se réfugier au royaume de Leazas. Il sera finalement retrouvé par une ancienne connaissance et conduit devant la reine Lia. Cette dernière, invariablement amoureuse de Rance (suite aux évènements du premier jeu) lui propose une union mutuellement profitable. Rance, très loin de décolérer après la déculotté qu’il a reçue, accepte l’offre de la prendre pour femme. Il devient ainsi roi de Leazas et obtient en conséquence le commandement de l’armée. Il est grand temps d’aller secourir Sill et Soul des geôles froides et humides d’Helman dont les troupes n’ont qu’à bien se tenir ! Et pourquoi ne pas s’attaquer au reste du monde ensuite ? Après tout, Rance est un roi maintenant.
Comme vous l’aurez compris, votre but ne sera ni plus ni moins la conquête du monde. Et pour y parvenir, vous aurez fort à faire. Nombre de royaume ne vous accueilleront pas à bras ouverts, il vous faudra constituer la plus implacable armée qui ait existé et faire preuve d’une bonne stratégie pour mettre leur dirigeant à genoux.
Contrairement aux précédents jeux de la série, Kichikuou Rance prend la forme d’un jeu de stratégie. Il fait donc office de grand frère à Sengoku Rance, une suite de la série des Rance qui empruntera beaucoup à son gameplay. Si ces titres ne vous disent rien, sachez que les mécanismes et les rouages du jeu sont proches de ceux de Dragon Force sur Saturn (le côté eroge en moins, bien sûr). Il est tout de même à noter que si Kichikuou Rance reprend les évènements des précédents épisodes, il ne fait pas officiellement suite à l'épisode 4.2 et constitue plus une aventure parallèle.
Vous n’existez que pour me servir !
Pour mener à bien une guerre à si grande échelle, vos quelques généraux présents au début de votre aventure seront très loin de suffire. Il vous incombera donc la tâche de recruter le plus d’alliés possible pour voir vos chances de réussite grandir. Il existe de nombreuses façons de les recruter : les vaincre lors d’un combat, au détour d’un dialogue ou encore en échange de quelque chose. Mais il existe encore plus de possibilité de passer à côté : mauvais choix de dialogue, tuer un personnage avant le recrutement d’un autre... Le plaisir de recruter vos généraux est très addictif et nous pousse à redoubler d’effort pour en avoir un maximum et les maintenir en vie (une mort est définitive dans le jeu).
La meilleure façon de les préparer à survivre aux rudes combats qui les attend est d’augmenter leur niveau individuel ainsi que l’effectif de leur armée, sans oublier de bien les équiper. L’usage à bon escient d’item comme le Staff of Popularity ou encore le Ring of Hapiness pourra jouer un rôle clé dans la préparation de vos troupes.
Un soin tout particulier a été apporté à chacun d’eux que ce soit pour leur character design qui est plutôt réussi, ou bien leur background qui est très travaillé et qui donne une remarquable consistance aux personnages, pour peu que l’on s’attarde à lire les pavés de dialogues les concernant. Pour l’aspect castagne, ils possèdent tous leurs propres points forts et faiblesses. Certains peuvent attaquer à distance (archer, magicien) quant pour d'autres, c’est le corps à corps qui prime. Quelques-uns sont très bons en défense comme Miki qui est un véritable sac à PV, alors que d’autres sont plutôt tournés sur l’offensif comme Rick. Enfin, une poignée d’entre eux possède aussi une attaque spéciale qui pourra changer la donne dans certaines situations.
En marge des généraux, il est aussi possible de recruter d’autres personnages pour un usage plus personnel que celui de faire la guerre. En effet, Rance pourra se constituer un espace privé de détente pour échapper au stress inhérent à la fonction de monarque et qui est plus communément appelé un harem. Le recrutement n’en sera toutefois pas moins évident que celui des généraux. Il sera très facile de passer à côté d’un évènement qui aurait permis l’acquisition d’une nouvelle "alliée". Cette partie n’a cependant d’intérêt que le déblocage de CG mais dans certain cas, permet aussi le recrutement de généraux.
