Développeur ultra spécialisé, la
Team Muramasa se maintient en tant que fer du lance du RPG japonais de niche en ne produisant exclusivement que des dungeon crawler, et visant un public bien particulier. Fort de leur grande expérience dans le genre avec des titres tels que la série des
Generation XTH,
Students of Round ou encore
Demon Gaze,
Tsurugi no Machi no Ihôjin sort enfin des cartons du studio après une attente presque interminable depuis son annonce en 2012 sous le nom provisoire
The Stranger In Alda.
Where Time And Space Collide
Vous êtes le miraculeux survivant d'un terrible crash d'avion causé par d'étranges créatures ailées qui ne laissa aucune chance aux autres passagers. Reprenant peu à peu vos esprits, il ne fait désormais plus aucun doute que le monde dans lequel vous avez atterri n'est pas le vôtre. Suite à l'oppressante rencontre avec un mystérieux vieillard, vous êtes sauvé in extremis de l'attaque d'une Wyvern par une jeune fille brandissant une immense épée et décapitant la créature en un éclair. Elle se nomme Riu et elle aussi est une personne de votre monde qui a échoué dans cet univers inquiétant. Leader de la Guilde des Etrangers, celle-ci vous prend sous son aile et vous emmène alors dans son quartier général afin que vous fassiez connaissance avec d'autres compatriotes égarés tout comme vous sur cette Terre inhospitalière.
Emboîtant le pas de votre nouvelle amie, vous commencez à arpenter ce sinistre paysage nocturne où d'énigmatiques papillons bleus virevoltent dans les airs, jusqu'à arriver aux portes de l'impressionnante ville d'Escario, la Cité des Epées. Vous faites partie de ceux que les citoyens originaires de ce monde appellent les "Elus". Des personnes venues d'ailleurs et possédant la capacité unique de tuer définitivement des monstres immortels en extrayant le cristal qu'ils portent en eux. Et c'est précisément grâce à ces fameux cristaux que vous pourriez peut-être pouvoir retourner chez vous en disposant des pouvoirs qu'ils renferment.
Mais vous seul en êtes incapable, il vous faudra donc les collecter en vue de les offrir aux "Réceptacles", des individus capables de les utiliser. Et il s'agit des trois personnalités les plus importantes d'Escario, Malilith la grande prêtresse souveraine de la ville, Alm le dirigeant de la compagnie Medel et des bas quartiers, et enfin Riu de la Guilde des Etrangers. Offrir les cristaux à l'un d'entre eux vous octroiera des capacités qui différeront selon la personne sur laquelle s'est porté votre choix, et bien sûr le cours de l'histoire s'en verra de même inévitablement modifié. Ce sont ainsi trois chemins qui vous seront proposés, la Lumière, les Ténèbres et la Neutralité, dont l'acceptation sera principalement motivée par les pouvoirs proposés par les uns et les autres.
Shadows Over Escario
Annoncés par ses créateurs comme une suite éloignée de
Students of Round se déroulant dans un autre temps, ceux qui ont joué à cet opus seront rapidement en terrain connu en terme de gameplay et profiteront de quelques références. Pour les autres rien de dramatique cependant, le soft tenant parfaitement comme un stand alone. Une fois n'est pas coutume, on se retrouve donc avec l'ancestrale vue subjective où les déplacement se font case par case comme dans tout bon vieux
Wizardry qui se respecte, tandis que les pérégrinations extérieures aux donjons se limitent à des menus sur la carte du monde. Le système de jeu est très classique mais emprunte un élément déjà apparu dans sa préquelle mais sous un autre nom, la jauge de Moral. Remplaçant la barre d'Union de
Students of Round, celle-ci joue ici exactement le même rôle. Il s'agit de l'utilisation de pouvoirs à activer avant chaque début de tour, ces fameuses capacités transmises par les Réceptacles par le biais des cristaux.
Composante majeure du gameplay indispensable à votre réussite, cette jauge possède ici une seconde fonction toute aussi primordiale que son application en combat, car elle permet également de tendre des embuscades aux ennemis. Son fonctionnement est très simple, chaque donjon ayant plusieurs emplacements spécifiques à cet effet, il vous suffit de vous rendre dans l'une de ces zones et d'attendre vos ennemis grâce au menu "Hiding". Ce faisant, une ou plusieurs créatures dont un leader apparaîtra, et un coffre. L'intérêt de cette manœuvre est qu'il est l'unique moyen de renforcer son équipement avec du matériel haut de gamme. Car n'espérez surtout pas trouver votre bonheur dans le magasin de la guilde, vous déchanterez très vite. Votre but est donc de tuer ce leader le plus rapidement possible avant qu'il ne prenne la fuite, votre butin avec.
Une icône sur le coffre vous indiquera par ailleurs la nature de ce qu'il renferme, une armure, une arme, un anneau, etc. Bien pratique quand on sait ce dont on a besoin sur le moment. Évidemment, le nombre d'embuscade à un endroit donné est limité puisque plus vous tendrez de guet-apens à vos adversaires dans le même lieu, plus il vous en coûtera en point de Moral. Il ne vous restera donc plus qu'à faire quelques combats pour remonter la jauge et changer d'emplacement pour continuer à guetter vos futures proies. Attention toutefois, car le risque de tomber sur une créature plus dangereuse que la moyenne des monstres du donjon est plus élevé dans le cas d'une embuscade. La prudence est donc de rigueur.
