Aujourd'hui je reviens sur un jeu qui a occupé le début du mois de juin : Wild ARMs 4. Il a lancé la série dans une toute nouvelle direction, puisqu'une suite et même un spin-off orienté Tactical RPG sont sortis en reprenant le système des hexagones pour les combats. Et si l'on a eu droit à tous ces jeux en occident, c'est grâce à Xseed et 505 Games...
Introduction : Sorti il y a de ça 5 ans déjà, Wild ARMs 4 a fait pas mal de bruit lors de sa parution dans nos contrées. Décrié par certains, encensé par d'autres, des problèmes de localisation ont également pointé le bout de leur nez, et au final le jeu a quelque peu marqué les esprits, en bien comme en mal, même s'il n'existe qu'en version anglophone. Pourquoi donc tant de haine, émanant souvent des fans de la série eux-mêmes d'ailleurs ?
L'histoire nous propose de suivre le jeune et oisif Jude, qui va très vite se retrouver impliqué dans des événements menaçant l'avenir de la planète. Une armée de militaires débarque dans son village pour y prendre en otage les habitants, et se servir en anciens artefacts au passage... Même si l'on ignore encore les raisons qui motivent de telles actions, la présence de Yulie, une jeune fille amnésique dotée d'un mystérieux pouvoir nous dit qu'on n'est pas au bout de nos peines. In extremis, Jude parvient à s'échapper avec cette dernière et un nouvel ami plus âgé que lui, Arnaud. C'est alors qu'ils atterrissent sur Filgaia, cet univers bien connu des fans de la série...
Contrairement à la réputation de la série, ce WA4 ne puise pas l'essentiel de son inspiration dans le far west, l'intrigue étant par exemple beaucoup plus portée sur des considérations scientifiques (comme la théorie de l'évolution), voire même parfois le domaine de la science fiction. Si l'on incarne une bande de gamins, deux d'entre eux sont assez matures, ce qui entraîne des discussions intéressantes lorsqu'on explore les donjons. Parfois même, un PNJ vous rejoint quelque temps, et partage avec le joueur son savoir, ce qui donne lieu à des petites leçons de vie (Jude ayant beaucoup à apprendre). WA4 présente ainsi l'avantage de ne pas avoir un seul héros, mais bien quatre : chaque membre de l'équipe a autant d'importance que tous les autres, et est amené à évoluer de façon intéressante, dépassant le stéréotype auquel on l'identifie de prime abord.
Petite parenthèse concernant les méchants, habituellement aussi touchants que les gentils dans cette série : WA4 choisit d'en fournir en quantité, nous présentant la plupart avec un design classieux, nous donnant vraiment envie de mieux les connaître (i.e. en les combattant !). Seulement le scénario choisit ici de ne les faire intervenir qu'une fois et de façon trop discrète la plupart du temps, ce qui fait vite retomber le soufflé malheureusement. Leur psychologie aurait mérité plus de travail, et leur « mort », plus de crédibilité. On ne me fera pas croire que Hugo et Enil ont décédé de leur combat avec Jude et son équipe. Pas quand on nous les présente comme des surhommes et surtout pas après une conclusion de l'affrontement aussi ambiguë...
L'aspect le plus important de cet opus est sans aucun doute son gameplay, puisqu'il met à plat tous les acquis de la série jusque là ou presque. On commence avec l'exploration des donjons, qui alterne entre la 3D et le scrolling horizontal. Tout cela pour proposer au joueur des phases de plate-forme, vous avez bien lu. Déjà cette alternance perturbe les habitués de la série. De plus, les « tools » (objets utilisés pour résoudre des énigmes) sont cette fois-ci dispersés selon les besoin du donjon, et une fois un outil pris en main, Jude ne peut plus sauter, ce qui complexifie vos déplacements. Les donjons sont donc très interactifs, et on ne s'ennuie pas une seule seconde.
Pour ce qui est des affrontements, le champ de bataille est divisé en sept hexagones (un central plus six autour) et chaque action effectuée ne porte pas sur un seul personnage, mais tout l'hexagone. Ainsi, deux membres de l'équipe dans le même hexagone prendront tous les deux des dégâts d'une attaque adverse, ou à l'inverse, ils bénéficieront équitablement d'un boost de statistique temporaire. Il faut savoir que le déplacement d'un hexagone vous fait perdre un tour. La plupart des boss possèdent une petite spécificité, le mieux étant les agents Brionac (vos ennemis principaux), qui ont une habilité particulière : esquive aléatoire de vos attaques, déplacement instantané pour échapper à un assaut... Il faut donc mettre en œuvre une stratégie pour déceler le point faible de leurs compétences, et l'exploiter jusqu'à la victoire.
