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Guild Wars 2
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Guild Wars 2Fighting for pride
En dehors de tout jugement de valeur, Guild Wars d’Arena Net a laissé son empreinte dans le monde du jeu en ligne en inventant en 2005 le concept de Co-RPG, basé sur des régions entières instanciées et l’art de grouper. Son héritier, Guild Wars 2, débarque sept ans après dans une formule qui s’annonce en apparence radicalement différente. NCSoft parviendra-t-il à faire oublier l’échec cuisant d’Aion et à hisser son soft au rang de référence du genre ? Work in progress.
Nostalgie du renouveauGuild Wars 2 prend place 250 ans après les événements du premier opus. Les dragons ont été libérés et menacent de détruire la Tyrie, votre si précieux monde. La racine du mal se trouve à Orr, la région où se terre Zhaitan, le dragon ancestral qui pourrit la vie des tyriens à travers les offensives de son armée de mort-vivants. N’ayez crainte toutefois, si le vice assombrit l’horizon, la Tyrie n’en a pas perdu sa superbe pour autant. Ces deux siècles et demi de battement ont permis au continent de mûrir. De nouvelles espèces y ont éclot, comme les très sages Sylvaris, rejoignant ainsi les colossaux Norns, les féroces Charrs, les rusés Asuras et les braves Humains. Plus foisonnante de vie que jamais, la Tyrie se découvre nouvelle après cet interminable entracte. Le paysage s’en trouve changé, mais l’âme des lieux reste la même qu'antan. Les Sylvaris, peuple arboricole, ont façonné la forêt à leur image en faisant pousser çà et là d’immenses passages faits de bois et de feuilles afin d’élire domicile dans une jungle hostile. Les Norns ont conservé leur approche rugueuse mais majestueuse de l’architecture. Sans doute leur est-elle inspirée par la neige qui les inonde, à la fois mordante et pure. Les Charrs quant à eux ont érigé - non loin des ruines d’Ascalon - une citadelle de ferraille, anarchique, disproportionnée, pareille à leur façon de se battre. Comme cette dernière, la citadelle reflète une rage et une férocité sans commune mesure dans ses traits abruptes et tranchants. Les Asuras, plus cartésiens et asociaux que jamais, sont allés se terrer dans un édifice gigantesque en forme de double tétraèdre, mis en lévitation par une technologie qui dépasse l'entendement. Leur goût pour l’art semble toujours aussi inexistant. Les Humains enfin, ne connaissent sans doute pas le sens du mot sobriété. Leur ville se pare en effet de mille et un ornements, décorations ou joyaux. A l’exception faite des bas-quartiers dans lesquels il règne une morosité ambiante presque repoussante.
Que vous ayez joué à Guild Wars ou non, découvrir le monde de Guild Wars 2 constituera une expérience singulière. Bien sûr les anciens joueurs seront sensibles au souffle qui se dégage des environnements, qui dans l’ensemble est similaire au premier opus, mais la profondeur du délire architectural et du remaniement de l’univers feront de n’importe quelle personne un étranger total face aux styles adoptés. Difficile effectivement de coller une étiquette claire sur ce que peuvent nous fournir les décors du soft tant les paradoxes architecturaux s’accumulent et les influences artistiques s’entrelacent au sein même du titre. L’Arche du Lion, capitale du jeu, résume particulièrement bien mon propos, en cela qu’elle fut construite par une foultitude de races, se trouvant ainsi être le chantre d’un métissage des cultures du bâtiment au sein de Guild Wars 2, témoignage d’un immense background. Mais les environnements des zones réservent également leur lot de surprises. Notamment ce que l’on appelle communément les Jumping Puzzles. Se matérialisant sous la forme de phases de plateforme en général assez ardues, ces mini-jeux vous font fréquemment grimper sur des édifices ou des formations naturelles tout à fait hors du commun, vous permettant soit d’avoir une vue imprenable sur la région où vous vous situez, soit d’obtenir un coffre au contenu plus ou moins alléchant. Toutefois, les Jumping Puzzles ne sont qu’un des symptômes de l’orientation très « découverte » qu’a voulu donner Arena Net à son bébé. Vista ? Check. Waypoint ? Check. POI ? Check.L’exploration, c’est un des maître-mots de ce Guild Wars 2. Arena Net a su rendre intéressante et jouissive l’exploration d’un MMO à univers persistant. Le défi était de taille : comment faire profiter le joueur du travail de fourmi effectué sur un univers gigantesque sans le décourager devant l’ampleur de la tâche, et surtout de la carte du monde. Pour cela, Guild Wars 2 met en place une investigation des zones, non plus par complétion pure et dure, mais par checkpoint. Comprenez que chaque région comporte un certain nombre de lieux très précis à découvrir (un téléporteur, un point d’intérêt, un point qui donne accès à une superbe vue, …) et une fois ceux-ci récupérés, la zone est considérée comme complétée. A la suite de quoi vous obtenez une grasse récompense en expérience, or et items. Dans l’idée, pour éclaircir certains esprits, le concept se rapproche de celui de l’exploration dans Xenoblade. De même, les quêtes prennent une autre forme qu’à l’accoutumée pour devenir de simples tâches à accomplir lorsque vous vous situez dans une partie précise de la carte. Les tâches cependant ne varient guère des corvées habituelles qui jalonnent la plupart des MMO : bashage de mob, récolte, etc. L’avantage ici étant que les quêtes sont vite expédiées, afin de ne pas trop couper l’élan de l’exploration.
