Les deux premières décennies des années 2000 n'auront pas constitué une période franchement faste pour une des plus belles séries de la merveilleuse période précédente : entre épisodes au gameplay douteux, spin-offs tentant d'exploiter la nostalgie des joueurs et refontes, Seiken Densetsu a couru après son propre mythe. En remettant vaguement au goût du jour son épisode initial, déjà brillamment rebooté quinze ans auparavant, Square Enix semble avoir mis une nouvelle pièce dans la tirelire de la déception.
La défectueuse fidélité : une épée rouillée
Il faut a priori saluer la noble intention consistant à proposer une version modernisée d'un classique ayant marqué l'histoire et posé les jalons d'une véritable légende. En effet, à rebours de Sword of Mana, lequel sublimait et réécrivait Seiken Densetsu, Adventures of Mana se donne la lourde tâche de faire comme avant mais en mieux. Et il faut reconnaître que c'est... comme avant... en un tout petit peu mieux !
On ne pourra toutefois s'empêcher de frémir concernant certains faits de jeu, ici, conservés, qui relèvent essentiellement de la maladresse. Comme sur Game Boy, les donjons sont remplis de portes que l'on déverrouille avec des clefs achetées en ville (?) ou de murs que l'on défonce par des pioches à usage unique (fort heureusement vendues par lot). Non seulement le gimmick parait aujourd'hui encore plus facile mais, de plus, les portes se referment (ah, les grooms !) et les murs se reforment (ah, les maçons indépendants !).
Ce point discutable incarne toute l'ambivalence d'Adventures of Mana : une grande fidélité, qui ne saurait tout excuser.
Une Épée sans Mana
En tissant le parallèle avec la seconde version de Link's Awakening, sortie dans les mêmes eaux (ou presque), on tiendrait de quoi adresser à ce remake, essentiellement conçu pour smartphones, un regard plein de reproches. Le gameplay est recopié : soit. L'inventaire est un peu modernisé : soit. Cependant, l'enrobage graphique, qui ne se hisse aucunement au niveau du pourtant harcelé Secret of Mana HD), est tout simplement honteux : des personnages sans âme, à cette horrible police de caractères qui semble se répandre dans le jeu vidéo comme un virus, en passant par des items au design plat, Adventures of Mana fait tout sans magie ni imagination. Si la série s'est largement cherchée durant la première décennie du XXIème siècle, au moins portait-elle toujours l'ambition de se distinguer au point de vue esthétique !
Cet épisode, en plus de constituer la version la plus austère, est peut-être l'itération la moins belle de toute la série. Or, dans la famille Seiken Densetsu, la beauté, cela compte !
Roots of Mana
Il faut reconnaître à cet Adventures of Mana qu'il nous donne l'occasion de replonger dans la série avant qu'elle ne commence à entretenir de savantes auto-références. Ainsi, quelques faits sautent aux yeux et ne manqueront pas de ravir les paléontoludologues.
Dans le royaume de Glaive (et non de Granz), le méchant Seigneur des Ténèbres (pas encore Stroud) cherche à prendre la suite de l'Empire Vandole. Toutefois, aux origines du mythe, si le héros Sumo doit bien brandir l'Épée Sacrée comme le firent les chevaliers Gemme, il ne pourra compter sur l'aide des esprits élémentaires, qui n'apparaîtront que dans sa suite. Il faudra se montrer patient pour parcourir les donjons et autres grottes, lesquels ne seront plus aussi torturés dans les itérations suivantes.
Les historiens apprécieront.
Un peu cernée entre les extrêmistes préférant toujours la version originale et les joueurs plus modernes qui apprécieront la refonte que constituait Sword of Mana, Adventures of Mana et sa direction artistique sans génie peinera peut-être bien à satisfaire qui que ce soit. Il faut pourtant lui reconnaître une fidélité à toute épreuve par rapport à son matériau d'origine. La tentative est douteuse mais promet tout de même quelques beaux moments de découverte.
17/04/2025
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- On ne peut pas être plus fidèle
- Une bonne occasion de découvrir l'origine de la série
- Une version tout de même un peu moins rude que l'originale
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- Une direction artistique déshonorante
- Des maladresses de gameplay inchangées
- Des réorchestrations anecdotiques
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TECHNIQUE 1.5/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 2.5/5
DUREE DE VIE 2.5/5
GAMEPLAY 2.5/5
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