[Review] Ys Seven, de Falcom
Par Shadow, le 03/09/2010 à 17h40 (3568 vues)
Nous quittons à présent
le far west, pour nous aventurer sur Altago, un continent reculé... Pour ne pas nous perdre, XSEED, l'éditeur de
Ys Seven, nous a même fourni une (grande) carte des environs !
Introduction : Série emblématique de Falcom, les Ys ont pourtant eu du mal à percer en occident, la faute à des localisations majoritairement effectuées à partir de portages non développés en interne (Ys I&II sur DS, Ys VI sur PSP...). Après avoir accueilli plusieurs Legend of Heroes (une autre série de Falcom), la PSP se dote à présent d'un Ys pensé exclusivement pour elle : Ys Seven. Et un peu comme Final Fantasy VII en son temps, ce jeu apporte un vent de fraîcheur sur la série...
Et pourtant le jeu s'ouvre de manière très old school : deux aventuriers du nom de Dogi et Adol sont à bord d'un bateau devant les déposer à Altago, continent dont ils ont entendu parler au cours de leurs voyages. Ce qu'on leur en a dit leur a bien entendu donner envie d'explorer cette contrée inconnue, et c'est ce qu'ils s'apprêtent à faire... Et oui, une fois n'est pas coutume, notre cher Adol ne s'échoue pas sur une plage à son arrivée ! Il avait, dans les précédents opus, pour coutume de procéder ainsi, ce qui lui permettait d'être chouchouté par une très jolie jeune fille lors de sa convalescence. Marchant sur son 28e printemps, notre héros a sûrement dû considéré l'image qu'il allait donner : il ne faudrait pas qu'on le prenne pour un vieux pervers ! Ce cher Adol est donc un homme à présent, et la jeune fille sur laquelle il va tomber ne sera pas cette fois une cause de réconfort, puisqu'elle provoquera son... emprisonnement ! Aerith (renommée Tia pour des raisons évidentes de copyright) a encore frappé ! Toujours à s'attirer des ennuis celle-là...
Malgré ce début qui joue la carte de l'humour en détournant les codes mêmes de la série, le jeu a un peu de mal à démarrer : il faut parler à quelques PNJ afin d'enclencher des scènes dans des endroits improbables, et ceci, afin de faire un peu avancer les choses. Passée une petite demi-heure, Adol et Dogi se retrouvent cependant dans les plaines du continent, et débute alors une quête pour réunir le pouvoir de 5 dragons, ce qui permettra in fine de... vous l'avez deviné, sauver Altago !
Si un tel synopsis peut prêter à sourire (dans le mauvais sens du terme), il n'en est vraiment rien dans les faits : chaque élément du scénario est distillé au fur et à mesure, et le titre construit son univers de façon cohérente et assez recherchée. On a droit à une bonne dose d'humour avec les personnages de Dogi et d'Aisha, des scènes étonnamment plus tragiques, et un dénouement parmi les plus tristes des RPG de ces dernières années. Si tous les thèmes ont déjà été abordés dans d'autres RPG, la construction de l'ensemble est telle qu'on en redemande en permanence, et on s'attache beaucoup aux personnages principaux, en dépit d'un character design en demi-teinte. À noter pour les fans d'Ark of Naphistim, que le personnage de Geis, présent sur la jaquette, fait son grand retour ! Mais n'en disons pas plus... Néanmoins, Ys Seven ne nécessite aucune connaissance préalable de la série, son histoire étant totalement indépendante des autres opus. Pour toutes ces raisons, Ys Seven possède assurément le meilleur scénario que l'on a pu observé dans les récentes localisations de la série (ce qui n'inclue donc pas -encore- Ys Oath in Felghana...).
Mais la série s'est toujours focalisée sur le gameplay, et sans grande surprise celui de cet Ys Seven excelle là encore. On retrouve un soft d'Action RPG nerveux, avec des déplacements fluides et des ennemis très rapides, nécessitant une bonne maîtrise des différents éléments de gameplay pour ne pas se laisser dépasser par les évènements. Le système de jeu s'apparente à première vue à celui d'un Tales of : on a un bouton pour attaquer et 4 skills peuvent être assignés, pour être exécutés en plein combat avec la bonne combinaison de boutons. Mais pour utiliser des skills, il faut vaincre des ennemis ou charger vos attaques, afin d'obtenir des SP. Vous pouvez ensuite enchaîner les attaques et les skills, les plus forts pourront même faire valser leurs ennemis dans les airs... En complément des skills, chaque personnage possède une attaque spéciale qui peut s'accomplir lorsque la jauge du coin inférieur droit est remplie (ce qui se fait avec le temps, ou à force d'utiliser des skills).