En plus de ça, le système présente tout un tas de subtilités, grâce aux skills que vous apprenez. Magies de support, d'attaque ou de soin, il y en a pour tous les goûts et cela vous permet de manipuler à votre guise l'ordre des tours en combat. Il est même possible, hors-combat, de customiser vos personnages : en l'échange de quelques HP, vous pouvez apprendre plus vite certaines compétences (cette opération est réversible heureusement). Des skills dits « passifs » procurent également d'autres sortes d'avantages propres à chaque personnage, et ils s’avéreront très utiles. Enfin, chaque action en combat remplit une jauge de « Force » (à droite de l'écran), qui possède quatre paliers. Des techniques utilisant un ou plusieurs niveaux de cette jauge peuvent être activées par un protagoniste : se déplacer n'importe où sur le terrain, appliquer les effets d'un objet à tous les hexagones, etc. Des attaques en coopération peuvent également être mises en oeuvre grâce lorsque deux deux personnages ou plus se trouvent dans le même hexagone.
Si l'on ajoute à tout cela les divers équipements possibles (il est notamment possible de s'équiper de un à trois « accessoires », ou badges), on comprend vite que les possibilités sont nombreuses. Tellement, en fait, que le jeu en est un peu trop facile. On ne se retrouve pas non plus face à un manque total de challenge, mais les développeurs ont vraisemblablement pensé leur jeu de telle façon que l'on puisse assimiler le gameplay pendant la trentaine d'heures de la quête principale. Curieusement, les premiers boss (comme Jeremy) sont assez brutaux, en comparaison de ce qui nous attend par la suite (des boss avec une barre de vie vraiment ridicule). Ceux qui auront vite assimilé le gameplay, ou joué à WA5 avant celui-ci, n'auront aucun mal dans WA4. Pour les autres, le jeu reste d'une difficulté moyenne, avec un postgame en revanche plus corsé. La partie annexe du soft nécessite en effet de bien maîtriser toutes les ramifications du système de jeu, afin de battre les plus redoutables ennemis. Une arène vous attend avec des matchs aux conditions particulières, nécessitant de votre part une bonne préparation en amont. Quelques boss annexes sont également présents, dont le terrible Ragu o Ragula et son attaque « One trillion degrees ». Un combat qui, s'il est remporté, fait de vous un true gamer, assurément.
Enfin, on notera également la présence d'un mini-jeu plutôt original, remplaçant les puzzle box le temps d'un épisode dans la série : l'Extra Challenge. Il faut pour y jouer trouver six ROM du jeu dispersées à travers tout Filgaia et les amener chez un geek dans une certaine ville. Ensuite, à vous les joies de la plate-forme old school ! Vraiment bien pensé, ce mini-jeu confirme une impression qu'on avait en démarrant le jeu : il change son gameplay du tout au tout (aux risques de s'attirer des critiques négatives), et il le fait bien.
Dernière remarque, concernant la localisation du jeu cette fois-ci. Sony ayant abandonné la série en occident depuis le remake PS2 du premier Wild ARMs, ce fut cette fois-ci Xseed qui se colla à la localisation de cet opus. Pour un des premiers travaux de l'éditeur, on pourrait presque parler d'un sans-faute : la narration est fluide, et l'humour du jeu transparaît bien dans la localisation des textes. Les scènes doublées, assez nombreuses, nous permettent également d'apprécier le choix des acteurs fait par l'éditeur, chacun incarnant son personnage avec son propre style, lui donnant par là-même une nouvelle dimension. Malheureusement, une erreur fatale vient entacher le tableau : deux entrées du bestiaire ont été purement et simplement rayées du jeu à la localisation (deux lapins en plus... ?). Seulement, dans le bestiaire, qui est à compléter à 100% pour débloquer divers bonus, les entrées sont toujours là ! Si bien qu'on ne peut pas les remplir, et qu'il faut avoir recours à un code AR pour débloquer deux des bonus (loin d'être anecdotiques en plus). En Europe c'est 505 Games qui a localisé le jeu, et là encore il y a eu quelques problèmes : le mode 50Hz provoquait un freeze à certains moments, obligeant les joueurs à passer au 60Hz pour espérer avancer dans le jeu... L'éditeur a heureusement assumé son erreur et proposé une version débuggée aux acheteurs de la première édition. Mais ils n'ont évidemment pas pensé à regarder la question du bestiaire du même coup, et c'est bien dommage...
