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Adventures of Mana
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Adventures of ManaLe début de la légende de Mana
Que ce soit par nostalgie ou grâce à de hauts faits d'armes, nombre de softs ont marqué l'histoire du jeu vidéo au fil des décennies. Et Mystic Quest, aka Final Fantasy Adventure aux USA et Seiken Densetsu au Japon, est de ceux-là. Originellement sorti en 1991 sur Game Boy, celui qui ne devait être qu'un petit spin-off de la série Final Fantasy est par la suite devenu l'épisode fondateur de la série des Mana et, pour bon nombre de joueurs, le premier contact avec le genre RPG. On ne peut cependant pas dire que ce papy ait eu droit au respect qu'il méritait lorsqu'il a été sorti de la naphtaline, juste le temps d'un portage sur mobile et d'un remake qui, même si appréciable, le travestissait bien comme il faut. Donc quand Square Enix annonce qu'un autre remake doit sortir sur smartphone/PS Vita début 2016, c'est plus l'inquiétude que l'euphorie qui nous habite quand on voit les récentes œuvres du studio en matière de retravail.
Old schoolÀ la fois esclave et gladiateur, le jeune Sumo n'a pas vraiment un destin rêvé : mourir dans l'arène, ou survivre pour recommencer le jour d'après, et ce, pour le bon plaisir du Dark Lord, seigneur de l'empire Glaive. Après le décès de son meilleur ami Will, qui l'a imploré de partir à la recherche d'un chevalier légendaire du nom de Bogard et de ne pas laisser l'empire s'emparer du pouvoir de l'arbre Mana, il profite d'un concours de circonstance pour fuir l'arène, et tombe nez à nez avec le seigneur noir. Laissé pour mort par ce dernier et jeté d'une haut d'une cascade, Sumo survit miraculeusement et croise la route d'une jeune fille du nom de Fuji, elle aussi à la recherche de Bogard. Sumo décide alors de l'accompagner, sans se douter à ce moment que leur rencontre est le point de départ d'une aventure qui changera sa vie et celle de la jeune fille.
Direct et sans fioritures, le scénario de Adventures of Mana sent bon la simplicité et le classicisme à l'ancienne. Et pour cause, c'est une réutilisation intégrale et littérale du matériau Mystic Quest. À sens unique, sans quêtes annexes, avec une mise en scène minimaliste au possible et peu de dialogues/rencontres en dehors de la quête principale, l'aventure de Sumo va à l'essentiel en terme de narration et de contact avec l'univers, pour mieux laisser place à l'aventure et aux combats. Autant dire que les nostalgiques et amoureux de Mystic Quest seront dans leur élément en retrouvant cette histoire, où il y a peu de dénouements heureux, alors que les joueurs plus jeunes ou amateurs d'expériences plus recherchées seront peut être moins conquis par un scénario qui, mine de rien, a 25 ans et tient sur un post-it. Rhumatismes...Avant de commencer à détailler le jeu, établissons un fait simple évoqué précédemment et qui sera le fil de la suite : Adventures of Mana, c'est Mystic Quest en 3D avec quelques retouches. Tout commence et tout finit de la même manière, tout est disposé de la même manière, et tout se déroule de la même manière.
