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Triangle Strategy
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Triangle StrategyÉthique, Pragmatisme ou Liberté
Des années après la fin d'une guerre l'ayant déchiré pour le contrôle du sel, le continent de Norzélia panse péniblement ses blessures. Le duché d'Aesfrost, le royaume de Glenbrook et la sainte Hyzante semblent cependant se diriger vers une collaboration durable autour de la nouvelle mine de fer découverte sur le territoire de Wolffort, vassal de Glenbrook. La mainmise absolue d'Hyzante sur le sel, soutenue par la doctrine sacrée de la Déesse, rend malheureusement cet équilibre fragile. Le Tableau d'HonneurLe joueur incarne Sérénor, fils de Simon, chef de la maison Wolffort, alors qu'il s'apprête à prendre pour épouse Frédérica, demi-soeur de l'archiduc Gustadolv d'Aesfrost. Ce mariage permettrait de sceller l'union entre les deux pays et d'accompagner l'ouverture de la nouvelle mine de fer, tout cela sous le regard bienveillant de la cité d'Hyzante. Les vingt chapitres de Triangle Strategy vont cependant révéler ce que nous pouvions soupçonner : les arrangements diplomatiques sont parfois une manière comme une autre de gagner du temps. Ils donneront l'occasion de développer une galerie de personnages variés parmi lesquels se distinguent bien sûr, le couple aristocratique formé par Sérénor et Frédérica, mais aussi les principaux dignitaires des forces en présence sur le continent. Comment ne pas apprécier le machiavélisme de Gustadolv ? Comment ne pas avoir de l'empathie pour la famille royale de Glenbrook, incarnée avant tout par Roland et Cordélia ? Comment ne pas éprouver un mélange d'admiration, de déférence mais aussi de malaise, devant les saints d'Hyzante, surtout lorsqu'il apparaît évident que la richesse de la cité repose sur l'exploitation des Rozelliens ? Des cases et un campement pour défendre la JusticeMinimaliste, Triangle Strategy présente une combinaison ludique qui ne surprendra aucunement les habitués du genre. Sur la carte, peuvent être choisies des destinations auxquelles sont associés des événements principaux ou secondaires. Tandis qu'au menu, en plus des habituelles gestions d'unités ou consultations de régistres permettant de parfaire la connaissance de Norzélia, il ouvre aussi sur un campement, véritable paradis du commerce, du craft et des combats d'entraînement. Concernant les événements dont certains segments optionnels développés sous forme de saynètes, il y a des scénarios débouchant sur le recrutement d'un nouveau personnage. La trame narrative progresse par les biais classiques mais aussi par de courtes phrases d'exploration, limitées à un lieu, ce qui est plus rare dans les T-RPG. Jusque là, rien qui ne distingue Triangle Strategy de la concurrence. Néanmoins, la Balance des Convictions vient perturber cet équilibre conservateur. À plusieurs reprises, le leader Sérénor place sa maison devant des choix qui par exemple, ouvre une séquence de recherche d'indices. En plus d'être originaux, ces segments déterminent des embranchements dans l'intrigue. Seuls les bons choix amèneront la trame vers la bonne fin qui mène à la libération totale de Norzélia. On ne pourra, par ailleurs, faire l'impasse sur l'accumulation car au fil des choix et des actes, des points (visibles seulement en New Game+) de "Pragmatisme", "Liberté" et "Éthique" détermineront notamment la possibilité de recruter tel ou tel personnage. Touchant aux batailles (nécessaires au triomphe des convictions), Triangle Strategy déploie ses cases et tout ce qui a fait la gloire du T-RPG depuis les années 1990. Clone apparent de Final Fantasy Tactics (et par voie de conséquence de Tactics Ogre), son rythme s'avère légèrement plus lent. Les habitués n'en perdront pas pour autant leur latin et retrouveront avec joie la gestion de l'espace propre au genre, la gestion d'AP se rechargeant au fil des tours afin d'utiliser des capacités spéciales diverses et une relative variété dans les objectifs sanctionnant chaque affrontement. À ce titre, l'équipe réunie autour de Sérénor est constituée de personnages à la classe propre, évoluant par deux fois, tout comme le niveau d'arme (associé à des bonus statistiques et à un skill singulier). Par conséquent, si la gestion de l'équipe ouvre sans doute moins de possibilités que le glorieux aïeul, la stratégie reste ouverte au sein d'un escadron accueillant des brutes, des magiciens, des buffeurs ou des unités volantes. L'ensemble forme une série de batailles pittoresques et... plus ou moins accessibles selon le niveau de difficulté choisi, lequel influe tout à la fois sur la puissance relative des troupes et des gains d'expérience. Octopath TacticsEnrobé dans une 3D rappelant les plus belles heures de la PS1, Triangle Strategy assume un héritage nous emmenant de Tactics Ogre au plus récent Octopath Traveler. Le magnifique chara-design de Yurika Nogaki est bien secondé par un style in game qui ne fait pas l'économie de beaux effets de lumière ou de transparence. En plus de ce biscuit graphique, la nappe musicale sublime cette gourmandise esthétique : épique quand il le faut, variée tout du long. L'OST de Triangle Strategy, composée par Akira Senju, est appelée à faire date, tant elle sait nous inquiéter face à Gustadolv, nous transporter pendant les batailles et nous faire valser pendant les banquets et autres mariages.
Au milieu de la mode au rétro, et devant nécessairement assumer cet héritage colossal, Triangle Strategy portait sur ses épaules un fardeau qu'il transforme en atout. Après un départ un peu lent (typique du genre), l'épopée de Sérénor se révèle toute à la fois souple et belle. Il se pourrait même que le T-RPG, ce type si singulier et si élitiste, tienne ici un de ses plus dignes représentants.
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