Conclusion : Wild ARMs 4 est un jeu assez court, très linéaire par rapport à d'autres opus de la série. Son récit accuse parfois de quelques lacunes, avec des personnages classieux mais insipides, par opposition à une équipe de héros qui nous impressionne chaque minute un peu plus. Si le gameplay balbutie quelque peu (absence de challenge ?), on ne peut définitivement pas en vouloir à ce titre qui s'efforce de nous présenter des concepts de jeu intéressants et parfois même novateurs. Les habitués comme les nouveaux-venus pourront de surcroît apprécier une ost riche en toutes situations, faisant un peu oublier certains des problèmes cités. Sans trahir à aucun moment ses prédécesseurs, Wild ARMs 4 réussit à ouvrir la série à un plus large public, et pour cela il mérite toute votre attention.
+ Une histoire intelligente qui amène une réflexion sur beaucoup de sujets
+ Une équipe de héros très attachante
+ L'ost du jeu, vraiment très réussie (le battle theme en tête)
+ Un gameplay original pour le genre et très recherché
+ Beaucoup de bonus à débloquer, rendant la partie annexe aussi intéressante que le reste du jeu
+ Bonne localisation générale (doublages, textes)
- Impossible de compléter les versions US/EU à cause d'un bug survenu à la localisation
- Une fois le gameplay assimilé, la trame principale ne pose aucune difficulté
- Le jeu sera trop linéaire pour certains
- Les membres de l'élite Brionac manquent de charisme
Note Indicative : 15/20.
Ahltar le 11/07/2011 Edité le 00/00/0000 |
Alors si un jour je le trouve pas cher je me le prendrais |
Shadow le 11/07/2011 Edité le 11/07/2011 |
Pour moi l'épisode le plus éloigné du far west reste tout de même Wild ARMs 2. Là on est carrément en plein dans l'héroïc fantasy de base, et à la rigueur un peu de science fiction, mais l'univers est complètement en décalage avec les musiques entendues... Sinon pour les épisodes "trop" far west, disons qu'ils ne sont pas aussi attrayants en tant que jeux, en général (même si ce sont mes préférés). Le pire c'est Wild ARMs 3, où tu dois te débrouiller tout seul pour tout : trouver ta prochaine destination va au-delà d'un petit click sur une carte (comme dans ce WA), tu dois carrément la localiser toi-même, aucun village/donjon n'est visible sur la carte ! Je connais des gens qui ont arrêté d'y jouer à cause de ça. WA4 est plus accessible je trouve. Ensuite si les graphismes ne te rebutent pas quand tu joues à un RPG, tu peux essayer le premier WA, ou son remake sur PS2. Ils sont tous les deux très moches (quoique le premier, en 2D lors des déplacements, est assez bien fait... quand on ne combat pas). Ils ressemblent plus au RPG classique standard. Tu as finis Dragon Quest IV sur DS par exemple... Le premier WA n'est pas plus compliqué que ça, normalement. Enfin tu peux toujours essayer WA5 aussi, il est aussi abordable que le 4 (et concilie bien le cadre du far west avec la science fiction, pour le coup), mais par contre son héros ne va sûrement pas te revenir. ^^ |
Ahltar le 11/07/2011 Edité le 00/00/0000 |
D'après ce que je comprends, c'est une série à l'esprit Far West, et cet épisode est le plus éloigné de cet esprit non ? Tu es sûr que c'est le meilleurs épisode pour commencer ? |
Shadow le 11/07/2011 Edité le 00/00/0000 |
En tout cas le 4 serait idéal pour commencer. Très court et pas prise de tête pour la quête principale. Et puis tu as fait XF de fond en comble, tu n'as plus le droit de reculer. |
Ahltar le 11/07/2011 Edité le 00/00/0000 |
Une chouette review ! Mais je ne suis pas certain d'avoir envie de me plonger dans cette licence plus que ça |