La mise en place d’un tel système de découverte du monde en dit long sur l’assurance qu’a le développeur vis-à-vis de l’univers qu’il a conçu. En mettant à profit à 300% leur level-design, on a la ferme conviction qu’Arena Net assume entièrement la direction artistique colorée, parfois étrange et surchargée de leur titre. Et comme pour faire un étalage de cette maîtrise que possèdent les développeurs sur leur joujou, un dispositif d’événements vient dynamiser vos séances de gambade. Une histoire parmi tant d’autresC’est du très lourd que nous a mis en place Arena Net de ce côté-là. Inspiré en partie de Rift, les événements se matérialisent sous la forme de défis occasionnels qui apparaissent de temps à autres sur la map. Les compléter vous confère de l’expérience, du karma (une monnaie alternative) et de l’or en bonne quantité. La dimension géniale de ce mécanisme est triple. Premièrement, les événements permettent de regrouper des dizaines de joueurs en un seul point pour avancer vers un but commun. Au-delà de la surcharge d’écran (qui rend parfois le jeu moins lisible), le joueur se sent véritablement mu par la solidarité et la coopération. Ensuite, les événements deviennent de moins en moins aléatoires avec l’augmentation de niveau et finissent par représenter une chaîne de péripéties qui définit l’histoire de la zone dans laquelle vous vous trouvez. Laissez donc se faire capturer un avant-poste en négligeant un événement, vous ne pourrez conséquemment plus vous y téléportez sans avoir préalablement repris la position. En revanche, accomplissez tout ce qui vous est demandé (escorte, assaut sur une position ennemie, libération d’otages, etc) et vous aurez des chances de déclencher l’arrivée du « World Boss » de la zone : un ennemi imposant et qui loot grassement. Pour les zones de haut level, ces World Bosses sont les dragons qui menacent la Tyrie, des véritables masses gigantesques qui nécessitent l’intervention d’une bonne cinquantaine de joueurs pour en venir à bout. C’est finalement ça qui est tout à fait génial dans Guild Wars 2 : cette capacité à insuffler une dynamique collective tout à fait épique et à influer drastiquement sur l’univers dans lequel on prend place. Aspect qui, au demeurant, n’est pas exclusif au PvE.
La bataille pour la Terre du MilieuSi le World versus World versus World (WvWvW ou RvRvR) vous avait échappé pendant la campagne de communication ou la phase béta, vous feriez bien de vous pencher un peu plus sur la question. Et pour cause, véritable jeu dans le jeu, la bataille entre les serveurs est un des nerfs de l’esprit fraternel qui anime les joueurs d’un même monde. Pour faire simple, sur une toute nouvelle carte subdivisée en quatre zones, trois serveurs s’affrontent pour prendre le contrôle des positions ennemies, qu’il s’agisse de tours, de forts, de campements ou même de l’ultime château. En apparence simple, ce mode est extrêmement tactique, puisqu’il s’agit ici d’affronter des humains au pattern imprévisible. Le principe est de se déplacer en groupes aux nombres très variables (de cinq joueurs à deux ou trois-cents selon l’objectif désiré) et de progresser dans la conquête des positions en se munissant d’armes de siège telles des balistes, des trébuchets ou des catapultes. Le fait qu’il ne s’agisse pas d’un bête affrontement bilatéral à deux serveurs ajoute une dimension stratégique supplémentaire non négligeable. En somme, si l’on imagine un instant que l’on puisse passer en vue de dessus, le résultat visuel serait assez proche de celui d’un RTS. En bref, si vous désirez ressentir de l’intensité et de l’épique dans vos joutes, tout en agissant pour le bien de votre serveur, le RvRvR est un excellent choix. Parmi d’autres j’entends, car la trame du scénario n’a pas à rougir.