Adventures of Mana conserve donc logiquement la formule de son modèle, à savoir celle d'un Action-RPG se déroulant sur une succession d'écrans, les contraintes techniques de l'époque Game Boy en moins. Deux boutons, un pour l'attaque, un pour l'action secondaire (magie ou objet), et c'est parti. L'expérience s'acquiert au fil des monstres occis. Des monstres d'ailleurs pas très réactifs, aux comportements aléatoires, qui n'offrent pas grande résistance ; à savoir si c'est un hommage à la version Game Boy ou une manière de s'adapter au format smartphone et ses défauts inhérents, mystère. En revanche ce qui est sûr c'est que le tout-tactile ne se limite pas à la version smartphone car la version Vita y a aussi droit, même si son intérêt est quasi-nul face à la puissance d'un bon vieux pad directionnel. L'horreur qu'était l'inventaire sur Game Boy laisse désormais la place à un agréable inventaire circulaire, avec une séparation enfin claire entre équipement, objets/magie, et simple à prendre en main, quel que soit le support et quel que soit le type de maniement. On se demandera juste pourquoi le jeu conserve une limite de 16 emplacements par catégorie autre que de vouloir, encore une fois, bêtement rendre hommage à son aîné. Le jeu intègre également un système de raccourcis, et on peut avoir jusqu'à trois emplacements accessibles d'une simple pression de bouton. Une fonction plus que bienvenue dans un jeu qui invite souvent à changer son équipement ...et pas pour les bonnes raisons : était-ce bien nécessaire, en 2016, de continuer à faire équiper les clés pour ouvrir les portes, surtout quand il n'y a qu'un emplacement pour les actions secondaires ? ...et arthroseNiveau déplacements, notre héros découvre la joie des déplacements fluides dans huit directions, lui qui avait vécu ses aventures initiales en ne pouvant se déplacer que dans quatre. L'aventure de Sumo le fera se balader sur une carte du monde de 17 carreaux sur 16, avec l'avarice d'informations d'époque qui vient s'additionner au manque de visibilité dans certains environnements, à cause du passage à la 3D. Dans Adventures of Mana, on cherche son chemin autant que par le passé, avec toujours les mêmes blocages qui peuvent être sacrément casse-bonbons pour celui qui ne connait pas (c'est à toi que je pense, énigme du huit de l'oasis). Rien d'insurmontable pour autant, mais quand même, Square Enix aurait pu retaper un minimum cet aspect. Redite aussi pour les donjons, qui comme la carte du monde sont reproduits au caillou près et c'est probablement le point le plus dommageable de ce remake : si en 1991 les joueurs n'avaient pas forcément assez de recul ou d'expérience pour juger de la qualité de leurs constructions, re-proposer texto la même expérience en 2016 est en soi assez triste car ils n'offrent aucun défi, aucune résistance.
Quand aux boss, toute la famille est évidemment réunie dans ce remake, cette fois en couleur et en 3D, avec toujours ces coups qui vous arrachent un quart, un tiers de la barre de vie s'ils font mouche. Les modifications du gameplay ne les desservent pas vraiment car il est assez facile de leur échapper, en réalité la difficulté va surtout venir d'une "bizarrerie architecturale" de la part du développeur : lui qui s'est affranchi du "tout sur un écran'"de la période Game Boy pour l'exploration cherche à le respecter au maximum pendant ces affrontements. Un coup on se retrouve avec un boss prenant plus de la moitié de l'écran et rendant le combat difficile, un coup on dispose de tellement d'espace pour se déplacer que ça transforme l'affrontement en balade de santé. Juste bizarre. ... et nostalgie !D'un point de vue graphique, c'est difficile de s'attarder sur Adventures of Mana tellement le jeu sent bon la 3D générique qui est, euh... générique et sans grande inspiration. Elle reprend et respecte néanmoins totalement le design d'époque, et ce, à tous les niveaux, des monstres aux objets en passant par les alliés que se fera Sumo. Une flèche droit dans le cœur des fans de la première heure, les autres se demanderont si on est pas face à un projet RPG Maker.
C'est au niveau sonore que Adventures of Mana va signer sa plus belle réussite. Outre tous les sons et jingles d'époque qui sont conservés (lorsque, par exemple, on tue un monstre ou que l'on active une magie), le jeu va offrir le choix entre la bande-son originelle et une bande-son réarrangée. Une bande-son réarrangée par Kenji Ito lui-même, qui revient accompagné d'un orchestre d'une dizaine de personnes pour redonner une nouvelle fois un coup de jeune aux musiques du jeu qui a lancé sa carrière solo, il y 25 ans (la précédente étant avec Sword of Mana). De la reprise piano & violon de Rising Sun à une revisite bien plus pêchue de Endless Battlefield en passant par le mélancolique Legend Forever concluant l'aventure, l'OST de Adventures of Mana fait plus qu'honneur à ses origines et plaira aux jeunes autant qu'aux vieux, pour qui chaque piste sera synonyme d'un petit retour en enfance. L'histoire de la série des Mana est sacrément tumultueuse, et Adventures of Mana rajoute un nouveau chapitre dont on ne sait vraiment s'il est anecdotique, bénéfique ou néfaste. En choisissant de faire un remake 1:1 de Mystic Quest, Square Enix fait mouche dans le cœur des nostalgiques, peut-être un peu moins dans celui des autres avec cette aventure rétro-rétrograde. Il faut dire que, déjà à l'époque, Mystic Quest paraissait has-been quand sortait sur le même support un certain Link's Awakening, alors imaginez 25 ans après... Au final Adventures of Mana est un jeu d'aventure sympathique, sans plus, avec sa volonté d'absolument se montrer à la hauteur de son modèle fait qu'il n'est pas vraiment à celui de son époque. Ce qui dans un sens est dommage, car marier hommage et modernité, sans forcément tout changer façon Sword of Mana, était largement à la portée du studio.
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