[Anime] Suzuka
Par Shadow, le 31/10/2010 Ã 17h45 (2387 vues)
Alors que
Kimi no Iru Machi (
A town where you live) est annoncé par Pika, je vous propose de revenir sur l'adaptation en anime d'un autre manga de Kouji Seo,
Suzuka. Cela vous changera peut-être un peu de
tous les shôjo que j'affectionne. Quoique...
Venant d'arriver à Tokyo pour y faire ses années lycée, Akitsuki Yamato espère bien que quelque chose va changer dans sa vie. En fait, dès les premières minutes de l'anime, ce changement est annoncé : le jeune homme connaît en effet son premier coup de foudre. Il s'agit de Suzuka Asahina, une jeune fille très douée dans le saut en hauteur. Comme de par hasard, elle va se retrouver dans la classe de notre héros, et même... vivre dans la même résidence que lui (en tant que voisine, pour en rajouter) !
Résidence dans laquelle Yamato n'aura pas le moindre droit à une vie privée, des personnages plus ou moins farfelus entrant dans sa chambre comme dans un moulin (avouez que c'est agaçant). On retrouve ainsi deux jeune femmes qui passent leur temps à se saouler (et à se ramener chez Yamato rien que pour l'embêter), un vieil ami d'enfance très calé sur les relations avec les filles... Les personnages secondaires étant assez peu développés dans l'anime, ils apparaissent davantage comme d'autres personae ("identités") de Yamato, plutôt que comme des acteurs réellement importants. On peut citer le cas d'une scène où les nombreux conseils du "meilleur ami" s'insinuent dans l'esprit de Yamato ; les deux personnages ayant des psychologies radicalement opposées, cela ne manque pas de faire sourire... Les acteurs secondaires sont donc dans l'ensemble davantage des faire-valoir pour les principaux personnages, apportant une dose d'humour, mais manquant quelque peu de charisme, voire de crédibilité.
Alors qu'en est-il de ces personnages principaux, me direz-vous ? Eh bien heureusement, ils arrivent à maintenir l'intérêt à eux seuls. L'histoire est plutôt tragique, pour des raisons qu'il serait dommage de dévoiler (Wikipédia peut le faire à ma place) ; on pourra cependant mettre sur la piste en faisant un parallèle avec certaines oeuvres de Kei Toume, même si le développement de Suzuka n'est peut-être pas aussi pessimiste (il faut dire qu'il y a une différence entre shônen et seinen). Cependant, on retrouve toute l'ambiguïté des personnages à certains moments, l'épisode 15 étant très représentatif de cela (et sûrement l'un des meilleurs chapitres, sinon le plus réussi, de la série).
Un inconvénient à cela, c'est que l'oeuvre a ses longueurs. Vous croyiez être immunisés à l'indécision juvénile, eh bien préparez-vous à comprendre le sens de l'expression "je t'aime, moi non plus"... Le personnage de Suzuka est en effet très difficile à cerner au départ, et agacera tout autant Yamato que le spectateur. Mais le jeune homme est pourtant bien décidé à se rapprocher le plus possible de sa camarade de classe, et rejoint pour cela le club d'athlétisme (celui-ci ayant déjà sollicité Yamato après avoir décelé en lui un certain potentiel). Seulement tout ne peut pas être aussi simple, et une amie d'enfance (dont le héros ne se souvenait même pas, au grand damn de celle-ci) va tenter de posséder le coeur de Yamato.
Une des images trompeuses quant au propos de l'intrigue... À l'instar du 1er tome du manga.
Hormis un début où certains sentiments s'expriment de façon maladroite, l'ensemble demeure assez réaliste, et il y a fort à parier que vous vous retrouverez dans un des personnages. D'ailleurs, ce qui a été dit pour Suzuka est vrai pour Yamato et Sakurai (l'amie éprise du jeune homme) : aucun n'est vraiment un héros, ils ont juste des envies, des motivations qui les poussent à agir d'une certaine façon. Cela change des personnages un peu trop propres sur eux, Yamato étant un vrai anti-héros au début de l'anime.
On ne regrettera finalement qu'une chose, c'est la grande irrégularité des dessins, qui épargne heureusement les scènes les plus importantes. Il est néanmoins assez désagréable de voir les forme du visages, des épaules ou autres changer sans aucune raison.
Concernant l'adaptation, réputée très fidèle au manga, l'anime couvre la premier moitié de ce dernier, avec quelques raccourcis de-ci de-là . À l'instar de
Skip Beat !, d'aucuns pourraient considérer que l'anime s'achève là où le manga commence vraiment... Le support papier est également réputé pour offrir une meilleure qualité graphique et un traitement encore plus mature (tant mieux, l'anime est déjà réussi sur ce point), à vous de voir ce que vous préférez. Sans connaissance de l'oeuvre papier, Suzuka demeure un anime de très bonne facture.
Doté de musiques qui dynamisent bien l'intrigue (notamment certains thèmes très jolis joués au piano), Suzuka est une oeuvre sérieuse sur l'amour entre des adolescents. On peut regretter la faiblesse des personnages secondaires, souvent de simples faire-valoir, en revanche on apprécie l'absence quasi-totale de fan service. Le sport, très présent dans la première saison, laisse place à la romance à mi-parcours, pour reprendre de l'importance vers la fin. Suzuka étant un shônen, on évite le SD retrouvé dans le shôjo, et l'humour n'est là que pour alléger un peu l'atmosphère. À essayer pour changer un peu des histoires habituelles du genre, Suzuka est une oeuvre qui affirme son identité, maîtrisant les thèmes abordés d'un bout à l'autre.