On vous suit, commandantJ’en parle un peu plus haut, le grand méchant du jeu, c’est Zhaitan, le dragon ancestral. Rien de surprenant si je vous dis que votre objectif final est de l’anéantir. Ce qui est intéressant, c’est de constater que Guild Wars 2 suit les traces de son ainé en instaurant un récit qui vous guide tout au long du jeu et a le mérite de donner un sens à votre présence in-game. Du reste, ne vous attendez pas à un scénario particulièrement palpitant, la trame est foncièrement banale. Cela dit, les combats qu’elle met en scène sont parfois très délectables. On a, entre autres batailles homériques, la reprise d’un fort marin assailli de toutes parts ou le combat contre un gigantesque dragon. En outre, certaines situations de jeu sont assez originales, pour un MMO. On participe notamment à des concours de boisson où l’on peut prendre part à des passages d’infiltration. Un peu de variété dans ce genre aseptisé ne fait pas de mal.
Et de la variété, il y en a dans l’histoire. Selon votre choix de race et de classe (guerrier, gardien, envouteur, rodeur, élémentaliste, ingénieur, nécromant et voleur), des questions préliminaires vous seront posées lors de la création du personnage – cette dernière étant somme toute banale on ne s’étendra pas sur le sujet – qui concerneront votre passé ou vos convictions. En fonction de ces choix, le début de votre histoire différera de ceux des autres joueurs, cela afin d’apporter une touche supplémentaire de personnalisation. Un élément que les amateurs de roleplay devraient apprécier et qui donne un coup de boost à la replay value. En sus, en plus de devoir choisir une faction à un stade donné du jeu, vous pourrez au départ de certaines missions sélectionner l’approche que vous utiliserez pour résoudre le conflit. Une petite note occidentale pour satisfaire un public majoritairement européen et américain. Toutefois, la touche occidentale qui importe le plus dans ce Guild Wars 2, c’est le retour de Jeremy Soule aux platines. Le compositeur est fidèle à lui-même : une majorité de pistes épiques et quelques compositions un peu plus mélodiques pour les zones verdoyantes. On saluera le clin d’œil qui est fait aux fans de la licence avec certaines reprises orchestrales du premier opus. L’ambiance chevaleresque et onirique du titre ne s’en trouve que décuplée. Tout juste peut-on regretter une OST un peu courte qui donne parfois l’impression de se répéter. Sur le plan du son toujours, on notera des doublages français dans la moyenne, mais un casting anglais de haute volée (Liam O’Brien, Troy Baker, Gideon Emery et Nolan North sont présents par exemple) pour des dialogues correctement écrits, bien que parfois trop clichés. Vas-y bouge ton corps !Venons-en au nerf du titre : son système de combat. Les deux notions qui dirigent sa construction sont de toute évidence l’indépendance et le dynamisme. Cependant, avant d’en venir aux détails, dressons un portrait de l’interface. Tout comme Guild Wars, le jeu fonctionne avec des builds, des sets de dix compétences à choisir tactiquement. Sur ces dix aptitudes, les cinq premières dépendent des armes équipées, les cinq suivantes de la classe et la race du personnage, à débloquer suivant un arbre de compétences très classique. Chaque classe peut contrôler des types définis d’armes (dague, épée et pistolet en voleur par exemple) et tout personnage peut s’équiper de deux sets d’armes avec lesquels on peut switcher à tout moment. Tout le sel de la stratégie réside donc dans la cohérence de l’ensemble. Le bon point dans Guild Wars 2, c’est que chaque classe (hormis l’ingénieur, qui lui dispose de kits possédant leur mécanique propre) a la possibilité théorique de faire à la fois du combat à distance et du combat de mêlée. La polyvalence qui en découle autorise une certaine indépendance dans la progression et une forte adaptabilité dans un groupe. Le dynamisme lui se manifeste par le biais d’un mécanisme de placement et d’esquive absolument indispensable à maitriser pour ne pas souffrir le martyr lors des combats. Une jauge d’endurance qui se recharge avec le temps vous autorise deux roulades, à utiliser avec parcimonie et sagesse donc. Par ailleurs, ce deuxième opus apporte une petite nouveauté, celle des combats sous l’eau. Si l’exploration aquatique est tout à fait agréable, les combats aquatiques sont un peu plus perfectibles. L’ajout d’un axe vertical pour le déplacement en combat n’est pas des plus aisés à gérer (surtout pour le combat de mêlée) et l’aggro plus compliquée à maitriser. En parallèle, le personnage développe des traits d’aptitudes qui sont destinés à soutenir votre façon de jouer. Une personnalisation qui n’a rien d’extraordinaire en soi mais qui permet une gestion précise de votre build.