Dernière petite particularité du titre : les combats font intervenir une équipe de 3 membres, et plus seulement Adol ! Dans les faits, chaque personnage possède un style d'attaque qui lui est propre, et en fonction des caractéristiques du monstre que vous affrontez, un style sera plus efficace qu'un autre. Pourquoi est-ce important ? Eh bien parce que le personnage que vous contrôlez est celui dont le potentiel d'attaque est au meilleur niveau. En fait, les deux alliés contrôlés par IA subissent, dans les faits, très rarement des dégâts (en mode Normal tout du moins). En contrepartie, leur niveau d'attaque est réduit ! Ceci vous incite à changer fréquemment de protagoniste (ce qui se fait d'une simple pression de bouton), afin d'être le plus efficace possible.
Tout ceci semble indéniablement avoir du potentiel question fun, encore faut-il que la difficulté soit à la hauteur. Et Ys Seven prend l'initiative de se calquer sur tous les profils de joueurs : 4 modes de difficulté sont disponibles dès la première partie, que vous soyez un noob de l'A-RPG ou un masochiste en mal de paires de claques, vous serez comblé ! Ainsi, même si les objets curatifs sont limités (3 à 5 exemplaires de chaque), personne ne sera gêné pour peu d'avoir fait un choix adapté en début de partie.
Mais mentionnons le cas des boss. Ces ennemis tiennent dans Ys Seven une place toute particulière, en fait on pourrait presque dire qu'on ne prend le temps de parcourir les donjons que dans l'unique but de les affronter. Ennemis titanesques la plupart du temps, ils constituent de redoutables adversaires, vous demandant de vous adapter en plein combat. Leur comportement est en effet très changeant selon qu'ils sont en bonne santé ou sur le déclin ; il ne faut donc jamais crier victoire tant que ce n'est pas fini ! Et là encore cela est assez difficile à expliquer, mais on a l'impression que les musiques "aident" le joueur lors de ces affrontements : véritablement épiques, elles donnent un sentiment d'invincibilité, indispensable pour ne pas se dégonfler face à des créatures aussi imposantes. Un sentiment qui est d'autant plus renforcé par l'immensité des décors, assez bluffante de la part de la PSP.
Et le point le plus important pour un jeu PSP arrive : qu'en est-il de la lecture de ce bon vieil UMD (le cas échéant) ? On sera agréablement surpris par l'absence de chargements dépassant l'ordre de la seconde (dans le cas contraire, on compte les écrans noirs sur les doigts de la main sur l'ensemble d'une partie). Mis à part si vous changez les membres de l'équipe en plein combat, le jeu ne freeze à aucun moment (!) et, en dépit du grand nombre d'ennemis souvent affichés dans une même zone, on ne dénombre pas non plus de véritables ralentissements (!!). Et n'oublions pas que le jeu affiche une 3D plus que correcte, par-dessus le marché. Précisons enfin que pour toutes ces prouesses, le jeu ne nécessite aucune installation sur Memory Card... En bref c'est un sans faute de la part de Falcom, qui maîtrise vraiment la PSP mieux que personne. On voit nettement la différence d'avec Konami et autres Bandai (pour les adaptations PSP de certains Ys/LoH), et le plaisir de jeu s'en trouve tout simplement décuplé.
Conclusion : Doté d'une durée de vie plus que correcte (20 à 50 heures selon le nombre de quêtes annexes accomplies et la difficulté choisie) et d'un gameplay toujours aussi simple et efficace, Ys Seven surprend très agréablement. Les moments forts de son scénario sont portés par des musiques épiques (aussi bien pour les combats que lors des scènes textuelles), et l'on ne se lasse pas d'en découvrir toujours plus sur l'univers du soft. Falcom offre un jeu d'une qualité peu commune, exceptionnelle, et qui réserve à tous un plaisir intense et constamment renouvelé.
+ Une fluidité de jeu (déplacement des personnages, lecture de l'UMD) remarquable
+ Une localisation dont la qualité fait honneur à la série (et au consommateur...)
+ Difficulté très bien gérée (objets curatifs limités, 4 niveaux de difficulté)
+ Les boss qui changent de comportement en plein combat !
+ Des musiques qui redéfinissent le sens du mot "épique"
+ Un scénario surprenant, avec son lot d'émotions
+ Le gameplay : nerveux, simple, mais efficace
+ Sauvegarde possible à tout instant
+ Très bonne durée de vie
- Pas (encore ?) disponible en Europe
Note Indicative : 19/20