Lord of Swords
Tsurugi no Machi vous invite à créer votre personnage, l'Etranger débarqué dans ce monde inconnu, ainsi que ses compagnons en choisissant tout d'abord parmi les nombreux et classieux artworks le visage et le style qui vous correspond le mieux. Restera ensuite à définir son âge, sa classe et sa race parmi les Humains, les Elfes, les Nains, les Nei et les Migumi. Les Huit professions que propose le jeu seront à votre disposition dès le départ, à savoir guerrier, chevalier, samourai, ninja, magicien, clerc, ranger et enfin danseur. De plus, afin d'enrichir le gameplay et les possibilités offertes aux joueur, le soft inclut une option pour multi-classer ses combattants, jusqu'à cinq fois maximum.
Dans les faits, il vous suffira de rendre visite à Riu, et de lui demander à changer d'occupation pour tel ou tel personnage. Pour résumer brièvement, son niveau baissera alors de moitié mais il conservera toutes les compétences apprises avec son ancienne classe. Toutefois, même si toutes ces capacités restent assimilées, elles ne pourront pas toutes être activées simultanément, et le joueur devra alors placer celles qu'il juge les plus utiles dans des emplacements limités en nombre. Un autre aspect important concerne l'âge de vos différents compagnons. En effet, la jeunesse ou la vieillesse d'un individu peut à la fois l'avantager et le désavantager. Plus la personne est vieille, plus elle bénéficiera de point bonus lors de sa création, mais en contrepartie son nombre de point de vie sera réduit.
Ces derniers ne doivent cependant pas être confondus avec les précieux HP qui chiffrent également la santé du personnage. Ainsi, ces fameux points sont caractérisés par de petits cœurs bleus qui indiquent tout simplement le nombre de vies de votre compagnon. A chaque décès, un cœur disparaît et quand tous sont épuisés c'est la mort définitive. Autant dire que dans Tsurugi no Machi le trépas est une chose avec laquelle on ne plaisante pas et qu'il faut redoubler de vigilance lors des escapades mortelles dans les labyrinthes. Car même si évidemment il est possible de récupérer ses précieux points, cela n'est pas gratuit, loin de là. Un séjour forcé de plusieurs jours en salle de repos ou une somme d'argent astronomique seront pratiquement les seuls moyens de guérison. Quelques potions existent tout de même mais demeurent relativement rares.
The Sun No Longer Rises
Le titre de la Team Muramasa est donc plutôt exigeant de par les possibles morts définitives, mais pas seulement. L'impossibilité de sauvegarder dans les donjons rajoute une couche et encourage le joueur à bien préparer son équipe en amont et à ne pas courir de risques inutiles. Car même les objets permettant une téléportation en dehors des dédales ne seront pas monnaie courante. Et puis évidemment la difficulté générale élevée vous fera affronter des adversaires standards coriaces, fréquemment capables de tuer en un coup même le plus résistant de vos chevaliers, et je ne parle pas des Immortels et autres boss. Néanmoins, le jeu propose largement assez de possibilités pour se sortir intelligemment d'un combat périlleux sans avoir recours à du leveling forcé. En somme, un bon challenge pour les habitués du genre, mais tout de même assez hardcore pour les autres qui pourront toutefois choisir de jouer dans le mode de difficulté de leur choix, normal ou débutant.
Que dire de plus, si ce n'est que Tsurugi no Machi ne révolutionne presque rien à la formule antédiluvienne du D-RPG, mais le fait diablement bien. Les allergiques au genre lui trouveront évidemment les sempiternels défauts inhérents au style, à savoir une action répétitive et une narration quelque peu austère et trop sobre à base de boite de dialogue. Il n'auront probablement pas tort cela dit. Toujours est-il que l'ambiance si particulière qui se dégage du soft, renforcée par l'excellent accompagnement musical, lui confère une aura bien particulière qui le démarque aisément de la masse de D-RPG sortis ces dernières années, tous support confondus.
Pour terminer sur une note un peu moins glorieuse, force est d'admettre que si la majeure partie du soft arbore une 2D splendide dont le design de l'incroyable Tsukamoto Yôko, ici épaulé par le non moins talentueux Raita Kazama, ne font à aucun moment regretter qu'il n'y ait pas de sprites animés, la 3D des donjons aurait mérité meilleur traitement. Pauvre et n'exploitant absolument pas la puissance de la 360, celle-ci n'a pas évolué d'un chouïa depuis Students of Round, c'est dire. On finit évidemment par s'y habituer, mais cela reste vraiment frustrant en comparaison de la splendeur des graphismes illustrés.
Doté d'une ambiance plus sombre que Students of Round dont il est la suite, Tsurugi no Machi no Ihôjin ne révolutionne cependant pas la formule mais parvient tout de même à placer quelques bonnes idées à l'image du système d'embuscade, simple et addictif. Si un peu plus d'audace de la part des développeurs et surtout une réalisation profitant pleinement des capacités de la console auraient évidemment été les bienvenues, le principal répond assurément présent avec un D-RPG de haute volée qui enrichit de fort belle manière la ludothèque déjà bien fournie d'une Xbox 360 sur le point de tirer sa révérence. Sa classieuse direction artistique, sa grande durée de vie, sa difficulté intransigeante mais bien calibrée et son scénario mystérieux suffisent amplement à lui faire mériter une place auprès des amoureux indécrottables de Wizardry.
23/07/2014
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- La direction artistique
- Les embuscades
- Le choix des Réceptacles
- Le challenge
- La durée de vie
- L'ambiance
- L'OST
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- Réalisation 3D des donjons archaîque et indigne du support
- Mécanique Répétitive
- Peu d'innovation depuis Students of Round
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TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 4/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 4.5/5
GAMEPLAY 4/5
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