50 shades of Rance
Vous allez devoir forger votre royaume au tour par tour. Chaque tour vous donnera un ensemble d’action possible à faire. En premier lieu, certains évènements scriptés vous obligeront à faire un choix qui influencera plus ou moins le recrutement d’un potentiel allié ou l’attitude des autres royaumes à votre égard. Vous pourrez ensuite parler à un général sous vos ordres pour développer vos relations avec lui ainsi que remplacer les hommes de son unité tombé au combat ou en augmenter les effectifs et gérer son équipement pour booster ses stats. La construction d’un bâtiment, la visite de votre harem personnel, imposer une ville sous votre contrôle pour gagner de l’argent ou encore explorer une cave à la recherche d’un trésor constituent d’autres possibilités qui vous sont proposés. Enfin, vous pourrez attaquer les cités des autres royaumes et vous défendre de leurs assauts. Il y a tout de même des limites à vos actions. Il n’est par exemple pas possible de prendre possession de deux cités ou d’explorer deux caves dans un même tour.
Lors d’une bataille, seul quatre généraux peuvent y prendre part. Les deux premiers occupent l’avant-garde et les deux autres l’arrière-garde. Le plus généralement, les snipers sont mis à l’arrière et les soldats sont en première ligne. Stratégiquement parlant, un mage en première ligne gagerait du temps à réciter une prière plutôt qu’à réciter une incantation. Il est possible de choisir de faire un combat en extérieur ou dans la ville pour contrer les armées ennemies trop nombreuses. Les combats se terminent au bout de quatre tours si d’ici là vous n’êtes pas parvenu à vaincre tous les généraux belliqueux.
Le jeu est graphiquement satisfaisant. Il n’y a certes pas d’animation fabuleuse à se mettre sous la dent et l'ensemble revêt parfois d’une touche agaçante de minimalisme, comme les caves qui sont particulièrement ennuyeuses à parcourir puisqu'une seule et même image est présente à chaque étage. Mais pour contrebalancer, le character design et le monster design sont une vraies réussites. Il ne faut simplement pas perdre de vue que le jeu remonte à 1996 et donc qu’il convient de ne pas être trop exigeant sur ce plan.
Pour la musique, c’est Shade qui est aux commandes et ce dernier ne nous déçoit pas en démontrant son savoir-faire avec une bande son excellente. Très énergique et dynamique, les mélodies octroient une ambiance unique et propre au jeu (plusieurs morceaux des anciens jeux sont repris et font l’objet d’un arrangement).
Un des signes distinctifs de la série des Rance (particulièrement présent dans cet épisode) est l’omniprésence de l’humour. Brillamment porté par un Rance plus réussi que jamais, les extravagances ne manqueront jamais de piquant et plongeront dans le désarroi le plus total ses compagnons d’infortunes. Entre les rush suicidaires saupoudrés des plaintes de Sill (placé par Rance en première ligne), la jalousie maladive de Lia et la douloureuse tâche de Maris pour temporiser les âneries d’un tel roi, le joueur n’a pas le temps de s’ennuyer. Pourtant, Kichikuou Rance n’est pas que joyeuse tranche de rigolade et arbore parfois des passages tristes et provoque une vrai empathie pour certains personnages.
Pour finir, il existe plusieurs fins et le jeu possède une importante replay value car il est impossible dans une seule et même partie de déclencher tous les évènements et recruter tout le monde (notamment parce que le recrutement de certains personnages ne peut se faire qu’avec la mort d’un autre). Dans les grandes lignes, il n’y a pas non plus de chemin prédéfini. Les possibilités qui vous sont offertes sont donc assez nombreuses.
Avec Kichikuou Rance, Alice Soft renouvelle avec brio sa série phare. Empruntant un gameplay orienté sur la stratégie comme celui de Dragon Force qui était sorti la même année, ce titre prouvait que la saga des Rance avait encore de belles années devant elle. Je ne peux que le recommander chaudement pour ceux qui voudraient trouver une alternative à Sengoku Rance.
10/04/2016
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- Rance plus en forme que jamais
- Humour propre à la série
- Recrutement des généraux
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- Fréquence des rencontres des monstres dans les caves très irrégulière
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 3.5/5
SCENARIO 2.5/5
DUREE DE VIE 3/5
GAMEPLAY 4/5
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