Gestion dont vous aurez bien besoin en PvP. Car oui, en plus du RvRvR, Guild Wars 2 se paye le luxe de disposer d’un mode PvP à part entière. Même s’il n’existe qu’un seul type d’arène qui consiste à capturer et à tenir des positions, les puristes du genre pourront s’y retrouver. Notamment dans le sens où il s’agit du lieu le plus exigeant au niveau de la construction des builds et de la configuration de l’équipement. Soyez rassuré, dans ce mode comme dans le RvRvR d’ailleurs, vous êtes automatiquement monté au niveau 80 pour que tous les joueurs respectent une certaine égalité. Les petits à-côtésQue serait un MMO sans toutes ces petites features traditionnelles comme le craft, l’hôtel des ventes ou encore les guildes. En trois temps donc, voyons ce que propose Guild Wars 2 à ce niveau. Le craft premièrement. D’une difficulté très aléatoire selon le métier choisi, il reste néanmoins particulièrement addictif et très utile une fois arrivé à high level. On lui reconnaitra également son aspect pratique en faisant fi des métiers de récolte – tout le monde peut donc récolter tous les types de ressource, une véritable bouffée d’air frais. L’hôtel des ventes ensuite, qui a connu une grosse galère les deux premières semaines qui ont suivi le lancement. Arena Net a eu la merveilleuse idée de le rendre cross-serveurs, permettant ainsi une véritable équité entre tous les joueurs et surtout une abondance d’items dès son établissement. Malheureusement le power-leveling guette déjà (de très nombreux bots ont d’ores et déjà trouvé leur chemin jusqu’en Tyrie) et son influence néfaste sur l’économie du jeu reste à mesurer. Toutefois, afin de contrecarrer ce fléau et de rentabiliser leur système économique (pas d’abonnement, seul l’achat de la clé est nécessaire), Arena Net a mis en place l’achat de gemmes par argent réel, lesquelles gemmes peuvent être échangées contre de l’or in-game en accord avec l’indice d’échange, ce dernier fluctuant avec le temps. Enfin parlons des guildes, qui ont tout de même donné leur nom au soft. Que dire si ce n’est que le jeu porte bien son titre ? Par-delà le simple regroupement de joueurs que permet ce mécanisme, se cache toute une entreprise basée sur la récolte de points d’influence. A chaque fois qu’un membre de la guilde accomplit un fait notable in-game, il fait gagner des points à sa guilde. Lesdits points permettront foultitude de choses, de l’achat d’un coffre de guilde à la distribution de bonus notables à tous les membres, en passant par l’obtention d’un armurier qui ornera votre armure du blason de votre guilde.
Synthèse et end-gamePetite note de synthèse enfin pour faire une analyse transversale de tous les éléments précités, car un MMORPG est avant tout conçu comme un tout, bien que l’on serait tenté de discerner trois « jeux » distincts avec le PvE, le RvRvR et le PvP. A savoir tout d’abord que le titre propose moults façons de progresser, toutes grassement récompensées. Vous n’aimez pas l’exploration ? Aucun souci, vous préférerez peut-être faire du leveling en RvRvR. Ça ne vous plait pas non plus ? Pas de problème, tournez-vous vers le craft et l’hôtel des ventes pour monter en puissance. Toujours pas ? Peut-être que vous acharner à remplir les succès les uns après les autres vous amusera un peu plus. En somme l’expérience est variée, se renouvelle sans cesse et il y en a pour tous les goûts. Que vous soyez gros joueur ou simplement gamer occasionnel, Guild Wars 2 sait prendre soin de vous. Par ailleurs, si jamais vous vous sentez lassé de jouer la même classe, faire un reroll peut s’avérer dépaysant tant chaque profession se joue de façon très particulière. Vous n’avez pas envie d’attendre le niveau 80 pour obtenir un challenge digne de ce nom ? Le contenu classifié traditionnellement comme end-game se trouve à tous les niveaux : RvRvR, donjons instanciés avec méga boss, PvP. A l’opposé, vous avez l’impression d’être monté trop vite niveau 80 sans pouvoir réellement explorer ? Guild Wars 2 met en place un système de scaling qui abaisse votre niveau à celui de la zone visité afin de proposer en toutes circonstances un challenge digne de ce nom. Au final, il est difficile de faire de gros reproches au soft tant le tout semble extrêmement riche et bien calibré. La marge de progression d’un MMO reste toutefois bien large, et tout semble indiquer que le meilleur est à venir.
Guild Wars 2 concilie le classique avec la prise de risque, le MMORPG avec l’aventure solo, le dynamisme avec la concision. Le titre d’Arena Net joue sur un autre terrain que celui de ses prétendus concurrents. Il se place simplement sur le terrain qu’il vient de créer, celui de la polyvalence, de l’équilibre et de l’intelligence. A la fois poétique, méthodique et animé par une communauté plus chaleureuse qu’à l’accoutumée, nul doute que Guild Wars 2 a de belles heures devant lui.
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